CHAPITRE 5
Ce soir là, le casino est blindé de monde. Le voilà rassuré. Accoudé au comptoir, il commande un Gin Tonic et espère ne pas se faire remarquer. Il prend des risques à être ici, mais il a besoin du jeu pour pimenter ses soirées soporifiques. Sur le grand écran situé derrière le barman, une émission en replay est diffusée sur France 3.
« On retrouve aujourd’hui comme invité l’incroyable candidat au poste de maire de Paris, Monsieur François Picot ! Comment vous portez vous ? ».
« Encore lui » se dit Bob. Il avait rarement vu un politicien avec une telle côte de popularité. Lorsque le barman lui sert sa boisson, Bob se faufile dans la foule est atteint la salle de jeu tout en évitant de se faire reconnaître par les quelques vigiles présents. Il s’assoit à l’abri des regards à une machine à sous, esseulée au fond de la salle. Actuellement, les affaires ne se bousculent pas à son portillon. Il sort les derniers 50€ qu’il a en poche. Il les avait récemment gagné dans une médiocre accusation de fraude à la sécu. Un électricien sans aucun doute jaloux de son collègue, engagea Bob pour vérifier si celui-ci était bel et bien atteint d’arthrite et se trouvé réellement en incapacité de travailler. Il s’est avéré que l’homme était en très bonne santé. Aujourd’hui, il doit maintenant pas mal de fric à la sécu. Il ne saura jamais que son collègue a engagé un détective pour le dénoncer et d’après les infos que Bob possède, en plus de l’avoir cafardé, il se tape de temps en temps sa femme. Bob avait ressenti de la peine après cette affaire, mais son porte feuille en avait vachement besoin et semblait plus important que sa conscience, surtout avec les temps qui courent. Un quart d’heure plus tard, Bob a doublé sa mise, et commande un nouveau verre. La chance changea vite de bord, et il se retrouva à sec 20 minutes plus tard. Toujours à l’affût des regards, il se balade les mains dans les poches dans la salle des rêves artificiels. Il se glisse dans un petit groupe de spectateur, observant un p’tit nerveux jouant à une table de Black Jack. Il mise une sacrée somme. La totalité des points de ses cartes atteint l’ équivalant de 20. Un grand sourire se dessine sur son visage. « Enfin! » S’exclame t’il. La victoire ne semblait pouvoir lui échappé. Et pourtant. Le croupier retourne ses cartes. 21. Black Jack. S’en est trop pour le jeunot qui jette le reste de ses jetons sur la table tout en insultant l’employé.
-Va chier ! Ça me casse les couilles ! Tu veux pas me faire gagner, c’est ça ?! Enculé va !
Il rejoint ses amis furieux, dépenser le reste de son argent au comptoir. Bob plaisante auprès du croupier.
-Pas content le gars.
-On a l’habitude. Un gros râleur celui là.
Bob remarque les jetons non joué sur la table.
-Je peux jouer ce qu’il a laissé ?
-Normalement, c’est interdit.
-Allez, il y a même pas 10 balles. C’est manière. Je viens de tout perdre à la machine à sous et j’ai jamais joué au Black Jack. Insiste Bob.
-Bon allez-y. C’est bon pour cette fois. De toute manière, il ne reviendra pas. Craque le croupier.
-Ah je te remercie s’enchante t’il.
Le croupier explique rapidement les règles du jeu. Bob mise le tout dès le premier coup. Le total de ses cartes correspond à 14 points. Il refuse tout de même de piocher une nouvelle carte. Le croupier révèle les siennes et dépasse 21. Bob rafle la mise.
-La chance a peut être tourné ! S’extasie t’il
Pendant qu’il continue de flamber, Nicolas, un petit homme au dos courbé, à la calvitie avancé, vêtu d’un costard de luxe, observe Bob de derrière sa paire de lunette ronde. Il est entouré de deux hommes de mains massifs. Deux chauves, a la même pilosité, qui serait des frères siamois si l’un n’était pas blanc, et l’autre de couleur. Les deux confrères se baissent au niveau de Nicolas qui leur glisse quelques mots à l’oreille.