Tribulation, Chapitre 15

7 mins

CHAPITRE 15

Stationné sur le parking en face du casino, Bob est pensif. Nicolas son ancien ami de classe maintenant gérant du casino est la seule personne qui lui est accessible, susceptible d’avoir des infos sur les agissements de Picot. Entre homme puissant régnant sur la ville, il ne fait aucun doute qu’ils se sont déjà côtoyés. A son côté, Jérémy préoccupé rompt le silence.

-Tu crois vraiment que c’est une bonne idée ? T’y dois un sacré paquet de pognon quand même. Et t’as pensé qu’il pourrait être liée à cette affaire ?

-Non, c’est impossible. Malgré qu’il ait changé, il ne pourrait pas cautionner des actes aussi grave.

-Même pour le pouvoir ?

Cette question a le don de perturber Bob. Il se demande si Nicolas serait capable d’être aussi machiavélique. Et si, il serait susceptible d’y faire subir pire qu’une baignade au fond des chiottes. Il n’a aucune réponse qui puisse le rassurer. Ce qui le terrifie d’autant plus. Mais il n’a pas d’autre choix que d’essayer pour avancer. Si Bob n’est pas sortie du bureau de Nicolas, dans les 20 minutes qui suivent, Jérémy devra appeler son ex-femme Julie. Elle est la seule personne à avoir les aptitudes requises et en qui il peut avoir confiance. Les deux comparses partagent une poignet de main pleine de détermination puis le détective sort du véhicule pour rejoindre le casino, une clope au bec, le ventre noué par l’appréhension.

                                    Ce soir là, il passe moins inaperçu que l’autre fois. A peine franchit le palier qu’il est accueillit par les deux colosses servant de garde du corps à Nicolas. Le sourire dessiné sur leur visage montre à quel point ils sont impatients d’y refaire la tronche. Les mots ont du mal à sortir de la bouche de Bob, dont l’anxiété, compresse les cordes vocales.

-Puis je parlais à Nicolas ?

-T’as son fric ? Rétorque d’une voix grave le chauve de couleur.

-Oui.. Répond Bob.

Il n’a pas trouvé autre solution que de mentir pour pouvoir accéder au gérant. Sans toucher terre, les deux hommes l’escortent bras dessus dessous jusqu’au bureau de leur patron. Jérémy qui venait de se glisser dans les lieux observe la scène en commandant un whisky au comptoir. Il tape le numéro donné par Bob sur son mobile sous les yeux du barman suspicieux.

                                          Bob est assis avec brutalité par les deux malabars au bureau de Nicolas. Sans un mot il se place tout deux devant la porte, les mains croisées. Bob observe la salle de jeu à travers la vitre en plexiglas situé en face de lui. Et dire que c’est à cause de ce genre de connerie qu’il se retrouve dans une situation si délicate… Ses ruminations sont stoppées lorsque Nicolas fait enfin son apparition. Ce petit homme à la calvitie avancée et au dos courbé ne pète vraiment pas de mine. Et pourtant, il est des plus dangereux. Bob en a fait les frais récemment.

-Alors Bobby t’as mon fric ? Lui demande t’il avec un léger sourire en coin, en s’installant dans sa chaise en velours.

-J’ai quelques choses de plus importants à te parler.

Lorsque les hommes de mains comprennent que Bob n’a pas l’argent en sa possession, il s’élancent vers l’imposteur les poings serrés. D’un geste de la main, Nicolas stoppe leur course puis relève ses manches.

-Je t’écoute… Dit-il, d’un regard sombre qui indique que si les propos de Bob ne lui conviennent pas, ça vie ne durera pas bien longtemps.

Le détective ne sait pas par où commencer. Alors qu’il bafouille, Nicolas pose ses coudes sur son bureau en croisant ses doigts. Le sang de Bob se glace. Plus aucun mot ne peu sortir de sa bouche à la vu du tatouage triangulaire sur son avant bras.

-Bobby où veut tu en venir ? Insiste Nicolas dans un calme des plus troublant.

Bob ne trouve pas d’autre solution que de changer de sujet.

-Ah non rien de ouf. En vrai je voulais juste te parler du bon vieux temps. Et te dire que… c’est bon. T’as plus à t’inquiéter. Dans la semaine t’auras ton fric. Je suis sur une super affaire en ce moment. Et encore désolé pour cette… Contrariété.

Ne sachant pas quoi inventer d’autre, Bob se lève rapidement de sa chaise et se précipite vers la sortie. Les deux colosses siamois font barrages devant la porte grâce à leurs imposants physiques.

-Rassis toi. Ordonne Nicolas d’une voix froide et rauque, qui compense avec son physique frêle.

Bob n’a pas d’autre choix que de s’exécuter, en espérant au plus profond de son être que Jérémy est entrain d’alerter Julie. Pour gagner du temps, Bob se rassoit lentement. Les deux gardes du corps posent leurs lourdes mains sur ses épaules. Bob ne fait pas le fier. Il n’ose regarder Nicolas dans les yeux. Alors qu’il a la tête baissée, il remarque deux enveloppes roses semblables à des invitations.

-Regarde moi quand je te parle.

-Nico, tes affaires sont tes affaires, je veux pas m’en mêler. Ca ne me regarde pas. On est amis depuis de longue date.. Lance Bob pour tenter d’apaiser la tension.

Nicolas grince des dents.

-Ami ? C’est incroyable comme la mémoire peut modifier la perception des choses lorsque on devient craint. Tu t’es toujours foutu de moi. Jamais tu ne m’as respecté dans ma jeunesse. Tu te souviens de comment tu me surnommais ?

-Euh… Non… Du tout.

-Sac d’os. Et ça durant toutes les années collèges. Et tu me parles d’amitié ?

-Nico c’était un surnom comme un autre… 

-Même les profs s’y était mis par ta faute. Mais aujourd’hui la roue à bien tourné et c’est moi qu’est le dessus sur toi et tu est actuellement entrain de pisser dans ton froc !

-Je n’irai pas jusqu’à là… Mais Nico, le passé c’est le passé. Je croyais pas faire mal je te promet. C’était pour te charrier.

-Tu n’aurais jamais du mettre ton nez tordu dans mes affaires. La conversation est maintenant close.

Nicolas se lève de sa chaise et se place dos à Bob.. Il contemple sa salle de casino. Cette réussite et sa revanche sur son passé. Sur tout ce qui l’ont harcelé. Sur tout ceux qui n’ont pas cru en lui. Ce lieu est sa plus grande fierté, son rêve qu’il a pu réaliser après tant d’année de dur labeur. L’un des hommes de mains se dirige vers le placard au bout de la pièce. Il en ressort un grand sac noir chargé sur son épaule qu’il bazarde ensuite au pied de Bob.

-Ouvre le. Ordonne t’il.

Bob attend quelques secondes, la crainte déformant son visage. Le zip se coince deux, trois fois augmentant l’angoisse qui parcoure ses veines. Il s’attend au pire, et c’est bien le pire qu’il y découvre. Le corps mutilé de son chiot Walter sans vie gît devant lui. La gorge coupée, dont le sang séché recouvre la plaie faite d’une lame de machette. Le cerveau de Bob ne fait qu’un tour. Il se jette sur Nicolas dans l’intention d’y faire la peau. Réactif, les hommes de mains réussissent à le stopper son élan, en le plaquant sur le bureau qui tombe à la renverse, dispersant les documents de Nicolas un peu partout dans la pièce. Imperturbable, ce dernier n’a pas bronché d’un pouce. Au sol Bob se déchaîne, la haine décuplant sa force. Mais ses bourreaux sont bien plus robuste, et réussissent tant bien que mal à le maîtriser en le rouant de coup violent. A l’aide d’une corde, ils s’attachent les poignets de Bob entre eux puis l’assoit contre le bureau renversé. Alors que le détective pensait pouvoir avoir un peu de répit, Nicolas ordonne à ses hommes de se débarrasser de ce clochard. Pendant que les hommes de mains le traîne sur le sol comme un vulgaire objet, c’est à ce moment là que Jérémy décide de débouler dans le bureau un flingue à la main.

-Je n’ai jamais buter un mec, mais si il faut commencer aujourd’hui je m’en ferais un grand plaisir de vous trouez la peau, ordures !

Pendant qu’il débite ses menaces, et malgré les coups pris dans la tronche, Bob a encore l’esprit clair pour réussir à agripper les deux enveloppes roses qui traînées sur le sol à cause de l’échauffourée. Il les dissimule à l’intérieur de sa veste. Alors que Jérémy avait pris l’ascendant sur ses adversaires, la situation est chamboulée par l’arrivé d’un nouvel homme dans la pièce. Le barman pointe le canon de son fusil contre la colonne vertébrale de l’ancien journaliste.

-J’ai tout de suite su que t’étais pas net avec ta tronche de poivrot. Balança l’employé.

-Tu vas voir ce qu’il a dans les tripes le poivrot quand il va te refaire la tronche ! Rétorque Jérémy.                                   

Bob a lui aussi plus d’un tour dans son sac. Il profite de toute cette agitation pour retirer de sa chaussette, son couteau de chasse. Il place la lame aiguisée sur les testicules de l’homme de main blanc.

-Tu es surprenant. Dit Nicolas.

-Et tu n’as encore rien vu. Si un de tes connards bougent, il dit adieu à ses bijoux de famille.

La situation est des plus tendus et personne n’arrive à prendre le dessus. La panique submerge le deuxième homme de main qui tente le tout pour le tout

-On est d’accord pour dire qu’il n’y a plus d’échappatoire. Tout le monde va se calmer maintenant et poser ensemble ses armes. On va régler ça comme des hommes, à l’ancienne. Dans une combat à poing nu.

Jérémy esquisse un sourire.

-Plutôt rêvé, tu t’es cru où ?! Réplique Bob.

-Je relève le défi. Répond Jérémy avec assurance.

-Quoi ?! S’alarme Bob. 

-Tu te souviens de la carrière de boxe dont je t’ai parlé ? Je n’ai perdu aucun combat en 20 ans et c’est pas aujourd’hui avec ces charlots que ça va commencer. 

-Longtemps je n’ai pas exercé, mais un peu d’exercice ne peut pas me faire de mal. Rajoute t’il. Malgré que les physiques de ses adversaires sont beaucoup plus athlétiques et avantageux que le sien, il pose son arme au sol et s’étirent les bras paré à en découdre.

-Allez à votre tour ! S’impatiente t’il                                                               

-Je ne sais pas si t’es stupide ou inconscient. Ou peut être bien les deux.

L’homme de main fait signe au barman de ranger son arme.

-Tu es vraiment sûr ? Ils sont énormes contrairement à toi et t’as plus 20 ans! Prévient Bob à son acolyte.

-Tu peux ranger ta lame. Je ne vais en faire qu’une bouchée de ces grandes gueules. Des mecs comme ça j’en est pété plus d’un dans mes voyages. Regarde et admire un boxer authentique en action… Mais au fait je t’es déjà parler de mon combat en Irlande de Nord ? Une vrai bouch…

-Ferme ta gueule ! Le coupe l’homme de main massif qui vient de retirer son tee-shirt.

Jérémy remonté comme une pendule, se met face à son adversaire, en position, comme les anciens champions de Boxe anglaise. Il se rapproche en bougeant ses épaules, souple comme une danseuse de ballet malgré son gros ventre. Alors qu’il arme son poing, son adversaire bien plus rapide lui envoie un crochet gauche bien placé. Les jambes de Jérémy se désarticulent, et le vieux bonhomme finit raide K-O sur le sol devant les yeux de Bob qui voit l’espoir de s’en sortir s’évanouir.

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