Quelque part dans le sud de la France, Part 2 : Chap 2

10 mins

PARTIE 2

Chapitre 2

  La nuit tombe sur le parking de La Coudalère, et la vue est magnifique. Jeff et Yann sont posés sur leurs chaises de camping, une bière à la main, contemplant le magnifique couché de soleil. Le port est majestueux et l’ambiance est reposante. Même Yann est apaisé, se contentant d’admirer les bateaux flottants devant lui.

-On est pas bien là ? Posé, au calme..

Jeff ne partage pas le même avis. Amy lui trotte dans la tête et en particulier la photo d’elle chez Bertrand. Il ne peux s’empêcher d’en parler même si il connaît an avance, la réaction de Yann.

-La photo que tu m’as envoyé, c’était bien la maison de vacance de Bertrand ?

Yann se coupe un bout de saucisson sans répondre. Jeff persiste.

-On pourrait essayer de trouver où il habite. Si Amy se trouve chez lui ça me permettrait de régler deux trois trucs avec elle.

-On pourrait pas avoir un autre centre de conversation que Amy, Amy, toujours Amy ? Tu me fais chier mec. Oublie là un peu.

-C’est facile pour toi. T’as rien, tu crois en rien… Mais pour trouver le bonheur mec il faut croire en quelque chose.

Yann siffle faisant mine d’être impressionner.

-C’est que ces philosophique tout ça.

-Je t’emmerde.

-Je crois en quelque chose détrompe toi.

-Ah ouais ? Et en quoi ?

-Je crois que je vais me servir un Ricard. Qu’il répond pour clôturer la conversation.

Jeff s’agace. Son genou tremble si fort qu’il atteint pratiquement son front. Alors qu’ils n’y a pas un chat depuis maintenant quelques heures, ils remarquent un trio d’amis marchant sur le quai. Ils sont habillés d’affaires trop larges colorées aux couleurs de la Jamaïque. L’un deux est recouvert d’un long poncho et d’un bonnet rasta qui lui recouvre la moitié du front. L’autre, malgré son jeune âge, a une calvitie assez avancée. Ceci ne l’empêche pas d’avoir des readlocks qui descendent jusqu’au milieu du dos. La seule fille du groupe, est quand à elle bien au goût de Yann. Une fine blonde, au readlocks longeant sont dos jusqu’à ses fesses. Malgré son pantalon trop large, Yann y descelle un sacré potentiel. Pas une bombe atomique, certes, mais une fille qui possède un certain charisme, solidifié par ses boucles d’oreilles en spirale et de son nombril dépassant de son tee shirt.

-J’aimerai bien me la faire, chuchote Yann.

-Calme toi un peu.

-C’est facile pour toi de dire ça. Tu t’es purger il y a pas si longtemps. Tu vas vois ce que c’est le céliba. Mes couilles sont tellement grosses qu’on dirait que j’ai chopper un oeudème.

-T’en as pas marre de parler de tes burnes ? Tu veux en venir où à force ?

-Je veux fourrer ? Voilà où je veux en venir.

-T’es cinglé !

-Cinglé peut être mais libre c’est sur.

« Hey » les salut le premier rasta. Ils débutent la discussion en complimentant le fourgon. Yann est dans son élément. Il s’invente une vie, racontant qu’il prend la route avec depuis pas mal d’année déjà, qu’il a visité pas mal de pays et fait le tour de la France plusieurs fois. Tant de baratinage qu’il arrive à un point d’en faire douter Jeff. Au bout de quelques minutes, le rasta à bonnet leur demande s’ils n’ont pas un peu de beu à les dépanner. Yann obnubilé par l’idée de se faire la meuf du groupe, leur répond qu’il n’y a aucun problème. N’ayant rien sur lui, il tourne son regard en direction de Jeff pour qu’ils les dépannent. « Il est pas chier » se dit ce dernier dans sa tête. Pour ne pas faire le rabat-joie, il leur file une ou deux têtes de la beu de Gary qu’il a eu tant du mal à obtenir. Après les avoir remercier, le trio leur propose aimablement s’ils sont partant de les accompagner au « Bateau », une boite psyché se situant au bout du port. Connaissant le patron, ils ont des places gratuites. Jeff n’a pas la tête à ça. La seule chose qu’il veut, c’est récupérer Amy. Bien évidement, Yann est enthousiaste à la proposition et leur fait savoir. Il sort des bières et en sert une à chacun, profitant de ce moment pour regarder la fille bien droit dans les yeux, jouant la carte du regard ténébreux.

La nuit est maintenant tombée. Ils longent le port, bavardant de tout et de rien en descendant les bières. Au bout des embarcadères, la silhouette imposante du « Bateau », fait son apparition dans la pénombre. Plus ils rapprochent, et plus le son de la musique s’intensifie. Une dizaine de personne font la queue devant l’entrée. Jeff profite d’un moment de flottement pour prendre Yann à part.

-Mec je suis vraiment pas chaud.

-C’est que t’as décidé de me gâcher la soirée ou quoi ? Soit pas égoïste putain, j’ai besoin de me lâcher tu comprends ? Tu vois la nana du groupe. Elle est pour moi et je suis un pd si je me l’a fait pas. Je voulais te laisser une place avec nous pour faire disparaître tes chagrins d’amour mais tu commences vraiment à me faire chier. Je vais te laissais dormir sur le paillasson comme un clébard si ça continue !

Pendant que Yann fait part de son mécontentement avec outrance, la fille du groupe se retourne légèrement avec une expression de dégoût sur le visage. Jeff l’a remarque et comprend qu’elle a tout entendu. Il ne le signale pas à Yann car ça le fait bien marrer intérieurement de se dire qu’il est bien mal parti dans sa quête du Graal.

 Ils ont pu rentrer dans la boîte sans le moindre problème malgré leur tenue pas vraiment adéquate pour les boîtes traditionnelles. Ils s’engouffrent dans le couloir étroit, éclairé par des néons flashy rouges et bleus. Après être passé sous un porche, ils font les premiers pas dans une grande salle à l’ambiance plutôt malaisante. Une goutte de sueur coule déjà sur le front de Jeff. La chaleur est étouffante. Sensation renforcée par le son excessivement fort de la musique Hardtek qui tambourine dans ses tympans. L’odeur de la transpiration est insupportable. A peine sur la piste, que ses compagnons de soirées se mettent à balancer la tête au rythme des basses, avec les 10 autres camés présents sur la piste aux dégaines si étranges qu’ils semblent tout droit sortie d’une autre planète. Ils sont habillés de manière extravagantes dansants et gesticulants seuls dans leurs bulles. Yann commence déjà à s’ambiancer et à danser avec ses nouveaux amis. Le contraire de Jeff qui n’est pas du tout dans son élément. Il se met en retrait et se pose contre un mur. Un mec semblant tout droit sortie d’une poubelle, à la crête violette, défoncé jusqu’au cou, vient à son encontre. Il lui demande un buvard, avant de le confondre avec un certain Peter. Malgré que Jeff lui répète qu’il n’est pas ce Peter. Le mec insiste, inlassablement, postillonnant de petits molards blancs sur son visage. Il n’arrêtant pas d’y toucher l’épaule, devenant au fil des secondes, de plus en plus agressif. Heureusement que le « chauve » du groupe vient l’en débarrasser.

Ils montent à l’étage pour se ravitailler en boisson. Là, Jeff se sent un peu plus à l’aise. Il n’aura pas fallut plus d’une demi heure, avant qu’il ait finit la première bouteille de vodka. 2 heures après, ils entamaient déjà la troisième. Yann propose de payer la quatrième. Elle ne verra jamais le jour. Au bout d’un moment, Jeff commence à avoir la nausée et se pose dehors sur la proue du bateau. Yann le rejoint une clope au bec.

-Ca va ? T’es bien pâle.

-Le bateau..

-Quoi le bateau ?

-T’as pas l’impression qu’il tangue ?

-T’es complètement touché.. Tiens ça va t’aider.

Yann lui donne un verre de vodka limé grenadine pour lui faire reprendre ses esprits. Une clope au bec, il demande du feu à un mec. Ce dernier étant portugais, une conversation de sourd commence, ce qui amplifie la nausée de Jeff. Yann bavard de nature commence à déballer tout ce qui lui passe par la tête l’appelant en permanence Migel. A maintes reprises le portugais lui explique que son prénom est Miguel et pas Migel, Migel est un prénom espagnol… Bla..Bla..Bla.. Il raconte les origines de son prénom et de son pays. Yann avait pourtant l’air attentif. Mais ceci ne l’a pas empêcher de l’appeler par son mauvais prénom par la suite, rendant fou son interlocuteur qui abandonne et dans sa résiliation lui laisse son feu. Jeff est exaspéré.

De retour à l’intérieur une tournée de shot les attends. Subjugé par le charme de l’hippie du groupe, c’est à ce moment là que Yann blindé d’assurance et de boisson décide de passer à l’attaque.

-Tu disais que tu faisais du sport ?

-Du Basket.

-Je m’en doutais.

-Ah bon ? Et pourquoi ? 

Cette dernière étant petite de taille, elle le fixe avec mépris. Ressentant le malaise, Yann ne trouve pas d’autre solution pour se dépatouiller que finir son verre cul sec et de changer de sujet.

-Et tu vient souvent ici ?

-Tu parles beaucoup toi.. Qu’elle lui répond avec agacement.

Sentant que c’est râpé, il se dit tant pis pour la baise et se rabat sur d’autre projet : La défonce. Il rejoint Jeff qui passe sa soirée seul depuis pas mal de temps déjà. Il lui tend deux pilules.

-Où t’as trouvé ça ?

-Un mec qui cherchait un Peter me l’a filer.                                                   

-Oulah, ça doit envoyer ! J’ai pas la tête à ça mec, je suis pas dans le délire.

-ça peut te faire que du bien mec t’es tendu comme une crampe.

A contre coeur, Jeff attrape un cachet.

-Et c’est quoi cette merde ?

-J’en sais rien ! S’esclaffe t’il comme un idiot.

-T’es sérieux mec ! Je veux pas crever, j’ai plein de truc à faire dans la vie !

-Ah ouais et quoi ?

Sur ces mots Yann prend la pilule et malgré qu’il conçoit que se sera rude, repart à l’attaque pour conquérir la baba. Jeff observe le comprimé en pleine réflexion. « Et puis merde » râle t’il en hochant la tête. Il le gobe avec une bonne gorgée de vodka. Ca n’a aucun effet immédiat.

       La soirée suit son court, et Jeff s’est enfin décontracté. Il parle avec  « le chauve à dread ». Ce dernier dépeint sa vie, racontant qu’il venait de Toulouse à la base mais que la ville n’était pas faite pour lui. Lui aussi comptait vadrouiller en fourgon, qu’il décorera de tague psychédélique. Mais pour le moment il travaillait pas donc c’était difficile… C’est le seul truc que Jeff se souvienne. A vrai dire, il ne sait même pas combien de temps a durée la conversation. Son attention était ailleurs. Il observait Yann pour savoir comment il allait se débrouiller avec la nana. Quand il l’a vu bayer, il ne pu s’empêcher de se marrer. Le semi-chauve le prend mal.

-Qu’est ce qui y a ? Ca te fait marrer ce que je dit ou quoi ? S’énerve le rasta, qui était entrain de se confier sur la maladie incurable de sa mère.

-Ah euh non, non.. Répond Jeff qui n’a aucune idée de quoi il peut bien causer.

Alors que ses lèvres continuent de bouger, aucun son ne sort de sa bouche. Il parle, parle, parle mais Jeff n’entend rien. Serais ce, la musique qu’est trop forte ? C’est impossible, ils se trouvent à l’extérieur. Il commence à paniquer. Pour s’éclipser, il trouve comme excuse, une envie présente de pisser. Il se dirige vers les toilettes. Le bateau tangue et Jeff a du mal à traverser la foule qui s’est épaissi. Il s’arrête deux, trois fois pour demander où se trouve les toilettes, et si le bateau n’est pas en train de couler. Les gens n’y prêtent aucune attention comme si il était invisible. Après un effort qui lui semble surhumain, il réussit enfin à atteindre les toilettes. Il s’arrose le visage d’eau et se regarde dans la glace. « Ressaisis toi, ressaisis toi ! » se répète t-il. Plus il panique, et plus les choses autour de lui ont l’air difforme, se sentant dans la peau de Hunter Thompson, tout droit sortie de l’esprit tordu de Terry Gilliam et de son las Vegas Parano. Après s’être concentré sur sa respiration, les effets de la drogue ont l’air de se dissiper. Tout redevient à la normale. Une fois bien requinqué, il retourne dans la salle principale. Et là c’est la stupeur. L’endroit n’est plus le même. Le malaisant a laissé place à l’euphorie la plus totale. Le double de personne danse sur la piste. L’amour semble avoir primé avec une ambiance tout droit sortie des sixties. Les fêtards dansent collés serrés, s’enjaillant, criant, chantant, hurlant. Le premières notes de Jefferson Airplanes -White Rabbit résonnent dans le paquebot. En avançant sur la piste, il croise le mec chelou avec sa crête qui lui semble beaucoup plus amical.

« -Peter ? Lui demande t’il

-Ouais moi Peter. Répond Jeff qui n’en a plus rien à foutre.

Ils se prennent dans les bras. Yann est sur la piste avec Migel ou Miguel, même Jeff ne sait plus. Il est hilare, torse nu et attrape Jeff dans ses bras, collant son visage au sien.

-C’est de la folie mon pote, de la folie ! qu’il crie au ralenti.

Jeff se contente de sourire bêtement et tout deux bras dans les bras s’introduisent en plein milieu de la foule. Un homme barbu, aux cheveux longs, coiffé d’un bandana autour du crâne, la soixantaine passée, au sourire édentée se rapproche au plus près d’eux avec un lapin blanc dans les bras. Rayonnant, Jeff le caresse. « Qu’il est doux ! » Un son strident qui n’a rien avoir avec la musique coupe son état de transe. Il lui semble que c’est le klaxon du bateau. Au deuxième coup il est sur de lui. Le paquebot se remet à tanguer, et a redémarrer. Tout redevient compliqué. Jeff commence à s’inquiéter. Il hurle dans l’espoir de savoir si le bateau se déplace ou non. Aucune personne autour n’y prête attention. Il essaie tant bien que mal de demander des explications à Yann mais il n’arrive pas à articuler. Sa mâchoire est crispée et ses dents sont collé l’une sur l’autre. De toute manière Yann ne l’aurait pas écouté. Il est complètement déconnecté, se frottant et discutant tout seul contre un poteau. Ce n’est plus une goutte qui coule sur le visage de Jeff met un saut de transpiration. Sa vision se trouble et il essaie tant bien que mal à rester debout.

Il se fait bousculer dans le dos. En se retournant il lui semble apercevoir Bertrand main dans la main avec Amy, disparaissant dans la foule. Il s’engouffre à son tour pour les rattraper. Le bateau divague encore et encore, et il tente de se frayer un chemin. Stupéfait, il tombe nez à nez avec son proprio.

-Il faut régler le loyer le plus rapidement..

Jeff n’en revient pas. « Qu’est ce qu’il fout là lui» s’alarme t’il. Il le bouscule, obsédé par l’idée de retrouver Amy. Il s’enfonce un peu plus dans la foule. Sur la piste qui lui semble est interminable, il rencontre ensuite sa mère et son conseiller pole emploi, tenant un filet de pêche dans les mains. « Je vrille?! ! » Panique t’il.

-Avec ton père nous t’avons trouvé un travail.. lui dit sa mère avec un ton robotique.

-Nettoyer les chiottes pour le reste de ta vie. Lui balance le conseiller en lui jetant le filet par dessus lui.

Jeff gesticule dans tout les sens, et réussit à s’en débarrasser. Il fuit le plus rapidement possible, étouffé par le monde qui l’entoure. « Aïe !  » se met t’il a crié. Il a l’impression de s’être fait piquer dans le cou. Il aperçoit derrière lui, Lenny et Gary déguisés en énorme Joint avec de la fumée se dégageant de leur crâne. Avec des Airsofts, ils tirent sur Jeff qui essaie de se protéger dans le troupeau de fêtard. Il se met à courir, mais plus il se rapproche des baffles et plus il a du mal à avancer. Comme si elles émettaient des torrents de vents. Soudain, la silhouette d’Amy se dessine devant lui. Il l’a reconnaîtré entre mille. Bertrand est à ses côtés. Ils sont main dans la main. Jeff est sûr que c’est eux. Il essaie mais il n’arrive pas à décoller ses dents. De toute manière, le son de la musique est beaucoup trop fort pour qu’elle l’entende. Il s’entrave le pied, malencontreusement contre un danseur et s’écroule sur le sol. Ses membres pèsent une tonne. Il est dans l’incapacité de se lever, il voit Amy disparaître dans la foule. Ses yeux deviennent lourds et il plonge dans l’obscurité..

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