Chapitre 1 :
Je me réveille. Ça y est, le grand jour est arrivé, dans deux heures j’aurai quitté Paris, la ville romantique, pour Miami Beach, la mer, les plages, le soleil. L’avion. J’y suis. Je suis devant l’immense aéroport. Je laisse mes bagages à ma mère et par sauter dans les bras de mes deux meilleures amies, Lou et Lie. Elles m’enlacent. Je n’ai aucune envie de partir, de quitter mes amies, mon lycée, même mon prof de math me manquera. Mais il est trop tard.
Sans m’en rendre compte, je suis déjà dans l’avion, la tête contre le hublo.
On atterrit. L’avion se pose dans quelques secousses mais sans dommages pour moi. Je me précipite en dehors, ou du moins, j’essaie. Apparemment, tout le monde devait suffoquer car ils se sont tous rués vers la sortie. Une fois les deux pieds sur la terre ferme, je prends conscience que ça y est, j’ai tout quitté et je suis à Miami.
– Ma chérie, m’appelle ma mère, viens donc aider ton père à mettre les valises dans la voiture, il faut que l’on se couche tôt, lundi tu vas au lycée.
A oui, c’est crai, j’allai oublier, en plus du déménagement, il faut ABSOLUMENT que dans la même semaine, sans connaître personne, j’entre dans un nouveau lycée. Je monte en voiture et attends que l’on arrive. Au bout d’un moment ma sœur décide de rompre le silence :
– Apparemment la maison est immense, bien vraie maman ? dit Léa.
– Oui ma chérie, ce n’est plus notre petit appart’ de 50 mètres carré à Paris. Là, on aura plus de 300 mètre carré rien que pour nous.
Je reste là, impressionnée.
La voiture s’arrête et tout le monde descend, sauf moi. Je reste là, les joues baignées par les larmes à attendre que je me réveil, en vain. Je suis ici, à Miami, à patienter comme une folle après une chose qui n’arrivera jamais, après le retour à Paris.
– Béatrixe, sors de la voiture et viens nous aider, lance mon père.
– J’arrive.
J’ouvre la portière et pose un pied sur le goudron. J’étais tellement triste de partir que je n’ai pas réalisé à quel point j’avais de la chance de venir vivre ici. Ici, il y a la mer, et j’ai une maison de 300 mètres carré rien que pour ma famille, et moi. Je récupère ma valise dans le coffre de la berline noire avec tourner dans le vide de Indila dans les oreilles. Je traîne mes bagages et m’arrête devant le petit portail de l’entrée, que je viens d’ouvrir pour observer la maison, non, ce n’est pas une maison, c’est une villa, un palace ! Je voudrais m’y précipiter, mais mes jambes engourdies par le trajet m’en empêche et j’entre dans ce lieu qui m’est inconnu en marchant. J’ouvre les deux portes de l’entrée et reste sur place, éblouie par le spectacle qui s’offre devant moi. La maison est immense et très moderne avec ses écrans, ses fenêtres, ses volés… J’observe attentivement la pièce dans laquelle je me trouve et monte les escaliers qui occupent le centre de cette dernière. Arrivée sur le palier, je m’aperçois que ma tristesse s’est transformée en joie, la joie de découvrir et de bouffer la vie jusqu’à la consumer entièrement.
A ma droite, il y a un couloir baigné de lumière et le même se trouve sur ma gauche. J’entre dans celui de gauche, qui me paraît immense. J’ouvre toutes les portes, les unes après les autres, et je découvre plusieurs chambres, chacune accompagnée d’une salle de bain plus ou moins grande, plusieurs bureaux, plusieurs salles de détentes. Mais, après avoir fait le tour de chaque pièce qui constitue l’étage, je prends conscience qu’aucune d’elle ne me convient vraiment. Alors, décidée comme jamais à pouvoir choisir ma chambre avant ma sœur, je me précipite au rez-de-chaussée. J’ouvre la première porte sur laquelle je tombe et découvre une grande chambre, envahit par la lumière, avec une immense porte fenêtre qui donne sur la piscine. Une PISCINE ! Génial. Je décide d’aller chercher mes bagages et de m’installer. Je n’ai pas beaucoup de temps avant lundi. On est déjà Samedi après-midi et je veux absolument aller découvrir la ville avant de commencer les cours. Je me mets donc à ranger chacune des affaires qui occupaient ma valise et finit par mettre en place ma propre salle de bain avec mon maquillage, mes crèmes …
Je prends ma veste en jean, un billet de 50 euros et sors à la hâte avant d’apercevoir ma mère.
– Ma chérie, je veux que tout…
– Oui, je sais maman, j’ai fini de tout ranger. Je pars juste faire un tour dans les environs. Je serais rentrée avant 20h00, la coupais-je sans lui laisser le temps de terminer sa phrase.
Puis, je sors. Le quartier me paraît calme en ce mois de Novembre. Tout est très silencieux et paisible. Je suis les panneaux pour me rendre à la plage. Après 5 minutes de marche, j’y suis enfin ! Elle est magnifique, s’étend à perte de vue. Le sable a une allure d’or, et l’eau ressemble à un lac de saphir où le soleil ferait ressortir son incroyable reflet doré. Je m’allonge sur le sable chaud et je ferme les yeux. J’enfonce les mains dans cette surface granuleuse et me laisse imprégnée de chaque détail, de chaque bruit que je suis capable de percevoir. Je me laisse divaguer, j’ai l’impression de flotter.
J’ouvre les yeux. Il fait déjà nuit. L’air est chargé en humidité mais cette sensation m’apaise, au lieu de me dégouter. La chaleur est redescendu, il ne fait plus chaud mais juste bon. Oui, c’est cela, il fait bon. Je me relève doucement et délicatement en essayant de retenir au maximum cette impression de légèreté. Mais, elle s’en va vite. L’heure ! Je ne sais pas quelle heure il est. Je cherche mon portable dans mes poches, en vain. Il est introuvable. J’ai dû l’oublier à la maison en sortant. J’accours vers la boutique que je vois en premier, Twenty One. J’entre et fonce directement vers la caissière. Elle me regarde de la tête aux pieds, étonnée.
– L’heure s’il vous plaît, je lance, affolée, d’une voix peu audible et tremblante.
– Pardon Mademoiselle mais que voulez-vous ? me répond-elle.
J’avais oublié que, malgré que je sois bilingue, j’ai tout de même l’accent français en permanence. Je reprends donc :
– Excusez-moi madame, pourriez-vous m’indiquer l’heure qu’il est actuellement s’il vous plaît ? en insistant d’avantage sur chaque syllabes que je prononce.
– Oui bien sûr, il est 20h05, la boutique ferm…
Je ne la laisse pas terminé, qu’est-ce que j’en ai à faire de l’heure à laquelle sa fichue boutique ferme ? Franchement, je m’en tape. Tout ce que je sais, c’est que ma mère doit s’inquiéter et qu’elle va me passer un sacré savon en rentrant. Je suis seule, le soir, dans une ville qui n’ai pas la mienne, que je ne connais pas, et en plus, je suis sans portable. Je me rue sur le sable et cours jusque chez moi le plus vite possible.
– Enfin te voilà ! s’écrit ma mère au moment où j’abaisse la poignée de la porte. Je me faisais du soucis Béatrixe, tu aurais au moins pu appeler, tu ne crois pas ?
Je déteste quand elle m’appelle Béatrixe, cela me rappelle que je vais passer un sal quart d’heure.
– Je suis désolé maman, je n’avais pas mon portable sur moi et je me suis endormie sur le sable, je souris au rappel de la sensation entre mes doigts.
– Très bien, mais je te préviens jeune fille, il n’y aura pas de prochaine fois car si cela se reproduit, tu ne sortiras plus avant d’être majeure. Suis-je claire ?
– Oui maman, encore désolé.
Et sur ces mots, je pars en courant dans ma chambre. J’au du recevoir pleins de textos de Lou et de Lie. A peine entrée dans ma chambre, je saute sur mon lit et attrape mon téléphone que j’avais laissé sur celui-ci. En effet, j’avais raison. J’ai 36 appels manqués de Lou et 42 de Lie ainsi qu’à elles deux j’ai 68 messages. J’essaie de les appelées à tour de rôle, en vain. Au bout de plus de 45 minutes d’essai, j’abandonne et repense à tous les bons moments que j’ai passés là-bas, à Paris, avec elles. Puis, je me reprends, me lève. C’est vrai après tout, le destin à fait en sorte que j’atterrisse ici, à Miami Beach alors à quoi bon pleurer sur mon sort ? Je n’ai plus qu’à profiter de chaque instant ici, et à consumer l’amour que les personnes me donneront. Je commence donc à regarder chaque détail de cette, ma, magnifique chambre. Elle manque considérablement de vie, de photos, de souvenirs, de joies, de moi et ma personnalité, de tout quoi ! Je vais à l’étage. Papa y a déjà installer le bureau et … l’imprimante ! Je m’assois devant l’ordinateur et y branche mon téléphone portable afin d’imprimer différentes photos de plusieurs tailles. J’imprime aussi quelques citations telles que « On ne naît pas femme : on le devient », « La beauté est dans les yeux de celui qui regarde » de Oscar Wilde, ou encore « Le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de vaincre ce qui fait peur » de Nelson Mandela. Une fois tout ça imprimé, je redescends les escaliers d’une traite et fonce dans … Je lève les yeux et vois un garçon de mon âge. Je le fixe intensément avant de me ressaisir.
– Excuse-moi, je lance en me baissant.
– Ce n’est rien, me répond-il.
Il se baisse à son tour et m’aide à ramasser mes impressions. Il tombe sur mes citations et son regard se repose sur moi, curieux, cette fois-ci.
– Je décors ma chambre, lançai-je pour me justifier.
– Je n’ai pas besoin que tu te justifies, elles sont juste magnifiques, les citations, dit-il avec un clin d’œil.
– Merci, dis-je en lui récupérant les feuilles des mains.
Je le contourne et continu la descente des escaliers. Manque de chance, je trébuche sur un carton et m’étale de tout mon long. J’entends un rire mal contenu derrière moi et en me retournant je lui envoie un regard noir.
– Un coup de main s’il te plaît, je sors d’une voix rauque que je ne connais pas.
– Non, c’est beaucoup plus drôle de te voir galérer, lâche-t-il en riant.
– Sympa !
– C’est pas moi qui fonce dans une personne et me casse la figure dans la même minute, réplique-t-il à bout de souffle à force de rire.
– Oui, mais c’est toi qui chez m… Au fait, t’es qui, tu fais quoi là ? dis-je en me rendant compte que c’est LUI qui est chez MOI et non l’inverse.
– Oh, une chose à la fois. Je me présente, Evan. Et je suis juste venu récupérer le, ton, dossier scolaire, je présume.
– Mince, désolé.
– Pour ? dit-il d’un ton ironique.
– Laisse tomber, dis-je en portant une main à mon front avant de me le taper.
Nouvel éclat de rire. Puis, je finis de ramasser, pour la seconde fois, mes affaires avant de filer, les joues en feu, vers ma chambre.
– A lundi Miss Maladroite. Lâche-t-il dans un rire sonore.
Je ne réponds pas et me dirige à grandes enjambées dans ma chambre. Je claque la porte derrière moi.
– Les portes Trixe ! me gronde mon père.
– Désolé, courant d’air, je mens.
Je jette tout mon bazar sur mon bureau et m’affale sur mon lit avant de mettre la tête dans l’oreiller. J’ai les joues toutes rouges tellement ça m’a gêné de tomber deux fois devant lui en moins de 5 minutes. Mais tant pis ! Après tout, on ne s’est vu et on ne se verra qu’une foi… Attendez, il est venu prendre la fin de mon dossier scolaire pour la, ma, rentrée de CE lundi ce qui veut dire que je vais forcément le recroiser ! Oh non. Que va-t-il penser de moi à présent ? Peu importe, il ne me connaît pas et moi non plus. Je me relève et commence à scotcher mes photos et mes citations sur les murs. Je cherche dans mon placard et fini par tomber sur une guirlande lumineuse que je décide d’accrocher près des photos. Voilà, terminé ! Je prends un peu de distance pour admirer le rendu, c’est parfait !
– A table ! lance ma mère de l’autre bout de la maison.
Je mets mon portable en sonnerie avant de le fourrer dans la poche de mon jean. Puis je vais à table. On mange tous en silence. Je n’ai aucune envie de parler avec mes parents. Ils ne m’ont toujours pas dit, ni à moi ni à ma sœur, pourquoi on était venus jusqu’ici. Je préfère ne pas avoir à trop leur adresser la parole pour qu’ils comprennent bien que je suis vraiment en colère contre eux. La sonnerie de mon portable retentit et m’annonce que j’au eu un message. Je le sors de ma poche et e vois qu’il s’agit de Lou. « Salut Trixe, tu vas bien ? Je me faisais du souci pour toi car tu ne répondais pas et je crois que j’ai encore piqué une petite crise de jalousie, dsl. On essaie de s’appeler dès que tu peux, et si tu veux. Bises ». Je réponds « Hey Lou. C’est moi qui suis désolé, je suis partie à la plage et j’ai, je t’explique tout à l’heure c’est trop long. Sinon, ça va et toi ? ».
– Béatrixe, pas de portable à table ! Se fâche ma mère.
– C’est bon man’, je réponds juste à Lou !
Puis, je reprends mon portable. Cette fois-ci, mon père se lève et m’arrache le téléphone des mains. Je proteste, en vain.
– Tu écouteras ta mère la prochaine fois, jeune fille. On s’est tous mis d’accord, pas de portable à table ! lâche mon père d’une traite avant de placer MON portale dans SA poche.
– Ça, ce sont les règles de Paris. Ne nous demandez pas de les respecter puisque nous ne sommes plus à Paris. Et pendant que j’y suis, vous ne trouvez pas …
– Béatrixe, il y a des limites, me coupe ma mère d’une voix à la fois pensive, fâchée et frustrée.
– Non maman, pas cette fois. Vous nous forcez à déménager, à quitter nos amies, notre lycée, notre vie, et vous, vous ne nous donnez même pas ni la raison ni l’explication de ce fichu changement qui est très subite.
– Tu vas trop loin Béatrixe, me dit mon père droit dans les yeux. Nous en avons déjà parlé.
– Non, VOUS en avez parler mais vous ne nous avez dit ce que Vous vouliez bien nous laissé entendre. Mettez-vous à notre place. On nous oblige à tout quit…
– Béatrixe, toi, mets-toi à notre place, lâche ma mère, furieuse.
– J’en suis incapable, pour la bonne raison que je ne comprends pas votre décision ! Dis-je avant de me lever en faisant tomber ma chaise, dans un bruit sourd, pour foncer droit dans ma chambre. Et, pour aller encore plus loin je dis :
– Et ça aussi, c’est une règle de Paris, les provoquai-je avant de claquer ma porte.
Je fonce droit sur mon lit et m’allonge, pour la seconde fois de la journée, en regardant le plafond. Puis, sans m’en rendre compte, je m’endors.
Je me réveille, avec un mal de tête atroce, et me lève. Je suis encore habillée avec mes habits de la veille. J’ouvre mon placard, plutôt mon immense dressing, et choisis un jogging, un sweat et des basquets de sport. Je me lave, me maquille, m’habille. Je prends un verre de lait et je file chercher mon skate dans le garage. Je le prends et me dirige dans la rue. J’ai à peine parcouru 20 mètres que je tombe en m’éraflant les genoux et la paume de la main droite. Puis, j’entend un rire à côté de moi.
– Bonjour Miss Maladroite, lance Evan.
Je ne fais pas attention à lui et me relève sans aucunes difficultés. Je me retourne, prête à partir dans la direction opposée à la sienne mais sa main sur mon épaule m’en empêche.
– C’est bien la première fois qu’une fille ose ne pas répondre au plus beau mec de tout le lycée. Je vois que tu ne considère pas la chance que tu as que je t’adresse la parole.
– Pardon, TOI, le mec le plus beau du bahut, impossible, je m’esclaffe.
Puis sur ces mots, je me libère de sa poigne et remonte sur mon skate en direction des boutiques. Je sens le regard d’Evan sur moi, mais je m’en fiche. Les mecs n’ont jamais été ma priorité. Je pars en direction de la boutique Twenty One. Une fois devant, sans être retombée, j’entre dans le petit magasin de vêtement. Mon regard se pose sur une magnifique robe noire qui s’arrête juste au-dessus du genou. Je l’attrape et l’essai. Elle me va comme un gant. Elle est parfaite. Une demi-heure plus tard, je passe en caisse avec deux hauts, un pantalon tailleur, une mini-jupe, un jean et la robe noire. Je paie et part me chercher un Mac do’ que je mange les pieds et les fesses dans le sable. C’est si bon de ressentir le soleil sur ma peau, le vent dans ma nuque et le sable entre mes orteils. Je ne lasserai jamais de ces sensations et de ce paysage. Une fois le repas fini, je veux appeler Lou mais mon père ne pas encore rendu mon portable après la petite crise d’hier soir… Je décide donc de rentrer me baigner. Une fois dans ma chambre, j’enfile un mayo de bain et ni vue ni connue, je plonge comme une pro dans la piscine. Je la pensais froide mais en réalité, malgré le mois de Novembre, elle est plutôt chaude. Je commence à faire des longueurs, encore et encore, jusqu’à ce que mes muscles tremblent, m’empêchant de poursuivre ma séance de natation. Je sors et m’allonge sur ma serviette. Le soleil me réchauffe la peau. Il est 19h00 quand je décide enfin de rentrer. Il faut encore que je me lave, que je prépare mon sac pour le lendemain et surtout, que je convaincs mes parents de me rendre mon téléphone sans lequel je serais incapable de supporter la journée de demain.
Je m’occupe de tout et en un rien de temps, je suis déjà dans mon lit à attendre impatiemment que le sommeil et les rêves ne veulent bien s’emparer de mon corps, de mon esprit, de mes pensées, de mes paroles en me faisant tout oublier de l’endroit où je suis et de qui j’ai laissé derrière moi, à Paris.
Chapitre 2 :
Mon réveil a transformé ma chanson préférée en une torture matinale. Je fais aller ma main dans le vide en espérant réussir à toucher le bouton d’arrêt de cette fichue sonnerie, en vain. Je n’ai pas le choix, pour le couper, je dois me lever. Etonnant mais en moins de 30 minutes je suis lavée, habillée, maquillée, j’ai pris mon petit déjeuner et je suis devant la maison, le sac sur le dos, à attendre ma mère et Léa. Je me suis habillée avec le pantalon tailleur et le petit haut noir moulant que j’ai acheté hier. J’espère rencontrer des personnes sympas aujourd’hui. Ma mère arrive et nous nous mettons toutes les trois en route pour le lycée, en silence. Nous arrivons et ma mère arrête la voiture.
– Bonne chance les filles ! nous dit-elle.
– A ce soir, dis-je avant de fermer la portière derrière moi.
Je suis à peine entrée la cours du bahut que tout les regards se tournent vers moi. La sonnerie retentit et tout le monde se dirige vers l’intérieur. Je suis le mouvement des élèves et me dirige vers le bureau de la proviseure. Lorsque j’arrive, la porte est ouverte. Je frappe contre le chambranle de celle-ci. La proviseure lève les yeux de son immense pile de papier et souris en me voyant. Elle m’indique une chaise devant son bureau et je m’y assois.
– Bonjour, me salue-t-elle, je suppose que vous êtes Mademoiselle Béatrixe Parker.
– Oui, c’est moi, dis-je mal à l’aise.
– Très bien. J’ai vu votre sœur il y a un instant.
– …
– Noah, je vous en pris, faites donc visiter les lieux à notre nouvelle arrivante.
Je n’avais jusque là pas remarqué ce garçon qui se tenait dans l’angle du bureau, près de la porte. Il s’avance vers moi.
– Mlle Parker, je vous pris de bien vouloir suivre Mr Stephan.
Je me lève et le suis dans ce dédale de couloirs.
– Alors comme ça tu viens de Parsi lâche-t-il pour rompre le silence.
– Comment tu sai…
– Evan, bien sûr ! C’est lui qui me l’a dit.
– Et lui comment il s…
– Grâce à ton dossier scolaire ma chère.
– Il t’a dit autre chose à mon sujet ? le questionnai-je.
– Peut-être. Pourquoi, ça t’intéresse ?
– Non, lâchai-je d’une voix faible.
Nous passons devant une multitude de salle dont il m’énumère chacune de leur utilité.
– Bon, on devrait y aller, la prof de français va se mettre en rogne sinon, me dit Noah avant de se diriger vers l’une des portes du couloir.
Nous entrons tout deux et le regard des élèves ainsi que celui de la prof se tournent vers moi. Je parcours la classe des yeux avant que mon regard ne se pose sur une personne : Evan.
– A toute Miss Maladroite, me salue Noah dans un petit rire.
Je reste sur place quelques instants, troublée par ses paroles.
– Mlle Parker, m’appelle la prof, venez donc vous présentez à la classe.
– Voilà…c’est Béatrixe Parker qui vient tout droit de Paris, qui claque les portes et, pour couronner le tout, qui est Très maladroite, me présente Evan à la classe d’une voix monotone comme s’il récitait son cours.
Je lui lance un regard noir.
– Très bien, je crois que tout est dit, lâche la prof, regagnez votre place Mlle Parker.
Non mais pour qui elle se prend cette prof de mes … Je refreine mes pensées avant d’aller trop loin. Je me dirige vers le bureau le plus loin de la prof et d’Evan pour avoir la paix. Pas de chance, elle a du lire dans mes pensées :
– Le bureau juste devant celui de Mr Jones Mlle, dit-elle en désignant le bureau juste devant Evan.
Comme par hasard, il fallait que je sois pile devant lui. Mes cahiers en main, je me dirige vers Lui et en loupe mon bureau. Je vois un sourire se dessiner sur le visage d’Evan avant qu’il n’explose de rire.
– Mlle Parker, asseyez-vous devant et non sur Mr Jones.
Je sens le rouge me monter aux joues. Les élèves se retournent tous vers moi et me regardent, avant d’exploser de rire -je suis carrément à côté d’Evan. Je croise ses yeux verts et je rougis d’avantage. Je me ressaisis, me tourne et m’assois sur ma chaise. Je fixe mon regard le plus loin possible au tableau et fait abstraction à tout le reste.
– Alors, Miss Maladroite, pas trop ébloui par ma beauté matinale, me dit Evan d’un ton ironique.
Quel prétentieux celui-là ! Comme s’il pouvait m’attirer. Les 4 heures de cours me paraissent infinies. La cloche finit tout de même par retentir, nous sauvant des sermons du prof de math sur l’importance d’apprendre ses cours au fur-et-à-mesure. Je rassemble mes affaires. Une main dans mon dos me fait sursauter et ce que j’avais dans les mains m’échappe et tombe par terre. Morte de honte, je me retourne et vois Noah, qui a une main sur la bouche pour contenir son rire. Il s’abaisse pour ramasser et je l’imite. Pendant que je cours, à quatre pattes, après mon stylo, je sens son regard sur moi. Je me relève et dois être toute rouge car il me demande, inquiet :
– Béatrixe, tu vas bien ?
– Bien et toi, lui répondai-je en lui lançant un regard noir.
Il hoche la tête en signe de réponse et se relève. Je m’apprête à aller me réfugier dans les toilettes des filles pour manger mon sandwich, quand Noah m’interpelle :
– Plutôt que d’manger en solo, viens avec moi.
Je n’ai rien de mieux à faire et il a raison, ça sera toujours plus cool de passer le midi avec lui qu’enfermer dans des toilettes. Donc, je le suis. Nous arrivons dans la cours peu de temps après être passer aux distributeurs. Noah se dirige vers un groupe d’élèves. Je me surprends à espérer qu’Evan soit là. Lorsque nous arrivons à leur hauteur, il me présente ;
– Voici Béatrixe. Et là tu as Liam, William, James, Anna, Cassandra, Haby, Gwenaëlle.
– Salut, fais-je d’un signe de la main.
Puis, je vais rejoindre les filles qui m’accueillent avec de grands sourires. Pendant le repas, nous parlons de tout et de rien. Mais plus important encore, nous rions tous aux éclats. Une fois fini, j’ai deux certitudes : le groupe de Noah m’apprécie et moi encore plus. Plus rien à voir avec mes amies de Paris. Ici, tout le monde est sympa, sauf Evan, et super cool. J’espère vraiment pouvoir préserver une amitié avec chaque personnes du groupe. La sonnerie m’arrache à ma rêverie et nous entrons en classe à neuf.
Pendant le cours d’histoire, je sens le sommeil d’emparer de moi et je ne fais rien pour lutter contre, je le laisse s’insinuer en moi et s’emparer petit à petit de mon corps et de mon esprit.
Une main sur mon épaule me réveille. J’ouvre les yeux et vois le prof d’anglais. Je me retourne et vois qu’Evan me fixe de ses grands yeux verts. Je lui fais sine que je bien réveillée.
– Merci, soufflai-je.
– Mlle Parker, je vois que vous et Mr Jones avez une conversation bien plus intéressante que mon cours. Pourriez-vous, s’il vous plaît, la partager avec nous ? me dit le prof.
Je commence à me tortiller sur ma chaise, faute de savoir quoi répondre.
– Excusez-nous Mr, Mlle Parker, étant arrivée ce matin, est perdue et m’a donc demander de l’aide. Cela ne se reproduira plus, me sauve Evan.
Quelques secondes plus tard, une boule de papier atterrit sur mon bureau. Je me retourne et scrute le visage de chaque élève dans le but de découvrir de qui provient le message. Mais ils sont tous concentrés sur le cours. Je déplie le morceau de papier et découvre 8 écritures différents : “Alors comment ça va avec Mr Jones. Cass”, “Et ben alors Miss Maladroite, on bavarde ?! Will” j’y crois pas, Evan a raconté cette histoire à combien de personne ? “Sous charme Mlle Parker ? Haby”, “On discute dès le premier jour, bah dis-donc !Liam” “Pas intéressée par Evan ma belle ? Noah” depuis quand il me surnomme ma belle ? ” 1ère remarque de l’année. Gwen” “On attire les BG dès le 1er jour. Anna” et pour finir “il te mérite pas. James”. J’hallucine, ils se sont littéralement tous passés le mot. Je réponds simplement : “Vous êtes drôles ! Il me réveillée, c’est TOUT. En tout cas, merci de votre ultime soutient les amis ! Trixe”, puis, je relance le bout de papier à Noah qui me le renvoie aussitôt : “Je sais, sans nous tu t’en sortirais pas 😉 et tu nous appelés “tes amis”, c’est cool ! Noah”. J’écris : “Ouais, c’est ce que vous êtes. Trixe” Je le rebalance.
– Parker, arrête tes conneries le prof te matte ! dit Evan de sa voix rauque.
Je lève la tête. En effet, le prof a les yeux rivés sur moi. Je récupère mon stylo et recommence à prendre des notes, l’air de rien.
La sonnerie annonce la fin des cours et nous allons tous les 9 au skate parc. Nous sommes à peine arrivés que les garçons commencent déjà à nous charrier :
– Alors, vous voulez pas faire une petite descente en skate ?
Au bout de 15 minutes, j’en ai marre, me lève et saisis le skate de James avec fureur. Toutes les filles m’acclament : Trixe, Trixe, Trixe, Trixe, Trixe ! Je m’élance sur la “piste” et fais quelques allers-retours. Les garçons reprennent :
– C’est tout ce que tu sais faire Trixe ? me lance Will en riant.
– Montre leur ce que t’as dans le ventre Trixe ! m’encourage Anna.
Je prends de l’élan et fais un slappy-slide. Tout les garçons restent bouche bée pendant que les filles m’applaudissent.
– Alors, qui veut affronter Trixe ? lance Haby d’un ton féroce.
Je lui envoie un regard noir. Je ne me battrais pas contre les garçons ! Quoique… Après tout, je n’ai rien à perdre et tout à gagner : il me suffit de faire quelques figures et le tour sera joué ! Tout le monde me prendra pour une “déesse” du skate. Liam se dévoue. Il prend sa planche à roulettes et me rejoins sur le haut de la pente. Je le regarde dans les yeux d’un air de défie avant de crier :
– Les filles, le décompte !!!
Elle commencent à “décompter” :
– 5, 4, 3, 2, 1 GOOOOO !
Je pousse du pied et grimpe de justesse sur mon skate. J’enchaîne les figures de voltiges, je rattrape, double et repasse derrière Liam avant d’avoir plus de 3 allers de plus que lui. Je remonte sur notre point de départ. Toutes le filles m’applaudissent et je fais une petite révérence avant de passer devant elles en courant pour leur taper dans les mains. J’arrive à la hauteur des garçons et dis :
– Alors, c’est qui les losers maintenant ?! dis-je en leu tirant la langue avant de tourner les talons.
Je me suis tellement amusée que j’en ai oublié l’heure. J’attrape mon portable dans ma poche et lis : 18h56. Je fais la bise à tout le monde et pars. J’arrive chez moi à 19h17. Manque de bol, ma mère est déjà rentrée. Je vais avoir droite à un de ses prestigieux interrogatoire :
– Béatrixe (mauvais signe qu’elle m’appelle comme ça), ça s’est bien passé la journée ?
Je reste naturelle et détendue pour répondre :
– Super même je dirais.
– Tant mieux. Je pensais que ta journée avait été longue et pénible vu l’heure à laquelle tu rentres. (Voilà, nous y sommes)
– Oui, je suis désolé man’, je me suis fait quelques potes et on est parti réviser et discuter au skate parc, avouai-je.
– Oui, je sais. Vous ne m’avez pas vu mais je suis passée. J’attendais que tu me le dise toi-même.
Je m’apprête à mettre les voiles quand elle me dit :
– J’espère que tu auras la maturité de faire attention aux personnes que tu fréquentes Béatrixe.
Et aller, c’est parti ! On va ENCORE avoir cette put*** de discussion.
– Oui maman, ne t’inquiètes pas. Je fais attention, promis, comme toujours. Je ne ferai pas les mêmes erreurs que toi à mon âge.
Et sur ce, je réussis à quitter la pièce avant qu’elle est pu enchaîner. Je fonce droit dans ma chambre et fais (à la va-vite) mes exercices de math pour le lendemain. Puis, j’écoute ma musique en lisant “My dilemma is you”. Ce livre est tellement captivant, il m’est impossible de le lâcher. Je finis par me laisser sombrer dans le sommeil, la tête pleine des personnages de « My dilemma is you ». Je m’endors donc, le livre entre les mains.
Chapitre 3 :
Encore la sonnerie de ce “foutu” réveil. Je repousse l’alarme de 10 minutes et me rendors, paisiblement.
– Trixe, TRIXE !!! Debout, Vite ! me hurle Léa en tirant ma couette de toutes ses forces.
J’ouvre les yeux et regarde avec envie mes photos et m’arrête sur une de mes nombreuses citations “Voir, entendre, aimer. La vie est la cadeau dont je défais les ficelles chaque matin, au réveil.” de Christian Bobin. Je sors de ma “transe” et saisis mon portable avec frénésie. Il est 7h15 ! Je n’ai plus que 10 minutes pour me préparer et prendre mon bus. Je me lève d’un bond et zouuuu, je glisse sur ma couette. Je me relève le plus vite possible et fonce à toute allure dans ma salle de bain. Je mets vite fait un jean à trous et un crop-top blanc large.
– Le bus est là Trixe. Trouves quelqu’un pour t’emmener, man’ n’est pas là. Je fil, me crie ma sœur avant de claquer la porte derrière elle.
Je saisis mon portable et tape : “Salut Anna, tu vas bien ? Il y a moyen que tu passes me récup’ s’il te plaît ? Trixe”. Une minute plus tard, j’ai sa réponse : “dsl déjà au lycée. Je t’envoie Evan 😉 Anna” Oh non ! Pas encore lui. Pourquoi il faut toujours que je tombe sur LUI ?! Je finis vite fait mon maquillage et sors de chez moi à 7h34. Même à cette heure assez matinale, l’air est déjà chaud malgré la légère brise qu’il y a. J’attends quelques secondes et une voiture rouge aux allures luxueuses s’arrête devant chez moi. Mais, ce n’est pas Evan à l’intérieur. Une fille aux airs de mannequin en sors et dit :
– Hey, je suis Giulia, Evan m’a dit de passer. Reste pas là à me regarder, monte en voiture.
Je me dirige vers la “limousine sportive” et monte.
– Désolé que t’es due passer me chercher, dis-je pour m’excuser.
– T’inquiète, j’habite juste au bout de ta rue. Evan est mon voisin.
Bizarre, pourquoi n’est-il pas venu lui-même ? Nous passons le reste du trajet avec la musique à fond. Giulia ralentit et s’arrête. La main sur la poignée, je m’apprête à sortir quand la portière de l’arrière s’ouvre pour faire place à Cass et Haby. Elles montent et nous redémarrons. Ni moi Giulia ne parle le reste de la route. Cette fois nous arrivons vraiment. On se précipite toutes en classes. Nous arrivons juste avant que le prof ne ferme la porte de la classe. Je vais vers mon bureau et m’assois… dans le vide ! Je tombe par terre et les rires fusent autour de moi. Je me retourne et vois qu’Evan me fixe, moqueur. Je le fusil du regard, me lève, fait une révérence pour accentuer ma chute et me rassois, l’air de rien.
– Désolé Miss Maladroite, c’était plus que moi, chuchote Evan dans mon dos. La matinée passe avec une lenteur éprouvante pour tous. A 12h10 nous sommes tous assis -avec James, Liam, Will, Cass, Haby, Anna et Noah- autour d’une des tables de pique-nique de la cours. Nous finissons nos “repas” entre les rires et les larmes de joies. Puis, je me lève pour proposer :
– Je vais au distributeur, vous voulez un truc ? lançai-je au groupe.
Il me dise tous ce qu’ils veulent et avant que je ne sois trop loin, Liam me rejoint et me dit :
– Je t’accompagne, tu risquerais de tout faire tomber, ironise-t-il.
Nous nous mettons en route. Je passe aux toilettes et laisse Liam me devancer. En ressortant, je vois Evan qui me fonce droit dessus. Je me décale pour l’éviter mais il tend la jambe et me fait un croche-pattes. Je tombe. Il continu sa route, l’air de rien. Cette fois-ci, c’est trop ! Il ne s’en tirera pas comme ça. Je me relève, me retourne et rue sur lui. Je lui frappe le dos avec ma main pour qu’il se retourne. A présent il se tient debout devant moi. Je ne me dégonfle pas et m’emporte :
– Je n’ai aucune idée de ce que je t’ai fait en j’en ai rien à foutre. Que tu sois populaire ou non, ça ne change rien à tes droits ! Donc maintenant, tu m’oublies et tu me laisse en paix !
– Du calme Miss Maladroite, me dit-il calmement.
– Non ! Premièrement je ne me calmerai pas deuxièmement, ne m’appelle plus JAMAIS comme ça !
Il pose son doigt sur mes lèvres et plonge son regard vert dans le mien. Ses lèvres sont comme des aimants. STOP ! Il ne m’aura pas de cette façon.
– Et ton numéro de pseudo drague à la noix tu peux te le mettre là où je pense ! criai-je avant de tourner les talons.
Je pars rejoindre Liam qui m’attendre. Pendant que nous récupérons les sucreries, je m’aperçois qu’il me fixe intensément. Nos encas tombe dans le bac récepteur et nous les récupérons avant de partir rejoindre les autres au pas de course.
L’après-midi se fait longue au lycée pendant que je pense à ma piscine. Quand la cloche retentit enfin, je me dirige vers mon casier pour ranger mes affaires et tombe nez-à-nez avec Giulia.
– Salut Trixe, tu vas bien ? me demande-t-elle.
– Super bien et toi ?
– Pareil. ça te dirait de rentrer avec moi en voiture ? propose-t-elle gentiment.
– Oui, avec plaisir. Si ça ne te dérange pas bien sûr.
– Tu sauras que si je propose un truc c’est que j’en ai moi-même envie.
– Parfait alors !
Nous nous mettons donc en route, toutes les deux. Le trajet se fait dans un calme olympique. Giulia s’arrête devant chez moi et avant de descendre je lui dit :
– ça te dit de venir boire un truc ?
– Je voudrais pas te déranger, me répond-elle.
– Tout comme toi, tu sauras que si je propose, du moins à toi, c’est que j’en ai aussi envie.
– Okay.
Je lui indique l’endroit où elle peut se garer sans gêner. Puis, j’entre suivis de près par Giulia. J’ai à peine posé un pied à l’intérieur que j’entends ma sœur dégringoler les escaliers. Elle se jette sur moi, les joues emplies de larmes.
– Giulia, tu peux aller dans la cuisine. Regarde dans les placards du haut, il y a des petits pains et des croissants.
Pendant que je dis ça,, ma sœur m’entraîne de toutes ses forces vers le salon et dégaine son portable de sa poche. Elle le déverrouille et me montre une photo. On ma voit une bouteille de bière à la main en classe. J’explose de rire avant de reprendre mon sérieux. Elle me regarde mal.
– Léa, c’est pour cette photo que tu pleurs ?
Elle retourne le téléphone et répond :
– Oui.
– Mais, il n’y a rien de grave. On te voit juste une bouteille à la main. Et te connaissant comme si t’étais ma soeur, elle n’est pas à toi.
– Mais non, je pleure pas pour ça, regarde ce qu’on voit juste au dessus.
Je relève les yeux vers le haut de l’image et mon regard se pose sur un reflet dans la vitre de la classe. On y voit parfaitement le dessin de ses seins. Je la regarde pour lui dire que j’ai vu et que je vais m’en occuper, mais je n’ai pas encore ouvert la bouche qu’elle m’enlace et murmure :
– Tu peux t’en occuper s’il te plaît ?
– Oui. J’irai voir la personne qui a fait cette photo.
– Non ! s’exclame-t-elle à ma grande surprise. Il faut que tu ailles voir la personne qui l’a posté !
Ah oui, là elle est vraiment dans la m****. Je la serre dans mes bras.
– Bon, t’avais pas une pote à aller servir ? me dit-elle.
– Je t’aime, dis-je en déposant un baiser sur sa joue. Je me lève et vais rejoindre Giulia dans la cuisine. Elle m’attend, un paquet de biscuits à la main.
– Giulia, j’aurai besoin d’un coup de main pour demain, ma sœur a des problèmes au lycée.
– Dis-moi, je te règle ça maintenant, en live.
Je lui raconte tout ce que m’a rapporté ma petite sœur en omettant aucun détails. Une fois l’histoire finit elle reprend :
– Si vous êtes d’accord, ta sœur et toi, je fais jouer mes contacts et fais passer le coupable pour la victime en retournant la situation.
Nous filons en parler avec ma sœur qui nous dit oui sans aucunes hésitations. Apparemment, c’est un certain Kevin qui a fait le coup et Giulia a l’air de bien le connaître. Elle va seule dehors pour passer des coups de files. Au bout d’un quart d’heure, elle revient et dit :
– C’est bon, c’est régler. J’ai fait croire que Kevin a fait un montage car il aimerait avoir des seins.
Elle dit ça sans écorcher un seul mot. Nous finissons de grignoter dans la cuisine, Giulia et moi.
– Giulia, dis-moi, pourquoi Evan n’est pas venu me chercher directement ce matin ? Il m’évite ?
– Primo m’appelle Giulia et Giu’ et secondo, Evan est tombé en panne hier, il a du prendre le bus. Tu veux que je te donne un conseil Trixe ?
-Bien sur, tout est bon à prendre ! répondai-je, sûre de moi.
– Fais très attention à ta relation avec Evan. Tu es un fille bien et lui rien d’autre qu’un vulgaire profiteur. Mets des barrières dès aujourd’hui où tu risques de finir comme Samantha.
– Mais je ne comprends pas, lui et toi êtes proches pourtant, non ?
– Oui, très proches mais je connais les limites à ne pas franchir et lui aussi. Je me suis laissée manipuler dans le temps mais maintenant, tout est fini et on est de très bons amis.
– Okay. C’est qui cette Samantha ?
– Une fille qui a fini par se suicider tellement elle souffrait de sa propre relation avec Evan.
– Mais, il a fait quoi pour qu’elle aille aussi loin ? tâtonnai-je.
– Il a fait des choses vraiment horribles. Ouais, des trucs dégueulasses.
– C’est à dire ? l’encourageai-je.
– Il te dira s’il te fait confiance. Ecoute, très peu de personnes connaissent cette histoire mais celles qui la connaissent entièrement, de A à Z ne supporte plus Evan. Ces personnes ont quasiment toutes changées de lycée pour ne plus le voir.
– D’accord.
Ce que viens de me révéler Giulia m’intrigue énormément. Je dois savoir.
– Bon, écoute moi je vais devoir te laisser. Mes parents reçoivent du monde ce soir et je dois être présentable pour ne pas dire Chic et fille-modèle.
– Une soirée, en pleine semaine ? m’exclamai-je, surprise.
– Oui, mon père est haut-placé dans son entreprise et disons que…c’est mon quotidien depuis un moment déjà.
– Ah, je suis désolé pour toi. ça n’a pas du être facile tout les jours.
– Non, ne t’excuses pas. Je ne verrai pas ma vie d’aujourd’hui sans tout ça. Et puis après tout, ce sont les épreuves qui forgent le caractère donc qui dit “vue facile” dit très peu de caractère.
– Je suppose que tu as raison, dis-je, pas très convaincue.
– Je vois bien, Trixe, que tu n’as pas tout a fait d’accord avec moi. Mais tu verras, un jour ou l’autre, une de ses “épreuves” te tombera dessus et à ce moment là, crois-moi, tu saura de quoi je voulais parler.
– Peut-être, on verra.
– Ouais. Bon allez. Je file avant que mes parents n’appellent les flics. (Elle me tends un papier.) Tiens, mon numéro. En cas de besoin d’un taxi, hésite pas !
– ça marche. dis-je en la raccompagnant à la porte.
On se fait la bise et une fois la porte fermée, le file à toute allure dans ma chambre. J’ouvre mon ordinateur et tape : “affaire suicide Samantha Miami”. Plusieurs articles apparaissent. Je les imprime tous. Je les étudierai ce soir, certainement. En attendant, j’ai des devoirs.
A 20h00 nous nous mettons à table et je mange mon repas en moins de 10 minutes. Je cours dans ma chambre et me prépare. Avant de me mettre sous les couvertures, je saisis le tas de feuilles (il est énorme !!) et une trousse pour regarder tout ça dans le calme et le silence. Je commence à lire : “Samantha Allics était une jeune fille de 16 ans lorsqu’elle s’est donné la mort. Personne ne connait sa réelle histoire mais une chose est sûre : elle était amoureuse et elle souffrait. D’après diverses sources, cette adolescente d’à peine 16 ans s’est donné la mort après une série de disputes plus ou moins violentes avec son petit-copain. Celui-ci aurait été vulgaire et insultant avec la jeune fille. Samantha était déjà en route pour une dépression quand tout à commencer avec ce jeune adolescent. Elle en a fini avec la vie grâce à l’automutilation. D’après le rapport du légiste, elle se serait droguée avant de s’entailler le corps à l’aide du médaillon de collier que son copain lui avait offert quelques temps auparavant. Nous ne savons toujours pas ce qui l’a poussé à aller jusqu’à cette mise en scène mais ce qui est sûr, c’est que Mlle Allics devait énormément souffrir à cause de sa relation “amoureuse”. Samantha Allics restera dans les pensées de toutes et de tous.” Je m’arrête de lire. Qu’a bien pu faire Evan pour la pousser à aller aussi loin ? Il faut que je le découvre. En attendant, je dois dormir et me reposer. La journée de demain va être longue et éprouvante. Je ferme les yeux et laisse le sommeil s’emparer de moi petit à petit. Je me laisse aller à rêver.
Chapitre 4 :
Etonnant mais aujourd’hui je me suis levée 30 minutes avant mon réveil. Je me suis habillée, maquillée, coiffée. Et maintenant j’attends mon bus, devant la maison. 5 minutes plus tard il est là. Mais Léa ne se pointe toujours pas. Je laisse tomber mon sac et pars en courant dans la maison en espérant revenir à temps. Je la trouve endormie dans son lit. C’est une blague !
– Léa ! DEBOUT ! criai-je en lui arrachant la couverture des mains.
Elle lève la tête doucement et fait un énorme bond pour se lever en voyant que je suis déjà prête.
– Léa, le bus vient de partir. Magne toi !
En moins de 30 minutes, elle me rejoint à l’extérieur. Les cours ont déjà commencés depuis quelques instants. J’envois un SMS à Haby : “Hey Haby. Je vais essayer de me débrouiller pour arriver le plus vite possible, on a eu un problème de réveil. Embrasse tout le monde et dit au prof que je suis désolé. Trixe”.
Après avoir appeler ma mère, Léa et moi décidons de ne pas aller en cours ce matin. Elle ne se sent pas encore très bien après l’incident d’hier. Donc, nous prenons serviettes et maillots de bain pour aller profiter de cette magnifique matinée (mercredi) à la plage. Nous sommes à peine arrivées que mon portable sonne déjà. C’est un numéro qui m’est inconnu malgré le fait que j’ai déjà enregistrés tous ceux de mon groupe d’amis. J’ouvre ma messagerie et lis : “Bonjour Mlle Parker. On a appris que tu ne venais pas en cours aujourd’hui. Arrête de faire ta rebelle pour conquérir Evan, il est déjà à moi, et tu ne l’auras jamais…”. Je suis sous le choque. Je ne sais pas ce qui se passe mais je vais devoir le découvrir. Pourquoi tout le monde croit que ce prétentieux d’Evan m’attire et plus important encore, pourquoi je reçois un SMS d’une fille que je ne connais même pas ?! Tout s’emmêle dans ma tête. Evan, Noah, Liam, James, Haby, Cass, Anna, Will, Gwen. Je décide de tout oublier et de passer cette matinée déconnecté de tout, avec ma petite sœur.
Notre sortie à la plage passe très vite. Entre les parties de raquettes, les batailles d’eau, les glaces, les photos, la lecture, les discussions de fille, et les boutiques, nous ne voyons pas le temps passer, ni elle ni moi. Il est déjà 12h30 quand je vois tout mes amis débarquer sur le sable. Je les observes, dubitative. Qui les a prévenu que j’étais là, puisque ce n’est pas moi ? Peu importe. Ils nous rejoignent et déballe eux aussi serviettes, assiettes, couverts, et encas. Nous passons l’après-midi à se raconter des blagues et à rire des anecdotes des uns et des autres. Puis les filles et moi décidons de faire bronzette. Comme toujours, les garçons sont venus contrarier nos plans. Noah m’attrape par la taille et me balance sur son épaule -j’ai l’impression d’être un sac à patates- avant de me jeter toute habillée dans l’eau fraiche de la mer. Je ri à pleins poumons et bois la tasse. Je me traîne jusque sur le sable. Je vois que toutes les filles sont dans le même état que moi. Nous nous regroupons pour ce concerter :
– On doit se venger ! lance Haby.
– Ils ne vont pas s’en tirer comme ça, dit Cass d’un ton ironique !
– Les filles, même si vous êtes juste les potes de ma sœur, on doit faire équipe et se venger mutuellement en réfléchissant, fait Léa d’une petite voix qui se fait timide.
– De la glace ! lâchai-je.
Elles se retournent toutes vers moi comme si j’avais une ENORME bêtise. Je m’explique :
– Ils s’attendent à ce qu’on se venge mais pas comme ça. Nous n’avons qu’a creuser sous leur serviette pendant qu’ils ont le dos tourné et à remplir les trous avec de l’eau et des glaçons.
Toutes me regardent à présent, mais comme si j’étais une force de la nature, une reine !
– On fait ça ! s’exclame Cass, enjouée.
Nous nous mettons au travail pendant que les garçons sont partis acheter un gouter et des sodas. Gwen et moi sommes allées récupérer 4 gros seaux de glaçons et d’eau chez moi. Nous mettons à exécution notre plan.
– On est là ! crie James en arrivant.
Nous avons tout juste eu le temps de remettre en place leur serviette et de nous jeter sur les nôtres. Ils tombent tous dans le panneau et crient comme des fillettes. On se met toutes à rire ! Une fois qu’ils se sont relevés, ils se jettent sur nous. Nous nous enfuyons dans l’eau fraiche qui borde le sable. Une bataille générale éclate. Nous nous “entre-coulons”, filles contre garçons. Une fois le combat fini, nous regagnons la plage pour nous sécher -sauf les garçons pour qui les serviettes sont trempées. Puis, nous finissons la journée ensemble, chez moi, au bord de la piscine. J’aimerais que ces instants durent pour toujours. J’aimerais pouvoir rester réfugier dans des souvenirs comme celui-ci. Je souhaite les avoirs auprès de moi pour toujours.
Quelques heures plus tard :
– S’il te plaît maman. Promis, nous serons tous sages comme des images et nous partirons tôt demain matin pour les cours, essayai-je de convaincre ma mère.
– Trixe, tu sais que tu as cours demain matin…
– Oui maman, je sais. Je, nous te promettons que nous ne ferons pas de bruit et que nous dormirons tous a 22h30. S’il te plaît, tu sais comme c’est dur pour moi après le déménagement… dis-je en pleurant (sur demande).
– Très bien MAIS …
Je ne la laisse pas finir, je la serre dans mes bras et cours rejoindre tout le monde dans le salon. Ils ont tous l’air hyper stressés.
– Je suis désolé… leur lançai-je d’une voix que je veux triste. C’est OUI !!!
Tout le monde se lève et se crie de joie. Nous allons passer une excellente soirée. Nous enchaînons jeu après jeu et finissons par un action ou vérité autour de la piscine. Cass commence :
– Liam, action ou vérité, lui demande-t-elle.
– Vérité, toujours ma chère et unique Cass.
– Est-ce que tu aimes quelqu’un dans le groupe ?
– Heeeuuuu…
– On ne veut que la vérité Liam, dit James.
– Oui, avoue-t-il les yeux posés sur moi.
– C’est quiiii ? veut savoir Cass.
– Ah non ! Une question à la fois, s’exclame Liam, les joues en feu.
Nous restons ainsi, tous en cercle avec pour certains les pieds dans l’eau, à discuter et à s’avouer certaine chose. Liam n’a pas redit une seule “vérité” de tout le jeu. Mon tour arrive.
– Action, lançai-je sûre de moi.
– Embrasse n’importe qui du groupe, me demande Anna.
– Non ! dis-je, le rire aux lèvres.
– Si ! me répond Anna, c’est le jeu Trixe !
– Trixe, Trixe, Trixe, Trixe ! se mettent tous à m’acclamer.
– Okay, ça va. Je me lève et me dirige vers le plus populaire de nos potes : Will. Ils se lèvent tous. Je m’approche de lui et prend sa nuque, mes yeux plongés dans les siens, le sourire (ou peut-être le rire aussi) aux lèvres. Je m’approche de lui et… finis dans l’eau. Je ne l’avais pas vu venir celle-là ! Tous les autres finissent dans la piscine avec moi. On commence à se jeter les uns sur les autres, à s’éclabousser, à se charrier.
L’heure du dîner est enfin là. Ma mère a été d’accord pour qu’on grignote nos pizzas entre jeunes, près de la piscine. Nous sommes encore tous en maillots de bain, les cheveux mouillés. Nous mangeons entre les rires et les exclamations de chacun.
Comme promis, à 22h30 nous sommes tous couchés dans “mon” petit salon de l’étage. Nous avons créé un vrai cocon douillet avec des matelas, des coussins, des oreiller, des couvertures, des peluches, des plaids et des guirlandes. C’est magnifique. Tout les autres s’endorment, sauf moi. Je tourne et me retourne dans mon sac de couchage. Rien à faire, le sommeil de vient pas. J’entends des pas dans la chambre. Une main se pose délicatement sur mon épaule. Je relève la tête et vois Liam.
– J’ai vu que tu n’arrivais pas à dormir toi non plus, ça te dit d’aller prendre un peu l’air ? me propose-t-il.
– Ouais, carrément.
Nous sortons en douce de la chambre et allons au bord de la piscine. Il y a encore pas mal de traces de notre passage : des flaques d’eau, des ballons, des lunettes, des serviettes, des bouées, des matelas…
– Alors comme ça Mlle parfaite n’arrive pas à dormir, ironise-t-il.
– Et “Mr j’aime quelqu’un du groupe” non plus apparemment.
Il me regarde et je comprends que je l’ai mis mal à l’aise.
– Je plaisante, dis-je en lui assénant, gentiment, un coup de coude dans les côtes.
Il lâche un soupir et s’allonge pour regarder les étoiles. J’en fais de même. Je commence à frissonner, malgré la chaleur de la journée, les nuits restent fraiches.
– Viens contre moi, je vois bien que tu as froid, me dit-il d’un ton bienveillant.
Je me rapproche et me blottis toute entière contre lui. Il passe un bras autour de mes épaules et remue sa main sur mon bras pour me réchauffer. Je pose la tête sur son torse et ferme les yeux.
Chapitre 5 :
Le soleil me réveille délicatement. Je sens sa chaleur matinale sur mon visage, mes bras, mes jambes. Il court sur ma peau pour mettre en extase chaque particule et cellule qui me constitue. J’ouvre doucement les yeux. Je suis toujours allongée sur le sol de bois qui parcourt le tour de la piscine. Ma tête est encore appuyée sur le torse de Liam. Je m’assois et vais près de la piscine. Je laisse mes jambes remuer dans l’eau tiède. Cette sensation me donne l’impression que le monde m’appartient, que je pourrais m’enfuir et ne plus jamais ressortir de cette transe. J’entends quelques bruits de pas derrière moi mais ne me retourne pas pour ne pas laisser partir ces sensations. Liam s’assoit à côté de moi. Nous restons tout deux ici, dans le silence le plus apaisant et rassurant que je ne connaitrais sans doute plus jamais. Ma tête est vide. Seul mes 5 sens sont éveilles. Ils s’émerveillent à chaque bruits, odeurs, contact, gout et vue que peux percevoir. Le chant des oiseaux résonne en moi tel un hymne à la paix, à la joie, au bonheur, à la détente. La vue sur l’eau me rassure, m’apaise, me calme. L’odeur de la brioche chaude éveille la faim dans mon corps, une faim que je n’ai encore jamais autant ressentit, ce n’est pas là faim du réveille, non, c’est la faim de la vie. L’eau sur ma peau me caresse, me détend. Le gout du sommeil dans ma bouche se veut réconfortant, prolongeant davantage cet instant unique et merveilleux. Sans même que ma tête en fasse la demande, mon corps se laisse glisser dans la piscine. Je suis en transe. Tout autour de moi est calme, silencieux, rassurant, apaisant. Si seulement je pouvais rester ici pour toujours, si seulement. Je sors de l’eau après quelque longueur et ramasse une serviette mauve par terre. Cette couleur me rappelle mon enfance. Je me sèche et sans un mot à Liam, je rentre. A l’intérieur, l’air est humide mais ce n’est pas désagréable. Je rejoins les autres dans la cuisine et m’arrête sur le seuil de la porte en sentant cette odeur de viennoiserie. Je la laisse parcourir mon corps de haut en bas, réveillant à nouveau chacune de mes cellules. C’est alors qu’Haby me dit, d’une voix si douce et si agréable :
– Bonjours Trixe, j’espère que tu as bien dormi dans les bras de Liam.
– Parfaitement, dis-je en appuyant chaque syllabes de ce mot, tellement je me sentais bien.
– Tu as l’air dans la lune Trixe, me dit Cass de sa voix ferme mais qui se fait détachée, j’aime bien te voir comme ça.
– Oui, j’ai bien dormi et je me suis réveillée avec le soleil. Je me sens on ne peut mieux.
– Cool pour toi. Avec les filles on a décidé qu’aujourd’hui, c’était nous qui allions te préparer. Donc mange vite et on va dans ta chambre ensuite, m’annonce Anna.
Je mange un petit pain au chocolat. Ce gout empli toute ma bouche au point que j’en oubli tout le reste. Dès que j’ai fini de manger, les filles s’emparent de moi et m’attire dans ma chambre. Quand j’arrive, je vois différentes tenues hyper classe étalées sur mon lit. Sur mon bureau il y a divers flacons de maquillage. Anna me tend une magnifique robe noir avec une ceinture Camel. Je l’enfile. Elle me va à la perfection. Elle épouse parfaitement mes formes. Je tournoie dans le vide pour me montrer aux filles. Elle part de mes épaules et descend jusqu’à mes chevilles. Elle est collée au corps et fendu sur le mollet. Parfait ! Anna semble convaincue. Elles m’assoient sur une chaise et me font fermer les yeux. Je reste ainsi pendant près de 15 minutes. Je sens les pinceaux, les blinders sur ma peau. Elles appliquent plusieurs couches, me démaquillent, recommencent. Puis, elles s’arrêtent et Anna m’apporte un miroir dans lequel je vois un reflet. Oui, un reflet car je ne me reconnais plus. Je n’ai aucune cernes, les pommettes relevées, et les imperfections camouflées. Je me retourne et serre Gwen dans mes bras. C’est Anna et Gwen qui m’ont maquillé. A présent Haby et Cass prennent le relet sur ma coiffure. Elles bouclent mes cheveux. Je sens mes cheveux ondulés retomber sur mes épaules. Pour une fois, depuis longtemps, je me sens belle. Je brille. Une fois que les filles sont elles aussi prêtes, nous retournons dans le salon et les garçons restent bouches bées en nous voyant. Et nous partons, tous les 9, pour prendre le bus. Nous arrivons au lycée en avance (pour une fois ;). Nous nous asseyons sur notre habituel banc et Will lance pour rompre le silence :
– Alors comme ça les filles, vous avez cru que c’était aujourd’hui la soirée de James ?
– Quoi, quelle soirée ? lançai-je, inquiète.
– Vous lui avez pas dit ?! dit Will en riant.
– Bah non, on pensait que vous vous en étiez occupé, répond Cass d’un air sûre d’elle.
– On m’explique s’il vous plaît ?
– James organise une soirée, un bal de rentré si tu veux. On le fait chaque année depuis qu’in est en 4ème. Trouve toi un cavalier Trixe, tu es invitée, m’explique Anna.
– Okay, je convaincs ma mère ce soir et je réfléchi à mon cavalier.
– Viens avec moi, je suis en solo aussi, lâche Liam d’une traite.
– Parfait ! dis-je, enjouée.
Les cours commencent et aucun du groupe n’arrive à se concentrer. Au moment où je croyais m’endormir, une boule de papier atterrit sur ma table : “T’as un rencard Mlle Parker ?”. Je me retourne et vois Evan, tout sourire. Je m’apprête à écrire : “Pourquoi, ça peut te faire quoi” puis je me rappelle l’histoire de Samantha et écris : “Peut-être”. Je lui renvois le mot. Quelques secondes après un nouveau morceau de papier frappe mon bureau. Je déplie la feuille et lis : “Laisse-le tranquille la nouvelle, il est à moi”. Le mot n’est pas signé. Je me tourne sur ma chaise pour observer les élèves à tour de rôles. Je prends mon portable et tape : “Cass, par hasard tu ne sais pas avec qui est Evan ? Trixe”. Elle me le renvoie aussitôt : “ça t’intéresse et il est avec Lolita”. Je range vite le papier dans mon sac. La sonnerie retentit et je mets un peu de temps à ranger mes affaires. Mes amis m’attendent mais je leur dit :
– Allez-y, je vous rejoins.
Ils partent. Je finis de tout ranger et sors de la classe. Je me dirige vers mon casier mais je n’ai pas le temps de l’atteindre, on m’assène un coup de poing dans les côtes. Je me retourne et vois Lolita et sa bande de sbires. Je lui lance, en levant le menton :
– Tu veux quoi ?
– De toi, rien, juste que tu arrêtes de draguer mon mec.
– Il ne m’attire pas.
– Je suis sûre que si. Personne ne peut lui résister, je le sais. Mais abandonne tout de suite, il n’y a que moi dans sa vie.
Je rêve. Comment est-ce possible d’être aussi conne ?
– Fous-moi la paix, j’ai mieux à faire que de rester avec des personnes dans ton genre.
Je me retourne, prête à partir mais elle me pousse et je tombe. Les rires fusent autour de moi. Je sens des pieds s’enfoncer dans mes côtes, dans mon visage. Puis, je ne sens plus mon corps, ma vision se floute et ce j’entends est « sourd ». Je perçois une voix une rauque et les coups qui s’abattaient sur moi cessent.
J’ouvre les yeux. Ma tête me fait un mal atroce, mes côtes me lancent. Je passe les mains sur ma robe. Je trouve plusieurs accrocs, de légers trous. Que s’est-il passé ? Où suis-je ? Je regarde autour de moi. J’analyse chaque détail. Tout me paraît flou. J’inspire profondément avant d’expirer. Je bascule ma poitrine en avant pour libérer mes poumons. Je respire lentement. Je ferme les yeux et imagine chaque particule de l’air entrer en moi, se diffuser dans tout mon corps, et ressortir. Je rouvre les yeux. Cette fois-ci, je voyais mieux. Je regarde et scrute ce qu’il se trouve autour de moi. Je dresse une liste mentale de tout ce que je vois :
– Des vitres.
– Une poignée.
– Des boutons.
– Des sièges.
– Une banquette derrière moi.
J’identifie tout ce que je perçois et comprend où je suis : dans une voiture. Mais à qui est-elle ? La portière, côté conducteur, s’ouvre et Liam vient s’asseoir sur le siège. Il effleure ma pommette de son pouce. Cette sensation n’est pas désagréable, juste étrange. Il me paraît étrange, oui c’est le mot, qu’il prenne soin de moi. Il me tend deux poches de glaces et une boîte de doliprane.
– Mets une poche sur ton visage et l’autre sur tes côtes. Si t’as mal, n’hésite surtout pas à prendre un cachet.
Je le remercie d’un signe de la tête, ne trouvant pas le courage de mettre en action mes cordes vocales. Mais, à qui est cette voiture ? La voiture de Liam est chez lui puisqu’il a dormi chez moi. Comme s’il lisait dans mes pensées, il m’informe :
– C’est la voiture de Giulia.
Je ne sais pas ce qu’il s’est passé après que Lolita m’est agressé. Mais je n’ose pas le lui demander. Nous restons assis, côte-à-côte, un long moment encore. Puis, je sors de la voiture sans parler. Je n’ai plus que deux objectifs à présent : Montrer à Lolita qu’elle ne m’a pas fait peur. Et : Me rapprocher d’Evan pour découvrir ce qu’il s’est passé avec Samantha Allics. Je suis devant la classe. J’inspire profondément et me répète mentalement : je ne suis pas lâche. J’entre dans la classe. Le regard mon agresseur se pose sur moi. Elle me regarde de la tête aux pieds.
– Mlle Parker, quelle est la raison de ce retard, s’il vous plaît, me demande la prof d’espagnol.
– Excusez-moi madame, j’ai eu des ennuis. Cela ne se reproduira plus, je vous le garantis, affirmai-je en regardant Lolita droit dans les yeux.
Et sur ces mots, je regagne ma place en silence, la tête haute, fière de moi. L’après-midi passe tellement lentement que j’ai le temps de compter le nombre de carreaux de mosaïque qui recouvre le mur derrière le bureau du prof.
Quand la sonnerie retentit (ENFIN !) tous me amis se précipitent sur moi.
– Tu vas bien ? fait Anna.
– Ça va ? demande Noah.
– T’as mal quelque part ? s’enquiert Cass.
– Tu es blessée ? s’inquiète Gwen pour moi.
– STOOOP ! crai-je pour les faire taire. Pour vous répondre : oui, oui, aux côtes et non pas vraiment.
Haby se lance dans mes bras en m’étouffant presque.
– A partir de maintenant, je reste H24 avec toi, me souffle-t-elle.
– Même aux toilettes ?! ironise James qui l’a entendu.
Haby ne répond pas. Tous me proposent d’aller en ville me changer les idées mais je refuse. Il ne faut pas que je me vide la tête. Je suis presque sûre que mon agression (subite et sans vraies raisons) a un rapport avec le suicide Samantha. Pour pouvoir mieux réfléchir à tout cela, je rentre chez moi à pieds. A peine ai-je poussé la porte que ma sœur me saute dans les bras.
– Merci Trixe, pour avoir régler l’histoire de l’autre jour. Vraiment.
– C’est normal Léa, dis-je en m’écartant d’elle, on est sœur avant tout !
– Je suis rentrée à midi, j’étais libérée (la chance ?!). J’ai appris pour ce qui t’es arrivée, tu vas bien ? me demande-elle soudain sérieuse.
– Oui Léa. Mais je n’ai pas trop envie d’en parler tout de suite.
– Pas de problème.
Je la regarde une dernière fois avant d’aller dans ma chambre. J’entre et défait directement ma robe. Je la laisse retomber sur mes pieds. Je vais devant mon miroir et regarde mes côtes. J’ai quelques bleus mais je m’attendais vraiment à pire. Je fais courir mes doigts le long de ma peau. Ça me lance mais c’est amplement supportable. Je récupère de la pommade dans ma salle de bain et en applique sur mes zones de douleurs. Enfin, je m’allonge sur mon lit. Mes mains parcourent les draps. C’est si bon de rentrer chez soi après une dure journée.
Après le dîner, je passe sous la douche, me prépare et remets de la pommade sur mes blessures. Je n’ai pas informé mes parents de l’incident qui s’est passé ce midi, mais tant pis. Ils le sauront en temps et en heure. Et en attendant, une seule chose me hante : Si Lolita s’en est pris à moi, c’est que j’ai un rapport (et elle aussi) avec Samantha. Il ne me reste plus qu’à découvrir quoi. Je m’allonge sur mon lit, cale ma tête entre les oreillers et les coussins et je lis les articles que j’ai imprimés la veille.
Chapitre 6 :
Mon réveil sonne. Contrairement à d’habitude, je me lève dès la première sonnerie. Je coupe l’alarme et fonce directement dans ma salle de bain. Dans le miroir je vois que ma pommette a des nuances de bleu, de marron, de rouge, de violet et de vert. Pourtant, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ça ne fait pas mal. Pas du tout, même. Je prends la teinte de fond de teint qui correspond à ma peau et l’applique sur tout mon visage en insistant sur mes marques. Je mets aussi de l’anticerne et du correcteur sur les zones abîmées. Je finis par mettre du mascara. Je me coiffe et m’habille. Aujourd’hui, je dois prendre un sac cabas en guise de sac de cours car je dois emmener ma robe, mon maquillage et mon petit sac pour le bal de ce soir. Je ne reviendrai pas chez moi avant samedi donc autant emporter tout ce dont j’aurai besoin. Après la soirée, je dormirai chez Haby. J’ai tellement hâte ! Je finis de me préparer et sors de la maison. Dehors, Giu m’attend. Je m’élance vers elle, prête à l’enlacer, quand je m’aperçois qu’elle n’est pas seule. Evan est avec elle. Mais pourquoi ? je croyais que cette histoire de voiture en panne était réglée. Il doit voir mon malaise car il me lance :
– T’inquiète pas Mi…Trixe, se reprend-il, Giulia m’emmène en cours tous les vendredis. Ça n’a rien à voir avec toi.
J’acquiesce et fait la bise à notre chauffeuse. Elle a un immense sourire. Elle prend d’immense précaution avec le côté gauche de mon visage. Il me semblait pourtant avoir réussi à dissimuler totalement les bleus. Elle doit se douter de ma surprise car elle explique, à voix basse, pour ne pas qu’Evan entende :
– Ne t’en fais pas, tu as très bien camouflé tout cela. Je le sais. Je fais attention, c’est tout.
– Merci, glissai-je avant de monter à l’arrière de la voiture.
Pendant le trajet, je ne parle pas. Je me contente d’observer. Je n’avais pas compris à quel point Giulia et Evan sont proches. Alors qu’en réalité, c’est plus que flagrant. Après 15 minutes de voiture, nous descendons tous les trois. Tous les regards se tournent, non pas sur nous, mais sur moi. Je fais comme si de rien n’était et je poursuis ma route. La matinée est longue et pénible. Nous n’avons tous qu’une seule chose en tête : le bal de la rentrée. Je me demande comment ça va se passer. Avec qui je vais rester, si je vais faire de nouvelles rencontres, ou pas. C’est impressionnant la faculté que les profs ont pour se rendre compte qu’on s’en fou complètement de leur cours. La preuve en est :
– Mlle Parker, auriez-vous l’obligeance d’expliquer à vos camarades comment résoudre une équation le plus rapidement possible ? me demande le prof de math.
– Veuillez m’excuser Mr, je ne vous ai pas écouté. Je m’en excuse. Je n’étais pas concentrée et ne pensais qu’à… je laisse ma phrase en suspens.
– Laissez-moi finir pour vous : vous ne pensiez qu’à la soirée de ce soir. A présent, vous devriez penser à que vous allez dire à la proviseure.
Et merde ! Il fallait que ça tombe sur moi. Je me lève, récupère mes affaires et sors en faisant le plus de bruits possibles. Dans les couloirs, je continue de réfléchir à ce soir. Sans même m’en rendre compte, je suis déjà devant la porte. Je frappe.
– Entrez ! lance une voix provenant de l’intérieur.
J’entre.
– Bonjour Mlle Parker, c’est un plaisir de vous revoir. Que puis-je faire pour vous ?
– A vrai dire, je ne sais pas vraiment.
– Alors, qu’est-ce qui vous amène ici, pendant les heures de cours ? m’encourage-t-elle.
– C’est mon professeur de maths qui m’envoie, répondai-je bêtement.
– Et pourquoi ? dit-elle en s’appuyant sur ses coudes, l’air soudant sérieux.
– Car il m’a posé une question à laquelle je n’ai pas été capable de répondre pour deux raisons : primo, je ne connaissais vraiment pas la réponse, et ensuite, je n’écoutais pas le cours.
– Et pourquoi n’écoutiez-vous pas ?
– Je réfléchissais à ce soir.
– Très bien Mlle Parker. Vu votre honnêteté, je ne vous sanctionnerais pas cette fois-ci. Mais que cela ne se reproduise plus.
– Oui Madame la proviseure, je vous le promets.
– Vous pouvez disposer, ah oui, et éviter de retourner en classe pour l’instant, votre professeur pourrait vous renvoyer ici.
Je me lève et sors. Je me rends directement aux toilettes où j’attends patiemment la fin de la matinée. Quand la cloche sonne, je me précipite à l’extérieur et cours vers mon casier. Manque de bol, je trébuche sur une feuille et… Quelqu’un me rattrape de justesse.
– Merci, soufflai-je avant de lever la tête.
Evan se tient devant moi, ses yeux verts plongés dans les miens. Je détourne le regard.
– C’est normal. Pour un gentleman comme moi, il n’est pas possible de laisser tomber une fille par terre, s’esclaffe-t-il.
Je pouffe et nous nous mettons tous deux à rire de bon cœur. Deuxième malchance en moins de 2 minutes : Lolita fonce droite vers nous. Je m’écarte de mon sauveur et la regarde arriver.
– Je pensais avoir été claire pourtant hier, dit-elle entre ses dents.
– Si tu crois que tu m’impressionne, tu te fourre le doigt dans l’œil. Battre une personne par derrière et un acte de pure faiblesse. Il signifie tout simplement que tu n’as pas le courage de faire face à tes “ennemies”, dis-je en mimant des guillemets accentués sur le dernier mot.
– Pardon ?
– Ne fais pas semblant, tu as très bien compris ce que j’ai dit, m’exclamai-je.
Je tourne les talons et pars. Elle essaie de me frapper mais je me retourne et esquive son poing. Je la prends par le poignet et le lui retourne. Son sourire s’efface, ses traits se tendent et sa bouche s’ouvre. Elle commence à crier. Quelque (je ne sais pas qui) me saisit par les épaules et m’écarte d’elle. Mes jambes décollent du sol. Je me débats pour retrouver la terre ferme, en vain. La saisie est bien trop puissante. Je finis par retoucher le sol. Je me retourne et assène une baffe à la personne qui m’a emporté loin de Lolita, sans même prendre la peine de regarder de qui il s’agit. C’est Evan.
– Pourquoi tu m’as emporté ? Même si c’est ta “petite-copine”, elle n’a pas à me faire de mal.
– Je n’ai jamais dit que la défendais.
Et sur ces mots, il part en me plantant là. Je bous intérieurement. Je me ressaisis et file retrouver mes amis à l’extérieur. Ils m’accueillent tous avec de grands sourires.
– Tu lui as fait fermer sa gueule à cette salo** ! lance James.
– Je suis fière de toi, me dit Cass en me serrant dans ses bras.
– Elle n’avait pas qu’à me chercher, me vantai-je.
Ils explosent tous de rire et je les imite. Nous mangeons ensemble, dans la joie et la bonne humeur. L’après-midi est longue mais je ne me déconcentre pas. Je continue à prendre des notes, les yeux rivés sur la prof. Bien sûr, quelque chose vient encore me perturber. Un mot atterrit sur mon bureau. Je ne prends même pas la peine de me retourner. Je déplie le papier et lis : « Je ne voulais pas défendre Lolita tout à l’heure. Je voulais juste t’éviter le bureau de la proviseure. Tu m’excuses ? » Je m’apprête à lui dire qu’il n’est qu’un con prétentieux et qu’il ne vaut pas mieux qu’elle mais je m’y refuse et laisse le morceau de papier là où il a atterri. La cloche finit par sonner. Gwen, Haby, Anna, Cass, James, Will, Noah, Liam et moi nous rejoignons sur le parking de l’école. Nous nous faisons la bise et nous disons « A toute ! ». Je monte, en voiture, avec Haby. Nous arrivons devant une immense villa. Elle se gare et sort de la voiture. Nous entrons dans sa maison. Elle me fait visiter. Puis, nous regagnons sa chambre.
– Alors, t’as apporté quoi pour ce soir ?
Je sors ma robe, mon petit sac et mon maquillage.
– Tu vas être canon dans cette robe Trixe ! lance-t-elle, enthousiaste.
– Et toi, tu vas mettre quoi ? lui demandai-je.
Elle sort une combi-short en cuir et une petite pochette. Nous nous changeons toutes les deux en riant. Une fois habillées, nous passons au maquillage. J’ai rapporté plusieurs choses tels que des paillettes et autres. Nous finissons par nous boucler les cheveux et rejoignons Cass, Anna et Gwen devant la maison. Elles nous attendent, en voiture. Nous partons à 5. Nous sommes à peine arrivées devant la salle qu’a réservée James pour ce soir, que les garçons viennent déjà nous chercher. Liam m’accueille, le sourire aux lèvres. Je lui rends son magnifique sourire. Ce soir, il est tellement beau. Il porte un jean noir assez serré et un t-shirt plutôt sexy. Nous entrons dans la party. La musique va fort et résonne dans ma tête. La lumière est en rythme avec les basses. J’ai l’impression que le sol vibre sous l’effet de la musique. Nous nous approchons du bar.
– Tu veux boire quoi Trixe ? me demande Liam.
– Rien, je ne bois pas.
Un sourire se dessine sur les lèvres de Will. Je lui lance un regard noir. Tout le monde prend un gobelet rouge avec du ponche, surement alcoolisé. Nous nous installons tous autour d’une table. Je reste près de Liam pendant que nous discutons du lycée. Je finis par perdre le fil de la conversation. Au bout d’un moment, Liam me secoue par l’épaule et me sors de mes pensées.
– Alors Trixe, tu veux jouer ? me propose-t-il.
Je le fixe, ne sachant ni de quoi il parle ni que répondre. Noah répond à ma place :
– Bien sûr qu’elle joue, vous croyez vraiment que je vais la laisser ne pas jouer ?
Ils éclatent tous de rire, sauf moi, qui n’est pas compris. Mais de quel jeu parlent-ils, que veulent-ils faire ? Et plus important encore, pourquoi Liam me fixe-t-il ainsi ? Tout se met en place dans ma tête quand une bouteille en verre se pose sur la table. Oh non ! Pas ce jeu. Tout, sauf celui-là ! Liam doit lire mon inquiétude car il me susurre à l’oreille :
– Ne t’en fait pas, ça va bien se passer.
J’esquisse un sourire à son égard. Cass saisit la bouteille et lance :
– Le premier est pour Haby !
Cette dernière la fusille du regard avant de se concentrer sur la bouteille…qui s’arrête sur…Will. Il se lève, en arborant un sourire et tend la main à Haby. Elle ne semble pas gênée, pas le moins du monde ! Ils vont dans un petit débarras, pas très loin de notre table. Ils en ressortant 2 minutes plus tard. Ils ne laissent rien transparaître sur leur visage, comme s’ils n’avaient pas d’émotions. Haby saisit à son tour la bouteille en s’asseyant.
– Pour Trixe ! lance-t-elle avec joie.
Je garde les yeux rivés sur cet objet qui tourne et qui se stop sur…Liam ! Il ne pouvait pas y avoir une meilleure personne sur qui je puisse tomber. Il me regarde, comme pour me demander si je veux rester ici. Will semble en avoir marre de nos jeux de regards indécis et finis par prendre la parole :
– Bon, suivant. Trixe ne fera jamais un truc pareil, on le savait tous, lâche-t-il d’un ton monotone.
Ses paroles me frappent de pleins fouets. Alors voilà. C’est ça que mes nouveaux amis pensent de moi. Certes, je n’ai pas une apparence extraordinaire ou quoi que ce soit, mais j’ai du courage ! Je me lève, regarde Will d’un air de défis et fonce droite sur le débarras. J’ouvre la porte et me retourne, voyant que Liam ne me suit pas.
– Bon, tu ne veux pas de moi ou t’as juste peur ? lui demandai-je, exaspérée et tendue.
Il me rejoint en moins de 5 secondes et ferme la porte derrière lui. A présent, je suis tout contre lui. Je pensais que l’espace était tout de même plus grand, mais c’est à peine s’il y a assez de place pour nous deux. Son doux regard rencontre le mien et il me prend par la taille. Surprise par un geste si peu anodin, je le regarde d’avantage et fais un petit bond en arrière. Je heurte l’armoire qui se trouve dans mon dos. Je me mords la joue pour ne pas laisser échapper une plainte ou quoi que ce soit qui s’en approche. Il devient rouge et détourne le regard en croisant le mien. Je reviens près de lui, sans me coller, et lui murmure dans un chuchotement ironique :
– Désolé, je manque d’habitude.
– Non, c’est moi. Je ne sais pas ce qui m’a pris, dit-il en se passant les mains sur son jean.
Je décide de ne rien répondre et de lui tourner le dos, avant de m’appuyer contre lui. Je l’entends pousser un cri étouffé et sursauter à mon contact, mais il ne bouge pas.
– Encore une minute, souffle-t-il dans mon oreille.
– Quoi ? dis-je.
– On doit encore rester une minute ici, ce sont les règles.
Je souris pour le remercier, même s’il ne peut pas me voir. La minute s’écoule vite et nous finissons par ressortir pour rejoindre les autres. Ils nous regardent tous d’un air moqueur et Will, encore, m’interpelle :
– Alors, c’est bon, vous avez finit de discuter sur le temps ?
Là, c’est trop. Je me retourne vers Liam et presse mes lèvres sur les siennes. Il écarquille les yeux et décolle sa bouche de la mienne. Mais je l’empêche de trop s’éloigner de moi.
– Trixe, ce n’est pas…
– Ce n’est pas juste pour ce jeu Liam, le coupai-je.
Cette fois-ci, c’est lui qui approche son visage du mien. Ses lèvres entrent en contact avec les miennes et ses mains trouvent leur place sur mes hanches. Notre baiser s’intensifie mais nous sommes interrompus par Cass, qui se racle gorge.
– Si tu savais depuis combien de temps j’attendais ça, me chuchote-t-il.
– Moi aussi.
Je me tourne vers Will et lance :
– Alors, satisfait ? Je ne suis plus une gamine à tes yeux ?!
– Tu ne l’as jamais été Trixe, c’était un simple gage, je devais te pousser à le faire. Tu es mon amie, je ne penserais jamais ça de toi, me répond-il simplement.
Je regarde les autres pour avoir une confirmation, que j’obtiens par de grands hochements de têtes. Je me sens tellement idiote d’avoir pu croire ça de la part de Will. Tous se mettent à rire et je les imite, ne sachant ni quoi faire ni quoi dire ni comment réagir à cela. Liam me prend par la main et je me détends avant de recontracter tous mes muscles à ce contact. Ils me regardent de ses magnifiques yeux perçants. Nous retrouvons la route de nos chaises mais avant même que je n’ai pu m’asseoir, Liam me saisit par la taille et m’assoit sur ses genoux. La soirée avance et nous discutons tous ensemble. Contrairement à mes habitudes, je bois verres après verres. Le ponche a un si bon gout dans ma bouche. Je suis incapable de m’en priver. La musique va de plus en fort et l’alcool qui coule dans mes veines me donne soudain une poussée de confiance en moi. Je monte sur la table sous les acclamations de tout le monde (sauf de Liam) et me mets à danser. Je bouge mes hanches avec le plus de rythme possible. Un groupe s’est déjà formé autour de moi et tous m’applaudissent. Puis, quelqu’un lance :
– A poils !
Je ne réfléchis plus correctement et commence à retirer les épaisseurs. Je vois que Liam me regarde d’un air désapprobateur. Non mais, pour qui il se prend lui ? Il croit que parce que je l’ai embrassé, il a tous les droits sur moi ?! Pour l’énerver un peu plus, je continue. Je dois vraiment l’avoir énervé car il part sans même un regard vers moi. Je me retrouve en soutif à danser sur cette table. Ça fait tellement de bien de pouvoir bouger ainsi ! Ahh, mais mes pieds ne touchent plus la table, que se passe-t-il ?! Je regarde nerveusement autour de moi et bat l’air de mes pieds. Je continue à me débattre, en vain. L’emprise qui me porte est trop forte. Je me fais bringballer le long de la salle. Tout le monde se retourne vers moi. Je rigole comme une folle. J’en ai marre ! Pourquoi à chaque fois que je m’amuses, juste un peu, quelqu’un me retient ? Je continue à me débattre et mon “agresseur” finit par me reposer, quand nous sommes arrivés sur le parking. Je me retourne, encore euphorique et regarde la personne qui se tient devant moi. je ris de plus bel en voyant son air “ne fait pas si, ne fait pas ça”. Je dois être pénible car il me prend par le bras, ouvre la portière de la voiture qui est à côté de nous et me fait asseoir sur le siège. Il ferme la portière et monte, côté conducteur. Après quelques minutes de réflexion silencieuse, je me lance en essayant de paraître le plus sobre possible :
– Evaaaan, pourquoi tu m’as enlevé de cette taaable ?
– Tu es complètement bourrée Béatrixe. Tu allais finir nue si je n’étais pas intervenu.
– Et alors, ç’aurait été drôle non ? Et c’est pas ton problème en plus. Qu’est-ce que ça peut bien te faire ? ronchonnai-je.
– Bah, je sais pas. Ce que je sais en revanche c’est que tu es bourrée et que tu ne sais plus ce que tu fais.
La voiture démarre. Nous quittons le parking. Non, mais attendez ! Je veux retourner à la fête et aller chez Haby.
– Tu m’emmènes où ? dis-je en riant (alors que je voulais m’énerver).
– Chez toi Béatrixe, chez toi.
– Non ! protestai-je, j’ai dit à mes parents que j’allais chez Haby.
– Elle ne rentrera pas de la fête avant 2h00 du mat’.
– Je. Ne. Veux. Pas. Aller. Chez. Mes. Parents ! m’énervai-je.
– Ce sera chez moi alors Béatrixe.
Je ne proteste pas, ne dis rien. Je pose ma tête contre la fenêtre et regarde le paysage passer devant mes yeux. Je ne pense plus à rien. Mes paupières sont de plus en plus lourdes. Ma tête me dit de fermer les yeux, ce que je fais.
– Béatrixe, Béatrixe ! Réveille toi.
La voie de Haby me sors de mon sommeil. J’ouvre les yeux. je sursaute en voyant le visage de tout mes amis au-dessus de moi. Je dois avoir bavé car mon oreiller est mouillé. Je me frotte les yeux et m’assois.
– Salut, il se passe quoi ? demandai-je la voix pâteuse.
– Primo t’as embrassé Liam, secondo t’as dansé en soutif sur une table, et tersio tu es chez Evan, m’informe Will en riant.
– Ah oui, en effet, dit comme ça, c’est pas fou.
– Tu devrais parler avec Liam Trixe, me conseille Anna.
– Oui, dis-je en pensant. Au fait, comment je me suis retrouvée chez Evan et plus important encore, pourquoi j’ai un horrible mal de tête.
– Trixe, après avoir embrassé Liam, tu as bu, et pas qu’un peu. Tu as bu énormément. Alors, vu ton état, je suppose que c’est ta première cuite, me lance Cass par-dessus son épaule.
– Oupss.
– En effet Oups, comme tu dis Béatrixe, lance Evan d’une voix rauque, qui vient de nous rejoindre.
– Que fais-tu ici ? Je n’ai aucune envie de te voir.
– TU es chez moi, dans MA chambre, dans MON lit Béatrixe, encore heureux que je sois là ! s’énerve-t-i.
– Désolé.
– Oui, tu fais bien de t’excuser Béatrixe. je t’ai sauvé du ridicule et tu m’as assommé de coups de pieds et tu as vomi dans ma voiture.
– Je suis sincèrement désolé Evan. Merci de m’avoir aidé (le mot sonne bizarrement en le disant à Evan).
Mais, si c’est Evan qui m’a ramenée, qui m’a mise au lit alors vu ma tenue, c’est lui qui m’a changé et m’a enfilée ce t-shirt. Et, où a-t-il dormi lui ? Quelle heure est-il ? Et par dessus tout, où est Liam ?! Trop de questions sans réponses tournant en boucles dans ma tête. Evan doit lire mon inquiétude à son sujet car il me dit :
– Ah oui, et, Béatrixe, je ne me suis pas couché ici avec toi. Je t’ai laissé ma chambre. Mi, j’ai dormi ,un peu, dans la chambre d’amis.
– D’accord, merci. Cass, quelle heure est-il ?
– Il est 3h30.
– Et où est Liam ?
– Je suis là Trixe, je suis là, dit Liam en entrant dans la chambre.
Il se dirige vers moi et je le serre dans mes bras.
– Tu vas mieux après…ton épisode…de danse ?
– Je suis désolé Liam. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Ni de boire comme ça, ni de danser sur cette table.
– Ce n’est rien Trixe. T’inquiète pas, on a tous eu une première cuite plus ou moins difficile, s’esclaffe-t-il.
– Bon les amoureux, c’est pas que je veux pas que vous baisiez mais s’il vous plaît, faites ça chez vous, pas dans mon lit, nous lance Evan.
– Okay, répondai-je.
Je me lève et me rassois instantanément. Je suis juste en t-shirt. Je n’ai rien d’autre sur moi que mes dessous et ce t-shirt. Evan doit voir ma gêne car il prend un short qu’il me tend, avant de sortir. Je l’enfile et sors à mon tour, accompagnée de mes amis.