Espoir dans le noir – 7 – mars 1813 – Journal de Basile

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Journal des mémoires de Basile Carpentier – 1 mars 1813

…. Ce matin nous sommes partis pour le front allemand, nous devrions monter jusqu’à Berlin. Enfin si nous y arrivons…

… Notre paquetage s’est considérablement alourdi, casque, fusil et havresac nous voûtent. En voyant mes camarades, je me dis qu’en rentrant au pays, je pourrais remplacer Caramel, le cheval que mon père atèle à sa charrette afin d’aller livrer son pain. (Si tu lis ce journal un jour, ma douce Eugénie, tu pourras constater que j’ai un bon moral et plaisante tant que je peux le faire)…


Journal des mémoires de Basile Carpentier – 7 mars 1813

… Depuis une semaine je tiens mon journal de bord bien à jour comme me l’a conseillé Monsieur Le Comte d’Artuis. Il est vrai qu’un jour je serai fier de le faire lire à Eugénie, à nos enfants.

J’espère être un bon soldat, héroïque si les circonstances me le permettent. Chaque jour en marchant, je ne songe qu’à ça, revenir au pays avec une médaille, les honneurs,… Mes camarades n’ont pas de si grandes ambitions. Nombreux sont ceux qui ne savent pas lire et encore moins écrire. Quelques-uns ne voyant rédiger mes lettres m’ont demandé d’envoyer des nouvelles à leur famille. J’ai eu peur que tous se passent le mot, depuis je reste discret lorsque j’écris dans mon journal de bord ou à l’un de mes proches. En y pensant, je me trouve égoïste, mais si j’aide tous mes camarades j’ai bien peur de ne plus avoir de temps pour m’occuper de mon propre courrier…


Journal des mémoires de Basile Carpentier – 17 mars 1813

… J’ai appris par l’un de mes compagnons qui lui-même l’avait appris par une autre personne, que les russes étaient entrés à Berlin et qu’il y a eu un traité d’alliance entre les anglais et les suédois, je me demande ce que ce traité va impliquer.

Nous avançons toujours régulièrement, nous traversons désormais le Massif Central, les nuits sont encore très fraîches dans les montagnes. Plus nous approchons de la capitale, plus j’ai le cœur serré. Et mille questions me passent par l’esprit. Je voudrais avoir la chance d’entrer à Paris, de voir la Seine couler le long des quais. Il paraît que l’Arc-de-Triomphe avance à grands pas. Et je voudrais aussi entrer dans la cathédrale Notre-Dame. Souvent au retour de l’un de ses passages à Paris, Monsieur Le Comte nous racontait ce qu’il avait vu là-bas. Je l’enviais pour cela, et je rêvais d’un jour, moi aussi avoir la chance de monter visiter Paris. Lorsqu’il nous décrivait le Palais du Louvre, je n’en croyais pas mes oreilles, plusieurs fois il s’y était rendu. Il avait vu également la Place Vendôme puis assisté à la Révolution à sa destruction. Le comte ne comprenait pas que l’on puisse détruite ce qui appartenait à l’histoire de notre pays. Il adorait à l’épode se promener avec sa femme dans Paris, ils avaient, avant de venir s’installer dans la province du Languedoc dont sa famille était issue, une vie sociale et culturelle débordante. Son épouse aimait aller au théâtre, au musée. Eugénie tient de sa maman le goût de la littérature.
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Journal des mémoires de Basile Carpentier – 19 mars 1813

… De nouveaux conscrits se sont joints à nous hier. Nous sommes désormais des milliers à déambuler le long des routes de France. Tout le monde a hâte d’atteindre la frontière allemande. La plupart veulent en découdre avec nos ennemis, les autres n’ont qu’une envie, déserter.

J’ai vu hier Gustave, il est heureux, toutefois j’ai appris par lui qu’un certain nombre de ses compagnons, faisant partie de la cavalerie, ne possédaient pas de montures. Ils étaient comme nous à pied. Napoléon peste de ne pas avoir suffisamment de chevaux pour son armée et réquisitionne tous ceux qu’il peut trouver. Notre chef affirme qu’il est impossible de prendre de vitesse l’ennemi sans pouvoir reconnaître le terrain et tenter de dénicher celui-ci, ou de pouvoir le pourchasser lorsqu’il fuit…

Journal des mémoires de Basile Carpentier – 20 mars 1813

…. J’ai appris ce matin que la Prusse a décidé de rejoindre la coalition et qu’elle avait officiellement déclaré la guerre à la France. Le roi de Prusse, Frédéric Guillaume a signé un accord qui a scellé son alliance avec la Russie. Cela ne dit rien qui vaille. D’après les rumeurs, nous allons très rapidement rejoindre le front allemand et Berlin où les troupes du beau-fils de Napoléon, Eugène de Beauharnais a besoin de soutien. Le nombre de nos ennemis grossit chaque jour davantage.

Nous avons appris qu’un nouveau Sénatus-consulte allait mobiliser encore cent soixante mille hommes supplémentaires. A force d’enrôler tous ces hommes et de les faire tuer par milliers dans toutes ces guerres qui se suivent, restera-t-il encore des hommes pour revenir un jour au pays lorsque la paix sera signée, j’ai peur parfois.
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Journal de bord de Basile Carpentier – 29 mars 1813

… Une partie de nos troupes basée à Dresde a évacué la ville.

Les histoires que nous racontent les anciens nous effraient un peu, mais pour la plupart d’entre nous, elles nous donnent du courage surtout lorsque nous avons la chance de rencontrer notre chef, Napoléon. Il a une attitude étonnante avec nous, les petits soldats, enfin c’est ce que m’ont dit ceux qui ont eu cette chance. A chaque fois qu’il s’adresse à l’un d’entre nous, il le fait avec beaucoup de gentillesse. Il semblerait qu’il lui suffise de croiser une fois un soldat pour qu’il se rappelle son nom et le lieu où il l’a croisé la première fois. C’est le signe d’une fantastique mémoire.

Lorsque j’ai appris que les plus anciens soldats l’appelaient « le petit caporal », j’ai cru que cela pouvait le mettre dans une rage folle, il en est capable, ses colères peuvent raisonner dans tout le campement, paraît-il. Eh bien non, au contraire, cela l’amuse, il l’accepte de leur part alors même qu’il est intransigeant vis-à-vis des relations qu’il peut avoir avec ses maréchaux. Tous les simples soldats lui vouent une véritable vénération. Cet homme si brillant sait qui est prêt à mourir pour lui et même s’il a besoin de ses officiers, ses hommes de troupes donneraient leur vie pour lui et pour la France. Je n’imaginais pas combien tous étaient soudés derrière lui.

Je n’ai pas encore eu la chance et l’honneur de le croiser mais je ferai tout pour cela.

Je me souviens que lors de mes hébergements précédents je n’ai pas osé dire la vérité sur les motifs de mon engagement dans l’armée de Napoléon, aujourd’hui je sais que je suis comme tous les autres soldats , prêt donner ma vie pour lui. (Si tu lis cela ma douce Eugénie sache que je suis aussi prêt à donner ma vie pour toi également)…

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