Quand Sophie en découd avec Max
Sophie semble très en colère vis-à-vis de Max mais celui-ci reste stoïque face à ses récriminations. Il sait parfaitement que Sophie sait pourquoi il a pris le parti de défendre Marie. Sophie, bien avant lui, avait elle-même abusé de la situation. Elle s’était volontairement immiscée dans la vie de cette jeune femme sans y avoir était dépêchée. Les nouveaux choix de vie de Marie lui semblaient dictés par une mauvaise analyse de sa vie. Elle avait supposé que Marie devait passer un mauvais cap et elle pensait pourvoir l’aider à se retrouver mais c’était sans compter sur l’intervention de Max qui avait pris faits et causes pour sa nouvelle protégée. Somme toute avait-elle commis une erreur mais Max n’avait pas le droit de piper les dés et de tirer avantage de nouvelles situations.
Max était depuis bien plus longtemps que Sophie aguerri à ce genre de circonstances.
– Que fais-tu Max ? Ne crois-tu pas que tu exagères ? était intervenue Sophie visiblement fâchée.
– De quoi parles-tu Sophie ? Et pourquoi as-tu été te plaindre de ce que j’avais pu faire alors que tu avais toi-même créé cette situation. Pourquoi ne pas avoir laissé Marie prendre en main son destin au lieu de lui dicter ce qu’elle devait faire ? Tu n’avais aucun droit ou aucune mission dans ce sens, me semble-t-il. Et même si tes raisons étaient pleines de bons sentiments, ce n’était pas à toi d’intervenir. Je n’ai fait que ce que le Devoir m’a dicté, remettre les choses comme elles étaient avant que tu n’interviennes, avait lancé Max très sûr de lui.
– Tu exagères également et si tant est que j’ai eu tort, toi aussi tu n’avais pas le droit d’intervenir après notre différent. Les choses étaient claires. Tu aurais dû t’éloigner et laisser Marie vivre seule sa vie, Sophie ne lâchait rien.
– Mais qu’ai-je donc fait que tu puisses me reprocher, hormis permettre à Marie de prendre conscience que c’était une belle femme, intelligente et certainement désirable. Son discernement a fait le reste, et la chance a certainement dû jouer dans les rebondissements qui se sont produits dans sa vie, ne penses-tu pas ? À moins que de ton côté, tu aies tenté quelque chose qui ne se soit pas passé comme tu le souhaitais. Ce pourrait-il que tu aies tenté quelque chose ? Non, tu n’oserais pas défier les ordres de notre Patron, je te laisse imaginer ce qu’il pourrait penser s’il venait à être au courant, n’avait pas hésité à lancer Max sur un ton légèrement professoral.
– Tu n’es pas honnête Max, prends garde à toi et au retour de bâton. Je t’aurais prévenu, tout acte à ses conséquences, bonnes et moins bonnes, avait rétorqué Sophie d’un air assuré.
Max savait que Sophie avait en partie raison mais il avait été obligé de venir en aide à Marie. Elle avait subi un tel traumatisme que l’intervention de Sophie risquait de conforter celui-ci en l’enfermant définitivement dans la solitude, ce que fondamentalement elle ne souhaitait pas. Alors, il avait donné un petit coup de pouce aux événements pour lui ouvrir les yeux. Mais en aucun cas il ne dirigerait sa vie qui reprendrait prochainement son cours. A présent, il devait faire une ultime chose pour elle pourtant.
De retour chez Marie
Vers seize heures, Marie reçut un coup de téléphone et elle fut surprise lorsque la voix se présenta. C’était Max qui était de retour sur la région et, il voulait, si elle était libre, lui proposait de l’emmener dîner ce soir car il avait à lui parler. Elle accepta et ils se donnèrent rendez-vous chez elle vers dix-neuf heures. Marie fut incapable de travailler le reste de l’après-midi, mille choses se bousculaient dans son esprit. Elle était heureuse que Max l’ait appelée pourtant il avait dit une phrase qui la troublait. L’inviter à dîner aurait dû être une raison suffisante, alors pourquoi avait-il ajouté – qu’il avait à lui parler – . Cela allait de soi de parler durant le temps qu’ils auraient à passer ensemble. Des questions fusaient dans sa tête, peut-être avait-il rencontré une autre femme. Compte tenu de son attitude lors de leur première sortie au restaurant, c’était normal, elle avait été tellement nulle. Elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même. Ou bien, souhaitait-il savoir quelles étaient ses intentions à son sujet, elle pourrait ainsi se rattraper et lui expliquer qu’elle regrettait ce qu’il s’était passé ou au contraire ce qu’il ne s’était pas passé lors de leur sortie au restaurant. Elle aurait ainsi l’occasion de lui expliquer qu’elle n’avait pas osé l’inviter à prendre un verre dans son appartement. Elle devait lui faire comprendre que cela faisait si longtemps qu’elle n’était pas sortie avec un homme qu’elle avait oublié comment réagir dans de telles circonstances. Peut-être la comprendrait-il et l’excuserait-il pour son attitude. Ou peut-être avait-il su qu’elle était partie en week-end en Italie avec un autre homme. Son esprit tournait à mille à l’heure, elle était excitée comme une puce, tant et si bien que vers dix-sept heures, elle quitta l’agence et laissa Samantha terminer seule la journée.
En rentrant chez elle, elle prit un long bain puis tenta de trouver ce qu’elle allait mettre pour le dîner. Elle opta pour une tenue décontractée. Max sonna à l’interphone à dix-neuf heures pile et Marie descendit aussitôt. A nouveau ils prirent sa voiture et comme la fois précédente rejoignirent un restaurant connu de Max seul. Lorsqu’elle s’installa au volant, dans leur regard on comprenait très clairement qu’ils étaient l’un et l’autre très heureux de se revoir. Max voulut que Marie lui raconte tout ce qu’elle avait fait ces dernières semaines, il insista sur le fait qu’elle ne devait rien oublier. Marie s’exécuta sans pourtant parler de son week-end en Italie avec Alexandre. Elle lui parla pourtant de Monsieur Duchemin avec lequel elle espérait collaborer professionnellement et de son étonnante rencontre avec Christophe Lacroix qui lui avait évité d’être volée tandis qu’elle se bronzait sur la plage. Marie n’en revenait pas d’être aussi loquace. Elle osa même lui dire que depuis leur propre rencontre, il ne lui était arrivé que de belles choses, et, que sans doute, il lui avait porté chance. Max était ravi que Marie puisse avoir une telle pensée cependant il lui indiqua que chacun pouvait forcer sa chance. Chaque personne devait croire en elle-même pour voir se produire autour d’elle des événements positifs, souvent l’optimisme les rendait plus forts qu’ils ne l’étaient en réalité. Il rajouta même qu’il pensait que Marie était une femme qui avait tendance à voir les bons côtés des choses et qu’elle ne devait pas perdre espoir.
Bientôt ils arrivèrent dans une petite auberge ravissante en bordure d’un lac. Il faisait suffisamment beau pour qu’ils s’installent dehors. Max était vraiment très galant, il se dirigea vers Marie pour la débarrasser de sa veste et approcher son siège. Sur la table se trouvait déjà à leur arrivée un seau à champagne et deux flûtes. Marie ne put s’empêcher de lui dire avec un petit sourire qu’il était un véritable magicien. Un serveur vint remplir leur flûte et leur proposa de passer commande, comme ni l’un ni l’autre n’était encore décidé, le serveur s’éclipsa s’excusant pour son impatience. Quelques instants plus tard, Max fit signe au serveur pour qu’il prenne leur commande. Cette fois-ci il laissa Marie choisir ce qui lui faisait plaisir. Le repas fut très agréable, ils discutèrent de mille choses, de la vie en générale. Mais à l’inverse de leur premier dîner, ce fut plutôt Max qui parla, encourageant Marie à aller de l’avant, à faire confiance à son instinct et à ne jamais perdre confiance mais au contraire à se battre pour ses idées ou ses envies. Marie savait tout cela car elle était ainsi – avant –, avant le décès de son époux et puis la tristesse l’avait rongée et l’avait rendue plus morose qu’à l’ordinaire. Durant le repas, Max fit promettre de nombreuses choses à Marie qui sentait que tout ceci devait cacher un sujet que Max avait du mal à exprimer et qui n’annonçait rien de bon. Effectivement après le café, Max annonça à Marie qu’il avait été très heureux de leur rencontre et … Ce n’était pas bon du tout pour elle, elle le sentait. Max poursuivit en expliquant qu’il aurait beaucoup aimé apprendre à mieux la connaitre… Marie aurait aimé fuir très loin de là où elle se trouvait maintenant, elle n’aimait pas la tournure que prenait la discussion. Il poursuivit en disant qu’il aurait préféré que les choses se passent autrement… Elle le savait, il allait lui annonçait qu’il ne pourrait plus la voir, sans doute à cause d’une autre femme, mais elle saurait lui prouver qu’ils pourraient continuer à être des amis. Marie voulait s’en persuader néanmoins elle ne savait pas si ce serait possible. Max lui expliqua qu’il était obligé de s’absenter pour une durée encore indéterminée mais vraisemblablement relativement longue, huit mois voire un an, pour son travail. Marie comprit ce que Max voulait lui faire comprendre et un petit voile de tristesse apparut sur son visage, même si cette raison lui paraissait préférable à celle à laquelle elle se préparait. Au moins Max ne la quittait pas pour une autre femme. Max en profita pour insister sur les raisons qui le poussaient à réagir ainsi. Il lui dit qu’elle était une femme formidable qu’il aurait vraiment aimé mieux connaitre si les circonstances avaient été différentes, mais il ne voulait pas être un obstacle au bonheur auquel elle avait droit. Droit qu’il avait évoqué dès leur première rencontre… – avec votre amie – avait eu envie de rajouter Marie, en pensant à Sophie. Elle aurait également souhaité lui poser des questions à propos de cette fameuse rencontre durant laquelle elle avait pensé avoir perdu le nord, mais elle redoutait ses réponses, qui d’ailleurs n’avaient plus vraiment d’importance. Max lui demanda de se rappeler ce qu’il avait dit lors de leur soirée au restaurant. Marie blêmit car pour elle se souvenait pas vraiment de ce qu’il s’était passé ce soir-là, mais elle n’osa pas le lui dire. Son malaise allait en s’accroissant et Max s’en aperçut et en profita pour ajouter que les rencontres inattendues, comme la leur, était une bénédiction. Grâce à elle, il avait retrouvé des sensations qu’il avait oubliées et pour toutes ces raisons, il ne l’en remercierait jamais assez.
Tandis que Max lui annonçait la fin de leur histoire, même si celle-ci, à bien y réfléchir, n’avait pas vraiment commencé ; elle n’arrivait à lui en vouloir, elle lui était même reconnaissante de tant de sollicitude. Confidence pour confidence, elle lui avoua qu’il lui avait de son côté beaucoup apporté. Grâce à lui, elle se sentait désormais prête à s’ouvrir aux autres et à envisager l’avenir différemment.
A la fin du repas Max invita Marie à faire une petite balade en barque sur le lac. Le ciel était parsemé de milliers étoiles et la lune était si pleine qu’elle éclairait le lac et ses berges. Ils empruntèrent quelques marches de bois qui menaient à un ponton où étaient amarrées quelques barques. Ils s’installèrent dans l’un d’entre elles. Délicatement, Max soulevait les rames pour les replonger presque sans bruit dans une eau calme reflétant parfaitement le ciel, ainsi en éloignant le regard vers l’horizon, il était impossible de distinguer le ciel de l’eau. Au milieu du lac, Max déposa les rames sur le bord de la barque. Il choisit cet instant pour regarder le ciel et chercher à savoir si Marie connaissait le nom de certaines étoiles. Elle lui expliqua qu’avec ses enfants souvent le soir quand le ciel était clair et parsemé d’étoiles, leur grand jeu était d’en découvrir de nouvelles à chaque fois. Ils avaient même donné à certaines d’entre elles, lorsqu’ils n’avaient pas pu les identifier, le nom de personnes qu’ils aimaient. Ainsi ses enfants avaient décidé d’appeler Marie la toute petite étoile située juste à l’extrémité de la queue de la petite ourse. Ils s’imaginaient que si un jour ils étaient séparés, ils pourraient se retrouver grâce à elle. Cette étoile étant éternelle, ils avaient espoir qu’elle les protégerait à jamais. Max écoutait Marie retraçait ses souvenirs avec beaucoup de tendresse dans sa voix et dans ses gestes. Il profita pour lui demander si l’étoile qu’il lui désignait, juste au nord de la sienne, avait été identifiée par eux. Et comme elle répondait négativement, il lui dit que désormais celle-ci s’appellerait Max, ainsi si l’un et l’autre se trouvaient éloignés, ils pourraient malgré tout rester en contact grâce à leur étoile. Si elle avait besoin de lui parler, elle ne devait pas hésiter à le faire en s’adressant directement au ciel et il ferait de même. Puis ils restèrent un long moment silencieux à regarder s’instiller les étoiles. Vers minuit, Max lui proposa de la ramener. Le retour à l’inverse de l’aller fut empreint d’un profond silence, ils se sentaient si biens tous les deux, qu’ils se comprenaient sans même se parler. Marie à aucun moment n’eut envie de s’assoupir cette fois-ci, au contraire, elle profitait de ces ultimes instants en la compagnie de Max. c’était un de ces moments qu’elle n’oublierait jamais, qui resterait gravé dans sa mémoire tellement il était fort. La voiture ralentit et Max se gara devant l’appartement de Marie. Il descendit pour aller ouvrir la portière d’où Marie sortit telle une chenille sort de sa chrysalide, elle serait pour toujours transformée. Elle devenait ce jour, à cause de tout ce qui venait de se produire dans sa vie, une nouvelle femme qui prendrait désormais sa vie en main comme elle l’avait toujours fait jusqu’à la disparition de son époux. Ils s’enlacèrent un long moment tendrement comme des amis de longues dates, puis Max l’embrassa sur la joue et lui promis qu’ils se reverraient certainement dans l’avenir. Marie lui fit un geste de la main alors qu’il s’éloignait. Elle n’était pas triste…
Elle rejoignit son appartement et se coucha. Cette nuit-là, elle fit de beaux rêves même si le lendemain matin elle n’en avait pas le souvenir, elle savait juste qu’elle avait passé une merveilleuse soirée en compagnie d’un homme exceptionnel dont elle ne connait rien ou presque mais elle avait l’impression qu’il faisait partie intégrante de sa vie. C’était Max, et seulement Max, elle ne connaissait pas son nom de famille et n’avait ni adresse, ni téléphone, ni aucune autre information sur lui et portant elle avait l’impression de ne faire qu’un avec lui. La sensation était étrange et pourtant délicieusement agréable. Elle avait ressenti une émotion presque aussi forte qu’à la naissance de ses enfants. Lorsqu’elle les avait tenus dans ses bras, ils étaient chacun un être à part entière et pourtant elle avait l’impression qu’ils étaient également une partie d’elle-même. Cette impression devait sans doute être ressentie par toutes les mères. Le souvenir de ces instants fut merveilleux. Comme tous les matins, elle se prépara et regagna son agence où Samantha était déjà au travail.