Les fleurs du mal de Charles Baudelaire

5 mins

Quoi en dire ???

Nous avons tous lu, expliqué durant nos études un texte de cette oeuvre majeure de Charles Baudelaire. Certains l’ont adorée (l’oeuvre !!!), d’autre l’ont détestée mais personne n’est resté indifférent. Personnellement, j’ai adoré du jour où je l’ai étudié au lycée. Ce texte est l’un de mes livres de chevet.

Mon préféré reste Harmonie du soir*1, que j’ai eu le plaisir d’avoir à mon bac. Cependant j’aime aussi Bénédiction*2, je vous ferai grâce de tous vous les citer !! Face à mon examinateur j’ai fait mon étude de texte comme on me l’avait apprise, à l’issue de mon argumentaire qui visiblement avait satisfait le professeur, je me suis permise de lui demander si je pouvais oser une question. Je jouais au poker à cet instant précis et pourtant je n’étais pas vraiment une joueuse. Mais j’ai tenté, voici à peu près les mots que j’ai utilisés :

Pourquoi vouloir expliquer un poème et ne pas laisser à chacun sa propre imagination faire son oeuvre, puisque personne ne sait vraiment ce que l’auteur avait dans sa tête et dans son cœur au moment exact où il l’a écrit. Tout explication n’est que supposition, supputation, extrapolation (ce sont mes mots), même si elle s’inspire de la vie connue de l’auteur.

Par chance, mon examinateur a plutôt apprécié ma franchise. En y repensant j’ai été gonflée ce jour-là…

*1                                  Harmonie du soir


Voici venir les temps où vibrant sur sa tige

Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;

Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir ;

Valse mélancolique et langoureux vertige !


Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;

Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige ;

Valse mélancolique et langoureux vertige !

Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.


Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige,

Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !

Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;

Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige.


Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,

Du passé lumineux recueille tout vestige !

Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige…

Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !


Les Fleurs du mal est un recueil de poèmes de Charles Baudelaire, englobant la quasi-totalité de sa production en vers, de 1840 jusqu’à sa mort survenue fin août 1867.

Publié le 25 juin 1857, le livre scandalise aussitôt la société contemporaine, conformiste et soucieuse de respectabilité.

Bon à savoir :

Procès et censure (1857)

Le 7 juillet, la direction de la Sûreté publique saisit le parquet pour « outrage à la morale publique » et « offense à la morale religieuse ». Le procureur Ernest Pinard, qui a requis cinq mois plus tôt contre Madame Bovary, se concentre sur le premier chef d’accusation, s’interroge sur l’élément d’intention du second et s’en remet finalement au tribunal. Le second chef d’accusation n’est pas retenu. Le 20 août, maître Pinard prononce son réquisitoire devant la 6e Chambre correctionnelle. La plaidoirie est assurée par Gustave Gaspard Chaix d’Est-Ange qui insiste sur le fait que Baudelaire peint le vice mais pour mieux le condamner. Le 21 août, le jour même du procès, Baudelaire et ses éditeurs sont condamnés, pour délit d’outrage à la morale publique, à respectivement 300 et 100 francs d’amende et à la suppression de 6 pièces du recueil : Les Bijoux, Le Léthé, À celle qui est trop gaie, Lesbos, Femmes damnées et Les Métamorphoses du Vampire. Ces poèmes condamnés pour « un réalisme grossier et offensant pour la pudeur » et des « passages ou expressions obscènes et immorales » resteront interdits de publication en France jusqu’à ce que la Cour de cassation rende, le 31 mai 1949, un arrêt annulant la condamnation de 1857.

*2                                         Bénédiction

Lorsque, par un décret des puissances suprêmes,

Le Poète apparaît en ce monde ennuyé,

Sa mère épouvantée et pleine de blasphèmes

Crispe ses poings vers Dieu, qui la prend en pitié :


– ” Ah ! que n’ai-je mis bas tout un nœud de vipères,

Plutôt que de nourrir cette dérision !

Maudite soit la nuit aux plaisirs éphémères

Où mon ventre a conçu mon expiation !


Puisque tu m’as choisie entre toutes les femmes

Pour être le dégoût de mon triste mari,

Et que je ne puis pas rejeter dans les flammes,

Comme un billet d’amour, ce monstre rabougri,


Je ferai rejaillir ta haine qui m’accable

Sur l’instrument maudit de tes méchancetés,

Et je tordrai si bien cet arbre misérable,

Qu’il ne pourra pousser ses boutons empestés ! ”


Elle ravale ainsi l’écume de sa haine,

Et, ne comprenant pas les desseins éternels,

Elle-même prépare au fond de la Géhenne

Les bûchers consacrés aux crimes maternels.


Pourtant, sous la tutelle invisible d’un Ange,

L’Enfant déshérité s’enivre de soleil,

Et dans tout ce qu’il boit et dans tout ce qu’il mange

Retrouve l’ambroisie et le nectar vermeil.


Il joue avec le vent, cause avec le nuage,

Et s’enivre en chantant du chemin de la croix ;

Et l’Esprit qui le suit dans son pèlerinage

Pleure de le voir gai comme un oiseau des bois.


Tous ceux qu’il veut aimer l’observent avec crainte,

Ou bien, s’enhardissant de sa tranquillité,

Cherchent à qui saura lui tirer une plainte,

Et font sur lui l’essai de leur férocité.


Dans le pain et le vin destinés à sa bouche

Ils mêlent de la cendre avec d’impurs crachats ;

Avec hypocrisie ils jettent ce qu’il touche,

Et s’accusent d’avoir mis leurs pieds dans ses pas.


Sa femme va criant sur les places publiques :

” Puisqu’il me trouve assez belle pour m’adorer,

Je ferai le métier des idoles antiques,

Et comme elles je veux me faire redorer ;


Et je me soûlerai de nard, d’encens, de myrrhe,

De génuflexions, de viandes et de vins,

Pour savoir si je puis dans un cœur qui m’admire

Usurper en riant les hommages divins !


Et, quand je m’ennuierai de ces farces impies,

Je poserai sur lui ma frêle et forte main ;

Et mes ongles, pareils aux ongles des harpies,

Sauront jusqu’à son cœur se frayer un chemin.


Comme un tout jeune oiseau qui tremble et qui palpite,

J’arracherai ce cœur tout rouge de son sein,

Et, pour rassasier ma bête favorite,

Je le lui jetterai par terre avec dédain ! ”


Vers le Ciel, où son œil voit un trône splendide,

Le Poète serein lève ses bras pieux,

Et les vastes éclairs de son esprit lucide

Lui dérobent l’aspect des peuples furieux :


– ” Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance

Comme un divin remède à nos impuretés

Et comme la meilleure et la plus pure essence

Qui prépare les forts aux saintes voluptés !


Je sais que vous gardez une place au Poète

Dans les rangs bienheureux des saintes Légions,

Et que vous l’invitez à l’éternelle fête,

Des Trônes, des Vertus, des Dominations.


Je sais que la douleur est la noblesse unique

Où ne mordront jamais la terre et les enfers,

Et qu’il faut pour tresser ma couronne mystique

Imposer tous les temps et tous les univers.


Mais les bijoux perdus de l’antique Palmyre,

Les métaux inconnus, les perles de la mer,

Par votre main montés, ne pourraient pas suffire

A ce beau diadème éblouissant et clair ;


Car il ne sera fait que de pure lumière,

Puisée au foyer saint des rayons primitifs,

Et dont les yeux mortels, dans leur splendeur entière,

Ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs ! “

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