Et puis un jour Manini me glissa à l’oreille en me regardant droit dans les yeux : “Le moment est venu de me reproduire”. Je ne l’avais jamais envisagé et je ne sais pourquoi cela me glaçât le sang. Après tout, c’était une araignée adulte en pleine maturité : quoi de plus naturel.
Je prévoyais des ennuis considérables.
Ils vinrent d’abord de ses dévots. Pour quelque raison inconnue, ils considéraient la virginité d’Arachmaninoff indissociable de son caractère divin et messianique. Ils en étaient même venus à parler de la vierge Mani. Je ne sais pourquoi dans l’opération Manini avait perdu un ni. Je crois que le mot nid évoquait par trop pour eux la reproduction. Donc un ni ça pouvait passer, mais deux à leurs yeux c’était trop. J’eus beau leur expliquer en long, en large et en travers que cette virginité était celle de l’âme, pure et innocente, ils ne voulurent rien savoir et considérèrent ce désir d’enfantement comme sacrilège. Ils se séparèrent donc en une nouvelle église, l’Eglise des Premiers Jours du Règne (EPJR, une catastrophe prémonitoire de l’EPR de Flamanville ).
L’ARAIGNEE QUI VOULAIT DEVENIR PIANISTE – chapitre 18
< 1 min