Sylarius Chapitre 3-2

4 mins

      La grande salle était comble. Beaucoup  de postulants avaient dû rester debout. Vlad Imgar faisait partie de  ceux-là. Il promena son regard sur l’assistance. Peu importait, bientôt  il y aurait suffisamment de sièges pour tout le monde.

      L’annonce des résultats allaient commencer d’ici quelques instants.  Il sentait une légère tension chez certains : probablement ceux qui  quitteraient la salle. Vlad ajusta sa raie de côté et plaqua une mèche  blonde rebelle. Il était impeccable dans sa veste anti-poussière de  couleur noire. Autour du cou, il portait un émographe original. La  majorité de ces appareils se portaient sur l’avant-bras sous le  vêtement, mais certains voulaient montrer leur droiture en adoptant ce  modèle. Ainsi exposé, il montrait aux autres sa capacité à rester  stoïque. Vlad n’avait rien à cacher. De plus, la moindre vibration dû à  une émotion trop forte était particulièrement désagréable et pouvait  donner une migraine carabinée. Vlad, lui, n’avait pas ce problème. Il  voulait postuler dans la Tetra, et devenir un Antesigne. Faire cette  école serait un bon tremplin.

     Il  fixa ses yeux d’un bleu intense sur le sas d’entrée de l’amphithéâtre.  Sa grande taille aidant – il faisait une bonne tête de plus que ses  congénères – il n’avait aucune difficulté à voir tout ce qui se passait  dans la salle.

     Enfin, une femme  d’un certain âge entra suivie par un homme brun que Vlad identifia comme  le directeur de l’école : Elios Duval. Aussitôt, le bourdonnement qui  emplissait les lieux s’éteignit.

–  Bonjour à toutes et à tous ! commença le directeur. Je serai bref. Nous  allons vous communiquer les résultats des tests d’entrée. Mme Kriev, ici  présente, est secrétaire aux admissions – il désigna la femme qui  l’avait précédée. Elle va annoncer votre nom et la spécialité pour  laquelle vous avez été retenue. Vous viendrez prendre la carte mémoire  de votre inscription immédiatement et regagnerait votre place.

      Vlad remarqua qu’un individu venait d’entrer le plus discrètement  possible dans la salle. Il semblait avoir couru. L’homme se mit  légèrement en retrait derrière le directeur, qui continuait son  discours.

– Vous pouvez encore  refuser, mais je vous rappelle que vous ne pouvez pas choisir votre  spécialité ; elle est le résultat de vos tests et ce pourquoi vous serez  le plus apte. Une fois l’annonce des personnes reçues effectuées, Mr  Iagudas – il désigna l’homme qui venait d’entrer – vous présentera son  organisation, le Syndicat, qui se mettra à votre service pour vous  accompagner dans votre vie professionnelle. Les cours commenceront dès  cet après-midi.

     Il ne prit pas  la peine de saluer et s’éclipsa rapidement. La place libre, Mme Kiev  s’avança vers le pupitre et éclaircit sa voix. Elle commença alors à  citer des noms d’une voix monocorde. A mesure qu’elle lisait la liste  sous ses yeux, les étudiants descendaient, récupéraient leur précieux  sésame et remontaient aussitôt à leur place…pour ceux qui en avaient  une.

     Ganel regardait cette masse  de jeunes gens agglutinés devant lui. La plupart ne resteraient pas. La  vieille aux cheveux grisonnants continuait de déblatérer des noms.  Malgré la tension d’un tel moment, aucun émographe ne se manifesta. Ces  jeunes étaient, pour beaucoup, issus de la classe des hauts  fonctionnaires ; ils se maîtrisaient, probablement mieux que lui. Et  cela lui déplaisait. Il fronça les sourcils mais se reprit bien vite  quand l’étudiante aux cheveux blonds entrain de descendre récupérer sa  carte lui lança un regard suspicieux.

–  Igor Ratkin, télékinésie, continua la vieille. Zana Echensi,  hypnotisme. Mizuchi N’Amil, télépathie. Azreba Dune-Rouge, guidage…

      La voix monocorde continuait, imperturbable. Ganel n’était pas seul  face aux étudiants. A sa droite, dans un coin de la salle non loin du  sas d’entrée se tenaient deux militaires : un colonel et un lieutenant  au vu de leurs insignes respectifs. Sur sa gauche, outre la directrice  adjointe, dont le nom lui échappait, il y avait trois personnes. Des  civils, probablement des enseignants de l’école.

– Kyming Bloodhalf, analyse. Anka Tidisfal, hypnotisme. Esmée Radisky, télépathie…

      Visiblement, hormis les étudiants, les personnes présentes savaient à  quoi renvoyer ces termes. En fait, vu leur expression satisfaite,  certains étudiants semblaient également connaitre les disciplines  travaillées dans cette nouvelle école. Ganel secoua la tête. Laissez  transparaitre son émotion de la sorte alors qu’on rentrait dans une  école d’élite…quel mépris ! Il consulta l’heure. Son discours devrait  être abréger. Il n’aurait pas le temps sinon.

– Laya Balthor, analyste, continua la secrétaire. Vlad Imgar, guidage. Traor Youssen, télékinésie.

     Le rendez-vous de cet après-midi ne pouvait être reporté. Pas cette fois.

      L’impatience commença à gagner Ganel. Plusieurs minutes s’écoulèrent  avant que Mme Kriev daigne enfin lui céder la place. Le syndicaliste  attendit que la masse des recalés sortent de la salle. Quand le dernier  eut passé le sas, il se tourna vers les étudiants restants. Cette fois,  tout le monde était assis, silencieux et prêts à écouter. Il avait fait  cela maintes et maintes fois au sein des universités, des entreprises  voire même dans certaines associations. Présenter le Syndicat, ce réseau  de travailleurs, était devenu une routine.

      Son discours allait à l’essentiel. Il insistait bien sur le lien  social et l’entraide entre les différents corps de métiers. Il  garantissait une certaine forme de solidarité dans la société et  maintenait sa cohésion. En effet, le Syndicat était d’une aide précieuse  au jour le jour pour trouver un emploi ou se former. Il fournissait des  conseils juridiques, assurait la sécurité de certains transports ou  livraisons pour les entreprises. Il organisait des sessions de rencontre  où les anciens partageaient leur expérience avec les plus jeunes dans  de nombreux domaines. Le Syndicat servait la société et la société se  servait du Syndicat.

     Une fois  son discours achevé, Ganel se hâta de quitter les lieux, laissant les  deux militaires prendre à leur tour la parole. Il les entendit parler de  hiérarchie et de commandement militaire alors qu’il fermait la porte du  sas. Une fois dehors, il regagna l’artère principale de la ville et  prit le premier cab qui passait par là. Il restait du temps avant son  rendez-vous. Finalement, la vieille n’avait pas été trop longue  pensa-t-il. En fait, il avait même le temps de faire un crochet par le  labo et vérifier si tout était en ordre pour le combat de ce soir.

                                                                                 *

                                                               *                                  *

No account yet? Register

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Lire

Plonge dans un océan de mots, explore des mondes imaginaires et découvre des histoires captivantes qui éveilleront ton esprit. Laisse la magie des pages t’emporter vers des horizons infinis de connaissances et d’émotions.

Écrire

Libère ta créativité, exprime tes pensées les plus profondes et donne vie à tes idées. Avec WikiPen, ta plume devient une baguette magique, te permettant de créer des univers uniques et de partager ta voix avec le monde.

Intéragir

Connecte-toi avec une communauté de passionnés, échange des idées, reçois des commentaires constructifs et partage tes impressions.

0
Exprimez-vous dans les commentairesx