Je glissai derrière le bar et ouvris une porte de placard sous le comptoir. Il y était entreposé les bouteilles d’alcools forts. La forme carré caractéristique du Jack Daniel© attira mon regard. J’empoignai le goulot et dressai fièrement le flacon au-dessus de ma tête.
— J’ai trouvé ce qu’il me fallait !
Mes amis réunis autour du feu se tournèrent vers moi.
— Du whisky ? S’interrogea Moïse surpris.
— Tu n’en as jamais bu.
— Non Fab, mais c’est le moment de commencer.
— Arrête, tu veux te mettre minable après ce qu’il s’est passé ce matin ?
— C’est pas faux Fred. Vous trinquez avec moi ?
Je plaquai sur le comptoir quatre verres à whisky rescapés du grabuge. Mes potes répondirent tous négativement à mon invitation.
— Pas de problème, il y en aura plus pour moi.
— Ne viens pas te plaindre quand on te ramassera dans ton vomi, prévint Fred.
Je m’installai sur la première marche de la terrasse avec comme meilleure compagnie du moment, le verre rempli du liquide ambré. Mon humeur s’adoucit, mes mauvaises pensées s’évaporèrent, le souvenir de mes camarades partis se floutèrent. Après une ou deux heures (je ne savais plus) de consommation intensive, je m’endormis sans m’en rendre compte.
Un torchon mouillé appliqué sur mon front me fit émerger de mon coma éthylique. L’après-midi touchait à sa fin. Moïse était penché au-dessus de moi avec un regard désapprobateur.
— Tu te sens mieux ?
— A vrai dire je n’en sais rien…
Un tambourin exerçait sa musique sur mon cerveau, essayant de le réveiller. Ma vision tentait de faire le point. Je me levai. L’équilibre était approximatif. Moïse m’aida à régler mon assiette.
— Ils sont revenus ?
— Bah non ! Faut pas s’attendre à les revoir ce soir.
— J’espère qu’ils vont trouver un abri sûr pour cette nuit, s’inquiéta Fred.
— Je propose qu’on aille aider Karl à couper du bois, proposa Fab. Un peu d’exercice ne te fera pas de mal. Ça t’aidera à cuver.
Mon ami avait raison. Prendre l’air me fit le plus grand bien. Karl arrachait des branches des haies couchées au fonds des terrains de tennis. Fred aida Karl à la découpe, et Fab et moi assurions le transport des fagots de branchages.
La nuit était tombée. Nos immenses silhouettes se découpaient sur le mur mouvant au rythme des flammes. Nous nous partagions une grande conserve de petit salé aux lentilles. Malgré les kilomètres parcourus du matin et les nombreuses calories consommées, je n’avais pas d’appétit. Karl ne se fit pas prier pour engloutir le reste de ma part. Il n’avait pas sorti un mot depuis le départ de nos camarades dissidents.
— Karl, il ne faut pas t’en vouloir. Tout est de ma faute, c’est moi qui t’ai ordonné de ne rien dire. Toi, tu voulais lui annoncer.
— Bien sûr que je me sens coupable, je n’aurais pas dû t’écouter. Et dire qu’on t’avait choisi comme meneur. Et en une décision, tu as réussi à faire imploser le groupe. Bravo.
— Ne remuons pas le couteau, intervint Fred.
— Oui, il faut qu’on mette tout en œuvre pour réunir tout le monde, continua Fab.
— Ça ne va pas être simple, douta Moïse.
Nous terminions notre repas. Karl sauça le fond de la boite avec son index et termina avec sa langue. Son menton était imbibé de gras.
— Bon les gars, analysons le parcours prévu par Syvanna car s’ils ne sont pas revenus demain à midi, je parts à leur recherche.
— On vient tous avec toi, confirma Karl.
— Je ne sais pas si c’est une bonne idée de laisser le club sans personne. Bref, on verra après.
— Elle a dit qu’ils avaient tracé au plus court les étapes des domiciles de Cindy en premier puis Edouard et enfin chez elle, si nous sommes logiques, étudia Fab.
— Oui, je pense que tu as raison.
— Par contre, ils ne sont pas obligés de reprendre le même chemin au retour, constata Moïse. Ils prendront au plus court.
— D’accord, donc si on résonne bien, demain après-midi en cas d’absence, ils devraient être sur le chemin du retour, synthétisai-je.
— Nous ferons le parcours inverse, conclut Karl.
— C’est ça. Mais espérons les revoir plus tôt.
Nous glissâmes dans nos duvets et s’allongeâmes, mais le sommeil ne vint pas me cueillir. Des centaines de scénarios tragiques torturaient mon esprit. A ce moment-là, cette nuit fut la plus longue de ma vie.
Le soleil pointait à peine le bout de son nez que nous étions déjà tous levés. Chacun s’activait de son côté ou à deux, pour ramasser du bois, réunir et compter les provisions, nettoyer le tapis de sang séché au centre du bar. Chris se sentait beaucoup mieux et avait quitté sa couche, prêt à aider aux taches. Moïse avait tout de même contrôlé ses blessures. La couleur de la peau en périphérie des cicatrices semblait seine.
La veille, dans sa longue errance dans le club, Karl avait trouvé derrière les vestiaires, un scooter emmêlé dans le grillage protégeant le bord de seine. Ce matin, mon ami s’était mis en tête de faire fonctionner l’engin. Bien que n’ayant aucune notion en mécanique, je lui avais proposé mon aide. Tel un poisson prit dans les mailles d’un filet de pêche, nous avions libéré le deux-roues. Jamais je n’aurais imaginé ça aussi lourd, ou c’était moi qui était faible. Karl en possédait un et il était passionné de mécanique moto. Après une tentative illusoire de démarrage au premier coup, il avait démonté la selle puis le carénage. Le petit moteur n’avait pas l’air noyé. Il dévissa une petite trappe sur le plancher qui renfermait la batterie. Elle n’avait pas pris l’eau et semblait bien connectée. Karl s’attaqua au cœur du moteur. A ce point du diagnostic, je n’étais plus d’aucune utilité pour Karl. Je le laissai tranquille à bricoler. S’il trouvait le défaut, je me demandais comment il ferait pour réparer sans pièce de rechange, ni outil.
Considérant Moïse le membre de notre groupe ayant encore certaines faveurs aux yeux de Syvanna, nous avions décidé de l’envoyer en éclaireur sur le pont surveiller leur arrivée.
Je retournai à l’intérieur du bar et attrapai un calendrier des pompiers ramassé ce matin. Etant persuadé que nous allions nous regrouper, je voulais anticiper notre route. Je restais persuader que notre salut se trouvait à Paris. J’ouvris le calendrier et tournai les pages jusqu’à la carte de l’Iles de France. Je suivais avec le bout de mon index les différents chemins possibles ; le plus rapide (en voiture) était l’autoroute A13, environ cinquante-cinq kilomètres, deux grosses journées de marche. Mais il fallait que je réfléchisse comme un piéton, même si je n’avais jamais fait Mantes-Paris à pieds. Et là, le plus direct était de longer la départementale D113 puis la nationale N13. Mes pensées houleuses mêlées d’interrogations et d’inquiétude m’empêchaient de réfléchir correctement.
Le son d’un moteur à explosion interrompit ma réflexion. Des coups d’accélérateur firent pétarader le pot d’échappement. Karl avait réussi. Nous accourûmes vers l’origine du bruit. Aux commandes du scooter, c’est Karl qui vint à notre rencontre. Il freina vivement projetant du gravier.
— Incroyable, il marche ! m’exclamai-je.
— Non, il roule Fil de fer.
— Mais tu as fait comment ?
— Pourquoi ? Ça t’intéresse ?
— T’as raison, je m’en fous. Il roule, c’est tout ce qui compte.
— Par contre, le réservoir est à moitié plein. Il y a à peu près cinquante kilomètres d’autonomie.
— Cool, c’est largement suffisant pour remonter la trace de Syvanna.
— Attend une seconde Mic, interrompit Fred. Tu comptes l’utiliser pour partir à la recherche des filles.
— Tu ne sais même pas conduire un scooter, continua Moïse.
— Y-a deux places. J’y vais avec Karl.
— L’expédition est sans nous, quoi ?
— Désolé les gars, mais nous irons plus vite comme ça. Et puis je pense qu’il est important d’avoir du monde ici au cas où on les rate sur le chemin et qu’il arrive ici sur un camp à l’abandon.
— Super, Syvanna va recevoir la visite des deux personnes qu’elle a le plus envie de voir en ce moment, ironisa Fab.
Un quart d’heure plus tard, j’avais endossé un sac rempli de bouteilles d’eau, de deux duvets et d’un briquet. J’enjambai la selle du scooter derrière Karl.
— Tiens-toi à ma taille ou agrippe les poignées à l’arrière.
— Ok, je suis prêt.
— Faite gaffe à vous, intima Moïse.
— T’inquiète, à tout à l’heure.
Karl ne lésina pas sur l’accélérateur au démarrage. Nous décollâmes littéralement dans une gerbe de graviers. La tête repoussée en arrière, je m’accrochais au mieux à la taille de mon barjot de camarade. Arrivés au passage étroit du camion couché sur le pont, je fermai les yeux face au vide. Karl passa d’une traite à folle allure. La suite du trajet ressemblait à un très long slalom avec pour piquets des carcasses d’automobile et des gravats. L’effort soutenu me tira les muscles des bras, de la nuque et de la barre abdominale. Au bout de cinq minutes, j’étais déjà épuisé.
Au son du moteur, des rescapés curieux et avides d’espoir s’agglutinaient sur le bord de la route. Karl maintenait une certaine vitesse pour ne pas être intercepté par des envieux. Il ne voulait pas répéter la mauvaise expérience du Decathlon©. Parvenus à la voie ferrée, le passage par les rails était périlleux. Nous descendîmes du scooter et Karl manœuvra habilement l’engin sur les pentes des contreforts. Nous progressions rapidement. Karl prit garde au dérapage au moment de rouler sur la nappe d’hydrocarbures de la station d’essence inondée. Nous étions en vue des ruines de la maison des sœurs. J’avais les avant-bras tétanisés. L’appréhension me serra les entrailles. Karl stoppa le motocycle juste devant le monticule de briques. Je descendis de la selle. Karl resta en position maintenant les gaz ouverts. Je contournai le tas. Une forte odeur insupportable imprégna mes narines. Le corps de la mère avait commencé sa décomposition. La main était devenue noir. De minuscules verres blancs s’insinuaient dans la chaire. Deux de ses doigts était arrachés, surement déchiquetés par des chiens affamés. La vision de ce bout de chair était horrible mais sa présence démontrait qu’il n’y avait pas eu d’action humaine dessus. Syvanna voulais recouvrir les restes de sa mère. Elle ne serait donc pas passée ici. C’était son objectif final. L’angoisse de son absence se fit plus présent. Je masquai tant bien que mal la main en charpie avec deux grosses pierres. Je rejoignis Karl, tête basse.
— Je crois qu’ils ne sont pas arrivés jusqu’ici.
— Bon bah ne perdons pas temps, monte. On va chez Edouard.
Nous reprîmes notre parcours du combattant éprouvant pour le corps et pour les nerfs. Edouard habitait le vieux centre-ville de Mantes la Ville. Les rues étaient étroites et biscornues. L’artère où il vivait avec sa mère était complètement obstruée par les vieux immeubles effondrés.
— Merde, il n’y a plus un immeuble debout ici.
— On dirait une carrière de pierres.
— Ça ne passera pas avec le scooter, dit Karl avec évidence.
— Reste là, je vais grimper là-haut pour voir si le groupe est là.
— Fait gaffe de ne pas te casser la gueule Fil de fer.
Je gravis prudemment la montagne de gravas et atteignis le point culminant. J’avais une large vue d’ensemble. La rue s’était transformée en une longue chaîne de massifs composé d’un mélange de pierres, de fers de fondation, de poutrelles d’acier et de bois fracassé. A part un chien errant au loin qui mastiquait quelque chose (je ne préférais pas savoir quoi) coincée entre deux parpaings, il n’y avait personne. C’était désert. La descente du monticule s’avéra beaucoup plus compliqué que la montée. Les pierres roulaient sous mes pieds et s’effondraient les unes sur les autres. Je provoquais des mini glissements de terrain. Je faillis plusieurs fois m’étendre sur les débris. Soulagé d’être redescendu sur la terre ferme, je m’empressai d’enjamber le scooter.
— Personne ici non plus. On s’arrache.
Nous contournâmes le quartier rasé et nous rendîmes dans le celui des Brouets, là où vivait la famille de Cindy. Sa maison était accolée à une échoppe. La rue la desservant était relativement dégagée. A l’approche, Je ressentis que quelque chose n’allait pas. Je tapotai l’épaule de mon pilote pour l’intimer de ralentir et rouler au pas. Un amas de débris, de déchets et de meubles brisés barrait la chaussée. Ceci n’était pas naturel. C’était une construction sommaire humaine. Des individus cherchaient à empêcher l’accès à cette portion de rue, surement pour se protéger. C’était une bonne nouvelle. Cela démontrait que des habitants rescapés de ces maisons survivaient ici. Karl stoppa le scooter devant la barricade. Je levais mes fesses de la selle et me hissais sur les cales passager de l’engin pour prendre de la hauteur. J’observai au-delà du rempart et repérai la maison de Cindy. Un autre barrage était érigé de l’autre côté à une trentaine de mètres. Pas un bruit, personne… L’atmosphère lourde ne m’inspirai pas confiance. Ce silence était menaçant. Les structures des maisons et de l’échoppe était étonnamment intacte. Cinq vélos tout terrain était stationnés et alignés dans un certain ordre reposants contre le muret de la boutique. Il y avait des gens valides à l’intérieur. Se cachaient-ils ? Nous guettaient-ils ? Nous avaient-ils entendu arriver ?
— Coupe le moteur, demandai-je doucement. Gardons le silence pour le moment.
— T’as raison, l’endroit est bizarre.
Karl poussa le scooter et le rangea dans un petit garage au volet roulant disparu. Nous longeâmes discrètement les façades et nous faufilâmes dans la zone clôturée. Un son imperceptible chatouilla mon tympan droit. Je marquai un arrêt et posa mon index sur les lèvres. Je me concentrai sur les bruits… Un gémissement… C’était un gémissement. La peur s’insinua à nouveau. J’indiquai du doigt mon oreille à Karl. Il hocha la tête de bas en haut me signalant que lui aussi avait entendu. Mon ami tira un bout de tube en acier de la barricade pour s’armer. Il extirpa une barre de fer et me la tendit. Allait-on devoir se battre ? Je ne m’étais jamais bagarré sévèrement de ma vie. Cela faisait-il mal ? Pourrions-nous mourir, battus à mort, dans les minutes qui venaient. Etions-nous équitablement armés ? Pourvu qu’il n’y ait pas de couteau ou pire encore ; des flingues. Karl me précédait. Il ne cherchait plus à se camoufler. Il se présenta directement face à la vitrine brisée de l’épicerie. Je le suivais timidement, les jambes tremblantes. Deux jeunes hommes à peine plus âgés que nous squattaient là, avachis dans des fauteuils surement récupérés dans l’appartement du dessus. Je cachai instantanément ma barre dans le dos pour ne pas paraître trop menaçant. Karl, quant à lui, tenait fermement son tube d’acier entre les mains. Ils s’empiffraient de boites de thon mayonnaise et s’hydrataient à la bière.
— Alors les gars, on s’est perdu ?
— Vous n’avez pas vu le barrage à l’entrée C’est interdit de pénétrer ici. C’est notre territoire.
— Vous êtes sérieux là ? Invectiva Karl. Quatre jours seulement après cette merde et vous vous croyez déjà dans Mad Max.
— Qu’est-ce que ça peut te foutre ?
— Ok, on se calme. Nous ne sommes pas venus pour nous battre. Il se trouve que dans la maison attenante habitait une de nos amies et elle se trouve sur votre territoire. Nous venions voir si elle allait bien.
— Votre territoire !… Tu déconnes Mic ?
— Laisse-moi parler Karl.
— Oui Karl, laisse parler le monsieur sans muscle.
Karl resserra l’étau de ses mains sur le tube. Je posai ma main sur son avant-bras pour le calmer de suite.
— Nous voudrions que vous nous accordiez un sauf-conduit pour vérifier la présence ou non de notre amie.
— Bah voyons ! Qu’est-ce que tu nous donnes en échange de notre bonne volonté ?
— Je ne sais pas… Par exemple, nous avons entendu le gémissement d’une personne provenant surement de l’étage au-dessus. Vous avez peut-être besoin d’aide pour la soigner.
Les squatteurs se regardèrent intrigués.
— Ça ne nous sert rien, tu n’es pas docteur !
Nous entendîmes du parquet grincé au-dessus de notre tête.
— Miiiic, insista Karl les dents serrées.
— Notre mansuétude est de vous laisser partir sans bobos.
— S’il vous plait, nous devons explorer la maison d’à côté. On quittera les lieux aussitôt fait.
— Dégagez !
— Qui est en haut ? Demanda Karl. Vous ne séquestreriez pas des gens par hasard ?
Les deux hommes se regardèrent à nouveau.
— Notre patience a des limites…
Un cri féminin érupta de l’étage ; « Kaaaaarrrrrl !! »
— Vanessa ? criai-je.
— Bandes d’enfoirés ! vous allez morfler, menaça Karl.
Les deux kidnappeurs se levèrent vivement comme un seul homme et brandirent chacun un couteau. Mes craintes avant d’entrer se confirmaient.
— N’est pas peur Mic ! T’as plus d’allonge avec ta barre ! me motiva Karl.
Karl s’avança et se mit en garde face aux deux assaillants. Ils se jetèrent les premiers, lame en avant. Karl dressa son tube et lui fit décrire un large arc de cercle qui cueillit du premier coup le crâne des agresseurs. Ils s’effondrèrent aussitôt l’un sur l’autre. J’étais époustouflé par l’efficacité de mon ami. Au fond du petit magasin, deux autres squatteurs dévalèrent les escaliers les reliant à l’appartement du dessus. Karl se précipita à la première marche pour diminuer leur rayon d’action. Il espérait pouvoir s’occuper des deux lui-même. Il engagea la bagarre avec l’assaillant en première ligne. Gêné le deuxième enjamba la balustrade, sauta et se retrouva face à moi, un marteau à la main. Il m’observa très vite. J’étais apeuré, les jambes exagérément écartées, la barre tremblante tenue à deux mains, dressé devant moi. Il en conclut très vite que je n’étais pas une menace pour le moment et qu’il valait mieux porter main forte à son camarade dans l’escalier. J’en déduis exactement la même chose. Non, Karl allait être pris de part et d’autre. Ça allait trop vite. Il était foutu. La précipitation, l’urgence absolue me désinhiba soudainement. J’avais déconnecté mon cerveau et me ruai dans le dos de l’homme qui m’avait négligé. Il n’eut pas le temps de se retourner et j’écrasai ma barre dans son dos. Il bascula au sol, le dos contre terre. Je fouettai à nouveau l’homme qui tenta de se protéger avec ses avant-bras. Cubitus et radius se brisèrent nets. J’abatis sauvagement ma barre encore une bonne douzaine de fois avant que sa garde soit émiettée et que j’atteigne son front. La peau éclata et une fontaine de sang recouvrit le visage de l’homme inconscient. J’étais dans un état second, agrippé à ma barre sur laquelle gouttait de l’hémoglobine. Je n’avais pas remarqué que Karl avait achevé son combat et me fixait éberlué.
— Ça va mon pote, tu as assuré grave mes arrières, chuchota Karl. Suis-moi, on monte. Il ne doit en rester plus qu’un à mon avis.
Nous gravîmes prudemment les marches. Soudain, des bruits de coups de pieds et de poings nous parvînmes.
— Sale enfoiré de putain de ta mère, hurla Vanessa.
Un des hommes de l’étage déboula sur le pas de l’escalier, projeté contre le mur, et roula au sol. Nous observâmes la scène surpris. Vanessa jaillit dans le couloir et tabassa littéralement à coups de pieds son kidnappeur terrifié. Il essayait de se protéger comme il pouvait de la furie en reculant au sol. Arrivé au bord des marches, Vanessa s’arrêta de frapper. L’homme implora les mains face à son visage d’arrêter les coups. Vanessa se dressa face à lui et lui décocha un violent coup de pied à l’épaule. La violence du choc le fit basculer dans l’escalier. Il dégringola les marches. Nous l’esquivâmes de justesse en se collant au mur. Vanessa n’avait pas fini, elle descendit l’escalier retrouver son souffre-douleur.
— C’était le dernier, anticipa-t-elle ma question en nous croisant d’un air déterminé.
Je me hâtai, gravis les derniers échelons et pris le couloir par lequel Vanessa avait déboulé. Trois portes, une seule était ouverte. Je me précipitai dans la pièce et tombait sur une scène horrible. C’était une chambre composée de deux lits une place l’un à côté de l’autre séparés par une petite commode. Dans un des coins de la chambre était disposé un bureau et une chaise au dossier brisé avec à ses pieds une corde. Sur les lits, étaient emprisonnées Syvanna et Cindy. Cindy était entièrement nue, les quatre membres attachés avec des liens aux pieds du lit. Syvanna était entravée que des membres supérieurs. Elle avait son bas de survêtement descendu sur les chevilles. Karl entra aussi dans la chambre. Nous nous empressâmes d’enlever les baillons et les liens pour libérer les deux malheureuses. Karl s’occupa de Cindy, ramassa son sweet et son pantalon et la couvrit. Elle éclata en sanglots. Syvanna se jeta dans mes bras et cacha sa tête sur mon épaule.
— Vous nous avez retrouvé… Merci… Micaël…
— Je suis désolé Syv’…
— Non arrête, c’est moi qui ai été idiote.
Je relâchai l’étreinte et remontai son pantalon jusqu’à ses hanches.
— Est ce qu’ils vous ont … ? demanda Karl.
Syvanna se tourna vers Cindy.
— Je suis tellement désolé Cindy ! Tout est de ma faute. Pour moi, vous êtes arrivés à temps, mais pour elle ça été l’horreur.
— Je vais les achever ses enfoirés, pesta Karl.
— Ils nous ont laissé le choix pour savoir laquelle de nous deux serait baisée en première. Et c’est Cindy qui s’est proposé volontaire.
— C’est… C’est normal, tu es vierge… Moi, j’ai fait l’amour des centaines de fois avec mon chéri. Je ne pouvais pas les laisser te faire ça.
— Mais, ce n’était pas de l’amour, m’insurgeai-je. C’était du viol Cindy.
— J’ai pris ça comme un acte mécanique, rien de plus.
— Un acte mécanique ?
Je n’en revenais pas. Elle était sous le choc. Je repris mes esprits.
— Où est Édouard ?
— Ils l’ont enfermé dans le garde-manger à l’arrière du magasin.
Karl et moi quittâmes la chambre pour laisser de l’intimité à Cindy pour se rhabiller.
Dans la boutique, Vanessa avait terminé son travail de sape, libérée Édouard et se prélassait dans un fauteuil. Édouard occupait l’autre fauteuil, tendu et en pleur.
— Ils ne t’ont rien fait à toi, demandai-je à l’attention de Vanessa.
— A ça non, ils avaient trop peur de moi, que je leur morde la bite. Ils se sont contentés de me ligoter sur la chaise de la chambre.
— C’est toi qui a explosé le dossier de la chaise ? Interrogea Karl.
— Oui ! Entendre votre arrivée m’a surexcité !
— La vache ! Tu es impressionnante !
— Non Karl, je suis faible. Impressionnante, cela aurait été le cas si je n’avais pas laissé ces enflures nous mettre le grappin dessus.
— Et toi Édouard, ça va ? M’enquis-je.
— Je crois, sanglota-t-il essuyant ses larmes avec sa manche.
— Ils lui ont collé deux baffes et enfermé dans ce trou, décrivit Vanessa. Il n’a même pas eu le temps de comprendre ce qu’il se passait.
Cindy et Syvanna descendirent l’escalier et nous rejoignirent au centre de la boutique. Dans un silence gêné, j’observai les réactions de Cindy. Elle paraissait calme et détendue. Elle se dirigea lentement vers un de ses agresseurs étendu inconscient. Elle ramassa doucement la barre de fer que j’avais laissé au sol. Elle contempla la mélasse sanguine qui recouvrait l’acier. Et soudain la folie, la rage surgit. Elle écrasa la barre sur le visage de l’homme qui éclata. Je fis un pas vers elle, mais Karl me retint l’air de me dire « c’est pas la peine ». Pendant une minute qui parut être une éternité, elle s’acharna sur la tête qui se déformait à mesure des coups d’une violence inouïe. Le sang gerbait de partout, de la matière cérébrale éclaboussait, les dents s’émiettaient et se logeait au fond de la bouche, la langue ressortait de la mâchoire fracassée. Quand elle eut fini, il ne restait plus qu”une compote de viande de tête.
Bouh, dure la fin!
Toujours merveilleusement écrit.
D’habitude je ne lis pas quand c’est trop long, mais je n’en ai pas perdu une miette.
Mad Max a commencé!
Oui, je me suis aperçu en éditant que le temps de lecture était un peu dur. J’aurais peut-être du le couper en 2 celui-ci…
Bien, un chapitre actif !
1) J’ai du retourner au chapitre précédent pour vérifier, et il me semble bien, sans que ce soit très clair, que Karl était parti avec le groupe. Ce serait à clarifier.
2) Trop long. Couper en deux ne donnerait rien, il faut réduire le nombre de mots. Y’a beaucoup de trop longues phrases. Trop de p’tits détails à propos des os et du sang. En cette matière, moins est mieux.
Quelle longueur devrait avoir un chapitre : Celui-ci fait 3 900 mots. C’est énorme. Le seul genre qui autorise cette longueur est le Fantasy (Les dragons volants etc…) Un post-apocalypse fait 80-90,000 mots. Tu aurais donc droit à 20 chapitres environ. En général, le changement de "monde", c’est-à-dire le début de la quête qui suit la décision d’aller à Paris, se fait après l’acte 1, donc au debut de l’acte 2, ce qui donne après 7000 mots. Déduction, t’es un peu en retard ! Évidemment, c’est un premier texte et on ne t’en tient pas rigueur, y’a pas à s’en faire !
Dans le positif, il y a que le protagoniste est actif. Il ne subit pas ce qui lui arrive. Je souhaite qu’il regagne le pouvoir par une proposition au groupe plutôt que de se voir être couronnée en héros. Nous verrons au prochain chapitre !
L’histoire est bonne. Malgré la longueur du texte, on a envie de continuer.