Chapitre 02 : Partie 02

9 mins

      Deux aéronefs de l’Air Police abordèrent et accostèrent lentement. L’encombrement des stationnements jouait en faveur des fugitifs. En restant en vol statique à quelques centimètres du sol, les engins déversèrent une douzaine de policiers lourdement armés. Heureusement les fuyards entamaient déjà la descente de la passerelle pour accéder au parking du niveau inférieur. Les aéronefs de l’Air Police quittèrent l’étage où ils avaient déposé leur corps armé pour retourner dans les airs de la ville en essayant de suivre et d’informer en directe de la cavale.

Au niveau inférieur, les policiers avaient aussi descendu la passerelle et avait leur cible à porter de tir. Pour éviter d’être atteint, le groupe se faufila entre les rangées d’aéronefs. Mais les jets laser commencèrent à fuser s’échouant pour le moment contre les véhicules. Des plasto-vitre explosaient, des selleries prenaient feu, des réservoirs explosaient faisant échouer certain véhicule au sol dont leur pied d’amarrage avait cédé.

Une décharge passa à quelques centimètres de Séréna et percuta l’arrimage d’un luxueux aéronef noir. Il bascula dangereusement à leur passage menaçant de les écraser contre le voisin métallique volant. Goloth saisit Otis par la culotte et le projeta dix mètres devant pour lui éviter l’obstacle, puis il plongea de toutes ses forces et se brula la peau des coudes à sa réception sur le béton. Séréna, d’une cabriole féline glissa sous la menace. Alverth fermant la marche, s’était arrêté avant la renverse. Une fois l’engin immobile à terre, il grimpa dessus, progressa sur le capot, le toit, les réacteurs, pour atteindre ses amis. Cette attente lui avait donné une dizaine de mettre de retard sur la tête du groupe.

La poursuite entre les policiers et les fugitifs continua neuf étages durant. Ils ne leur restaient plus qu’un niveau avant d’atteindre leur point de fuite définitif. Séréna ce tourna vers ses amis et leur pointa du doigt trois petites boules métalliques avec un dard flottant dans leur direction.

_ Voilà les Sondes Armée! Tous à couvert! Alverth! C’est à toi de jouer.

Séréna, Goloth et Otis s’assirent au sol protégés derrière une carrosserie. Alverth fit de même derrière un autre véhicule à peu plus en arrière. Il sortit une petite console plate de son sac à dos. Il mitrailla le clavier de ses doigts. Une petite antenne surgit de la console et dirigea sont extrémité vers les S.A.

Ces engins de mort automatisé tirèrent plusieurs charges sur les engins attirés par la chaleur des corps.

Alverth continuait à martyriser les touches.

_ Grouille toi Alverth, marmonna Séréna. Les flics d’un côté, les boules de billard de l’autre, ça commence à être chaud.

Alverth valida une opération et aussitôt les S.A. stoppèrent leur tir. Elles passèrent leur chemin et se dirigèrent vers les poursuivants.

_ Que s’est-t-il passé? demanda Otis incrédule.

_ Alverth est l’un des meilleurs pirates systèmes de la Résistance, répondit Goloth. Regarde ce qu’il est capable de faire.

Les S.A. se jetèrent sur les policiers et provoquèrent un massacre dans leur rang.

_ Allez, on s’arrache! On y est presque, coupa Séréna.

_ Allez-y, je reste là quelques secondes pour assurer notre fuite, dit Alverth. Je vais en finir avec l’arrière garde.

_ OK, mais ne tarde pas trop à nous rejoindre.

Dans les airs les aéronefs de l’Air Police s’affolèrent, ils s’insinuèrent en vol rasant dans le parking pour récupérer les rescapés des S.A. A l’arrière dans l’un des véhicules flottant, le copilote ouvrit sa portière et lança une grenade à flux magnétique de faible charge. Il n’y eu aucune explosion, juste un sifflement. Après la décharge silencieuse, les S.A. cessèrent toutes activités et tombèrent au sol, roulant comme de vulgaires billes. Le flux magnétique avait paralysé toute l’énergie électrique des boules automatiques. Cela avait aussi provoqué l’arrêt total des armes et des moyens de communications des policiers encore debout, donc plus moyen pour eux d’assaillirent les fuyard par le feu. Seuls les aéronefs avaient une protection particulière contre cette arme.

Alverth n’ayant plus le contrôle des S.A. se releva et repris sa course pour rejoindre ses compagnons.

Séréna, Goloth et Otis se retrouvaient dans une situation assez inespérée, ils étaient seuls au dernier niveau de leur fuite.

_ Il y a un truc que je n’ai pas pigé depuis tout à l’heure, si nous sommes au 148ème étage si je calcule bien et que c’est l’objectif de notre fuite, comment sortons-nous de cette tour? En volant? Réclama Otis.

_ Il y a un peu de ça? répliqua Séréna.

Elle dirigea les membres de son groupe vers le bord de l’étage. Le vent fouettait les visages à l’approche du précipice.

Séréna régla son arme en mode lance-grenade. L’Air Police surgit à quelques mètres d’eux dans un tourbillon d’air. La jeune femme ne laissa pas les aéronefs les mettre en jouc, elle tira deux grenades chacune sur un des deux engins de police. Les explosifs éclatèrent les capots projetant une gerbe de feu et de fumée. Aussitôt ils perdirent de l’attitude et disparurent sous leur ligne de vision.

Séréna, les pieds au bord du vide, courba la tête pour regarder vers le bas. Elle vit les parachutes de secours se déployer au-dessus des engins en perdition. Elle porta son attention sur ce qui l’intéressait vraiment. Sur sa droite une grande arche concave s’élançait vers le bas formant dans sa partie haute une sorte de toboggan sur une trentaine de mètres. A la fin de la courbe, la débouchure d’un tuyau concluait et s’enfonçait à la vertical vers les abimes de la ville. Un mécanisme portatif avait été préalablement installé au sommet de l’arche. Cela ressemblait à une luge dont les roues étaient montées serrées contre la poutre métallique de l’arche comme un wagon sur ses rails. Séréna prit appui de sa main gauche contre un pilier qui soutient le plafond et se pencha dans le vide et attrapa la luge de l’autre main. Elle débloqua les freins et tira la luge le plus près possible du bord de la tour. Comprenant l’opération, Otis regardait la préparation sans trop croire ce qu’il voyait.

_ Vous espérez monter à quatre sur cette minuscule patinette, glisser le long de cette poutre suspendu dans le ciel et disparaitre je ne sais où dans ce tube qui tombe à pic.

_ Oui c’est bien ça! Goloth accroche le mousqueton de son harnais à la luge, ordonna Séréna.

_ Mais merde! La luge, c’est pour les sports d’hivers, sur la neige… brailla Otis.

Goloth attira Otis plus prêt de la bordure pour gagner du mou sur la corde. Le regard d’Otis plongea dans l’abime et un violent vertige le déséquilibra. Son ange protecteur le rattrapa et l’assit sur le l’engin approximatif. Otis se tourna vers ses compagnons et les fixa droit dans les yeux pour évacuer sa vision du vide. Il aperçut Alverth qui les rejoignait.

Soudain, il vit une lame incandescente traverser l’épaule droite du pirate informatique. Son cri de souffrance alerta ses amis. La lame ressorti sans laissé la moindre marque de sang. La lame énergétisée à plusieurs milliers de degrés avait cautérisé instantanément les bords de la blessure laissant un trou béant dans les chairs. On pouvait voire à travers. Alverth chuta, mais rampa rapidement au sol pour être hors de portée d’un autre coup de lance. Il se remit sur ces pieds et se précipita vers ses compagnons. Derrière lui, une femme élancée et fine, vêtue d’une combinaison de cuire rouge, renforcée par une cuirasse légère élégante au niveau du torse, menaçait le groupe de sa lance. Son visage était masqué par un casque aux formes antiques comme celui que portait la déesse grecque de la guerre; Athéna. Ses longs cheveux blonds dépassaient du casque longiligne dont les extrémités arrondies posaient à la base de sa poitrine. Visuellement tout le monde fit le rapprochement avec les deux guerriers écarlates de la salle des sarcophages. Elle s’avança en faisant tournoyer sa lance à la lame rougeoyante. Les mouvements élégants et rapides de l’arme décrivaient des arcs lumineux dans la salle sombre.

_ Bravo, vous êtes arrivé jusqu’ici, mais pour vous c’est la fin du voyage. Abandonnez-nous cette loque humaine et qu’on en finisse, clama la femme aux couleurs sanguines.

_ Jamais, il est la clef de voute du changement, cria Séréna.

Elle avança de quelques pas et alla au-devant de son ennemie. Elle passa devant Alverth meurtri. De cette façon, elle le couvrait.

_ Finis d’installer notre invité! Aide Alverth à monter et prépare toi à nous éjectez, dit Séréna à Goloth.

Séréna pointa son arme sur cette femme inquiétante. Avant même l’immobilisation de la cible, la guerrière glissa d’un pas sur la droite dans un souffle et gifla sa lance sur Séréna. D’une précision redoutable, la pointe désarma le blaster laser des mains de Séréna.

_ Jamais vous ne sortirez d’ici vivant, menaça la guerrière écarlate.

La lance avait fondu une partie de la crosse endommageant surement le canon de l’arme. Etant inutilisable, elle ne se précipita pas dessus mais sortit un long poignard de sa botte droite. Elle se mit en position de combat, montant sa garde avec l’arme blanche, les jambes écartées, des appuis légers et souples prêts à réagir à tout instant, les yeux fixés sur la lance et le regard de son adversaire.

La guerrière donna la charge la première abattant sa lance sur Séréna. Vif comme le vent, elle esquiva d’un bond en arrière. La lame de la lance fracassa le sol. Séréna contre-attaqua en fouettant son poignard sur la tête de son ennemie. Le visage casqué échappa à l’arme blanche vers le bas, et dans le mouvement la guerrière se déporta vers l’avant portant un coup au torse de Séréna avec le manche de la lance. La violence la projeta deux mètres en arrière, lui coupant la respiration. Elle échoua en appui dos avec un pilier porteur. Son adversaire sachant le coup bien porté, retourna à la charge, sa lance pointée vers le ventre exposé de Séréna. Ignorant l’air qui ne voulait plus s’insuffler dans ses poumons, elle se laissa choir au sol. La pointe brûlante vint se briser et se lier au métal du pilier. Incrusté à la matière, la guerrière ne put déloger son arme du pilier. Elle enragea et se jeta sur Séréna, lui asséna une multitude de coups de poing en pleine face déformant ce visage parfait. Le nez se brisa, des vaisseaux sanguins internes explosèrent laissant gicler le sang par les narines et les lèvres, les arcades éclatèrent. Le visage de Séréna n’était plus que sang. Sous la violence des coups, elle lâcha son poignard. Soudain, Alverth vint à la rescousse de son amie en se jetant sur la tigresse rouge.

_ Séréna monte sur la luge, je m’en charge, implora Alverth.

Elle se traina jusqu’à Goloth qui l’aida à monter.

Alverth portait une prise d’immobilisation et d’étouffement, dite la prise de l’ours. Mais seule l’immobilisation fonctionnait car la femme était tellement mince, fine et longiligne que son corps ne subissait aucune contrition.

_ C’est bon Alverth, vient! On est prêt à partir, hurla Goloth.

_ Oui Alverth, lâche là, on se casse, cria Otis.

Alverth relâcha sa prise et donna un coup de tête en plein front pour éloigner son adversaire.

Goloth vérifia une dernière fois que tous les mousquetons étaient liés à la luge et prépara la boucle libre pour la réception de celui d’Alverth.

Celui-ci se précipitait vers ses amis, tendit son bras valide à Goloth. Soudain, la lame du poignard de Séréna traversa le torse d’Alverth. La guerrière écarlate s’était accrochée comme une araignée dans le dos de sa victime, le transperçant mortellement.

Les visages des compagnons du génie de l’informatique se décomposèrent, de douleur, de haine et de tristesse.

Otis hurla de toutes ses tripes sa douleur.

Sans espoir pour son ami, Goloth relâcha les freins de la luge. Mais celle-ci ne roula pas. Otis s’était projeté sur l’arrière de la luge pour agripper la main d’Alverth qui dans l’inertie était parvenu jusqu’au bord de la tour, retenant le départ du frêle engin à roulettes.

_ Bon sang Otis, lâche-le! Somma Goloth.

_ Non, il nous a sauvés, il est vivant! Regarde, hurla désespérément Otis.

Dans un dernier sursaut, Alverth tapa sur la prise de main d’Otis tout en maintenant sa meurtrière dans le dos avec son autre bras. Otis lâcha son étreinte et la luge glissa le long de l’arche. Comme un signe d’adieu, Alverth érigea sa main droite haute devant lui et tomba dans le vide. La guerrière écarlate s’extirpa de la prise et parvint à rester les pieds sur la terre ferme de l’étage.

Le corps d’Alverth tomba lentement dans le vide, balloté par les forts courants d’air d’altitude qui le ramenèrent vers la façade de la tour, percuta plusieurs fois les vitres, se disloqua, se démantibula et disparut. Le hurlement d’Otis transperça les cieux de la ville. Sur la luge roulant fébrilement sur la poutre, Séréna en tête semblait KO, au milieu Otis pleurait recevant les gouttes de sang provenant du visage tuméfié de sa partenaire, derrière Goloth essayait de maitriser la trajectoire et la vitesse de la fragile embarcation.

L’entrée du tube approchait rapidement, son étroitesse était effrayante, la perspective et la vitesse faisait douter la possibilité d’y entrer au plus fort des esprits qu’était celui de Goloth.

L’architecte avait dessinée une ambitieuse et sculpturale tour. Au premier tiers de son bâtiment, il avait décidé d’installer toutes les tuyères d’aération à l’extérieure de la tour reliées chacune à leur sommet par cette poutrelle d’acier en forme d’arche. Ensuite ces tuyères emmaillotaient la base de la tour sur plus de cent mètres comme une élégante robe d’apparat. Ces tuyaux d’aération disparaissaient ensuite dans les sous-sols, relié à des centrales de traitement de l’air.

La luge s’engouffra finalement dans le tube d’acier, se courba à quatre-vingt dix degré. Goloth changea le réglage des roues, au lieu d’être serré précédemment le long de la poutre, elles s’écartèrent en contact du tube. La luge glissait maintenant le long tube retenue par de puissant frein. La gravité fit son effet, les trois passagers furent délogés de la luge et se retrouvèrent suspendu, accrochés par leur corde respective fixé au châssis. Malgré le freinage contenu de la luge, Otis avait la sensation de chuter sans parachute dans le vide. Ils dégringolèrent une centaine de mètres. Au bout d’un moment de chute libre, Otis sentit ses fesses glisser contre le boyau métallique. La trajectoire du tube qui était verticale au sol commençait à s’incliner doucement. Les membres endeuillés reprirent contact avec la matière, avec le tube et glissaient comme dans un toboggan de parc aquatique. Le tube continuait son inclinaison jusqu’à être parallèle au sol. Les corps retrouvant une gravité stable ralentirent leur glissade et s’arrêtèrent à quelques mètres d’un grillage qui protégeait une importante hélice. Celle-ci tournait lentement, assurant la circulation de l’air dans la conduite. Séréna épuisée resta un moment allongée dans le tube. Goloth reprit tout de suite ses esprits et tâtonna la surface intérieur de la conduite. Il trouva l’ouverture étroite qu’il avait découpé quelques heures plutôt au chalumeau. Otis s’était relevé, les yeux hagards. Goloth le saisit par la taille, le souleva et le fit passer par le trou découpé. Il ramassa sa jeune partenaire et fit de même avec elle. Lui eut plus de difficulté à s’extirper de cette ouverture qu’il avait finement mesurée. Cela n’empêcha pas qu’il se coupa les mains et l’épiderme des biceps avec les bords tranchants. Les fugitifs pouvaient sereinement se déclarer à l’abri pour le moment. Le groupe amputé d’un de leurs membres entrait dans le royaume incommensurable des égouts de la ville.

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