Pour qui se prennent-ils ? Pour qui osent-ils se prendre ? Que sont-ils pour penser qu’ils sont les maîtres de ce domaine ? Ils ont oublié. Depuis tant d’années, ils m’ont oublié. Mais ceci est mon domaine.
Je les ai vus rampants, se redressant, vivant dans la crainte des autres créatures, essayant de survivre sur mon domaine. Un arbre, une grotte, une clairière traversée d’un ruisseau d’eau fraîche ; autant de lieux où ils vécurent, résistèrent à un destin pourtant incontournable. En ces temps reculés de leur piètre existence ils ont frôlé l’extinction. C’est Moi qui les ai sauvés.
C’est en ces temps-là qu’ils ont commencé, afin d’essayer de comprendre leur but sur mon domaine, à inventer des histoires. Ils se mirent à observer les cieux, à écouter les murmures du vent, à comprendre les bêtes, à réfléchir à la place que tout cela occupait dans cette entièreté. Ils étaient sages en ces temps-là.
C’est Moi qui les ai sauvés. Je les ai placés à l’endroit parfait. Ce lieu où tout ce qui leur était vital était à leur portée. Ils ont compris et ces histoires parlaient de Moi et en ces temps, ils vécurent, ils grandirent, évoluèrent et avec tout ça leur vint une assurance surnaturelle. Ils eurent confiance en eux, plus que de raison, et oublièrent leur place.
J’ai alors inventé les déserts arides, inhabités, inhospitaliers, d’une chaleur torride. J’ai alors créé les tempêtes de mon souffle, pour leur éteindre cette prétention qu’ils avaient sur ma création.
Je leur ai pourtant tout donné. C’est Moi qui ai créé cette vie qu’ils chérissent tant. J’ai créé cette prouesse de monde. On m’a fait pour créer ce miracle de vie. Mais ils continuèrent à se prendre pour ce qu’ils n’étaient pas. Ils se mirent à se prendre pour Moi, créant, inventant, façonnant tant de choses… Ils étaient si ingénieux qu’ils commencèrent à me défier, à créer des moyens d’essayer de fuir ce destin funeste qui est le leur.
Ils ne comprennent rien. Ils ont oublié mes conseils, ma vision. Ce souvenir n’est plus. Mais pourtant, rien n’est plus clair, rien n’est plus visible que ma volonté. J’aurais pu les créer invincibles, insoumis à la peur ou à la douleur. Mais ils n’auraient jamais évolué. Ils seraient restés à leur état initial, de vaines créatures parmi les autres, errantes de par le monde. Je les aimais, et de là partit le chaos.
En voulant toujours les faire se dépasser, toujours se battre, les plaçant sans cesse dans l’adversité, ils ont évolué. Et j’étais heureux. Ils étaient à mon image. Ils créaient pour leur plaisir, ou leur besoin. Parfois, j’en vins à me dire qu’ils étaient comme Moi. Et les siècles passèrent, la vie continua, et leur faim se fit de plus en plus grande. Et leur soif de savoirs, de pouvoirs, de liberté, de vivre en devint insolente. Je suis à ma place, je fais ce que je dois faire. Ils ont tout oublié de Moi et le combat commença.
Ils ne comprennent plus ! Ils ne se rappellent plus ! Mais Je suis celui qui va tout rétablir ! Ils m’ont défié ! Alors je crée tous les jours de nouveaux maux, maladies du corps, maladies de l’âme, de leurs âmes corrompues. Je vais leur montrer qu’ils auraient dû continuer à me craindre ! De suivre leur voie, en restant à leur place ! J’ai créé les sinistres ! J’ai inventé les ouragans et les tornades ! La terre tremble de ma fureur de voir mes créatures favorites, mes amis de longue date, mes fils me trahir de la sorte ! Ils ont oublié que j’ai créé la mort ! Ce destin qu’ils cherchent à fuir mais qui rend chacun de leurs instants de vie si puissants et si précieux ! J’ai créé la beauté ! Et quelle est plus belle beauté que celle qui est éphémère ? Les fous ! Comment ont-ils pu oublier ? Je vois à travers les montagnes, je vois à travers les cœurs ! Ceci est mon domaine ! Le mien ! J’ai forgé les horizons ! J’ai forgé tous ces lieux ! J’ai créé le grand arc céleste !
Je suis tout, je suis le néant, je suis… Le forgeron des cieux.
Les sanglots d’Odin…
@Laucdair Tu peux l’interpréter comme tu veux 😉