“`Personnages principaux : IG, IN, et JY“`
« Voyons voir celui-ci… »
Maureen ouvre le message vocal et le lit intégralement. Elle réalise alors qu’elle a oublié d’annoncer l’essentiel du message dans son « voice » et ne sait se retenir.
Elle envoie alors une suite de trois emojis éclatant de rire. Et comme si cela ne suffisait, elle la fait suivre d’un « sticker » affichant un personnage carrément à terre dans un éclat de rire insaisissable.
Luc se déconnecte. Les amis comprennent alors la situation, car la comédie de la part de Maureen, ils y étaient habitués. Mais une réponse amusante de la part de Luc, c’était une première. Laurène s’exprime alors, répondant sur le sticker de Maureen.
– On a assez ri comme ça. Communique maintenant la date.
Jean-Yves tombe sur le nom de « Laurène » qui apparaît au-dessus de son propre message et se souvient de son idée de lui demander le numéro d’Irène. Il hésite, et enfin, une idée extrême lui glisse dans la pensée…
Irène Nuru n’a jamais écrit sur le groupe des étudiants de sa promotion. Probablement, elle est toujours occupée à lire, à calculer et à réaliser soigneusement des travaux laissés dans un tel cours ou tel autre, par un tel professeur ou un tel autre.
Une autre notification tombe sur son téléphone. C’est le dernier message vocal de la promotionnelle adjointe. Elle affirme enfin que la visite vers le laboratoire interviendra dans pratiquement une semaine, ce qui veut dire que le mercredi prochain sera complètement consacré à cette visite tant attendue.
Jean-Yves apprend la nouvelle et il paraît qu’elle lui est pratiquement égale. Il se met plutôt à scroller la liste des membres du groupe espérant tomber sur le numéro d’Irène Nuru alors que ce nom n’a jamais apparu sur le groupe. « Miracle ! S’écrit-il en sursautant. Je l’ai. »
Il est à noter que Jean-Yves est un fils unique de ses parents. Alors, il n’est pas très étonnant d’apprendre qu’il est souvent pris pour un petit roi. Il a souvent ce qu’il désire, et ce qu’il demande, il l’obtient. Ses parents ne lui refusent quasiment rien. Dernièrement, il s’agissait d’une salle de jeux presque complète, et il l’a eue en moins d’une semaine. Vous comprendrez par là qu’elle n’est pas de la classe moyenne cette famille-là hein !
« Salut ».
Jean-Yves lance une discussion WhatsApp avec un numéro inconnu qui a pour nom du profil « Irène ». Mystérieux non ? Pour vous… et pour moi aussi. Mais cela ne semble pas le cas pour notre cher monsieur. Il s’attend impatiemment à la réponse et allume l’écran de sa télévision pour regarder son programme favori : il s’agit d’un film d’action diffusé vers vingt-deux heure. Particulier, n’est-ce pas ?
Pierrot lui est un étudiant studieux. Il ne traine pas souvent avec des prétentieux tels que Luc ou Jean-Yves, et ne s’amuse sur les réseaux qu’un peu rarement. Il est au lit toujours avant vingt-deux heure, et ses côtes sont conséquemment toujours brillantes. Il vient toujours après la génie de l’auditoire : « Irène ». Et l’écart est généralement (très) serré.
Lorsque Luc et Jean-Yves se rencontrent, c’est là que l’affaire devient intéressante. Quand ces deux-là échangent, c’est toujours pour se mettre à la page par rapport à une telle ou telle autre nouveauté. Que ce soit vestimentaire, technologique, stylistique, informatique ou que sais-je… Ils ne laissent rien les échapper.
Aujourd’hui encore ils ont un différend :
– Je t’assure que les miens sont les plus au top. D’ailleurs, ce modèle n’a été lancé sur le marché que le mois dernier.
– Tais-toi petit joueur ! Réplique Luc. Tu ne sais même pas c’est quoi la qualité ; donc tu t’pousses. Mes « shoes » eux, n’ont pas besoin de faire valoir leur date de sortie pour briller. Ce sont les numéros un de la ville, de toute évidence en ce moment sans aucun doute….
C’est Maureen qui vient les interrompre.
– Au fait, bonjour à vous Jean-Luc.
– Et c’est reparti. Exprime Luc.
Cette erreur que Luc traite souvent d’ « impardonnable » est devenue une habitude pour Maureen. Des erreurs habituelles chez Maureen ne sont pas à chercher. Elle revient souvent sur des fautes déjà corrigées et recorrigées. Enfin, on ne sait si finalement elle le fait de manière volontaire ou plutôt artistique.
– Arrête un peu de nous mélanger comme ça ! Nous sommes très loin d’être jumeaux ! S’exclame Jean-Yves.
– Oh j’oubliais… désolé… Jean, Yves. (C’est presque la même phrase chaque fois qu’elle reçoit cette correction.)
– Et demain, tu referas la même erreur ! Pas besoin d’être prophète pour le deviner. Ajoute Luc.
– Là c’est toi qui me donnes des idées. Sourit Maureen.
– Tu ferais mieux de retenir ce qui est important, prétend Jean-Yves en usant de sa petite sagesse souvent étouffée.
– Bizarrement, il est temps de retourner étudier. Affirme Maureen, reprenant apparemment ses rôles de promotionnelle.
À la fin de la journée, tous les étudiants rangent leurs affaires pour le retour. Eric profite de l’occasion pour parler à Maureen sur un sujet :
– Tu t’es renseigné sur l’heure du départ pour la visite ?
– Pas encore, je le ferai. Promet Maureen.
– Et tu attends quoi ?
– Je le ferai… même le jour-j.
– Tu es sérieuse ! Et à quelle heure tu comptes arriver ce jour-là en question ?
– Oh ! Je vois. Je le fais alors de suite. Je vais voir si le coordonnateur est toujours présent.
– Tu as intérêt.
– Lequel ! Et d’ailleurs pourquoi toi tu ne le fais pas d’abord ! C’est toi le promotionnel oui !
Si Maureen passe la plupart de son temps à amuser la galerie, cela n’insinue pas qu’elle ne bascule jamais vers le mode « furieuse ». L’ironie est que même sa colère est amusante. Elle se dispute parfois ou souvent avec Eric. Ou plutôt, c’est à cette comédie que le promotionnel a régulièrement droit de la part de la chère Maureen.
– Mais non… j’voulais pas dire ça. S’il te plaît. Moi je dois rentrer rapidement ce soir, j’ai…
– C’est bon. Interrompt Maureen. Je n’ai pas été créée pour être suppliée voyons.
Puis elle disparaît pour aller se renseigner là-dessus. Dans le bus, Jean-Yves reçoit un nouveau message : C’est sa correspondante inconnue qui répond brièvement à la salutation d’hier. Il en est satisfait.
– Tu vas bien ? Ajoute-t-il.
– Oui
Il reste perplexe en recevant cette réponse sèche, et puis il attend… il gèle… il n’a pas encore ouvert le message et finalement il opte pour l’idée de faire semblant :
– Tu fais quoi ?
– C’est qui ?
« Cette fois, c’est sérieux » se dit Jean-Yves intérieurement. Puis il descend du bus à l’arrêt. Vous l’avez compris : Discussion reportée à plus tard.
– 8 !
– Tu es sérieuse Maureen ? :-) Objecte Laurène.
– A-t-elle déjà été sérieuse ? Ajoute Marine, une récente amie à Laurène.
– Franchement, là tu exagères, c’est quoi encore ce nouveau mystère ! (Message de Pierrot).
– Bein… justement, après 7, euh… oui : 7 ; vient le chiffre 8. Conclut Jean-Yves sur le groupe, inspiré par… il ne sait quoi.
Il est surpris de recevoir une réponse en privé.
– Je vois, tu es un étudiant de ma promotion ! Qui donc précisément ?
– Oups ! Jette un coup d’œil sur mon nom de profil carrément.
– Mais c’est n’importe quoi !
Jean-Yves avait abrégé son prénom sur son profil WhatsApp. Donc, à chaque fois qu’il réagissait sur le groupe, un mystérieux « JY » suivi de l’emoji aux lunettes de soleil apparaissait à côté de son numéro.
Eric ouvre la discussion du groupe et comprends immédiatement que son adjointe a choisi « la communication de l’heure du départ au laboratoire » pour amuser la galerie ce soir.
– Moi j’ai compris. (Message d’Eric sur le groupe).
Sa réponse est brève. Elle laisse tout le reste dans la confusion.
– Génial ! Le clip officiel est enfin disponible !
– Quoi !
– On va l’écouter ? Plaisante Marine.
– On va où avec des énigmes sur ce groupe ? Mon Dieu ! Crie Laurène littéralement.
Luc ne se trompe pas seulement quand il est en colère. La nouvelle technologie lui échappe très souvent. Malgré son apparence de taille, il arrive parfois qu’il fasse l’erreur d’envoyer sur le groupe un message destiné à un contact particulier.
Plus loin, ça lui arrive même de divulguer un sujet confidentiel ! Une fois, il a même annoncé au groupe que Jean-Yves était à la recherche d’une nouvelle partenaire. À qui souhaitait-il l’annoncer précisément ? Il ne l’a jamais dit. Il s’était juste excusé auprès de JY ensuite. Surement à Pierrot, ou plutôt à Eric ? De toute façon, qui sait !
Suite à cela, Jean-Yves ou plutôt JY n’a même pas imaginé lui demander un moyen d’obtenir le numéro d’Irène. Pour JY, faire ça serait « un risque à haute fréquence. » 🙂
Donc ce soir, tout le monde a un mystère à dévoiler. Les erreurs de Luc peuvent être régulières. Mais quand l’une d’entre elles possède une certaine forme énigmatique, la sonder reste réservé aux experts : parfois Irène, souvent Pierrot. Donc ce dernier comprend bien qu’il s’agit d’un message destiné à Jean-Yves. Jean-Yves l’a aussi compris. Donc, il continue en privé avec Luc.
Laurène semble l’avoir aussi compris, mais ça ne lui plaît pas du tout de se sentir comme étant la seule n’ayant rien compris sur les messages de ce soir.
– Luc, si tu as des telles informations à annoncer, ici n’est pas l’endroit idéal. S’écrie-t-elle dans un message écrit.
– Voici l’agnelle de l’auditoire qui ôte sa nature de « douce ». Déclame Eric, – s’inspirant de Jean 1 : 29, – en ajoutant un emoji souriant.
– J’allais dire : 8 heure oh ! Ceci est le troisième message de Maureen, et sa première phrase de ce soir ; car les deux premiers messages n’étaient que des simples mots.
– 8 heure a fait quoi enfin ! Crie Jean-Yves, qui est une fois de plus répondu en privé.
– Tu te crois malin sur le groupe, pourtant tu n’es qu’un simple peureux !
– Peureux ? Moi ?
– Oui. Présente-toi pour me prouver le contraire.
– Ooooh, n’t’inquiètes ! Ça ce n’est rien. Je le fais de suite !
– De toutes façons, tu n’as qu’à m’affronter physiquement, si tu es vraiment un homme !
– Ah bon ! Et comment sais-tu que je ne suis pas une femme ?
– Tu ne mettrais pas si longtemps pour te présenter.
Batterie déchargée ! Jean-Yves laisse son téléphone à la charge et allume la télévision. Maureen exprime enfin clairement que huit heure est l’heure du départ pour le laboratoire, Irène se connecte avant de dormir. Elle ignore les messages de la plupart d’étudiants, et parcourt les différents messages du groupe. Elle a compris la comédie de Maureen, l’expression de Marine, et la légère colère de Laurène. Elle sourit, rit, (et) éclate…
© Majoie Miji, Juillet 2023