Elle sourit, rit, (et) éclate III

8 mins

“`Personnages principaux : IG, IN, et JY“`

 

 

– Salut Jean-Luc.

– Jean-Luc ton arrière-grand-père oui.

– Ah ! Luc, ce nom vous va en merveille ! Pas facile de s’en passer.

– Tu ferais mieux de ne pas t’en passer de ce qui est essentiel !

– Toi c’est ton habitude ! Le sage « JY ».

 

Une étudiante passe par là, et entend Maureen prononcer une abréviation qui lui est familière. Jean-Yves trouve cette discussion ennuyeuse, et se déplace de là. Alors « Irène » (Puisque c’est comme ça qu’elle s’est nommée sur WhatsApp) arrive et aperçoit Maureen qui n’avait en face d’elle que Luc.

 

« Ce monsieur aux mille charismes est donc ce mystérieux qui essaie de me rapprocher par téléphone ! » se dit-elle silencieusement. C’est ici qu’une précision très capitale s’avère très nécessaire d’être relevée.

 

 

 

Le problème vient du fait que dans chaque promotion d’université, il y a toujours des personnes qui préfèrent la discrétion et parfois même la solitude. Certains ne sont vraiment pas connus, même pas de leurs voisins les plus proches ; pour être « Maureenment » précis ! 🙂

 

Dans cette catégorie d’étudiants, nous trouvons une certaine « Irène » qui n’a réagi sur le groupe de la promotion qu’une seule fois. Ce jour-là nous pouvons dire, c’était une « comédie pour elle » de la part de la promotionnelle adjointe. Alors, elle a juste soumis un emoji qui souriait. Et depuis lors, son prénom « Irène » apparaît toujours à côté de son numéro dans la liste des membres du groupe sur le téléphone de Jean-Yves.

 

Celle-là, c’est Irène Georges, et non Nuru. JY a ignoré et ignore encore ce détail se mettant à parler à l’une croyant que c’était l’autre. Et le comble dans tout ça, c’est qu’ « Irène Georges » ou plutôt « IG » prendra désormais Luc (réel) pour JY (virtuel). Depuis lors, elle a essayé de mettre l’affaire de présentation de côté, et s’est contentée de continuer paisiblement son aventure numérique avec le personnage « mystérieux ».

 

Une fois, ils ont eu une discussion à ce sujet :

– Comment se fait-il que tu ne cherches plus à me connaître pour continuer à me parler ?

– Qu’est-ce que tu crois ! Je t’ai déjà vu, c’est suffisant oui !

– Ah bon ! Tu m’as vu à l’université ! Et comment tu as su que c’était moi ?

– J’ai entendu quelqu’un t’appeler.

– Vraiment ! Donc tu connais déjà mon nom ?

– Pas vraiment. Seulement ton fameux surnom.

– Et quelqu’un m’a appelé comme ça ?

– Oui JY.

– Tu ne cherches donc pas à en savoir le sens ?

– Non JY.

– Pourquoi donc ?

– Toi seul le sais ce pourquoi. Si non, tu me l’aurais dit ce sens du JY.

– Vraiment ?

 

Cette dernière question, pour une telle ou telle autre raison, n’a jamais été répondue. Seules les filles des universités savent cette raison. Celle pour laquelle elles abandonnent délibérément une discussion torride en pleine interrogation. Et quelques jours s’écoulèrent au même rythme.

 

Une autre fois, à la grande pause de midi, Jean-Yves croise brusquement Irène Nuru ou plutôt IN, en pleine causerie avec Marine, et essaie de glisser une salutation « embarrassée » munie d’un sourire déséquilibré, à celle qu’il a toujours aimée. Celle-ci répond froidement, puis poursuit simplement son chemin avec sa compagne.

 

 

 

JY qui s’attendait à une réaction un peu plus particulière, est très marqué, voire… frappé par cette indifférence jugée « anormale » de la part de celle qu’il prend pour cible. « Je dois tirer cette affaire au clair. » Décide-t-il, puis se dirige brutalement vers l’auditoire. À l’entrée, il n’aperçoit pas IG (Irène Georges) qui se tient juste là, à côté de la porte, et la heurte brutalement.

 

– Es-tu aveugle ! Regarde un peu où tu poses les pieds !

– Pour qui vous prenez-vous, est-ce ainsi que l’on s’installe sur le passage ?

– Et qu’es-tu pour me donner des conseils ! Mon nouveau père ! Hein ? Dis-moi que j’le sache !

– Et pourquoi pas un peu plus que ça… Réplique JY d’un ton ironique désintéressé.

– Est-ce que tu… tu t’entends parler ! Déclame IG.

– Arrêtez d’en faire un tas madame, je m’excuse. Voilà ; c’est ça que tu espérais entendre n’est-ce pas !

– N’importe quoi ! Je, jjjj….

 

Une voisine à IG vient l’interrompre et l’accompagne à sa place, l’aidant à se calmer. Cette amie, elle se prénomme Sephora. Et si IG parle à quelqu’un à l’université, c’est à elle.

 

 

 

Comme je l’ai déjà encore dit, IG ne s’exprime presque jamais. Elle se rend compte certes qu’elle commence à éprouver un peu de sentiments pour le mystérieux personnage de WhatsApp. Mais hélas, elle n’en a parlé à personne ! Même pas à Sephora, même pas à Luc, le « prétendu » auteur du « numéro dénommé JY sur WhatsApp ».

 

IG est souvent discrète. Non seulement physiquement, mais aussi virtuellement. Elle écrit très rarement sur WhatsApp pourtant, c’est quasiment le seul réseau social qui apparaît sur son smartphone.

 

Elle a téléchargé un certain « Threads » très récemment, c’est là qu’elle échange « occasionnellement » avec sa nouvelle amie Sephora. En bref, elle parle un peu avec Sephora sur Threads (ou basculant sur la messagerie d’Instagram), et beaucoup avec JY sur WhatsApp.

 

– Bonsoir.

– Bonsoir, ça va ?

– Oui et toi ?

– Un peu.

– Et pourquoi un peu ?

– Un salaud a gâché ma journée.

– Où ça ? Et comment !

– À l’université.

– Curieusement ! J’ai eu presque la même scène aussi.

– Comment ça !

– Une « dure à cuire » a également tout fait pour biaiser le cours de ma journée.

– Et tu m’as pourtant dit que tu allais bien.

– Imagine, c’est une salle habitude que l’on a quand on chatte.

– Donc tu chattes souvent.

– Oui oui.

– Très souvent ?

– Ouais.

– Et avec plusieurs personnes ?

– Oui.

– Pendant des longs moments ?

– Bien sûr !

– Et plus que tu ne le fais avec moi ?

– Mais où veux-tu en venir ?

– Réponds-moi d’abord.

– Non, mais… Ça fait trop de questions comme ça ! Ce n’est pas un parquet ici quand même.

– C’est ainsi que tu me réponds ! Okay.

– Non, je m’excuse ; c’était pour plaisanter.

 

– Donc Maureen t’a confié son métier !

– Tu es drôle. Bon, je m’excuse.

– Il y a souvent des filles parmi les personnes avec qui tu chattes ?

– Ouf, et c’est reparti.

– Et vous parlez souvent de quoi ?

– Enfin !!!!! Une chose est sûre : tu es la seule que j’ai cherché discrètement et avec qui j’ai échangé secrètement ; et pas moins qu’honnêtement.

– Et ça veut dire ?

– Tu es la seule que j’ai aimée sincèrement.

– Franchement ?

– Oui, très sûr.

– Certains ?

– Exact.

– Je peux alors te faire une demande ?

– Vas-y je t’écoute.

– Tu me promets que tu le feras ?

– Je ne sais que c’est, comment m’hasarderai-je à te promettre quoi que ce soit !

– Par amour… Oui, tu dois prouver ton amour pour moi, celui que tu as écrit.

– Ah mais franchement. Il est naturel ! Il n’a pas besoin d’être éprouvé.

– Tu crois hein ? Moi je crois que si.

– Non… je crains ta demande.

– Tu n’as rien à craindre. Je suis d’ailleurs moi aussi affectée par cette maladie.

– Tu, tu… tu es malade ?

– Oui.

– Tu souffres de quoi ?

– De l’amour.

– Sérieusement ?

– C’est plus fort que moi. (Suivi d’un emoji amoureux.)

– Tu me fais rougir là…

 

Ils ne voyaient pas le temps passer.

– Allez… Il sera bientôt minuit ! Il faut qu’on se réveille tôt demain pour la sortie.

– Et alors….

– Donne-moi la permission de parler.

– Tu peux, demande ce que tu veux, je le ferai.

– Promis ?

– Comme tu veux. (JY fait suivre ce message de l’emoji qui hausse les épaules.)

– Demain…. Quand on sera en visite au labo… (IG hésite, puis émet un sourire exquis jaillissant sur l’intégralité de son radieux visage.)

– Quoi ? Dis tout. Je promets que je le ferai.

 

JY s’attend à une demande paisible, vue la douceur qui anime les derniers messages de cette soirée. Ou plus précisément, cette nuit. C’est ainsi qu’il tombe sur une notification choquante !

 

Une étrange dextérité jaillit le long des doigts d’IG. « Fais que nous nous rencontrions physiquement demain. »

 

Il se fige, il se plante et carrément bouche b, il éteint son smartphone et se jette dans son lit se torturant la pensée : « C’est sûr que ce ne sera pas facile de l’aborder… Ceci n’est pas ce à quoi je m’attendais… Avec toutes ses qualités ! Moi qui suis-je d’abord. Qui suis-je pour entretenir une relation sérieuse avec elle ? Elle ne me connait peut-être pas très bien… Elle ne m’a sûrement pas très bien détecté… C’est sûr, je ne suis pas celui qu’elle croit que je suis… Si non, elle aurait dû d’ailleurs ne serait-ce que répondre à mon sourire ce matin oui ! Non… Ce n’est pas vrai… » Et le sommeil l’emporte.

 

Instabilité, mouvements et secousses sont en conflit au bord du bus qui transporte les étudiants vers un milieu qui leur paraîtra sûrement nouveau rempli de nouvelles choses à découvrir, et en même temps à apprendre. Mrs. Anastasis et Mr. Paul sont les deux professeurs de l’université qui les serviront de guides, et le trajet est sens dessus dessous.

 

Le chauffeur fait du mieux qu’il peut pour maintenir la moindre stabilité, mais hélas… Un grand coup de secousse surgit, et tous les étudiants lancent un cri de panique. Tous ? Peut-être. Maïs peut-être que certes, il y a eu un certain Luc qui lui n’a sûrement pas crié dans son coin. Une chose est sûre : Tout le monde a paniqué.

 

 

Un autre coup secoue les étudiants et lance brutalement et confortablement IG entre les bras de JY. Les deux victimes s’observent… ils se contemplent… ils observent un moment de silence… les cœurs battent… ils soupirent… inspirent… expirent… respirent…

 

De plus en plus proches, ils s’approchent des yeux… s’approchent du bout des nez… finalement, les quatre bouts des lèvres sont sur le point de se toucher lorsque surgit une nouvelle secousse assez légère, obligeant JY à saisir tranquillement sa proie qui est sur le point de se glisser.

 

Se glisser au sol, elle l’a manqué. Mais alors, elle se glisse dans un rêve… Lequel ? Un rêve où elle est soutenue par son tendre amant… un rêve où elle récent l’amour de plus en plus proche d’elle… un rêve où la douceur se sent du bout des doigts… un rêve où tous les oiseaux entonnent une mélodie en monodie, et nulle oreille ne résisterait à une telle harmonie.

 

Elle communique ce rêve à son partenaire… Et il se plonge aussi dans cette euphorie… La terre tremble, le cœur bat, les cœurs battent, l’amour circule, la tendresse se glisse et finalement les lèvres s’approchent… se rapprochent… elles s’opposent… un peu plus… et encore… de plus en plus… jusqu’au prochain coup de secousse. Celui-là, il n’est pas « revial ». Yeah, ce coup-là n’est pas rêvé.

 

Il plonge brutalement les deux rêveurs dans une réalité difficile à digérer. Il les affronte et les confronte avec fracas à leur(s) différend(s) du monde réel. Jean-Yves ouvre les yeux et à peine il s’aperçoit de « qui repose dans ses bras », il la relève brusquement et s’en dégage, s’en débarrasse.

 

« Pourquoi je dois toujours faire face à celui-là » se dit Irène Georges d’un son intérieur, mais audible. JY l’a sûrement entendu, et réplique de sa façon : « Je me demande pour quelle raison elle a atterri ici… » Avec des yeux qui toisent.

 

Finalement, le bus freine, et tout le monde est heureux d’apprendre qu’ils sont tous arrivés sains et saufs. Mrs. Anastasis s’avance et entre dans la cour, puis elle fait signe au reste de la suivre.

 

Tout en se dépêchant derrière les deux guides, Laurène atteint Irène Nuru et se met à lui raconter :

 

– Tu sais, quand le bus secouait à vive allure,

– Oui, et…

– J’ai aperçu cette fille-là qui s’est disputé hier avec Jean-Marc…

– Jean-Marc ou Jean-Yves ?

– Ah oui, Jean-Yves plutôt.

– Oui, et qu’a-t-elle fait ?

– Tu ne pourras imaginer ce qui s’est passé je t’assure !

– Quoi ça ?

– Elle est tombée pile ! Tout droit dans les bras de Jean-Yves.

– Ah bon ! Arrête de me faire rire. C’est vrai ça ?

– Je t’assure.

 

– Et qu’ont-ils alors fait ensuite ?

– D’abord ils s’observaient tendrement, ils étaient même sur le point de se baiser l’un l’autre.

– Et ils l’ont fait ?

– Je ne sais… Un autre coup de secousse m’a déstabilisée et quand je les ai regardés à nouveau, ils n’étaient plus l’une entre le bras de l’autre.

– Intéressant.

– Vraiment ! Mais ça n’a pas assez durée ; et cette fille, elle était déjà debout. Très debout même ! J’aurais souhaité que cette « tendresse » dure encore un peu plus longtemps ! C’était beau à voir… si beau je te dis.

– Humm…

 

Irène soupire, elle n’a pas idée du nombre d’imaginations et plaisanteries qui lui circulent par la tête. Elle sourit, rit, (et) éclate…

 

 

© Majoie Miji, Juillet 2023

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