Si nos âmes se trouvaient dans la prunelle de nos yeux chapitre 1

14 mins

Chapitre 1 

hôtesse d’accueil (entretien d’embauche) 18 octobre 2022

Lorsque je me présentai à un entretien d’embauche, la matinée commençait à être longue. Je savais que cette journée allait être terrible. Terrible ? Parce qu’elle m’avait semblé durer une éternité ! Et elle venait juste de terminer. Je venais de finir mon test de culture général, en terme général, on appelle ça, un test psychotechnique. Enfin ! Et je m’apprêtai à rentrer chez moi pour diner. A vrai dire, je suis plutôt chez ma fille. Je suis logée chez elle en attendant que ma situation s’améliore. Soudain une femme me demanda de la suivre. C’est ce que j’ai fait. J’entrai d’un pas assuré, me dirigeai vers la chaise et m’assis. C’est alors que l’entrevue commença…

 « Nous allons nous présenter, si vous voulez bien ? 

– Oh oui, aucun problème !

– je suis Véronique B et voici Emmanuelle.

– enchantée, je suis Neary.

– alors, vous êtes ici pour un poste d’hôtesse d’accueil ? Parlez-moi un peu de vous, de votre parcours professionnel jusqu’à maintenant. 

– Tout d’abord, j’étais couturière chez Christian Lacroix. J’étudiais la mode à l’école syndicale de la haute couture parisienne ; J’ai été obligée, ce n’était pas le métier que je voulais faire. Je voulais continuer mes études pour devenir journaliste. Mais, pas évident pour moi quand je n’ai pas eu de soutien. Ensuite, j’ai quitté ce métier et je me suis retrouvée à faire des petites missions d’intérim par-ci par-là, histoire de combler mon compte en banque. 

– d’accord, vous pouvez gérer les appels téléphoniques, l’accueil physique et d’autres travaux de secrétariat ? Demanda-t-elle en m’examinant d’un air dubitatif. 

– oui, bien sûr, je sais gérer tout ça ! J’ai 3 ans d’expérience dans l’accueil répondis-je. 

– très bien, au fait, nous recherchons quelqu’un de sérieux qui est capable d’interagir avec les clients. »

Je ne dis pas un mot et je l’écoute attentivement. 

« Et…dans votre CV…vous avez affirmé que vous travailliez dans tous les domaines ! Et récemment vous avez travaillé chez Milleis, une banque privée.

– oui, j’occupais un poste polyvalent. 

– et vous faisiez quoi ? 

– je répondais aux appels téléphoniques, entrant, sortant. J’affranchissais des courriers nationals et internationales, saisie des recommandés, répondre aux e-mails, dispatching des courriers en interne etc…je peux vous donner plus de details si vous voulez ? »

La jeune femme, je dis la jeune femme, mais, elle devait avoir plus de 50 ans. Enfin, mon âge quoi !!! Celle-ci observa mon CV et réfléchit en regardant sa collègue, l’air de dire « on la prend ou on la prend pas ? » elle finit quand même par me répondre. 

« D’accord ! On vous rappelle dans deux jours. Donc jeudi, puisque nous sommes le mardi 18 octobre 2022.

– euh…c’est tout ? C’est déjà fini ? Dis-je.

– oui, c’est tout !

– d’accord ! » un peu déçue de cet entretien. Franchement, je n’ai jamais vu un entretien de cet envergure. Un entretien aussi intense. Mais, je vais donc l’utiliser à mon avantage pour la prochaine fois. Je sais d’avance qu’elle ne va pas m’appeler, mais, m’envoyer un e-mail. Peut-être a-t-elle peur de ma réaction. Je me levai brusquement et me dirigeai vers la sortie d’un pas décidé. Je n’étais pas pressée, je me décompressais. En traversant le parking, le vent soufflait drôlement fort suivie d’une petite pluie fine qui ébouriffait ma chevelure grisonnante et le vent m’empêchait de voir ou j’allais mettre les pieds. Les arbustes, les rues, les buissons de ronces avaient un aspect étrange. On aurait dit que je passais d’un monde à l’autre, d’une dimension à l’autre. Mais, comment est-ce possible ? J’ai du rêver ! je me rends compte que c’était impossible de rêver en étant éveillée ! Tous le décor, les immeubles, les rues, les arbustes et les buissons de ronces et même les personnages sont devenus comme des cendres. Mais, j’ai remarqué que ces cendres défiaient les lois de la nature. Les cendres remontaient, elles ne tombaient pas vers le bas. Elles frôlaient le sol et remontaient aussitôt comme si elles étaient aspirées par quelque chose d’invisible. 

Oh toutes mes excuses ! Ou sont passées les bonnes manières ? Je m’appelle Neary, je suis une personne sensible et empathique. Je ne suis pas du genre à baisser  les bras. Tant pis, si l’entretien se passe mal ! Il y en aura d’autres ! Au fait, j’ai eu un don extraordinaire. Je ne sais pas si on peut appeler don, mais je pouvais gérer sans problème toutes les situation improbables. Malheureusement toutes les possibilités avaient été épuisées. Je n’ai pas été retenue pour le poste d’hôtesse d’accueil. Comme je l’ai cité plus haut. La personne m’avait envoyé un e-mail : 


Bonjour Mme NEARY 

Nous tenons à vous remercier pour votre disponibilité et votre professionnalisme lors de l’entretien de recrutement en date du 18/10/2022 pour le poste d’hôtesse d’accueil. Nous sommes toutefois, au regret de vous informer que nous ne donnerons pas suite à votre candidature.

Véronique B 


C’est typique des e-mails qu’on vous envoie pour ne pas vous froisser. Mais sachez ceci mesdames, messieurs, en désespoir de cause, j’envisageais d’autres alternatives. C’est à dire m’inscrire dans tous les cabinets de recrutement, j’ai appris aussi qu’on ne dit plus boite d’intérim, mais, cabinet de recrutement. J’ai eu quelques appels, mais, on me dit qu’il faut la voiture et moi, je n’ai pas de voiture, et je n’ai pas de permis non plus ! C’était du moins ce que je croyais comprendre. J’aurais dû me douter qu’il y avait d’autre moyen d’y parvenir. Le transport en commun ! Mais, à Toulouse, dans certaines régions, le transport en commun n’est pas bien desservie. Donc, je vais devoir me débrouiller encore une fois. N’allez pas imaginer que je vais baisser les bras ! J’en avais plus qu’assez de devoir donner autant d’effort pour trouver un emploi, de toute façon. Et je pense que c’est à cause de mon âge, j’ai 49 ans et beaucoup d’entreprises recherche des jeunes filles, jolies, bien foutues ! L’image de la jeune fille innocente. Qui est là pour représenter l’image de l’entreprise. Mais, il existent des femmes de mon âge qui entretiennent bien leur corps, sportive, dynamique et en bonne santé. Mais, je sais qu’il y avait autre chose, quand j’étais enfant, on m’appelait la « fille  bizarre » je n’étais qu’une enfant ordinaire. Je n’avais pas d’amis et je savais que le fait de voir des choses que les autres ne pouvaient le voir. Cela effraie les gens. Au fond de moi, je n’avais aucune envie de les effrayer et d’y passer le reste de mes jours dans l’ignorance. Il fallait que j’accepte ce don, ouvrir mes esprits, lâcher prise ! Dans un sens, l’idée de lâcher prise me plaisait, j’étais tentée. C’était probablement plus interessant que de rester dans l’ignorance. Seulement, ce n’était guère rassurant. Je devrais apprendre à contrôler mes émotions, à me protéger et contrôler les forces inconnues afin de protéger les habitants, les gens ; affronter toutes sortes de créatures serait mon lot quotidien. Car telle était ma tâche, et j’allais semblait-il devenir médium. 

« Qu’en penses-tu, toi, Emmanuelle ? Demanda véronique B à sa collègue. 

– je pense qu’elle ne fera pas l’affaire, elle est très étrange. Il faut passer à autre chose », répondit-elle. 

Véronique hocha la tête et se tourna face à la fenêtre de son bureau. À cette distance, le parking lui semblait vide, comme si c’était le soir, alors qu’il n’était que 15h00. Puis, haussant les épaules, elle déclara…

« Ce n’est déjà pas une vie facile pour une femme seule, alors, pour d’autres la vie leur sourit…! Vous pensez qu’elle vient d’un autre monde ? 

– c’est une médium, elle sera notre sujet d’observation dans notre laboratoire C81, » affirma Emmanuelle en se redressant de toute sa taille. Même ainsi, sa prestance arrivait au même niveau que sa collègue, Véronique. Soudain, celle-ci sourit. Personne ne s’y attendait. Son visage semblait fermé, et jusqu’à cet instant, elle avait paru redoutable. Son chemisier blanc lui donnait l’allure d’une femme qui a de la poigne, une femme sérieuse, mais quand elle vous regardait dans les yeux son expression évoquait plutôt celle d’une femme ordinaire prête à tout pour vous déstabiliser dans n’importe quelle situations, même les plus délicates. 

La couleur de ses cheveux était brun, coupe carré plongeant, maquillage parfait. Elle avait les yeux verts ou bleus, je ne sais pas trop. Il me semble que ses yeux changeaient de couleur. En revanche, il y avait un détail interessant chez Emmanuelle…elle est vicieuse. Ça, bien sûr, je l’avais remarqué à l’entrevue. Mais, je venais seulement de remarquer qu’elle aimait plaisanter. Cette particularité me plaisait en tout cas. 

« Combien de recrues avons-nous Véronique ? Demanda Emmanuelle, coupant le fil de ses pensées.

Elles passèrent aux choses sérieuses…

– à peu près une douzaine pour l’instant. Si cela te conviens, on rappelle Neary, sinon il faudra attendre un peu. »

Emmanuelle opina ; le recrutement n’était pas encore terminé. Elles quittèrent le bureau et allèrent dans le laboratoire secret C81. Emmanuelle remit à Véronique une enveloppe Kraft écrit en lettre capitale PERSONNEL ET CONFIDENTIEL. Elles n’échangèrent pas de poignée de main. Il fallait respecter le protocole du covid19. Aussi, personne ne voudrait toucher cette cheffe d’équipe. Véronique se comportait bravement, tout en se tenant à distance de sa collègue. 

« J’ai à faire dans les environs, dit Emmanuelle. Je passerais au laboratoire C81 aux premières lueurs du jour pour tout préparé. Assurez-vous qu’elle ne sache rien, de ce que nous allons faire d’elle ou alors allez la chercher. Je n’aime pas que l’on découvre notre activité. »

Dès qu’Emmanuelle se fut éloignée, véronique se sentit un peu soulagée…

« C’est une nouvelle aventure qui commence, alors. Je m’en vais aussi ! », se dit-elle.

Quand j’entrai dans la cuisine, ma fille me regardait en souriant. Je l’aime beaucoup. Elle est chaleureuse, attentive, et amicale. Elle a été une bonne chose pour moi : elle a le don de vous rendre joyeuse, heureuse. C’est vrai qu’elle est jolie, belle physiquement ; toujours soignée, aussi sa peau irradie à la lumière des jours. 

« Je risquerai d’être prise cette semaine chérie, lâchais-je. J’ai le pressentiment qu’on va m’appeler à la première heure pour une autre offre d’emploi ou bien me proposer un autre poste.

Son visage s’éclaira…

« Tu crois que c’est à cause de ton don de médium maman ? S’il accepte de te prendre, tu seras peut-être confronter à l’inconnu ! 

Je hochai la tête.

– chérie, je ne sais pas ce qui va se passer. Mais, quelque chose me dit que quelqu’un dans le groupe viendra me chercher… j’ai l’ultime conviction qu’il m’accorde quinze jours d’essais, je crois !

– dois-je te féliciter ? Ou pas ? Je suis sûr d’une chose. C’est que tu seras confronter à quelque chose d’inconnue. C’est une autre personne qui viendra te chercher. » 

Il m’arrive de voir des choses dans le noir, et un peu de lumière permet de les tenir à distance si je veux trouver le sommeil. Lovéa vint vers moi et m’entraîna autour d’une table et pria de m’asseoir. C’est sa façon de m’annoncer quelque chose. Elle finit par me dire en prenant mes mains dans les siennes. 

« Écoute, maman ! J’ai quelque chose à t’annoncer. Je vois des choses comme toi ! Mais, il y a juste un petit problème…ces choses que les gens ne voient pas. Je ne sais pas comment les contrôler ! Alors, lorsque je les vois, je les ignore et ils me laissent tranquille après. Les êtres invisibles me font peur.

– je sais chérie, il faut que tu ouvres ton esprit, je veux dire ton troisième œil. Ces esprits demandent qu’on les aide. Il faut accepter ton don chérie.

– oui, mais, je n’arriverai pas. « répondit-elle. 

Je me tus, pourtant, il y avait du vrai dans ces paroles. Je me levai et retirai mes mains dans les siennes, et vit son visage s’attrister soudain. 

« Euh… Tu feras attention à toi maman ! »

Elle paraissait si déçue que je me sentis toute malheureuse à l’idée de la laisser seule avec son copain et de partir pour C81. Je savais qu’il y avait quelque chose à voir avec le C81, et je ne me trompais jamais. 

« Je reviendrais à la maison, ne t’en fais pas ! » promis-je. Elle s’efforçait de sourire, et je la serrai fort dans mes bras. 

« Tu pourras toujours compter sur moi. Appelle-moi si tu as besoin de moi. 

– oui, je sais ! C’est pour ça que tu es ma fille. Restez bien à l’abri ! J’ai dit la même chose à tes frères. »

Plus tard, dans la soirée, je m’assis à table pour dîner, sachant qu’au matin, je partirai. Comme d’habitude, je fixais l’assiette, attendant poliment qu’elle vienne dîner. J’eus alors un sourire qui lui met du baume au cœur. La lumière dans la salle à manger répandait une faible lumière jaunâtre. Hé oui ! C’est la crise d’énergie en ce moment ! On doit allumer avec des bougies comme au bon vieux temps !! Le chandelier posé sur la commode était si bien nettoyé que nos visages s’y reflétaient. La commande aussi avait droit à une touche de neuf. La maison était impeccablement propre, aucunes poussières ne traînaient par-ci, par-là. Si Lovéa prenait presque toutes les décisions pour son avenir et son bien-être, hé bien ! Je suis la maman la plus heureuse de la terre. Dans certains domaines, elle faisait à son idée. Tandis que nous attaquâmes nos portions de bourguignon fumant, je fus frappée de voir combien elle semblait plus jolie qu’avant, ce soir-là, jeune et dynamique. Aussi, j’eus l’impression qu’un voile de tristesse assombrissait de temps à autre son visage. J’animai en servant le bourguignon à Lovéa. 

« Mange, chérie. Ça va être froid ! Je suis sure que tu as faim. » et toutes les deux nous mîmes à argumenter de notre avenir. C’était le genre de dialogue amical qu’on peut avoir avec son enfant, et j’y prenais plaisir. Cependant, j’avais déclaré, que j’en avais assez de la voir comme ça. Indifférente aux coups d’œil de mon enfant, je tendis la main pour attraper la salière et la renversai accidentellement. Un petit cône de grains blanc se forma sur la table. J’ai pris une pincée que je lançais par-dessus mon épaule gauche. Selon une superstition, gaspiller le sel attire le mauvais sort, et ce geste est censé le conjurer. 

« Il est inutile d’ajouter du sel à ce plat, de toute façon, me réprimanda-t-elle. Cela gâcherait le bourguignon. Et cela serait immangeable !

– désolée, chérie ! M’excusai-je. Tu as raison, ce bourguignon est parfait. 

Je lui sourit, puis je me tournai vers elle. 

– ça va, chérie ! Affirmai-je. Je suis contente d’être là, à tes côtés. 

– eh bien, moi aussi, fit-elle en remuant la tête, j’ai plusieurs choses à te dire. 

– veux-tu qu’on aille dans le salon après le dîner, que nous ayons une petite conversation ? » dis-je. 

Ainsi, nous fûmes retirées dans le salon. Lovéa n’était pas du genre à faire des embarras. Elle commença simplement par me dire ce qu’elle comptait faire. Je fixai la table basse, tapotant le plancher du bout du pied, quand elle s’approcha et s’installa face à moi. À part quelques mèches blondes qui tombaient sur le côté, elle n’avait pas changée depuis l’époque où je suis remontée à Paris pour reprendre une affaire familiale. Hélas, l’affaire a mal tourné et je me suis retrouvée comme une conne. Enfin ! C’est compliqué les histoires de famille. Son regard était vif, et, toutes les épreuves qu’elle a traversées était l’image de son vécu, de la réussite et de la santé. 

« C’est notre dernière occasion de discuter toutes les deux avant mon départ, dis-je. Tu franchis une étape importante de ta vie. Je vais devoir te laisser seule toi et tes frères. Vous allez apprendre à vous débrouiller sans moi. Si tu as quelque chose à dire, n’importe quoi à demander, fais-le maintenant. »

Cette question percute l’esprit de Lovéa ; mes paroles lui avaient fait monter les larmes au yeux, mais, le doute s’installe peu à peu. Le silence s’étira, troublée par le tapotement de mes pieds sur le plancher. Elle finit par soupirer. 

« Qu’est-ce qui ne va pas ? Tu me fais la tête ? Elle haussa les épaules. 

– arrête, je n’aime pas te voir comme ça, Lovéa, et écoute-moi bien attentivement. Avant toute chose, restez bien solidaire toi et tes frères, quoi qu’il arrive. »

Je me souvins de ses paroles, prétendant qu’elle aussi pouvait les voir, les êtres invisible, les ombres, les fantômes. « Je n’en suis pas sûre d’y arriver, chérie, avouais-je. Pour te rassurer, personne n’a envie de côtoyer un être doté de ce pouvoir. Les gens fuiraient dès qu’ils s’approchent de moi, et je serais toujours seule, sans amis. Encore moins d’affronter ce genre de situation. 

– ce ne sera pas aussi terrible que tu le penses. Tu seras en sécurité, toi et tes frères, si je partais loin de vous pour un long moment. Je trouverai vite un confident, tu verras. De plus, tu seras fort occupée dans tes études. Et moi j’aurais tant de chose à apprendre ; je n’aurai pas le temp de m’ennuyer. N’est-ce pas une opportunité pour toi ? De te consacrer à tes études ?

– si, bien sûre ; mais, je trouve effrayante de savoir que tu combattras des forces obscures. Je n’ai pas envie que tu partes. Une partie de moi désire que tu restes, mais, ce sera dur de te voir partir seule. Tu me manqueras maman. Tu nous manqueras. 

– je sais chérie, tu vas aussi me manquer. Je ne peux pas rester ici, insistai-je. Je vieillis, tu sais ! Mieux vaut que tu prennes une décision avant qu’il ne soit trop tard. Ma voix parut froide à ses yeux, plus sérieuse qu’à l’ordinaire. Que je m’adresse à mon propre enfant sur ce ton me troubla douloureusement que j’en eus le souffle coupé. Je n’avais qu’une envie. Aller me mettre au lit. Elle avait encore beaucoup à dire. Elle m’avait rarement entendue aligner tant de mots à la suite. 

– j’ai un devoir à faire, et je le ferais, repris-je avec fermeté. De plus, je le ferais bien. Je vous ai donné la vie, alors, profitez à maximum. Je suis encore en pleine possession de mes forces, j’ai encore le temps…bon, ok ! j’ai 49 ans. Disons que je suis un peu vieille. Cela fit longtemps que j’arpente le pays, accomplissant ma tâche. Bientôt, tu prendras ma place. Et, si tu ne fais pas jusqu’au bout de ton projet, qui le fera ? Qui veillera sur des gens comme toi et moi ? des gens ordinaires ? Qui les protègera des êtres obscurs ? Dans les fermes, les villages et les villes ? Qui assurera la sécurité des femmes et des enfants quand ils iront à l’école ? 

Elle ne savait que répondre et n’osait me regarder dans les yeux. Elle réussit du moins à ravaler ses larmes.

– j’aime t’avoir à mes cotés, poursuivais-je d’une voix plus douce. Toi, mon bébé, tu es devenue une jeune femme forte, en bonne santé. Mais, dans cette ville, toi et tes frères vous êtes les seuls qui soient semblable à moi. Tu as le don, tes frères aussi, mais, ils ne savent pas. Et nous avons la force d’accomplir ce qui doit être accompli. C’est notre devoir. 

Je me levai en concluant.

– bien ! Je suis contente que nous ayons eu cette conversation. Maintenant, nous allons dormir ! Demain est un grand jour, il faut que je sois en forme. » je la serrai dans mes bras et la regardai tendrement. Elle fit de son mieux pour paraître réjouie et me sourit ; mais, arrivée dans ma chambre, je m’assis sur le bord de mon lit, l’air pensif, ressassant ce que je lui avais dit. Lovéa est une personne qui a la tête sur les épaules. Je peux lui faire confiance.

Mon côté indigène m’a permis d’avoir cette particularité. Je connais bien les herbes et les potions magiques et beaucoup de formules pour invoquer les bons esprits. Lorsqu’une personne se présente mal, les habitants ne manquent pas d’envoyer quelqu’un venir me chercher. Dans la ville et aux alentours de Carmaux, Mazamet, les gens me devaient la vie. Je faisais ce qu’il y avait à faire, rien de plus. C’était aussi ce qu’on attentait de moi. Et je ne voulais décevoir personne. Après avoir réfléchit longtemps à cette question, j’allais m’installer dans man fauteuil en osier, tout crasseux, devant ma fenêtre et regardai à travers les carreaux. Mais, il n’est pas crasseux, c’est que les chats ont fait leur griffes dessus. Voilà pourquoi ce fauteuil est crasseux. Et à travers ces carreaux, la lune baignait d’une lumière incroyable, comme si cette lumière argentée imprégnait notre tristesse, nos soucis. Comme si on oubliait la journée qu’on venait de passer. Je distinguai au-delà du jardin, au-delà des champs, au-delà des pâturages. J’aimais ce paysage, j’aimais la montagne, perdue dans l’horizon, telle que je pouvais la voir de ma fenêtre. Depuis toujours, je me suis initiée au rituel du soir, avant de me mettre au lit. Je contemplais cette montagne que l’on nomme la montagne noire et j’essayais de visualiser ce qu’il y avait derrière. Je savais qu’on y trouvait d’autres prés, d’autres champs, et, plus loin, un village, une douzaine de maisons, une petite église et une toute petite école. Pourtant, mon imagination me faisait voir autre chose. Je me figurais de massif montagneux qui finissait en pointe, ou bien une forêt, ou une cité lumineuse, avec de hautes tours. En cet instant, néanmoins, en contemplant la montagne noire, je me souvenais aussi de mes peurs. De loin, ça allait ; mais je n’avais jamais eu envie de m’en approcher. La montagne noire, vous vous en doutez, n’avait pas été nommée ainsi par hasard…

d’après l’histoire locale, il y avait de cela longtemps, dans le village hautpoul, une violente tempête avait éclaté et avait détruit quelques habitations, et tous les villageois y avaient pris part. Cette tempêtes avait été l’un des pires qui soient. Une de ces étranges brumes noires surgit de nulle part contaminèrent tous le village hautpoul, où l’on se bat parfois contre l’invisible. Au cours du dernier hiver de cette catastrophe, une armée militaire s’était postée aux abords du village et mit en quarantaine. Ensuite, l’armée avait conduit les gens contaminés jusqu’à hautpoul, la montagne noire et depuis le dossier est classé secret. Il existait une autre version de cette histoire, mais on n’en sait pas plus. Moi-même je n’aimais pas aller du coté de la montagne noire, et même les chiens refusaient de s’y aventurer pendant leur promenade à la lisière du bois. Quant à Lovéa, sensible comme elle était à des choses que les autres ne voyaient pas, elle était incapable d’aller dans les pâturages proches, car elle pouvait les voir et les entendre. Elle entendait les gens crier, et les branches craquer sous le poids des pas. Elle entendait les mourants appeler à l’aide. J’avais dis qu’elle était semblable à moi. Ce qui est sûr, c’est que j’étais semblable à elle, je savais qu’elle aussi pouvait voir des choses que les autres ne voyaient pas. 

Un hiver, à l’époque où elle était encore une petite fille, les ombres venues de la montagne noire étaient si bruyantes et effrayantes, la nuit, qu’elle ne parvenait pas à retrouver le sommeil. Alors, je n’entendais et ne voyais rien ; Lovéa, si. Et elle ne comprenait pas pourquoi elles étaient venues. Je venais à son chevet chaque fois qu’elle m’appelait, alors que j’étais debout pour assurer toutes les tâches ménagères. Je finis par lui dire que j’allais m’en occuper. Une nuit, j’allais seule à la montagne noire avec ma lampe torche et m’aventurai sous les arbres. Quand je revins, tout était paisible et le calme dura plusieurs mois dans sa chambre. Sur un point j’étais courageuse…mais, j’avais tout de même peur. 


À suivre…










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4 Commentaires
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Haldur d'Hystrial
1 année il y a

Bonjour Neary. Je sens beaucoup de confusion dans ton texte. C’est parfois un peu difficile à suivre et je pense qu’il manque un travail de relecture par une autre personne (de ton entourage par exemple).

Il n’y a pas beaucoup de fautes, mais il y a de mauvaises tournure et beaucoup de répétitions. Par exemple ma fille, 5 fois dans le même paragraphe.
Une deuxième chose il manque de structuration dans tes pensées.

J’aime cependant ce personnage de 49 ans qui doit se battre pour survivre dans ce monde de fous, asiatique dans ce monde de blancs et et qui voit certaines choses que les autres ne voient pas. Cette montagne noire est intrigante, ce laboratoire secret également.

Il y a de bons éléments mais malheureusement la forme ne me donne pas envie d’aller plus loin.
Fais-toi relire, retravaille les textes, republie, tu auras beaucoup plus de succès !

Haldur d'Hystrial
1 année il y a

Hello. Enchanté également.
(je tutoie parce qu’on est sur un forum et que je tutoie tout le monde car je considère que nous sommes tous à égalité)
J’ai déjà identifié une chose.
Tu as une narratrice qui parle à la première personne. Moi j’aime bien parce que l’on s’identifie plus facilement au personnage, c’est ce que je fais dans mon roman.
Ors tout à coup tu fais intervenir deux personnes qui dialoguent alors que la narratrice n’est pas là. Ce n’est pas possible. Si tu veux pouvoir faire ça il faut un narrateur à la troisième personne. Tu perds le côté immersif mais ça te permettrais d’introduire des dialogues venant d’ailleurs.
Il faut aussi que l’on comprenne que l’on n’est plus en train de suivre ton héroïne, mais que l’on est dans un bureau ailleurs, tu peux introduire ceci en disant "Dans les bureaux de la société bidule, Véronique et Emmanuelle prenaient un café…" Et quand tu retourne près de ton héroïne tu le signale "Neary rentrait chez sa fille…". Certaines personnes mettent des signes entre les scènes pour que l’on comprenne les transitions. Par exemple :
* * *
ou
———-

Moi aussi je suis apprenti donc je n’ai pas encore tous les codes, mais voilà. Je souhaite pouvoir relire tout ça quand tu auras retravaillé.

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