Un mois après la mort de Koffi.
Pour Alya, la vie n’était plus la même depuis la mort de Koffi. Quelque chose s’était brisée en elle et elle avait le sentiment que les années d’insouciance étaient bel et bien derrière elle. La mort l’avait ramené trop brutalement à la réalité du présent et à ses responsabilités. Elle devait réunir les élus pour leur parler de son projet… pour la Palestine. Elle quittera la perle des Antilles dès demain pour aller au-devant de son destin. Avant cela, elle voulait voir Caleb qui s’était réfugié dans un mutisme inquiétant depuis l’annonce de la mort de Koffi. Il était très affecté et ne quittait que très rarement sa chambre. Son père n’avait pas réussi à lui parler et il était venu lui demander son aide. A quelques heures de son annonce, le loyalisme de Caleb était plus que jamais nécessaire. Elle frappa à sa porte et il l’invita à entrer.
– Bonjour Caleb, comment vas-tu ce matin ? Dit-elle de sa voix la plus douce.
Il ne prit pas la peine de lui répondre. Il lui fit signe de le rejoindre sur la banquette en bois sur laquelle il était assis. Alya garda le silence, les yeux baissés vers sa jupe comme pour évoquer quelques prières. Caleb avait ce regard perdu dans la souffrance qu’était la sienne et puis il se raccrocha à elle. Elle était belle dans sa robe couleur ivoire qu’elle mettait seulement pour les grandes occasions. Ses cheveux bouclés noir de jais étaient lâchés et couvraient entièrement le dos de la jeune fille. Ses yeux ronds couleur pain d’épices étaient encerclés de cils noirs et épais ce qui donnait à son regard un effet saisissant voir fascinant. Sa peau basanée rappelait leur terre de soleil et de mer, cette même terre qui était à l’origine de ses souffrances mais qui tout de suite lui donnait envie. Le silence n’était pas pesant, il les guérissait de leurs maux passés et peut être à venir. Soudain, elle ouvrit légèrement la bouche comme pour se convaincre de mettre fin à ce délicieux silence qui les enveloppait. Un de ces moments magiques que l’on ne vit qu’une fois dans sa vie et dont la force de résonance est décuplée quand les âmes sont meurtries. Le temps d’un instant, Caleb oublia sa peine, sa gêne, son histoire, la sienne et fixa sa petite bouche teintée de rose. Elle était parfaite se dit Caleb, elle était faite pour les baisers. Alors il l’embrassa.