J’ai des émotions en moi, multiples et divisibles;
complexes, émergentes, à peine visibles;
discrètes, et belles en surface comme des nénuphars,
sur une eau calme, aux fleurs illusoires.
Mais il flotte encore trop de sentiments plastiques,
aux allures seulement décoratives.
Un croissant de lune, pour un reflet de sommeil élastique
rend mes pupilles craintives.
Alors je m’habitue à voir le monde d’un œil plissé.
Ma cataracte de cœur se fait à l’idée.
Et l’existence devient un tissu à peine effleuré,
par des doigts si souples, que je m’étonne de les guider.
Une improvisation de pianiste quasi virtuose
pour caresser les choses de la vie,
décrit parfois des paysages aux sursauts trop moroses
pour que j’émette un quelconque avis.
Pourtant ces paysages sont les miens, mais ils me laissent muet
comme si j’étais plusieurs.
Sans même un long débat, aucun des moi ne sauraient en attribuer
un quelconque auteur.
L’eau a disparu, sous les fleurs flottantes
,
et Narcisse s’est trouvé un miroir.
Mon cœur a appris l’amour aux heures lentes
.
Et moi, la photosynthèse dans le noir.
C’était chantant, rythmé, j’ai aussi aimé le choix des nénuphars et du pont japonais de Monet.