I 52 avant Jésus-Christ : siège d’Alésia
Guerre des Gaules. Après sa victoire à Gergovie, Vercingétorix, au lieu de se contenter de ce coup d’éclat, poursuit le général romain Caius Julius Caesar pour sonner l’hallali. Ce dernier, abandonnant ses idées de conquête, avait pourtant décidé de rentrer piteusement à la maison…
Mais le Jules, loin d’être à l’agonie, se rebiffe. Il contrattaque, contraignant l’insolent moustachu et ses quatre-vingts mille guerriers à se replier dans Alésia. Les soixante mille légionnaires romains établissent deux lignes de fortification d’une quinzaine de kilomètres chacune, composées d’un fossé, d’un remblai et d’une palissade. Entre les deux, des trous au fond desquels sont plantés des pieux avec des pointes en fer.
Les assiégés, qui n’ont qu’un mois de vivres, se débarrassent des bouches inutiles. Ils expulsent d’Alésia femmes, enfants et vieillards. Comme César ne les laisse pas franchir ses lignes, les SDF n’ont pas d’autre solution que de mourir de faim. Deux cent cinquante mille Gaulois arrivent à la rescousse. Ils tentent une entrée. Concomitamment, Vercingétorix tente une sortie. Double fiasco.
Afin d’épargner ses hommes, le roi arverne dépose les armes et capitule sans condition. Grâce à son geste chevaleresque, ses guerriers pourront vivre paisiblement le reste de leur existence en esclavage.
Si ça s’était passé aujourd’hui :
Jules César aurait envoyé un commando détruire l’antenne-relais de téléphonie mobile d’Alésia. Un drone aurait lâché des tracts :
« Une place gratuite pour le prochain match de rugby ASM Clermont Auvergne–stade toulousain à tout combattant qui abandonne ! »
Un quart d’heure plus tard, sous la pression de ses guerriers, tous passionnés de ballon ovale et totalement désemparés sans leur portable, Vercingétorix (qui portait toujours des gants car il craignait l’air aux mains) aurait harangué ses troupes :
« César est un tricheur : ses méthodes de voyous ne sont pas autorisées par la convention de Genève ! Mais je vais quand même me rendre vers lui pour me rendre à lui. Par n’importe quel chemin puisque tous les chemins mènent à Rome. Bon match à tous ! »
Le conseil de sécurité de l’ONU, réuni en urgence, aurait, dès l’année suivante, « fermement condamné » cette « lâche agression contraire aux droits de l’Homme » qui aurait « privé les populations civiles de tout moyen de communication moderne ». Suite à une vaste campagne d’Amnesty international et la menace brandie par Bruxelles de sanctions financières contre l’Italie, César aurait libéré les prisonniers gaulois.
En fait, Vercingétorix ne se serait pas rendu mais rallié. Il aurait été élu secrétaire général de son nouveau parti la Gaule En Marche. En pleine Renaissance, il serait même devenu un des principaux conseillers politiques de l’auguste Jules.
II 177 : supplice de Blandine
Parce qu’elle se proclame chrétienne, la chétive Blandine, quinze ans, va servir d’apéritif aux lions de Lyon. Dans l’arène, attachée à un poteau, l’esclave romaine attend l’arrivée des invités. La foule s’impatiente…
Enfin, les bêbêtes à crinière arrivent. Ils hument la chair fraîche et se précipitent, la bave aux babines. Pour oublier son trac, l’adolescente pré-pubère chante des cantiques. Les rois des animaux s’arrêtent net. Ils la dévorent toute crue… mais seulement des yeux. Sont-ils mélomanes ? Catholiques ? Végétariens ?
Dépité, le maître de cérémonie flagelle la future sainte puis la met sur un grill brûlant. Enfin, il l’enveloppe dans un filet qu’il confie à un taureau, lequel la lance en l’air à grands coups de cornes. Punie pour son entêtement à rester vivante, Blandine est jetée en prison. Pour sûr, elle l’aura méritée, sa sanctification !
Appelé à la rescousse, un bourreau l’égorge.
Si ça s’était passé aujourd’hui :
Blandine, la reine de l’arène, se serait inscrite à The voice. Elle aurait charmé le jury lors des auditions à l’aveugle et aurait pulvérisé ses adversaires lors des battles. La lauréate aurait fêté sa victoire autour d’un barbecue, ce qui aurait mis hors d’elle une députée fémino-écolo-démagogiste :
« C’est un symbole de virilité ! Et pourquoi pas une bière, tant qu’on y est ? ».
L’adolescente serait devenue une star de la chanson, adulée par ses congénères au moins une année, avant d’être détrônée par le vainqueur de la saison suivante. Elle se serait par la suite lancée dans le doublage de voix. Son personnage le plus connu : Simba, dans Le roi lion.
Du signe astrologique du taureau, présidente d’honneur de la SPA, Blandine aurait mis sa notoriété au service du mouvement pour l’interdiction des corridas. Séduits par sa beauté, les parlementaires auraient voté une loi prohibant les numéros de dressages de fauves dans les cirques.
Enfin, invitée de l’émission « Témoins de son temps », elle aurait raconté les sévices qu’elle avait subis. L’opinion publique, bouleversée, aurait fait pression pour que toute forme de violence commise à l’encontre des mineurs soit pénalement condamnable. La fessée aurait donc été interdite sur tout le territoire.
Sauf entre adultes consentants.