Elle m’avait dit d’y aller.
Je me suis donc jeté.
Au diable la retenue.
Nulle part autant de rage
N’eut pu mieux s’extraire.
La glaise s’offrit aux mains expertes
de ma fureur refoulée
Jamais mots si neufs
n’avaient dégouliné
de ma coquille fracassée.
Et la douleur d’exploser !
Le spectre de la mort s’immole
En un feu d’enfer.
Elle m’avait dit d’y aller.
Je m’y suis plongé.
Et j’ai nagé
Dans les reflets de mon âme.
J’ai pirouetté dans les miroirs déformants.
J’ai brisé les glaces infamantes.
Mille ans de malheurs ont éclaboussé
Le labyrinthe de mes chemins.
La glaise s’est offerte aux nues.
Elle m’avait dit d’y aller
Et j’ai crié
Aux tourments de mes nuits.
J’ai hurlé, hurlé
Aux passants sidérés.
J’ai gueulé au monde
L’onde qui hantait le creux du ventre
Des mains douces palpent
La glaise nouvelle.
Elle m’avait dit d’y aller
Et j’ai frappé, frappé,
Cogné le portrait vengeur
dans l’encadrement vide de mes souvenirs !
J’ai boxé, boxé,
A en perdre haleine
A en perdre le souffle
Et la glaise a levé,
Dans sa gangue virginale
La terre a frémi
Elle m’avait dit d’y aller
Et j’ai crevé de rage
la baudruche du remord
J’ai griffé de visage de la honte
Et déchiré l’habit noir de ma prison.