XIII – RÉVÉLATION INOPPORTUNE (13)

4 mins

SOMMAIRE :

PROLOGUE ( SVP pas encore)

I– CHARITÉ FUNÈBRE

II– LA MORT RÔDE TOUJOURS

III– SUSPECTIONS COLLECTIVES

IV– JUGEMENT PARTIAL

V– OSTRACISME

VI– LA SÉPULTURE DE PIFANDA

VII– LE POINT DE NON-RETOUR

VIII– LE COURROUX DE BABAGNACK

IX– L’IMPRÉCATION

X– LE FAMLA

XI– CONJURATION MALÉFIQUE

XII– LE COMPTE À REBOURS


XIII – RÉVÉLATION  INOPPORTUNE 


                   Ignorant ce qui se tramait ou alors n’y tenant point rigueur, Babagnack était tellement concentré sur sa sorcellerie que justement il ne remarqua pas tous ces défauts qu’accusait le toit de son logis. Vers la fin de l’après-midi, les quatre notables survivants ordonnèrent au mari de Kumba, beau-frère de la neuvième Cheffesse, de grimper sur le manguier situé non loin de chez le concerné. Il était aussi connu comme étant le meilleur cueilleur de noix de palme du village de Ndiki-Nen.

À la tombée de la nuit, vers dix-huit heures et quarante-cinq minutes, il se rendit chez son collègue et adjoint, car il travaille toujours à deux.

– Bonsoir Somo, vient avec moi, nous avons du travail.

– Ah non ! Non et non Inubu ! Ma journée est terminée. Je veux rester avec ma femme…

– Bah, tu vas la cogner plus tard ta chérie. Ne fais pas attendre les importants. Justifie ce dernier.

– Mais enfin, pourquoi ne me l’as-tu pas dit plus tôt ? Et que nous veulent-ils ?
Demande Somo.

– Je vais te l’expliquer en chemin. Dépêche-toi ! Je ne veux pas d’histoires avec les hommes du Chef Yingui.
Déclare l’époux de Kumba.

Sans prendre la peine de retourner dans sa chambre pour se vêtir le torse, Somo suivit Inubu jusqu’à la maison de Babagnack. Il faisait déjà nuit noire.

Sur les lieux, le quatuor les attendait en piaffant. Les deux protagonistes remarquèrent que le troisième tenait de sa main gauche, un large objet reflétant qui était dissimulé par le premier, car il se tenait devant lui.


– Enfin vous êtes-la !
Dit ce dernier. Inubu, nous avions vraiment pensé que tu ne voulais plus le faire… Tu lui as tout raconté, j’espère ?


– Oui, il m’a tout dit , Honorable…


– C’est à Inubu que je m’adresse, Monsieur Somo. Quelle insolence ! Gronde t-il.


– Pardon Ho…


– Ferme la! Coupe le troisième.


– Ose encore dire un mot sans que nous ne te l’accordons et tu iras directement en prison. Tête de pipe !
L’averti le cinquième. 

– Et, il vient même se présenter devant nous torse-nu ! Qu’est-ce que c’est que ça ! Réagis le deuxième.

Inubu se mit de suite à genoux, la tête baissée, puis il mit le front contre le sol arénacé.

– Oh, Honorables, je vous prie de l’excuser, il sera sage comme une image, je vous en conjure. Ayez foi en moi, Inubu.

Il resta ainsi dans cette position scabreuse sans risque de se relever. Cela dura environs deux longues minutes. Les petits cailloux semblaient lui lacérer la peau des genoux, des coudes et de la face. Il avait l’impression qu’ils lui rentraient dedans. La douleur était si vive que des larmes commencèrent à dégouliner. Que faisait Somo pendant ce temps ? Il n’y avait pas moyen de le savoir.

– Relève-toi, brave et déférent villageois. Lui ordonne le premier.

Il s’exécuta vite et fit face à son interlocuteur.

– Merci beaucoup Honorable. Répondit-il avec le sourire plein de gaieté, malgré la souffrance qui semblait ne pas vouloir s’effacer de son visage.

Tout à coup, les nobilités se mirent à se poiler. Inubu se demanda pourquoi ils se moquaient de lui et se retourna. Il vit que Somo s’était mis en retrait et grelottait de froid et terreur. Évidemment, il n’essaya pas de connaitre la raison de leurs amusements. Sans plus tarder, le troisième passa devant le premier et lui tendit un large miroir de forme ronde.

– Essuie tes larmes remontées en antenne sur ton front et montez sur-le-champ sur ce grand manguier avec ceci.

– Faites-vite ! Nous devons absolument le surprendre sur le fait avec sa marmaille. Et ne vous faites surtout pas remarquer. Renchéris le deuxième.

– Si ce plan échoue, vous en pâtirez ! Menace le cinquième.

– Grimpez ! Crie finalement le premier.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Les voilà tous les deux au sommet du fruitier, cachés dans son encombrant feuillage. De là, ils avaient une vue d’ensemble du domicile de Babagnack et surtout de l’intérieur, à travers l’ouverture de son toit miteux. Somo, resté sur une branche en dessous de son collègue, lui passa le miroir. Le quatuor en bas trépignait d’impatience. Ils furent rejoints par les villageois. Ils avaient été tous alertés par Kumba, la curieuse commère, pas très souvent prise au sérieux.

Grâce à la lumière du feu qui s’élevait chez Babagnack, ce qui s’y passait fut fidèlement retranscrit en direct aux spectateurs du fait des reflets. Comme cela aurait été d’un écran télé de nos jours. Le public découvrit avec consternation, Babagnack et Amita en train de danser, sauter, gesticuler frénétiquement en tournant autour d’un grand brasier. Cette scène donnait vraiment de la chair de poule.

– Mais c’est quoi ça ? Crie quelqu’un horrifié parmi le groupe.

– Ce n’est pas possible ! Mais c’est la sorcellerie ! S’écrie doucement une voix anonyme.

– Que le ciel nous protège ! Murmurèrent tour à tour d’autres, .

Melal, semblait ne pas être dans la pièce. En tout cas, on ne la vit pas. Choqués, le plus jeune des notables, le cinquième, s’empressa d’aller rapidement chez le Maître Yingui et l’invita à le suivre urgemment pour voir l’impossible.

Arrivé au lieu de l’attroupement, la foule s’écarta dare-dare pour le laisser passer et lui donner ainsi la première place de choix pour ne rien louper. Après avoir vu ce que ses yeux le forcèrent à voir, le vieux Chef fut tellement touché qu’il faillit s’évanouir. Sans perdre de temps, il ordonna à ses notables de brûler sur-le-champ la case de Babagnack. 

– Anéantissez le ! Détruisez le ! Tout ! C’est un ordre !

À SUIVRE…

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2 Commentaires
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Mc Hado Curly
4 années il y a

Ah non ! Ne t’arrête pas là ! Les villageois sont si cruels que je sens le pire arriver dans ton histoire. En même temps, la violence des évènements qui surviennent au village est aussi difficile à accepter que ce qu’on a pu faire subir à la famille de Babagnac. J’ai hâte de savoir la suite car je ne sais plus que penser. Tu as le don de faire réfléchir !

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