SOMMAIRE :
PROLOGUE ( SVP pas encore)
I- CHARITÉ FUNÈBRE
II- LA MORT RÔDE TOUJOURS
III- SUSPECTIONS COLLECTIVES
IV- JUGEMENT PARTIAL
V- OSTRACISME
VI- LA SÉPULTURE DE PIFANDA
VII- LE POINT DE NON-RETOUR
VIII- LE COURROUX DE BABAGNACK
IX- L’IMPRÉCATION
X- LE FAMLA
XI- CONJURATION MALÉFIQUE
XII- LE COMPTE À REBOURS
XIII- RÉVÉLATION INOPPORTUNE
XIV – DIABOLIQUES !
XV – LA CHASSE AUX SORCIÈRES
XVI – SÉPARATION ÉTERNELLE
XVII – L’ÉVEIL DE LA DESTINÉE
XVIII – LA PROVIDENCE
XIX – MELAL, L’INDESTRUCTIBLE
XX – L’ÉLIXIR DU SALUT
XXI – RÉDEMPTION
Durant la Nilongo extraordinaire, Yingui et ses notables ne partageaient pas le même point de vue, concernant les assertions de la troisième fille de Babagnack.
– Chef Yingui, laissez-moi lui couper la tête, et on n’en parlera plus.
– Maître, je suis prêt à faire ce sacrifice, pour le bien de la chefferie et surtout du village.
– Si je peux me le permettre Chef Yingui, Madame ne doit point se mêler de cela. Et s’il s’avère que c’est un poison qui nous tuera tous ?
– Yohbi, un notable ne doit jamais s’abaisser à faire de telles besognes.
– Toute sa famille a disparu, elle n’a plus rien à perdre. À quoi bon ?
– C’est trop risque et dangereux. De plus, la forêt de Ndiki-Nen est très dangereuse. Qui oserait s’y aventurer. À moins d’être un fou.
– Des rumeurs disent qu’il y a l’Asambosam. Et ce n’est pas une légende.
– Gardes ! Faites convoquer la cheffe Ilick, ici sous l’arbre à palabres.
Trente minutes plus tard, voici Ilick Ndiki, neuvième femme du doyen, faisant face à l’élite, dont son époux.
– Madame, ceci n’est guère un jugement. Mais votre requête est trop grave, compte tenu des circonstances.
– Cheffe Ilick, avec tout le respect que nous vous devons, vous n’êtes pas la seule à avoir un enfant atteint de la fièvre verte…
– Yohbi ! Que ce soit la toute dernière fois ! Devrais-je vous rappeler à qui vous vous adressiez ?
– Pardonnez-moi, Maître Yingui, mais à cause de cette sorcière et sa famille, nous avons perdu nos cinq confrères. Et vous êtes sur le point de pactiser avec elle ?
– Ilick, justifie-toi auprès de mes notables. Je ne veux pas de génocides, ni de sorcellerie !
– Honorables, c’est inutile de ressasser le passé, car tout le monde le sait déjà. Je vous demande juste, un peu de tolérance à l’égard de cette enfant. Nous sommes complétement démunis face à cette épidémie. Et la seule issue qui s’offre a nous, si elle en est vraiment, est cette rêverie de Melal. Et si contre tout entente, elle nous présentait la solution à notre problème ? N’est-il pas préférable de regretter quelque chose qu’on ai fait, que de regretter ce que l’on ai pas fait ?
– Quelle garantie pouvons-nous avoir Madame ?
– Je n’en ai aucune, malheureusement.
– Et si elle échoue Madame ? Avez-vous conscience de ce que vous allez endurer ? De l’image du Chef Yingui qui en pâtira également ?
– … Ilick, s’il te plait. Sois raisonnable. Se laisser dicter par son cœur quand on est un dirigeant, est une erreur fatale. Autant pour toi et surtout pour ta communauté.
– S’il s’avère qu’elle s’est moquée de nous, qu’on l’égorge en public, ensuite, je me suiciderai, emportant mon fils avec moi.
– Cheffe Ilick !
– C’est ma dernière volonté, Chef Yingui de Ndiki-Nen.
Ainsi fut dis, ainsi fut fait.
Des hommes rapportèrent ces fameux végétaux. Et la tisane fut apprêtée dans les cuisines de la Chefferie. De grands bidons furent conduits vers les enfants, dont, même les plus mourants refusaient d’en boire et parmi lesquels figurait son unique fils. Ne tenant pas ces simagrées à rigueur, Ilick déclara :
– De toutes les façons, remèdes ou pas, mon enfant est condamné à la mort.
Elle se mit à sangloter sourdement. Auprès de son fils, elle força son fils à avaler le jus aigre et se durant trois jours. Au quatrième matin, la situation du garçonnet s’était tellement dégradée au point qu’il sombra dans un coma profond. La Cheffe devint irascible, ordonnant qu’on enfermât Melal dans une cage et la condamnât à être battue à mort, puis égorgée.
– Que vous avais-je dit ? C’est une sale sorcière.
– Qu’elle profite bien du temps qui lui reste, en attendant la mort du plus jeune fils de Yingui.
Deux jours plus tard, le petit se réveilla miraculeusement et semblait bien portant. Pour la première fois depuis des jours, il se mit à marcher doucement sans aide. Aussitôt, ses nourrices s’empressèrent auprès de sa mère.
– Cheffe Ilick ! C’est un vrai miracle. Banock est en train de déambuler dans sa chambre.
– Comment ? Vous ne vous moquez pas de moi, je l’espère ?
Le lendemain, il essaya de courir étant toujours convalescent.
La nouvelle de ce miracle se rependit dans tout le village, comme une traînée de poudre. Tous les parents se hâtèrent d’aller collecter les ingrédients et de préparer la fameuse décoction. Un mois plus tard, cette épidémie était déjà un mauvais souvenir. Toutefois, Melal fut complètement oubliée dans sa prison durant tout ce temps. Ce n’est que lors des réjouissances au palais, que les uns et les autres se souvinrent de la malheureuse. Aussitôt, le maître Yingui somma d’aller la libérer, ou du moins ce qui ne restait d’elle. Grande fut leur surprise, surtout le quatuor de notables, de constater qu’elle était trop bien portante, et ne souffrait d’aucune séquelle, physiques ou mentales. D’ailleurs, elle esquissa un ravissant sourire, dénué de toutes rancœurs. La nobilité prit cela pour de la provocation.
La Cheffe Ilick lui présenta publiquement des excuses et la misérable cabane fut détruite et ensuite cramée. Pour la récompenser pour son courage à toute épreuve et son honnêteté, La Chefferie, sous l’influence de Madame, lui aménagea une des maisons de la grande concession du Chef Yingui. Melal devint la gouvernante de ce petit garçon de cinq ans. Elle passait dorénavant beaucoup plus de temps avec l’épouse du maître. Cette nouvelle situation, n’était pas du tout au gout des notables.
Une nuit, qu’elle dormait, sa mère lui apparut en songe.
” Melal ma fille, le village de Ndiki-Nen doit se préparer à affronter très prochainement l’attaque d’une tribu étrangère. ”
Elle se réveilla avec des sueurs froides lui coulant sur le front et ne ferma plus l’œil. Elle avait si peur pour eux. À l’aube, elle en parla à la supérieure, qui ne la prit pas au sérieux, mais en discuta avec son époux Yingui, de retour sur le lit.
– Chérie, l’ignoble traîne-misère fait encore parler d’elle.
– Qu’est-ce donc cette fois-ci ?
– Elle joue une fois de plus à l’intéressante, en affirmant que bientôt, notre bourg sera menacé par des envahisseurs.
– Quoi ? Ai-je bien entendu ? Cela n’est pas possible. Mon domaine est imprenable. Qui serait assez fou pour s’attaquer à moi ? Ce n’est qu’une idiote ! Elle connaît quoi ? … Rien du tout. Et toi, dit lui de rester à sa place. Il n’y a qu’un seul dirigeant ici, et c’est moi, Yingui Ndiki, fils de Yinguissa Ndiki.
– En passant, il y aurait des rumeurs qui circulent sur le feu Maître Yinguissa.
– Lesquelles ?
– Il aurait eu un fils…
– Un fils naturel, oui, je le sais, femme ! Maintenant, laisse moi dormir.
Le Doyen quitta sa demeure pour aller retrouver ses huiles à Po-Le.
Ce dernier les partagea sa conversation matinale, lors de l’extraordinaire Nilongo de la Chefferie.
– Décidément, cette sorcière …
– C’est un vrai charlatan !
– Comme elle a réussi son tour de passe-passe, avec la découverte de cette mixture spéciale contre la maladie, maintenant, elle veut prendre notre place.
– Le mieux c’est de l’ignorer ou de la tuer définitivement.
– Chef Yingui, nous devons la supprimer, après tout ce qu’elle nous a fait ?
– Ça suffit ! J’ai déjà pris ma décision. Vous le saurez les jours à venir. Maintenant, vous pouvez disposer !
À SUIVRE…