XXV – OÙ EST LE PETIT BANOCK ? (25)

5 mins

SOMMAIRE :

PROLOGUE

I– CHARITÉ FUNÈBRE

II– LA MORT RÔDE TOUJOURS

III– SUSPECTIONS COLLECTIVES

IV– JUGEMENT PARTIAL

V– OSTRACISME

VI– LA SÉPULTURE DE PIFANDA

VII– LE POINT DE NON-RETOUR

VIII– LE COURROUX DE BABAGNACK

IX– L’IMPRÉCATION

X– LE FAMLA

XI– CONJURATION MALÉFIQUE

XII– LE COMPTE À REBOURS

XIII– RÉVÉLATION INOPPORTUNE

XIV – DIABOLIQUES !

XV – LA CHASSE AUX SORCIÈRES

XVI – SÉPARATION ÉTERNELLE

XVII – L’ÉVEIL DE LA DESTINÉE

XVIII – PROVIDENCE

XIX – MELAL, L’INDESTRUCTIBLE

XX – L’ÉLIXIR DU SALUT

XXI – RÉDEMPTION

XXII – ÉVOLUTION

XXIII – ERREUR FATALE

XXIV – L’ ÉCLIPSE


XXV – OÙ
EST LE PETIT BANOCK ?

       Chacun se regardait tour à tour sans distinction, essayant de deviner si l’un ou l’autre pouvait répondre à cette question.

       – Où est le petit Banock ? Demanda nerveusement une fois de plus le chef Yingui aux membres de sa famille et gardes présents dans la grande salle de rassemblement du palais.

Puis il dit :

        – Gardes ! Convoquez tous mes notables, m’entendez-vous ? Je les veux ici au palais à la seconde, du premier au dernier. Celui qui refusera de vous suivre, tuez-le, sans ménagement !

On était en plein midi, mais le soleil ne s’était toujours pas levé. Le ciel était sombre comme durant la nuit. Le doyen Yingui fit arrêter toutes activités dans le village. La seule entreprise qui était permisse, fut celle de retrouver le dernier-né de la famille de la chefferie, l’innocent Banock. À Po-Le, tous les paysans du village furent conviés à venir faire une déposition concernant cette étrange disparition. Plusieurs versions avaient été recueillies. Seules, les plus intéressantes, nous parvînmes jusqu’à nos jours  : 

        – Chef Yingui, je l’avais vu s’approcher du bûcher de la sorcière Ilick.

    – Moi majesté, je l’avais vu rôder autour de l’ancienne case du sorcier Babagnack.

         – Maître Yingui, en ce qui me concerne, je l’avais vu s’éloigner avec les gardes vers le palais.

        – Quant à moi, Cher Patriarche, je l’avais vu sur le lit de sa défunte mère. Il pleurait, c’était trop triste.

Toutes ces allégations avaient quelque chose en commun. En effet, elles étaient toutes vraies.

Mécontent, Yingui ordonna sur-le-champ l’exécution de ces témoins, parmi lesquels figuraient, deux hommes adultes et deux filles adolescentes et un petit garçon de six ans. Toujours, insatisfait, Yingui exigea qu’on mette Tamack au cachot, à cause de sa négligence et de son irresponsabilité. Il avait si peur pour les siens, que dorénavant toute sa famille était surveillée 24 h/24 h par les soldats, même durant le bain commun.

C’était la psychose totale, ce jour-là !

Mais le ciel demeurait toujours sombre et nuageux. Tout le monde apeuré, s’enfermait chez-soi à double tour.

Une semaine entière s’écoula sans aucune nouvelle du petit Banock.

Sous les conseils prodigieux de Bibia, sa huitième femme, Yingui, convoqua le premier notable Moutil.

        – Mon Cher Ami, dorénavant, tu vivras ici, avec moi au palais. Cette décision entrera dans l’histoire, car jamais un chef n’avait partagé la même habitation avec son premier notable. Cependant, sache que si je t’accorde cette haute estime, c’est parce que j’ai encore grandement besoin de tes services. … Je ne fus pas un bon enfant durant ma jeunesse. Avec du recul, je pense bien que c’était une machination de ma mère. Elle m’utilisait sans doute pour faire pression sur mon feu père le chef Yinguissa. Lui et moi, nous étions comme de parfaits étrangers. … Hélas ! Au début, cela ne m’importait guère, mais à présent, j’ai beaucoup de regrets ! Lui, c’était un véritable maître de la sorcellerie. Et cela ne m’a jamais intéressé ou du moins trop peu … Ma feue mère, en avait horreur. Je pense bien que je tiens cela d’elle… Paix à leurs âmes ! Mais aujourd’hui, j’ai vraiment besoin de tes services, de ton initiation en la matière …

Il marqua un arrêt, comme s’il voulait reprendre son souffle. Bien qu’il le fît à maintes reprises durant son monologue.

        – J’espère que tu m’écoutes tout ouïe, mon honorable…

        – Je vous écoute tout ouïe, Majesté Yingui ! S’empressa de répondre Moutil, en secouant la tête comme un margouillat.

        – Bien Moutil ! Je te donne le feu vert pour utiliser tout ce que tu voudras dans l’art de la sorcellerie, mais s’il te plait retrouve mon petit Banock et débarrasse nous de ce ciel ténébreux venu des enfers. Si tu y parviens, je t’inonderais de richesse, te couvrirais de maisons et t’offrirais de nombreux domaines.

Puis il se mit à genoux les mains jointes aux chevilles de Moutil.

        – Devant le Ciel et les hommes, je le jure.

        – Votre Majesté…

        – Un instant ! Excuse-moi de t’arrêter, dit-il.

Yingui se releva et se tint droit devant lui, le dépassant de trente centimètres.

        – Avant tout, j’aimerais savoir, d’où vient cette soudaine éclipse ?

        – Majesté, les éléments ont accueilli une âme.

        – C’est-à-dire ?

     – Si vous me permettez la répétition, qui est mère de toutes sciences, les sorcières ou les sorciers importants, sont tués avec les quatre éléments afin qu’ils meurent cinq fois. Premièrement, la terre doit les affamer pour les affaiblir. Deuxièmement, l’air doit séparer le corps de l’âme et de l’esprit à travers la douleur des fouets. Troisièmement, le feu doit consumer cette trinité satanique. Et quatrièmement, l’élément de l’eau se charge de conduire les restes jusqu’aux profondeurs obscures de ce monde. Cela sera leur prison éternelle à l’infini. Et enfin, le vilain thaumaturge sera complètement éliminé. Ceci dit, il se pourrait que ce ne fût pas la bonne âme.

      – Que veux-tu dire Moutil ? Sois plus clair et épargne moi tes phrases énigmatiques ! Va droit au but, c’est un ordre !

        – Il semblerait qu’on se soit attaqué à la mauvaise personne ou à plus fort que nous. 

        – Moutil ! Arrête de te moquer de moi ! Veux-tu mourir ?

        – Majesté, je suis désolé, mais je ne peux le dire autrement, Majesté !

        – Que me recommandes-tu dans ce contexte ? Demande-t-il en essayant de se calmer.

        – Il me faut interroger les ancêtres.

        – Et que te faut-il pour cela ?

    – Si je peux être enfermé dans une salle obscure pendant au moins une semaine, avec les feuilles que le vent ne retourne pas, je vous donnerai toutes les réponses…

      – Au moins une semaine ? Ne pensez-vous pas que c’est exagéré ? Monsieur Moutil, vous avez jusqu’à demain soir…

        – Majesté avec tout le respect que je vous dois, je ne peux forcer les aïeux. Ils risqueraient de ne rien me reveler à la fin et me maudire. C’est le temps nécessaire pour qu’ils m’accordent assez de clairvoyance et de force pour la suite des éléments.

     – Honorable, vous avez juste une semaine, à compter de maintenant. Et j’espère vraiment pour vous, que vos révélations seront assez suffisantes pour calmer ma fureur. 

Le chef Yingui fit volte-face et s’apprêta à regagner ses compartiments, lorsque son premier notable l’interpella.

     – Une dernière chose Majesté, durant ces sept jours, que personne ne prononce mon nom, ni ne pénètre dans cette pièce, élidez moi, aussi de vos pensées au risque de perdre la raison. Surtout, ne congédiez point pour qu’on me livre à manger ou à boire. S’il vous plait majesté, respectez ma requête.

        – Entendu !

Puis il tourna le talon chaussé juste de sandales légères en cuir, et s’engouffra nonchalamment dans le couloir sombre, éclairé faiblement par des torches en bois dont les flammes vacillaient comme des drapeaux luttant contre le vent. Derrière, Moutil qui ne le quittait pas du regard, était très angoissé. Quelle peine d’être le premier notable de cet homme, pensait-il. Et ceux, malgré ces tempêtes et ombres !

        – La mort de Babagnack, l’immortalité de sa fille Melal, l’éclipse , la condamnation de la cheffe Ilick, l’assombrissement du ciel et l’absence du petit Banock… Trop de mystères s’accumulent de plus en plus, et cela me fait froid dans le dos.

Il se retourna et se dirigea vers la fenêtre et observa le paysage noirâtre plus que l’ébène. Rien ne pouvait être distingué de près ou de loin, malgré le vent qui soufflait et faisait voltiger ses vêtements, avec les feuillages qui criaient au secours des secousses et rafales. Le temps, pareil, n’avait pas changé depuis. On aurait dit que le monde des ténèbres s’était abattu sur le large village de Ndiki-Nen. On avait l’impression de scruter une toile totalement peinte en noir, sans une autre couleur, sans vie, sans âme. Brusquement, une larme se mit à couler sur sa joue gauche et la torche, à coté de lui, s’éteignit. 

        – Ô Ciel ! … Je vous en supplie, faites que ce n’est pas ce que, je pense !

À SUIVRE…

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6 Commentaires
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Mc Hado Curly
4 années il y a

Ahhhhh, je n’en pouvais plus d’attendre. Encore une fois, je suis satisfaite mais de façon incomplète. Je voudrais savoir tout sans m’arrêter car c’est tellement intriguant. Ce serait un livre de chevet que j’y passerais la nuit sans discontinuer. Merci et vivement la suite !

Mc Hado Curly
4 années il y a

A quand la suite, toute belle ?

DeJavel O.
2 années il y a

Je viens de lire ce chapitre au hasard de sa remise en ligne et c’est franchement bon !

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