Les malheurs d’halloween.

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Titre : Les malheurs d’Halloween.

  Bou ! C’est Halloween. Le crie d’un hibou emplit les ombres de la forêt, le peuple des cimetières se montre enfin sous les vives brillances de la lune rouge comme teinté du sang et de l’effroi des hommes ; et, près des ruisseaux où s’écoulent lentement les entrailles de tous ceux qui tentèrent de pénétrer dans ce sanctuaire maudit, dans cette forêt d’où on ne revient que sous une forme éternelle et inconsistante, se trouvait, encore suspendu dans les airs, cet ange obscur qui supprimait toute vie par sa lame cambrer comme un crochet, suspendu au-dessus d’un bâton, et que l’on nomme communément la faucheuse mais encore le terrible et non moins sensationnel meneur des âmes. La horde des cimetières avance dans la forêt telle des vivants pétrifiés par la mort entre le frottement des feuilles lugubres d’automne et l’agitation nocturne des vautours pour une destination dans le monde des hommes. Les hurlements de la destinée finale impose le silence à la terre ; la catastrophe arrive, c’est tout près. Un enfant pénètre avec ses deux amis à l’orée de la forêt de Shelton Verry, ils cherchent des branches pour faire du camping dans le jardin de sa maison. Un balaie à la main, une jolie femme entre doucement dans le champ de citrouille de son jardin où elle vit son mari qui depuis toujours utilisait comme engrais les rats qu’il attrapait près de ces plantations et qu’il broyait ensuite pour fertiliser son sol, chuter par un matin d’Halloween les pointes du râteau enfoncés dans le cou. Un adolescent qui vient maintenant d’égorger une femme alors qu’il la menaçait de lui remettre son sac à main dans une des ruelles dissimulées dans le noir, porte le corps à la charcuterie de son père pour le faire disparaitre. Et bientôt, la lune écarlate rappellera à chacun d’entre eux pourquoi les mystères d’Halloween sont tant redoutés dans le monde du visible.

  Il posa le corps de la femme sur une plateforme surélevé. Hormis le sang qui s’écoulait de l’entaille faite au cou, le jeune homme trouva le visage de celle qu’il venait d’égorger très attirant. Il la contempla longtemps, toucha sa joue pâle et froide déjà et comprit que le corps l’excitait. « il serrait dommage de ne pas en profiter avant de la faire disparaitre. » murmura-il près du visage tout en songeant à la sensualité de l’être endormis comme s’il désirait que la femme morte l’entendît. Il déboutonna son pantalon et monta sur la plateforme, et après avoir lentement écarté les jambes de la femme tout en caressant de long en large ses surfaces moins douces, comme s’ils étaient en plastique, il réalisa une unions passionné et hors nature avec la dépouille. Il glissa sa main dans la robe par les épaules pour saisir les seins pendant qu’il se mouvait sur elle en vue d’exprimer sa volonté de découvrir toute l’entièreté du corps. Il y déversa sa jouissance, se libérant par la même occasion de la crainte de son assassinat. Il se leva, recula et examinait avec fierté sa substance déversé en elle se répandre sur son lit de pierre. Il prit ensuite sa machette et d’un vif mouvement scabreux s’abattant du haut en bas, un mouvement vertical et net, il frappa à l’endroit du cou pour sectionner la tête. Il ferma les yeux à cause des éclaboussures et vit lorsqu’il les rouvrit qu’il avait ouvert le menton. Il s’irrita, souleva encore une fois son arme et le fit tomber une seconde fois sur le corps, cette fois, il avait déchirer la mâchoire et arraché les dents ; mais il frappa encore et cette fois atteignit bien la partie déjà sectionnée par son couteau deux heures plus tôt, mais le coup n’avait pas pénétré profondément la chair, alors il effectua des mouvements latéraux avec une lame plus tranchante qu’il abattît quelques fois pour briser l’os. Lorsqu’il eût enfin détaché la tête du reste du corps, il se rappela qu’il n’avait pas encore fini de préparé l’acide et marcha vers le grand tonneau derrière lui et tenta d’achever sa préparation. Au moment où il versait les cristaux de fluor dans sa composition, il leva soudain la tête vers la fenêtre de la grange et vit que la lune était rouge. La tête amochée de la femme roula jusqu’à terre. Le bruit sourd de la chair contre le sol le fit sursauter, il se retourna, vit la tête enfouit dans la chevelure brune mouillée par son sang puis se remit à mélanger les substances. Pendant que le sang du crâne se répandait sur le sol, le bras de la femme fit un mouvement. Ce mouvement eût pu provenir d’une mauvaise disposition du membre, mais, quelle pouvais être la résistance de humain face à cette nuit où même la mort pût prendre la parole ? Les doigts de la morte bougeaient maintenant d’un mouvement à la fois vigoureux et crispé, allant jusqu’à se briser les phalanges ; le garçon très affairé ne remarquait rien. La femme se leva soudain comme tirée vers le haut par des fils invisibles, s’assit et posa les pieds l’une après l’autre sur le sol froid puis se dressa sur ses jambes. Le corps sans tête, sans vie, avançait lugubrement vers le jeune garçon, sans bruit, avec la toute puissante docilité des morts. La femme s’était arrêté juste derrière le garçon qui remarqua une ombre et s’arrêta. Au moment où il voulu se retourner, il sentit cette main solide lui passer dans les cheveux puis saisir son crâne. C’était une force surhumaine, qui niait la douleur, qui niait la peur, qui niait d’être autre chose que matière. Le garçon hurlait. « lâche-moi, lâche-moi, je n’ai rien fais. J’ai… » ; il chercha autour de lui, mais soudain, lorsqu’il lorgna derrière lui le corps de la femme sans tête, sa main entra dans l’acide. Il hurlait, un crie strident et chargé du mal de la mort et de la rédemption. La femme allait le délivrer de cette douleur. Elle plongea lentement sa tête dans le tonneau et le garçon qui résistait toujours à cette force indestructible finit par se briser la nuque et vit son visage puis sa tête plonger tout entiers dans le poison. Une sorte de vapeur sortait du liquide dont l’effervescence fut provoqué par ce contact de chair. Le garçon agitait son corps en réponse à la corrosion et mourrait par ses cris horribles étouffés dans le liquide destructeur. Il ne bougeait plus, la main de la femme, rongée aussi par l’acide, restait immobile, sans force. Le corps sans tête tomba sur le sol. C’était Halloween.

                                     *

                                 * *

  Trois enfants s’arrêtèrent devant la clôture en barbelé d’une forêt où il y avait d’écrit ” Ne pas entrer. Zone contrainte pour cause surnaturelle. ” ; en effet cette forêt qui autrefois était aussi un cimetière avait été, il y a déjà bien longtemps, le théâtre d’une enquête établit sur cinq ans et non élucidée.

  C’était Halloween et les enfants avaient prévus de se conter des scènes d’épouvante autour d’un feu pendant qu’ils campaient dans leur jardin. Hervan, le garçon le plus lucide du groupe mais aussi celui qui proposa de passer ainsi ce moment de détente, tenait une torche dans sa main droite, son bras gauche étant serrer contre son amie Samia, une jolie fillette aux pommettes relevées. Derrière, l’air distrait, se tenait Léo, un petit garçon pas très perspicace qui tentait toujours de trouver quelque chose à dire pour amuser ses amis, ce qui ne marchait d’ailleurs pas toujours. Hervan qui fixait encore Samia leva alors les yeux vers le ciel. La lune était blanche, si pur, si pleine et si lumineuse dans le ciel étoilé. Il fit un signe aux autres, ils entrèrent par les écarts entre les barbelés et Léo se blessa au bras par l’une des pointes. Ils avançaient maintenant dans la forêt. Personne ne semblait avoir oublié ce pour quoi ils étaient là, pourtant, comme si les bois même eurent voulu leur jouer un tour, ils ne virent aucune branche trainer sur le sol recouvert de feuille sèche. Ils continuèrent par marcher, Hervan, devant ses deux amis, leva encore une fois ses yeux vers le ciel et s’arrêta de stupéfaction. Il suait, reculait doucement, bafouillait, lorsqu’il vit cette lune à teinte écarlate. « Qu’est ce qui te prend, Hervan ? » lui demanda Samia ; il ne répondit pas, dit ensuite, « regarde le ciel et dis moi ce que tu vois. », elle fit ce qu’il lui commanda et remarqua aussi que la lune était rouge ; leur ami Léo, qui regardait lui aussi la lune cramoisie, se senti soudainement saturé par sa vessie et partie vers la droite pour se soulager, sans même avertir ses amis. Il arriva devant un arbre étrange dont le tronc était tordu tel un linge que l’on pressait pour l’essorer. Le chant d’un hibou montait dans la forêt comme un appel en transe qui inclinait au désespoir, une ombre avançait lentement entre les allées du bocage, Hervan vit la silhouette s’arrêter, il tendit d’instinct son bras vers la gauche pour barrer le passage à son amie. Samia se fâcha et frappa le bras pour lui permettre de faire quelques pas devant lui : ce n’était pas une fille qu’on protège ; Hervan n’y prêta pas attention. Il fit diriger sa lampe de poche sur le personnage au loin pour mieux l’examiner, mais voyait toujours des formes confuses qui semblaient si humaine mais en même temps ne l’était pas. Il avança, prit la main de Samia et continua par se rapprocher de cet étrange personnage. Mais la lampe de poche qui frappait mieux au visage de l’être à l’allure morbide, lui fit découvrir une terrible figure en écharpe. Hervan, d’un mouvement brusque, laissa tomber sa lampe de poche sur le sol. « Non mais qu’est-ce que tu fais Hervan ! Demanda la jeune fille indignée, tu devrais faire plus attention, si la torche se brisait il nous serait difficile de rejoindre le village. », Hervan plaça son doigt sur ses lèvres et lui fit signe de se taire, il reprit sa lampe de poche et la remonta vers l’aberration. La chose se déplaçait toujours, Samia voyait bien aussi que cette chose était bien étrange. Elle avança pour mieux observer ; la chose semblait ne pas voir, mais sentir par un quelconque instinct toute sorte de présence. L’être étrange la remarqua, s’arrêta puis se tourna vers eux. La fillette vit mieux le personnage et fut saisi d’une frayeur prodigieuse. De loin, la chose semblait telle une silhouette d’homme mais les formes que lui prêtait maintenant la visibilité de la torche le séparait horriblement de l’humain ou même de la vie. L’aberration avait la peau du visage en lambeau. Ses bras et ses jambes, qui présentait le même aspect que ce visage laid et effroyable était si décharnée qu’on les croirait privé de chair, et puis l’une des orbites de cette chose était alors privée de son œil. Il fallait s’écarter, Hervan se tourna pour appeler Léo, il n’était pas là. Samia qui depuis tout à l’heure reculait de dégoût envers ce qu’elle venait de voir tentait de repartir dans prévenir Hervan, celui-ci le remarqua aussitôt et la suivi. 

  Plus loin, près de l’arbre tourdu, Léo tentait toujours de se soulager ; il pissait enfin, agréablement. Puis il senti la terre bouger sous ses pieds, s’arrêta un moment, troublé, mais continua tout de suite à libérer sa vessie. Au moment où le garçon finit en poussant ses dernières gouttes d’urine tout en hurlant de bonheur, les yeux fermés, il sentit alors quelque chose lui saisir son sexe. Une main horriblement lacérée venait de sortir du sol en même temps qu’une odeur épouvantable et saisit avec deux doigt l’éminence génitale de l’enfant. « Cela faisait si longtemps qu’on ne m’avait pas fait l’amour. » dit la chose avec une voix si rauque qu’il ne semblait provenir ni d’un homme, ni d’une femme. L’enfant tira d’un coup et avec grande précipitation son pantalon. « Même le tient, s’il est suffisamment bien exciter peut donner une taille convenable pour me combler. » ajoutait la chose en faisant ressortir sa tête monstrueuse en écharpe comme l’autre. Les cheveux en excès liés de part et d’autre à la chair démontrait bien que la chose revêtait une certaine féminité. Le garçon dominé par l’effroi couru de toutes ces forces droit devant lui. Dans sa course impétueuse, il heurta une racine d’arbre en saillie et roula sur le sol. Il se releva tout de suite et continua par courir. Il entendit alors comme un bruit à la fois de ruisseau mais aussi de chair haché se frottant les unes contre les autres. Il sortit des bois et remarqua qu’il y avait bien un fleuve, juste devant lui. Mais il était rouge et semblait contenir tout autre chose que du liquide et puis, l’odeur… Par terre, des cailloux, partout. Au-delà du ruisseau s’étandait une lande si déserte et si extraordinaire qu’elle semblait séparée des hommes ou même de la terre entière. À sa droite, un esprit revêtu d’un grand manteau noir à capuche, une grande faucheuse à la main, se tenait à un mètre au-dessus du sol. Il recula de surprise lorsqu’il vit la chose se tourner vers lui, et tomba sur une des pierres tranchantes qui s’enfonça dans son genou. Il retira la pierre en se coupant aux doigts, et leva ses yeux vers la manifestation « Voici le Terminus ! Dit l’âme, lentement, tout en retirant son capuchon, une voix féminine ; ici, c’est l’entrée pour le monde des enfers. » ; c’était un très jolie visage à la chevelure noir et au yeux qui brûlait d’un bleu inédit dans la pénombre. Le garçon voulu s’enfuir lorsqu’il vit la chose venir à lui, mais il lui fallait d’abord se mettre debout malgré son genou transpercé. Il parvint à se mettre sur ses jambes mais tremblait horriblement. Il voyait le joli spectre avancer comme une fatalité, toutefois, cette apparence était si délicieuse qu’elle semblât même le conforter de son incertitude. Mais il ne niait pas, malgré son jeune âge, que c’était la mort elle-même, un être parfaitement reconnaissable même sans l’instruction des vivants, qui venait tranquillement à lui. L’esprit se posa sur ses pieds, elle semblait tout à coup plus humaine, « ici est le domaine de la mort, accorde-moi ton âme, innocente créature de lumière. » ; elle s’agenouilla et posa ses lèvres sur celles de l’enfant. Il se sentit d’abord parcourir d’une paix indicible allant du cœur au cerveau qui se répandait ensuite en tous ses membres. Soudain il se senti brutalement arracher à lui-même, une douleur beaucoup plus sauvage, beaucoup plus rude que la plus terrible des douleurs, que la section immédiate des quatre membres, que même celle de son corps qui, enfouit vivant dans la braise, subissait les terribles mortifications de la crémation. Il pensait encore, toujours, « qu’est-ce qui va m’arriver…, maintenant. » ; il pensait à sa mère, à son père, à sa petite sœur, à ses amis et savait d’instinct qu’il ne les reverrait plus jamais. L’esprit détacha ses lèvres du petit garçon en extirpant sa vie qui sortait de sa bouche sous forme de fumées blanches. Il voyait le monde se désagréger, tout comme son vécu, son existence. Il retournait progressivement au néant par une douleur impossible à identifier car il lui semblait déjà qu’il n’eût jamais existé. Son corps se solidifia lentement puis se désagrégea, et aussitôt, Léo se transforma entièrement en poussière. « Adieu, jeune âme innocente. », l’esprit de la mort pleurait.

  Comme appelés par la douleur de Léo de partir à l’improviste pour le domaine des morts, des nuages chargés de pluie s’étaient soudainement immiscés au-dessus de la forêt. Hervan et Samia, liés par la main, continuaient par courir. Ils sentirent soudain les gouttes de pluie traverser la voûte profonde des arbres puis tomber sur leur dos. Samia éprouvait maintenant une certaine réticence à continuer dans sa course. Elle s’arrêta et força son ami à le faire aussi.

– Quoi, qu’est ce qu’il y a ? 

– J’ai très mal au orteils, Hervan, nous courons bien depuis tout à l’heure mais je crois que nous revenons sans cesse au même endroit. 

  Oui, il était vrai que leur course ne les avait toujours mener que là où ils se trouvaient maintenant, ils reconnaissaient tous les deux les environs ; les arbres, la disposition des racines, tout le panorama leur semblait familier. Hervan pensa à un sortilège. Ils revenaient sans cesse à cet endroit où ils avaient vu la chimère décharnée. Le chant du hibou s’était soudainement arrêté au moment où ils prirent la fuite, il s’en souvint, le hibou se remit à chanter, il lui sembla immédiatement se trouver à un autre endroit. Samia ne semblait pas étonnée de cela, il lui murmura, 

– C’est étrange, nous avons soudainement changé d’endroit. 

  Elle ne comprenait pas.

– Comment ça ? 

  Le garçon réfléchit, trouva.

– Le chant du hibou, l’entends-tu ?

– Non…, oui, maintenant je le perçois. Tiens, nous avons changé d’endroit.

  Des bruits de pas, distincts de la pluie, se glissaient lentement derrière eux dans le calme lugubre de la nuit pluvieuse. Hervan demanda à sa compagne de ne faire aucun mouvement puis se retourna pour observer la chose. C’était encore un être surnaturel du même genre que celui qu’ils observèrent quelques instants plus tôt, mais ce n’était pas lui. Cette légère dissemblance laissa supposer à Hervan qu’ils devaient être plus nombreux. Ils reprit la main de son amie et alla s’abriter derrière un arbre pour mieux voir la chose arriver. Samia frissonnait à la fois de peur et de froid, la pluie tombait vigoureusement sur leur épaule. Le garçon observa tendrement le visage ruissellent de cheveux mouillés de sa partenaire et glissa son regard vers le sol. Il y avait là un lourd bâton hérissé de petit bouts de branches cassées qu’il trouva assez attirant. Il prit le bâton et sentit soudainement le courage grandir en lui. La chose avançait toujours vers eux, Samia se demandait pourquoi est-ce que son ami ne se décidait pas encore à partir, elle voulu lui prendre le bras pour le lui demander avec affection, mais il bougea avant. « Quel idiot ! Disait-elle frustrer de l’échec de sa petite initiative, voilà qu’il me fuit maintenant. », pourtant ce n’était vraiment pas le moment de penser à ses caprices amoureux ; Hervan se déplaça vers un arbre à côté et fit signe à la fillette de ne pas bouger, séparés à la fois par l’espace et par les lignes de pluie. Il passait désormais d’arbre en arbre et finit par s’arrêter tout près de la créature qui devait passer par là. Il attendit derrière l’arbre que la monstruosité passât, et…, lorsqu’il la sentit venir par sa gauche, la vit dépasser sensiblement l’arbre sous lequel il se tenait, il lui frappa si vigoureusement au visage avec le bâton que la chose fût rejeté en arrière. Le fléau resta allongé mais bougeait encore, lentement. Hervan sortit de sa cachette et se mit au-dessus du monstre, le corps putride entre ses jambes. Il frappa le crâne avec la pointe de son bâton, des mouvements violents, qui tombaient avec un constant acharnement sur la tête de l’être à moitié décomposé. La chose se débattait, violemment, lui saisit la jambe et se mit à enfoncer ces doigts garnit de terre et de chenilles à l’intérieur de la chair. L’enfant hurla et se tut de crainte d’appeler une autre de ces choses. Il frappa au niveau de l’épaule, une, deux et le dernier impact fit détacher le bras. Hervan recula, certain que l’aberration avait finit par se tranquilliser, à tout jamais. Mais non. Ce n’était que le début de l’épouvante. Tandis qu’il s’apprêtait à rejoindre son amie, il vit, à travers cette obscurité humide et glacé, malgré l’eau de pluie qui obstruait sa vision, ce corps dont la tête avait été pilonner par la multitude de coup qui lui renseignait à la fois sur la peur et la rage, se relever ostensiblement dans l’espace inondée de pluie. C’était un immortel. De ceux là même qui peuplent les légendes et qui pour une seule nuit durant toute une année revienne des enfers sous une forme de puissance infini ; les immortels, les démons de la nuit d’Halloween. La singularité, toujours debout avec le haut du crâne dépouillé, se mit à avancer. Le garçon détala. Il couru comme jamais il ne le fit auparavant, malgré les trous dans sa jambe. L’aberration courait maintenant, mais sans destination. Un peu partout. « Donc cette chose pouvait bien courir. » ; pensait-il pendant qu’il courait tout en boitant. Un autre mort-vivant surgit de derrière un arbre. Hervan courait beaucoup trop vite et était bien trop proche pour l’éviter. D’un mouvement de balayage circulaire, le monstre le frappa avec une violence telle qu’il lui fût possible de courber une barre de métal, et Hervan qui avait adroitement paré le coup en croisant ses avant-bras en face de son visage fut violemment rejeté en arrière et sentit son omoplate gauche se déboîter pendant qu’il glissait âprement dans la boue. Alors qu’il voulu hurler sa douleur, il entendit soudainement Samia l’appeler en pleurant. Il se leva promptement pour la rejoindre mais le mort-vivant le suivait en courant. Il se faufila entre les arbres et partit malicieusement chez son amie pendant que l’autre, éperdu, tentait toujours de le retrouver. « Tu ne devrais pas me fuir, l’ami ! Dit le zombi d’un ton suppliant, je voudrais seulement goûter à ta chair. Goûter, seulement, puis je te laisserai partir, je te le promet. ». Hervan avançait en boitant vers la petite Samia en tenant son épaule gauche comme pour lui éviter des mouvements brusques. Elle sanglotait encore en le regardant, soulagée qu’il soit revenu et le gifla pour lui signifier son inquiétude, mais cette douleur là était beaucoup plus agréable que ce que les êtres des enfers lui fissent subir. Il reconnu leur grognement, l’un d’eux se rapprochait. Il prit la main de Samia et s’enfonça avec elle dans cette obscurité. Il cru apercevoir pendant qu’il courait deux âmes errantes. Il s’arrêta de curiosité ; les spectres, un homme et une femme, se rapprochaient lentement, ils se reconnaissaient, se prirent dans les bras : des amants du passé. L’homme se retourna, « Enfin, un peu de respect pour les mort ! » dit-il lorsqu’il vit que Hervan le regardait. Il entendit de nouveau des grognements et se remit à courir avec la jeune fille. Étrangement, au fur et à mesure qu’il avançait, il entendait de plus en plus de murmures ; il finit par s’arrêter près d’un jeune arbre pas très haut. Tourmenté par la peur, par la douleur et par l’effort, il halletait d’angoisse. Il attendit patiemment, régularisa sa respiration quelque peu saccadée, et regarda autour de lui. Le déluge atténuait les présences, mais la terreur remonta aussitôt lorsqu’il contempla les alentours. Des ombres bougeaient, remuaient, grouillaient autour de lui ; et, totalement livré à sa pensée, il voyait désormais toute la brutalité et l’horreur du lieu. Il n’y avait plus aucun moyen d’échapper à la mort. Il le comprit, subitement. Une lame argenté empourpra le ciel d’une fulgurante blessure de feu, Samia, ignorante encore sur les dégâts qu’avait subit son ami se demandait ce qu’ils attendaient pour s’en aller. Elle voyait que son ami qui avait baissé le regard depuis tout à l’heure était inquiet mais ne vit pas, avec toute cette eau qui ruisselait sur son visage, que Hervan pleurait. Il sortit de sa poche sa lampe torche, mais il savait pourtant que s’il l’allumait, il signait par lui-même leur fin à tous les deux. La foudre jouait capricieusement dans le ciel détrempé. Et alors qu’il releva la tête pour fixer l’obscurité au loin, il vit pour la toute première fois durant sa courte existence de onze ans, la mort et la vie coexister en un même horizon. Il vit les jets de lumières célestes se refléter sur des lignes au loin : c’était les barbelés, la sortie de la forêt de Shelton Verry. Mais avant ça il fallait traverser cette horde de zombies lourdement massés autour d’eux. Et il savait lui que c’était impossible, il les avait assez approcher et même affronté pour savoir le danger qu’ils représentaient et ses blessures lui rappelait toujours plus leur force prodigieuse. Il serra Samia avec son bras droit, l’autre étant figé sous la douleur, et lui chuchota, 

– Samia, tu as vu ce qu’il y a autour de nous n’est ce pas ?

– Oui, ce sont des monstres comme ceux que nous avons vu quelques temps plus tôt, n’est ce pas ?

– C’est ça, mais sache aussi que derrière toi c’est la sortie et il nous sera impossible de passer tous les deux en même temps. Alors tu seras la seule à partir, moi j’attirerai leur attention avec la lampe. 

– Mais, et toi, Hervan ? Tu seras en danger je crois.

– Lorsque tu seras dehors, tu appelleras les secours pour venir à nous. Léo lui aussi reste introuvable et on a même pas une idée de là où il pourrait se trouver. Bientôt, je t’aiderai à monter à cet arbre et tu y attendra le temps qu’ils se mettrons à ma poursuite. 

  Il colla ensuite son front sur celui de la jeune fille et lui déclara,

– Je t’aime, Samia. 

– Alors tu me le diras quand nous serons hors d’ici. Partons ensembles.

– Non ! Dit-il rudement, et si tu contestes encore une fois, je te frapperai. Celle-ci gonfla ses joues pour montrer sa frustration. Fais ce que je te dis et tout ira bien, nous serons tous sauvé. 

  Sauf qu’il lui mentait peut-être, mais sa lucidité lui dictait qu’il devait au moins sauver l’un d’entre eux et il était le mieux placé pour jouer les appâts. Il se baissa et demanda à la fillette de monter sur ses épaules pour atteindre la branche la plus basse. Il s’accroupit, elle monta sur son dos, s’agenouilla instablement au niveau de ses épaules. Il souffrait énormément ( son épaule n’avait pas encore été replacé ), il se leva et lui fit atteindre la branche sans difficulté. Il recula, délivré, et ressortit sa lampe de poche, lui effectua un sourire amer. « n’oublie pas de courir tout droit sans te retourner, sans jamais, jamais, te retourner, Samia. », il partit sans même écouter la réponse de la jeune fille. Il vint au milieu de la place et alluma la torche et tendit la lumière droit devant lui en tournant pour mieux examiner le nombre de ses prédateurs, ceux-ci ayant perçu la lumière comme un appelle de leur déjeuner, se mirent à marcher vers lui puis à courir soudainement, il garda la lumière allumé dans son intention d’indiquer sa présence au plus grand nombre de mort-vivant possible en courant aussi vite qu’il le pouvait. Après cinq minutes, toute la horde étant attentif à la lumière quitta le lieu où se trouvait la petite Samia ; celle-ci descendit de l’arbre et se rappela de la dernière prière de son ami. Elle sprinta comme jamais avant elle ne le fit car elle savait que si elle s’arrêtait, elle mourrait. Elle glissa, mais se releva aussitôt. Il y avait quelques monstres par-là, elle n’y prêta pas attention : les paroles de son ami résonnait en elle comme un echo. Elle voyait maintenant la sortit, elle glissa précipitamment entre deux lignes hérissées. Les pointes lui déchirèrent à la cuisse, au bras puis au front. Elle était enfin dehors. Mais elle continuait par courir car elle comprenait enfin à quoi elle venait d’échapper et il fallait avertir les autres. 

  Hervan continuait par courir lui aussi mais il sentait que la horde se rapprochait. Sa jambe perforée et son épaule déplacée le faisait souffrir au point de décliner dans son élan. Et pendant que la troupe de zombi se bousculait dans cette course précipitée, l’un des mort-vivants, plus raffiné que ses semblables questionna son voisin ; « Hey, l’ami, il faut dire que tu ne sens pas très bon. Cela fait combien de temps que tu ne t’aies pas laissé prendre une douche, camarade ? », l’autre lui répondit sur un ton vexé, « et toi ? ». Le garçon regarda à droite, le couple de spectre de tout à l’heure, ils discutaient maintenant. Il se sentit étrangement consolé par cette étreinte d’âme après la mort, mais il savait que s’il continuait par courir, c’était pour échapper à ce destin trop tôt ; ils ont eu le temps de grandir, ceux-là ; lui était bien trop jeune encore. Il fallait survivre. Survivre ! Survivre ! Il fallait qu’il rentre chez lui pour rejoindre les siens et tout était réunit en cette course contre la mort. Il trébucha, tomba. Aussitôt tentait-il de se relever, qu’il fût brusquement ramener en arrière par l’une des aberrations qui lui mordit instantanément dans le mollet et en tira avec sa mâchoire un bout de chair qui se détachait du membre. Hervan hurlait de toute ses cordes vocales et finit par attirer tous les immortels des environs. Par un effort violent et désespéré, il frappa à la figure de son assaillant avec son autre pied, prit une branche par terre et se retourna brusquement pour lui asséner un coup mais aussitôt voulût-il se relever, qu’un autre lui tomba sur le bras puis mordit profondément dedans ; il perdit aussitôt contrôle du membre. Un autre enfonça ses mains dans l’abdomen du gosse puis écarta la chair, dévoilant les entrailles. La douleur fut si horrible qu’il n’eût même pas la force de crier. Il se contentait seulement de pleurer, certain qu’il ne pouvait plus espérer à la vie. Se calma, soudain ; « Tiens ! Je commence par avoir froid. Avec toute cette frayeur, j’avais fini par oublier que la pluie tombait toujours. Je me demande si Samia a réussit par sortir de cette forêt. J’aimerais…, ( Il se remit par pleurer, des larmes mêlées aux ruissellements de pluie sur son visage ensanglanté ), j’aimerais vraiment qu’elle ne se fasse pas attraper, qu’elle vive plus longtemps elle au moins et qu’elle puisse retrouver Léo. ». Il souriait, déjà tiré vers l’au-delà pendant que la pluie frappait sur son corps et sa chair, pendant que l’eau qui lui entrait dans les yeux atténuait sa vision de l’horreur, insensible maintenant face à la douleur : le supplice avait fini par endormir ses sens. Il dit au moment où il vit sa conscience s’évanouir, sous les mouvements saccadés de sa gorge en furie ; « Au revoir les amis. Au revoir…maman, au revoir…papa. À tout le monde, adieu ! », puis, après que l’un d’eux aie mordu profondément à son cou, il rendit son dernier soupir et les monstres se partagèrent son corps. Après cela, son corps et celui de son ami Léo ne furent plus jamais retrouvé. C’était Halloween !

                                     *

                                 * *

  C’était la veille d’Halloween. Il restait encore trois heures avant que la cloche de minuit retentisse dans ce modeste village oublié par le temps comme les morts qui échappent chaque jours un peu plus aux souvenirs des vivants. Il y avait quelque part dans le bourg, un peu à l’écart de la vie pullulante des marchés, tout près des champs et des sentes dépouillées de leur mouvements d’antan, une jolie petite maison qu’habitait une charmante petite famille. Phœbe regardait avec tendresse ses deux enfants se lamenter après leur dîner. 

– Maman, pourquoi on prend de la soupe ce soir ? Demanda l’aînée, un joli garçon de sept ans aux yeux marrons et à la chevelure noir ; c’est Halloween demain, et on devrait préparer une dinde.

– Oui maman, dit la plus jeune, quatre ans, avec les mêmes caractéristiques morphologiques que son grand frère ; Charles et moi voulons une dinde ou un veau. S’il te plaît maman ne nous force pas à manger de ça.

  Aucune bonté ne valait la patience que Phœbe prêtait à ses enfants qu’elle élevait seule pendant deux ans maintenant. Il y a deux ans, elle vit son mari trébucher dans l’arrière cour dans le champs de citrouille, le cou perforé par les pointes de son rateau. On cru à un accident, qu’il avait trébucher en s’empêtrant les jambes dans les tiges ligneux et ondulé de ses citrouilles puisqu’on les remarqua enroulées autour de sa jambe. Avant même de tomber cet homme avait hurler, « je déteste Holly Booky ». C’était un sombre matin d’Halloween où cette jeune femme de vingt-huit ans vit toute son existence être réduit à ses deux enfants, ses trésors. Les enfants mangèrent la soupe malgré eux et coururent embrasser leur mère. 

– Tu penses maman que Holly Booky viendra demain ? Demanda la petite fille assise sur les cuisses de sa mère,

– Non, répondit le garçon, Holly Booky est une légende. Et puis il est effrayant. Pourquoi aurait-on envie de le voir ! La petite fille ignora la réponse de son frère, et parla sur un ton plus affaiblit,

– Maman je veux voir Holly Booky. 

– Tu as l’air épuisé ma chérie, tu devrais dormir. Demain, peut-être le verras-tu.

– Pourquoi on devrais dormir maman ? Personne ne dort la veille d’Halloween. On met des masques de carnaval et on cherche les bonbons, tout le monde le fait.

– Personne ne le ferra dans cette maison. Dit fortement la mère, maintenant mène ta sœur au lit, Charles. Je vais finir de nettoyer le jardin, nous aurons des invités demain.

  C’était une jolie femme aux cheveux blonds et pâle comme s’ils étaient de neige qui malgré la splendeur de ses traits et de sa personne, n’eût jamais décider à se laisser consoler par la tendresse d’un homme. Toutefois il serait exagéré de dire que sa vie eût été conduit sous le cortège de l’amour. Son mari aurais été jusqu’à la fin un homme violent et totalement désintéressé de sa femme, mais surtout, elle avait finit par juger qu’il était devenu assez singulier, si étrange qu’on aurais facilement pu le traiter de psychopathe. Celui-ci, de son vivant, installait chaque jour des pièges à rat dans son jardin et lorsqu’il lui arrivait d’en attraper, il les faisait broyer vivant dans son moulin électrique et déversait la pâte de chair dans sa culture de citrouille en vue de fertiliser le sol. Mais depuis sa mort, jamais personne n’eût fertilisé le champ de cette manière. 

  Phœbe sortit de la maison puis se dirigea dans l’arrière cour. Les feuilles jaunis de l’automne qui provenait des arbres aux alentours dépouillés par l’approche de l’hiver recouvraient le jardin où logeait les citrouilles au yeux triangulaires et au sourire étrange laissant voir deux dents au-dessus et seulement une dent en bas, découpés adroitement par Phœbe et ses enfants. Toute les citrouilles semblaient effectuer un sourire triste. Une grosse bougie naine et carrée se trouvait à l’intérieur de chaque citrouille, ce qui illuminait l’expression de ces têtes comiques et oranges. Elle ouvrit le hangar et en sortit une brouette, une pelle et un balaie. Elle détestait les râteaux depuis ce jour où elle vit l’être le plus proche d’elle mourir sur les pointes d’un de ces outils et avouait très facilement que sa maladresse pouvait lui faire subir le même sort. Elle mit les outils dans la brouette et se rendit dans le jardin. Il restait une heure avant minuit. Elle sortit un ciseau de son tablier, s’accroupit près des citrouilles qui n’avait pas encore été cueillis et les séparait du lierre parasite. Elle prit ensuite son balaie et rassembla les feuilles mortes du jardin en un monticule puis prit sa pelle pour mettre les feuilles vieillies par l’automne dans sa petite brouette. Les douze coups de minuit sonnèrent au moment où elle alla poser sa brouette dans un coin de la clôture et presque au même moment, elle vit que la lune avait changé de couleur. Elle était devenu d’un rouge cramoisie. Lorsqu’elle revint, elle remarqua qu’il y avait quelque chose de changé dans le jardin. Elle réfléchit longtemps tout en examinant son champ, et soudain, presque au même moment où elle remarqua que les citrouilles au lieu de présenter un regard triste, souriaient, elle entendit monter de son jardin un appel terrifiant. « Hooolyyyy Booookyyyy ! » ; aussitôt les vautours assis sur les branches décharnées des arbres aux alentours s’envolèrent subitement, et elle se découvrit une crainte si étouffante qu’elle se précipita vers la maison pour mieux attendrir sa psyché. Alors qu’elle était tout près de sortir de l’arrière cour, elle entendit une voix qui parla avec cette même tonalité que le hurlement de minuit. 

– Mais où vas-tu ? 

  Elle se retourna, la voix venait de derrière. Elle se tourna mais ne vit personne. Le jardin était bien éclairé, pourtant. Pendant qu’elle observait encore les citrouilles, elle répondit,

– Je… je rentre à l’intérieur de la maison. Tout…tout cela commence à m’effrayer.

– Ah oui ! Tu ne devrais pas voyons. Allez, approche-toi.

– Non, je préfère rentrer à l’intérieur, ou au moins, montrez-vous. 

– Me montrer ? Mais je suis là, ma jolie ! Approche, et tu verras mieux. 

– Alors je préfère rester à l’intérieur de la maison. 

– Comprends, salope, que je suis déjà dans la maison. Si tu ne veux pas que je tue tes adorables enfants, approche doucement vers moi. En me laissant voir la peur dans ton regard si possible, j’aime bien voir la peur dans le regard des jolies femmes ; ça m’exciiiite !

  Elle n’arrivait plus à réfléchir, elle pensait bien avoir à faire à une hallucination mais en ce moment, sa capacité à raisonner fut dissimuler par les appréhensions qu’elle vivait pour ses enfants. 

– Mais…, qui es-tu ? 

– Approches, j’ai dit ! On pourra mieux parler comme ça, ma belle.

  Elle marcha vers la voix.

– C’est ça, continue par marcher.

  Phœbe s’arrêta là où la présence se faisait le plus ressentir, mais elle ne voyait personne. 

– Où êtes-vous ? 

– Je suis là, sous tes pieds. Baisse-toi, qu’on puisse discuter. 

  Sa crainte avait peut-être prit un aspect de folie. Elle pensait maintenant que la voix provenait des citrouilles. Elle hésitait à répondre à l’ordre de l’anomalie. Alors une tige s’enroula autour de son poignet et la força à s’agenouiller tout près de la citrouille juste devant elle. Sa crainte se confirma : c’était cette citrouille là qui parlait. 

– Bien, maintenant, demande moi ce que tu veux savoir, Phœbe. 

  Elle s’imposa une constance terrible pour ne point paraître troublé face au phénomène. 

– Qui es-tu ? 

– Je m’appelle Holly Booky, ma gentille Phœbe.

  Elle continua d’un air enjoué, naïf.

– Alors c’est toi, Holly Booky ! Ma petite fille voulait tellement te rencontrer, Holly. 

– Bah moi je n’aime pas trop les mioches.

– Elle se souvient encore lorsque son père lui parlait de toi. Et son grand frère lui raconte toujours des histoires effrayantes sur toi.

– Pas plus effrayante que moi-même. Cela n’a rien d’étonnant, c’était à cause de moi que son père versait toujours de la chair de rat par ici. J’ai été pendant longtemps estimé comme un dieu dans sa famille.

– Oh, c’était pour toi qu’il faisait cela. Je croyais moi qu’il devenait fou après notre mariage. La petite aura bientôt cinq ans tu sais, voudrais-tu que je la réveille pour que tu lui parles.

– Non, non ne fais pas ça. Je… je suis très timide avec les gosses. Ils me font peur quelque fois à force de s’agiter.

– Allons, ma fille est une toute mignonne petite bête, elle ne tut pas.

– En parlant de tuer, pourquoi n’as tu jamais continué par me nourrir comme le faisait ton mari ? Je l’ai tué parce que cela le dégoutait, mais c’était un brave type ; il m’avait toujours été fidèle, à part ce jour où il a dit qu’il me détestait. Mais toi, je ne te pardonnerais pas.

  Une voix qui provenait d’une autre citrouille,

– Je ne te pardonnerais pas.

  Puis d’une autre,

– Je ne te pardonnerais pas. 

  Bientôt toutes les citrouilles se mirent à lui hurler dessus et elle suppliait de ne pas crier trop fort car elle n’imaginait pas qu’elle fusse la seule à les entendre. Elle sentit la peur remonter, elle dandinait, tournait autour d’elle pour tenter de les apaiser. Puis elle sentit quelque chose lui entrer dans le flan et lui déchirer les entrailles. Elle baissa le regard vers la partie touchée. La pelle qu’elle avait laissé dans le jardin lui était entré par les côtes. Elle voyait que des racines s’étaient enroulées autour du bâton et que maintenant elles tentaient de retirer l’arme de son corps. Elle vomit du sang, élevée au-delà des sens par la déchirure brusque de ses nerfs contre les muscles tranchés. Les tiges s’enroulèrent autour de son cou et de ses deux bras tirés de part et d’autre puis serrèrent les membres en même temps qu’elles la soulevait au-dessus du sol. Lorsqu’elle atteignit les dix mètres de hauteurs, les racines continuèrent par étreindre au cou de la jeune femme agonisante alors que ses bras se faisait brutalement tirés par les cotés. Les bras contraints eux-aussi subissaient progressivement le supplice de l’écartèlement. Elle sentait ses fibres musculaires se rompre sous une douleur irréversible ; puis elle sentit des membres se détacher lentement de ses épaules, privé même de ses cris de couleur puisqu’au même moment sa gorge serrée par ces terribles tentacules végétales se faisait brutalement écraser. Le sang jaillissait des déchirures établies entre les mamelles et les bras de Phœbe, juste au niveau des aisselles, puis, alors qu’elle perdait connaissance à cause de l’hémorragie, incapable même de crier, elle sentit ses bras se détacher du reste de son corps. La souffrance inhérente à la mort n’avait jamais prit meilleure apparence qu’en cet instant. Elle extirpa son dernier souffle avant même que son cou ne fût entièrement broyer. Les racines se déroulèrent laissant tombé la dépouille mutilée tout près des bras laissés là plus tôt, sur ce sol où se répandait du liquide rouge et gluant que révélait son sang. Un rire énorme monta dans la nuit, accompagné d’un appel ; Hoooolyyyyy Booookyyyyy ! C’était le terrible hurlement du légendaire Holly Booky. C’était Halloween.

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