C’est comme un brouillard infini
Un chemin de mie,
Qui me perds dans cette réalité
Avec l’espoir que revienne l’été,
Un désespoir sans fin,
Délaissement vain,
Ma langue ne goûte plus à la vie,
Par ta faute, je ne suis plus Amie,
Plus Amie de moi-même,
Plus d’Elle, Je est partie,
Que fais-tu de mes je t’aime ?
Faussées par l’accalmie.
Baisse les pupilles,
Tu n’es plus de ta mère la fille,
Nourris mes démons,
Car ce sont eux qui te domineront.
☾
« Brasse l’air avec tes ailes écorchées, victime de ton passé… parce qu’il te poursuivra éternellement. »
☾
Il existe six manières d’aimer quelqu’un
Il existe six manières d’aimer quelqu’un. Il y à l’amour passionnel, celui d’Eros, qui provoque le coup de foudre. Celui de Ludus, au contraire, qui considère l’amour comme un jeu qui n’engage à rien. Puis il y a Storge qui est l’amitié stable, Mania pour l’amour cupide et excessif. Puis nous avons Pragma, l’amour réaliste et réfléchi. Et finalement, nous avons Agapè, l’amour altruiste. Ce sont autant de façons différentes d’aimer quelqu’un qu’il y a d’astres dans le ciel. Mais parfois l’amour n’existe pas.
C’est le cas avec ceux qui m’ont mis au monde. Mes parents ne m’ont jamais aimé. Si c’est arrivé un jour, je vous répondrais que c’était un moment de pure folie. Mais, vous savez, la vie ne se passe pas toujours comme on le voudrait. On devient le pion comique d’un jeu compliqué, d’un jeu qu’on n’a pas toujours envie de comprendre. J’ai toujours pensé que mon père était sévère, aigre et austère. Que ma mère était jalouse et malheureuse.
Je me rappelle encore des hurlements à se damner, le bruissement des arbres secoués en plein orage, après que le coup sinistre d’un verre se soit brisé. Juste après, il y avait toujours ce vent frisquet qui entrait dans la maison. Quand mon père hurlait mon nom, mon cœur cessait de battre. Il exultait dans un juron toute la rancœur qu’il voyait en moi, surtout après le départ inattendu de ma mère. Son affliction à mon égard n’était dû qu’à une seule chose : pour lui, c’était de ma faute si maman avait disparu du jour au lendemain sans prévenir quiconque, pas même Élabora, sa meilleure amie. J’ai passé mon enfance avec un père qui ne m’aimait pas et qui me le faisait payer. Tout y passait.
Absolument tout.
Mais je crois… je crois que ça ne m’atteint plus, aujourd’hui. J’ai perdu la notion du temps avec les années qui ont écoulées. J’ai grandi, tout simplement. La bouche scellée, les battements de mon cœur qui pulsaient jusque dans mes oreilles quand je rentrais après les cours. Mes cris se faisaient silencieux, parce que je n’avais pas le droit que l’on m’entende. Je coulais, tout doucement, dans une transe incontrôlable. Je ne pouvais rien faire pour arranger les choses : les voisins mimaient les sourds ou les aveugles et parler aux services sociaux revenait à m’éloigner de ce que j’avais de plus cher au monde : mes amis devenus ma famille.
Ainsi, à cette époque ou je n’étais encore qu’une lycéenne, à quelques heures des résultats des Highers, tout tournait à l’envers dans ma vie. Je tournais, encore, encore, encore… jusqu’à vomir mes tripes parce que je ne pouvais plus supporter cette agitation quotidienne et douloureuse.