Les Crapules de la Cabane – Chapitre 10

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                                    Chapitre 10 : Coup de chance

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Olivia. Bon sang, ce qu’elle était belle. Oui, je sais, j’ai déjà dû l’évoquer une fois ou deux. Mais merde, je le répète. Ce qu’elle était belle ! Même avec sa blouse vert bouteille, couleur de l’enseigne pour laquelle elle travaillait, elle gardait une beauté époustouflante. Malgré un job peu stimulant, elle avait toujours le sourire. Et elle rayonnait. Elle illuminait littéralement toute la boutique. Olivia, c’était ma lumière. La lueur éblouissante qui me guidait dans la pénombre de ma petite vie merdique. J’entendais « Crimson & Clover » résonner dans ma tête. Quand je voyais Olivia, à chaque fois, mon esprit semblait me générer des chansons d’amour en mode aléatoire. Mais je n’en avais jamais parlé à personne, c’était mon petit secret. Ses longs cheveux bruns tournoyaient sur ses épaules dans de douces ondulations, ses yeux en amande laissaient transparaître la douceur de son âme et son petit nez parsemé de tâches de rousseur me faisait carrément fondre. Bordel, j’étais définitivement amoureux.

— Hé oh, Harlem. Tu baves, mon pote, se moqua Angus en me poussant à l’intérieur de l’épicerie, alors que je trainais devant l’entrée, n’osant pas entrer le premier.

Je le fusillai du regard avant de remuer les épaules pour prendre de l’assurance et un air faussement détaché. Taz disparut au rayon apéro, en quête de chips, probablement. J’attendis qu’Olivia termine d’encaisser un client pour m’approcher. Adoptant un air aussi naturel que possible, j’avançai vers la caisse et m’y accoudai, dans une posture presque trop nonchalante. Olivia me sourit en penchant la tête.

— Un paquet de Chesterfield ? me demanda-t-elle, connaissant par cœur mes goûts en matière de cigarettes.

— Heu… Non, j’essaie d’arrêter.

Je préférais lui inventer un bobard plutôt que de lui avouer que je n’avais pas de quoi payer. Mais mon excuse sonna avec si peu de crédibilité, qu’elle me jugea d’un regard amusé en posant un paquet de clopes devant elle. Elle le fit glisser vers moi en m’adressant un clin d’œil.

— C’est pour moi.

Gêné par son altruisme, qui me faisait sentir minable, aussi charitable soit son geste, je m’apprêtais à refuser son cadeau quand je sursautai.

— Dis Olivia, tu peux m’avancer ça ? demanda Taz, surgissant de nulle part, une fois de plus.

Putain ! Il apparaissait constamment comme un fantôme qui se serait matérialisé comme par magie, me faisant bondir à chaque fois ! Il avait déjà entamé le paquet de chips pour lequel il demandait crédit et mâchait la bouche ouverte, sans aucune manière.

— Je crois que j’ai pas vraiment le choix, répondit la demoiselle d’un ton sans reproches, en désignant d’un signe de tête le paquet de pétales saveur fromage déjà à moitié englouti.

Elle était comme ça Olivia. Gentille, dévouée, et indulgente. Je crois qu’elle nous aimait bien dans le fond. A moins qu’elle n’ait seulement pitié de nous. J’aimais à penser qu’au-delà de la compassion qu’elle éprouvait pour nos tristes mines, elle avait de l’affection pour notre petite bande.

— Au fait, reprit Taz en me regardant avant de fixer à nouveau Olivia. Tu finis à quelle heure ton boulot ?

Mais bordel, qu’est-ce qu’il foutait, lui ?! Il cherchait à m’arranger un rencard forcé avec son manque de tact légendaire ou je me faisais des films ?! Je tournai la tête vers Taz, pour lui lancer un regard noir, voulant éviter qu’Olivia ne perçoive mon malaise.

— Normalement à vingt heures. Mais j’ai une livraison à faire après la fermeture. Madame Peterson a du mal à se déplacer, alors je lui ai proposé de lui apporter ses courses ce soir. En plus, elle vient de perdre son fils…

Le son lourdement croustillant qui s’échappait de la mâchoire de Taz s’interrompit brusquement. Mon regard croisa celui d’Angus et de Mohan et je me redressai, intrigué par l’étrange coïncidence qui venait de me frapper comme un miracle.

— Madame Peterson ? Son fils, ce serait pas Lenny Peterson ? demandai-je en reposant mon regard sur la jeune femme, cherchant à préserver un caractère faussement anodin et innocent à ma question.

— Si, c’est ça. Lenny. Il est décédé hier. C’était un pauvre type, mais ça fait mal au cœur quand même.

Mon karma semblait faire de l’alternance. Cependant, même quand il se mettait à me chier dans la colle, ma chance finissait par tourner. Alors que j’avais épuisé mes ressources pour trouver l’adresse de la mère de Lenny, voilà que le destin me faisait un signe.

Ayant lui aussi flairé l’opportunité à saisir, Angus prit les devants.

— Ah mais si tu veux, on va les lui apporter nous, ses courses. Ça t’évitera de finir tard.

Olivia hésita une seconde, visiblement touchée par notre proposition mais inquiète de nous confier cette mission. Crainte légitime. On n’était pas des références en matière de fiabilité, et on ne pouvait pas vraiment compter sur nous. Si on faisait les pronostics en se basant sur notre réputation, cet engagement qui reposait sur les épaules de notre petite alliance chaotique laissait présager un échec. Avec de forte probabilité de désastre puisque notre coefficient cafouillage grimpait en flèche dés que la bande était au complet. Voilà pourquoi je tenais à saisir cette opportunité de prouver à Olivia que je pouvais me montrer plus sérieux qu’elle ne le soupçonnait.

— Et bien… Oui, pourquoi pas. C’est gentil, Angus. Merci, commença-t-elle avant de poser son regard sur Mohan. Je compte sur toi pour t’assurer que personne ne se serve au passage.

Quoi ? Pourquoi donc faisait-elle davantage confiance à Mohan plutôt qu’à un autre d’entre nous ? A quel moment était-il devenu un exemple de responsabilité ? Je posai un air interrogateur sur le blond, un brin jaloux, tandis qu’il acquiesçait à la requête de l’épicière. Celle-ci nota l’adresse de Madame Peterson sur un post-it et contourna la caisse pour nous mettre dans les bras trois sacs débordants de provisions. Seul Taz échappait à la corvée, une main déjà occupée à soutenir son paquet de chips, l’autre plongée dedans. Olivia colla le post-it sur la veste du décoiffé boulimique, en soufflant un petit rire étouffé, lui permettant ainsi de participer lui aussi à la mission de livraison.

— Merci les gars, j’apprécie.

Son ultime sourire fut pour moi, pour mon plus grand plaisir. Je le lui rendis quand elle me tendit le paquet de Chesterfield qu’elle m’avait offert, avant de baisser les yeux, embarrassé par mon petit cœur qui s’emballait comme s’il risquait de bondir hors de ma poitrine sans prévenir.

Les bras chargés, toute la bande sortit de l’épicerie et je fus le seul à ne pas remarquer que je souriais toujours d’un air béat.

— Harlem… commença Angus. Tu baves, mon pote.

Tous se mirent à rire, même Taz qui avait la bouche pleine et qui en cracha quelques miettes de chips, manquant de s’étouffer avec.

— Vos gueules, bande de nazes ! grognai-je, vexé, en m’avançant d’un pas pressé pour les dépasser eux et leurs ricanements gênants.

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4 Commentaires
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DeJavel O.
2 années il y a

C’est fou ce qu’Olivia humanise Harlem. On va finir par le trouver sympathique ! Et ce sera grâce à elle ( ou à cause d’elle…) En attendant, je suis certain que les sacs ne vont pas se rendre chez madame Peterson. Il va se passer quelque chose, c’est certain.

DeJavel O.
2 années il y a

Pas de problème pour mes attentes ! Je n’en ai aucune – MDR

Je prends les textes comme ils viennent et j’apprécie les tiens pour l’ironie sous-jacente et le naturel de tes personnages. Donc, aucune pression svp ! On est bien et on s’éclate ! Lol

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