Les Crapules de la Cabane – Chapitre 19

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                                        Chapitre 19 : Débandade

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Nous avions délivré la marchandise, pourtant l’enthousiasme n’était pas au rendez-vous. Une certaine tension persistait au sein du groupe. J’ouvrais la marche, direction l’épicerie, les trois autres qui me suivaient dans un silence pesant. Angus pressa le pas, pour marcher à côté de moi.

— Dis Harlem, j’ai l’impression que les deux types derrière nous, nous suivent.

Je tournai la tête et remarquai la présence des deux hommes louches qui nous observaient dans le pub, quelques minutes plus tôt. Oui, ils nous suivaient, sans même chercher à se faire discrets.

— Je crois que t’as raison, ils arrêtaient pas de nous mater à la Cabane.

— C’est qui ?

— J’en sais rien, mais ils sont pas du coin, ça c’est sûr.

— Qu’est-ce qu’on fait ? C’est peut-être des flics !

— On fait rien du tout, on va juste chercher les médocs de Dory. Et j’pense pas que ce soit des flics. A mon avis, ça a un rapport avec la trouvaille de Taz.

J’entendis Angus déglutir nerveusement. J’étais moi-même inquiet, mais je voulais nous préserver d’un effet de panique qui ne serait qu’amplifié par notre état. J’étais persuadé que ces types étaient liés à la découverte que Taz avait faite dans cette fameuse chambre d’hôtel. Leur présence à la Cabane n’était pas un hasard, ils ratissaient probablement la ville à la recherche du voleur. Ceci expliquait pourquoi Walter avait désigné Taz lors de sa discussion avec les deux étrangers. Il leur avait sûrement révélé qu’il bossait dans le dit hôtel.

— Comment on va faire pour les médocs de Madame Peterson ?

Taz avait surgi derrière moi, me faisant sursauter, comme à chaque fois. Mon palpitant s’emballait déjà à cause de la cocaïne. J’allais finir par faire une crise cardiaque !

— Comment ça, comment on va faire ?

— Ben, il nous faut pas son ordonnance, à la vieille ? Olivia va nous les donner comme ça, tu crois ? insista-t-il.

Je m’arrêtai net, imités par le reste de la bande.

— Merde, on n’avait pas pensé à ça ! rouspéta Angus.

Lui-même n’y avait pas songé, alors qu’il était le plus futé d’entre nous. Mais ce qui me surprenait le plus, c’était la soudaine sagacité dont Taz faisait preuve. Ça, c’était insolite !

— Déjà, on va rien dire à Olivia. J’ai pas envie qu’elle s’imagine qu’on n’a pas été capable de livrer toutes ses courses à Dory, ordonnai-je.

— Mais… commença Angus. On n’a pas été capable de livrer toutes ses courses à Dory, c’est un fait.

— Oui, mais j’veux pas qu’elle le sache !

— Alors, comment on va faire ? s’inquiéta Taz.

— La prescription de Dory doit être enregistrée sur l’ordinateur, à la caisse. Vous n’aurez qu’à fouiller dedans et prendre les médocs qui correspondent. Ils sont stockés sous le comptoir. Pendant ce temps, je ferai diversion, décidai-je.

— Hors de question ! s’énerva Mohan qui avait, lui aussi, accéléré la cadence pour se mêler à la concertation.

— Pourquoi pas ?

— Parce que… C’est pas cool de faire ça à Olivia !

— Mais on lui fait rien du tout, elle le saura même pas ! le rembarrai-je.

— Moi, j’le saurai !

Je le toisai d’un regard équivoque, troublé de le voir exprimer tant de sollicitude à l’égard d’Olivia. D’ordinaire, Mohan avait peu de considération pour ses semblables. C’était un roublard assumé, sans foi ni loi.

— Qu’est-ce que ça peut te foutre, à toi ?! m’emportai-je contre lui pour la deuxième fois de la journée. Laisse tomber, je sais très bien pourquoi tu fais ça !

Il resta muet, mais je perçus chez lui une forme de malaise.

— Tu fais ça à chaque fois qu’on s’embrouille ! Je t’ai explosé le nez, alors t’as décidé que t’étais pas d’accord avec mon plan, juste pour me faire chier ! Par pur esprit de contrition !

— Contradiction, rectifia Angus dans un raclement de gorge.

— Heu, les gars… marmonna Taz pour attirer notre attention.

D’un signe de tête furtif, il désigna les deux individus mystérieux qui nous collaient aux basques depuis notre sortie du pub et qui s’étaient eux aussi immobilisés. Ils nous fixaient toujours de leur regard impassible. Les yeux rivés sur eux, nous aussi, nous cessâmes aussitôt de parler. Ma dispute avec Mohan attendrait. Pour l’heure, nous devions nous débarrasser du binôme menaçant qui nous traquait.

— Ok, chuchotai-je en essayant de garder mon sang-froid. On va se séparer. Chacun part dans une direction, on fait le tour du centre-ville pour les semer, et on se rejoint tous à l’épicerie dans cinq minutes. A mon signal. Prêts ? Courrez !

Notre bande se dispersa, au pas de course, dans une cavalcade dénuée de coordination. J’empruntai une ruelle piétonne et cavalais aussi vite que je le pouvais. En jetant un coup d’œil en arrière, je me mis à paniquer en réalisant que l’un des deux types me talonnait. J’avais un avantage non négligeable sur lui, je connaissais ces rues comme ma poche. Je me faufilais d’une allée à une autre, malgré une agilité amoindrie par les effets encore prononcés de la cocaïne. Je galopais, bondissais, m’engouffrant dans des passages exigus, disparaissant derrière des étendoirs chargés de linge. Je renversai quelques poubelles, afin parsemer le parcours de quelques obstacles, déterminé à évincer ce gaillard par tous les moyens. J’ignorais ce qui nous attendait exactement en cas de confrontation avec ces types, et je ne voulais pas le savoir.

Au bout de quelques minutes de course effrénée, essoufflé, le cœur au bord des lèvres, je ralentis lorsque je constatai que je n’étais plus suivi. J’étais juste devant l’épicerie. Rapidement, Mohan apparut, puis Angus et enfin Taz.

— Ne trainons pas ! m’affolai-je en poussant tout le monde à l’intérieur.

Olivia était là, derrière son comptoir, occupée à faire la conversation à une vieille résidente du quartier. Planté à l’entrée, j’observais la jeune femme en souriant bêtement, sans même m’en rendre compte. Elle était si dévouée avec sa clientèle, avec tout le monde. J’admirais ça chez elle, comme toutes les qualités qui faisaient d’elle l’être merveilleux qui avait volé mon cœur. « Ordinary Man » de Eels résonnait dans mes oreilles, mais pas comme d’habitude. Cette fois-ci, j’entendais vraiment la musique. Pourtant j’étais certain qu’elle ne se jouait que dans mon esprit. Effet secondaire dû à la cocaïne, sans doutes.

— Arrête un peu de baver ! me gueula Mohan avant de m’asséner un coup de coude dans les côtes.

Je le dévisageai et ravalai la réplique cinglante qui me brûlait les lèvres. La cliente passa devant nous et quitta les lieux. C’était le moment !

— Vous savez ce que vous avez à faire, j’me charge d’Olivia.

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2 Commentaires
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O. DeJavel
1 année il y a

Harlem s’apprête à trahir celle qu’il désire. Ouf ! Dans le genre petite crapule, il ne se fait pas mieux. Moran, lui au moins, il a ressenti que ça ne se faisait pas. Trop hâte de voir comment ça va se terminer. Qui sait si le binôme ne va pas se pointer…

Au secours ! Et tout ça à cause de cette vielle cardiaque !

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