Les Crapules de la Cabane – Chapitre 27

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                                    Chapitre 27 : Retour aux sources

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Voilà quelques mois déjà que notre projet avait capoté en beauté. Mais avec le recul, j’avais réalisé que les choses auraient pu tourner beaucoup plus mal. Au final, on avait évité le pire. Nous n’avions même pas eu d’embêtements avec la police suite à l’arrestation des deux trafiquants. Je suppose qu’il n’était pas dans leur intérêt d’aider les enquêteurs à retrouver la marchandise, c’était très certainement ce qui nous avait maintenus à l’écart de toute cette affaire.

Angus, à ma droite, rouspétait au sujet de l’actualité, dans de grands discours bourrés de mots compliqués. Taz, à ma gauche, ne cessait de buter sur les termes dont il ignorait le sens, comme à son habitude. Entre les deux, perché sur mon tabouret attitré, je soupirai aux paroles de l’un et aux questions de l’autre. Nous avions retrouvé notre petite routine à la Cabane, pour mon plus grand plaisir. Mohan était là également, occupé à planifier, avec Olivia, leur nouvelle vie de futurs parents. Cette dernière affichait avec fierté, un ventre bien rond. J’étais heureux pour eux, sincèrement. Et j’étais également ravi de tenir, bientôt, le rôle du tonton préféré de leur rejeton. J’étais même impatient ! Tout se goupillait bien pour les amoureux, Mohan avait même trouvé un emploi. Serveur dans un restaurant de la commune voisine. Mais pas n’importe quel établissement. La brasserie appartenait à l’oncle d’Olivia. Celui-ci, ravi de voir sa nièce si bien accompagné, avait voulu aider le couple à démarrer leur nouvelle vie à deux. Mohan avait su séduire toute la famille de la jeune femme, il était doué pour ça, il avait la gueule du gendre idéal. Et on avait tous joué le jeu, pour garder secret son passé de petit criminel notoire.

Mohan avait enfin pu régler son ardoise à la Cabane. Il s’était même acquitté de la mienne. Et il avait payé à Taz une nouvelle paire de pompes ! Enfin ! Ce crétin avait accepté de se débarrasser de ses vieilles sneakers jaunes ! Malheureusement, les nouvelles godasses qu’il avait choisies arboraient à nouveau une couleur criarde. Un rouge flamboyant, qui m’avait fait grimacer au passage en caisse.

Nos dettes de comptoir remboursées, Walter nous avait accueillis à bras ouverts, large sourire aux lèvres, pendant des jours après ça. Toutefois, cet élan de sympathie fut de courte durée, et il redevint très vite le vieux grincheux que l’on connaissait. Je le préférais ainsi. Et puis, quand il souriait, je lui trouvais un air flippant. Il nous avait à nouveau dans le collimateur, comme avant. Surtout moi, parce que je faisais les yeux doux à Poppy, sa petite-fille qui servait au comptoir depuis peu, pour lui filer un coup de main. Elle était particulièrement mignonne. Blonde, des yeux noisette, et un sourire ravageur. Je n’avais pas encore osé l’inviter à sortir, parce que j’ignorais si je lui plaisais. Et aussi parce que je n’avais pas un kopeck pour l’emmener où que ce soit. Par moments, je me prenais à rêver que notre plan avait fonctionné, que j’avais réussi à revendre la cocaïne, et que je m’en étais mis plein les poches. J’aurais eu les moyens d’emmener Poppy dans un grand restaurant, je lui aurais offert les saloperies habituelles, du genre bouquets de fleurs, et je l’aurais impressionnée avec mon statut de baron de la drogue friqué et respecté de tous. Tant pis. J’en avais fini avec les regrets, et j’avais décidé de laisser mes ambitions ridicules derrière moi.

— Quand est-ce que tu lui dis ?

— Ta gueule, Taz ! grognai-je.

Désormais rangé dans le rang des honnêtes travailleurs, Mohan s’était fixé comme objectif de me dégoter un boulot à moi aussi. Je dois avouer que j’y songeais sérieusement. Finies les combines foireuses, finies les magouilles douteuses, j’étais prêt à devenir quelqu’un de meilleur et à envisager un avenir plus stable. Il m’aura fallu en passer par toutes ces emmerdes pour découvrir que ce qui comptait le plus pour moi, avait toujours était là. Ma bande de potes au complet, une pinte de blonde sous le nez, et de nouveaux projets plus honnêtes en perspective.

— Comment vous allez l’appeler, le petit ? Si vous avez pas d’idées, je suggère Harlem, proposai-je au couple.

Mohan leva les yeux au ciel.

— C’est une fille, on t’a dit.

— Ouais, je sais. Et alors ?

— Hors de question qu’on l’appelle comme toi, affirma Mohan tandis qu’Olivia me souriait d’un air désolé.

— Pourquoi ? Non, tu sais quoi, ne dis rien. Je crois que je vais sortir m’en griller une, avant qu’on en vienne à se dire des choses vexantes.

Grimaçant un faux air vexé, je levai mon majeur à l’attention du futur papa, qui me le rendit aussitôt. Je quittai mon tabouret pour sortir quand Walter m’interpella.

— Tu t’casses pas sans payer, Harlem ! Sinon, j’te pète la gueule, sale cafard !

— Calme-toi, vieux débris, je sors juste pour fumer. Faut vraiment que tu te détendes, tu vas finir par te déclencher un AVC, à force de gueuler !

Je passai la porte en maronnant et portai une clope à mes lèvres avant de l’allumer.

— Psst !

Surpris, je regardai à gauche, puis à droite, pas sûr d’avoir vraiment entendu quoi que ce soit. Un nouveau sifflement discret résonna jusqu’à mes oreilles, et j’aperçus alors un étrange individu à quelques mètres de moi, caché à l’angle de la rue. Bob sur la tête, lunettes noires sur le nez et col de chemise remonté jusqu’à la mâchoire, je plissai des yeux pour toiser l’inconnu impossible à identifier. Il me fit signe d’approcher, d’un geste de la main, surveillant ses arrières comme un chien de garde. Étonné mais curieux, je m’avançai jusqu’à lui quand il retira enfin lunettes et chapeau.

— Putain de m… Tony ?!

— Comment ça va, crapule ? Ça fait un bail, hein ?

Je l’attrapai par le col et le secouai vivement.

— Bordel ! Où t’étais passé, connard ?!

— Calme-toi, bon sang ! gueula-t-il à son tour, en me repoussant.

Débraillé, il arrangea ses vêtements et passa une main dans ses cheveux pour les remettre en place.

— Je sais que t’es un malade mental ! T’es même pas italien, trou du cul ! Les flics nous ont tout raconté !

— Oh tu sais, la notion de la maladie mentale c’est quelque chose de très abstrait. Et puis, je t’avais dit que j’allais refourguer la coke, c’est juste que ça m’a pris un peu plus de temps que prévu.

— Quoi ? Tu veux dire que…

Il ne me laissa même pas finir ma phrase, qu’il sortit de la poche de sa veste une enveloppe consistante. Il me la tendit en souriant.

— Pas si zinzin que ça, n’est-ce pas ? se moqua-t-il.

Je gardai l’enveloppe en main, sans l’ouvrir, arquant un sourcil. Doutant de la santé mentale du faux rital, j’étais persuadé qu’il ne pouvait y avoir dans cette pochette en papier, que des billets de Monopoly.

— C’était un plaisir de faire affaire avec toi, Harlem. Peut-être qu’on se recroisera un jour.

Tony m’adressa un clin d’œil, renfonça son chapeau sur sa tête, et disparut tandis que je secouai la tête en soupirant. Mon regard dubitatif se posa sur l’enveloppe et je décidai de l’ouvrir, sans conviction. La bouche tombante, les yeux écarquillés, mon cœur s’emballa quand je découvrir à l’intérieur, un paquet de billets incalculable au premier coup d’œil. Un sourire plein de malice étira mes lèvres, et je levai la tête pour observer l’horizon, percevant à nouveau cet avenir auquel j’avais renoncé à contrecœur.

— Nom d’une capote trouée !


                                                            FIN


Merci à tous les lecteurs et en particulier à O. Dejavel pour ses retours et ses conseils ! L’enchaînement dans sa globalité s’avère trop rapide à mon goût. Malgré moi, je n’ai pas su anticiper la longueur de mon récit, et je le trouve un peu court sur pattes. J’ai l’intention de le retravailler, afin de le rendre plus satisfaisant, à mes yeux. Je le posterai probablement ici quand la réécriture sera terminé. J’espère que les aventures des Crapules vous ont plu ! A très bientôt pour une nouvelle version et un nouvelle histoire (que j’ai déjà en tête) !

Encore merci ! 😉

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2 Commentaires
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DeJavel O.
2 années il y a

Ah ! Shi loh !

Ce fut un plaisir de te lire !

Il y a une douceur, une tendresse derrière tes personnages et on ne peut que se laisser porter par le fil dans ton récit !

Alors merci pour cette histoire ! Nulle doute qu’elle plaira à ceux qui prendront le temps de la lire. Je te dis donc à bientôt !

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