Jamais elle ne lui a dit non
Sans cesse lui a donné son accord
Elle lui appartenait, lui a livré son corps,
son âme, son cœur ; il était sa vie, son alcyon
Dès le matin, elle s’offrait, elle était sienne
Il étanchait sa soif à l’eau de sa fontaine
S’agrippait, se lovait contre ses seins
Allait et venait, toujours plus fort entre ses reins
Le soir il sortait, rentrait tard
Chat haret, dans la nuit, il rejoignait sa couche
Entre ses cuisses se glissait, sans égard
Pour à l’apogée, s’abandonner dans sa bouche
L’essentiel, se disait-elle, c’est qu’il soit là
A mes cotés, tout contre moi
Je l’aime tel qu’il est et point ne le juge
Il est l’oxygène que je respire, mon ultime refuge
Son odeur souvent se mêlait à d’autres exhalaisons
Plus acides, plus épicées, étrangères à leur rite
Sur sa peau des griffures, des traces de copulation
Pour la rassurer, prétendait vivre comme un cénobite
Tu te laisses aller, lui disait-il, tu t’habilles mal
L’élégance est une valeur capitale
Comment veux-tu qu’ensemble nous sortions ?
Qu’aurais-je l’air, si tu fais mauvaise impression ?
Ses visites s’espaçaient, il apparaissait sans prévenir
Elle l’attendait, ne dissimulait son envie
Se jetait à ses à genoux, son visage contre son vit
Recueillie, presque extatique, avant de l’engloutir
Elle s’est accrochée comme un lierre
S’est rabaissée jusqu’à toucher terre
Pour se retrouver un jour abandonnée
Remplacée ailleurs par une dulcinée
Il réapparut, c’était au printemps
S’imaginant pouvoir labourer et semer son champ
Qu’elle fut sa surprise en frappant à sa porte
D’être accueilli par celui qui maintenant la réconforte
Un amour trahi,
toujours se guérit
Un galant de même,
se remplace sans problème
Il jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus;
à trop planter son dard, un jour le roi est nu.