La flemme

12 mins

    Le soleil transperça les jalousies du salon, et vint presque roussir les filaments disgracieux d’une barbe indomptable, laissée à l’abandon depuis quelques semaines déjà. C’était comme si cette lumière chaude et bienveillante forçait mes lourdes paupières à débuter leur dur labeur quotidien. Ouvertes, fermées, ouvertes, fermées. Tout cela pour quoi, finalement ? Pour les clore de nouveau le soir venu ? Être malmenées de la sorte toute une journée, balayant inlassablement une cornée vitreuse et asséchée, quasi indifférente à ce va-et-vient automatique; ce n’est pas une vie. Par soucis pour mes bulbes oculaires, légèrement gonflés de fatigue, je préférais garder fermés ces draps tégumentaires qui me demandaient tant d’effort à animer.

    Au bout de quelques minutes, cette satanée boule brûlante qui avait envahi le ciel semblait délier mes muscles, comme si elle tenait absolument à ce que je me lève. Je suis difficilement sorti de ma léthargie pour me diriger vers la fenêtre. J’avais un objectif bien défini en tête; il fallait que je tourne ce malheureux anneau qui permettait d’accentuer l’angle des jalousies, et laisser ma chère pénombre envahir l’espace. Cela faisait des mois que la tige de plastique s’était rompue, et je devais faire preuve d’ingéniosité pour glisser un palliatif à l’intérieur de cette petite boucle de métal. Généralement, je prenais un crayon qui trainait là, sur le bureau encombré par des kilos de paperasses et d’objets en tout genre que je n’avais pas eu le courage de trier depuis bien longtemps. Mais ce jour-là, le crayon n’y était pas. Il avait dû rouler sous un meuble. Avec les autres. J’ai soupiré. Deux fois. Puis j’ai commis l’impensable.

     J’ai tiré sur le fil doublé qui servait à remonter ce store à bas coût, qui semblait perdre son plastique terni par le temps en une myriade de fines pellicules blanchâtres. La lumière entra comme un souffle nauséabond. J’ai dû détourner les yeux tant elle m’aveugla. Dans la rue, en bas, des dizaines de personnes marchaient, parlaient; elles grouillaient en tous sens, entrant et sortant des boutiques, portant des sacs, ou claquant les portières de leurs voitures. J’avais mal à la tête. J’avais l’étrange sensation que les voir s’affairer ainsi suffisait à me fatiguer. J’ai eu un peu de mal à garder mes paupières mi-closes pour contempler cette euphorie. Cela faisait plusieurs jours que je n’étais pas descendu. Peut-être plus. J’avais perdu l’habitude de faire face à tout ce mouvement.

    Quelle heure était-il ? Pourquoi ces gens étaient-ils si actifs de si bon matin ? J’ai cherché mon téléphone, dissimulé depuis hier soir sous le carton encore humide d’une boîte de pizza dont il ne me restait qu’un douloureux souvenir dans l’estomac. 14h16. Ah. Je me suis arrêté un instant. Le simple constat d’un temps qui passe sans m’attendre me mit une de ces claques. Celles qui marquent. Celles qui font rougir la peau. Mon regard quitta l’écran assombri par le mode économie d’énergie, pour se déplacer dans le triste décor qui m’entourait. Du linge était entassé çà et là, comme dégueulant de la moindre surface plane du mobilier minimaliste installé dans ce studio de quelques mètres carrés que j’habitais depuis un an maintenant. Épris d’un doute, j’ai jeté un œil timide sur l’écran aux couleurs fades que je tenais dans la main. Cela faisait deux ans. Presque trois. Comment était-ce possible ? Comment ai-je fait pour ne pas voir le temps s’enfuir aussi loin de moi ?

    Sous mes yeux s’étalait l’entièreté de mes affaires, jonchant le moindre recoin de ce clapier qui me servait de chez moi. Avant, il avait servi de chez nous. Mais ça n’avait pas duré. Visiblement, l’amalgame douteux de vêtements et de déchets de commandes de nourriture livrable qui recouvrait l’espace avait enseveli tout projet de vie commune. Triste. J’aurais pu ranger. Mais je ne savais pas quel était ce mal qui m’avait toujours suivi, et qui m’empêchait de faire ce genre de chose. J’ai fait quelques pas en direction de la salle de bain. Je ne pouvais pas vraiment en faire plus de toute façon, tant les murs semblaient s’être rapprochés au fil des jours. J’ai appuyé sur l’interrupteur pour allumer l’unique ampoule qui pendouillait mollement au plafond de cette microscopique pièce d’hygiène. Cela n’a pas marché. Il fallait que je la change. C’est ce que je m’étais dit l’année dernière. J’ai pris la décision de ne pas me laisser abattre, et je suis retourné jusqu’au salon pour reprendre mon téléphone. J’ai appuyé sur l’icône de la lampe torche. Plus assez de batterie. Le sort s’acharnait.

    J’ai donc ouvert à contrecœur le reste des jalousies de la pièce principale pour pouvoir distinguer mon visage dans le miroir ébréché qui surplombait l’évier. Il y trônait une serviette mouillée, écrasée en une boule informe. Elle ne présentait que peu de différences avec le visage qui se trouvait en face de moi. Ramolli. Fripé. Laissé à l’abandon, tout comme ce lieu maudit où je m’étais embourbé. Mais que s’était-il passé ? J’ai trainé les pieds jusqu’au salon. Enfin, je me suis retourné et ai légèrement déplacé un pantalon du bout d’un orteil. Je n’étais pas triste, pourtant, j’avais envie de pleurer. Tout ici me semblait insurmontable. L’idée de ranger, l’idée de me frayer un chemin jusqu’à la kitchenette à l’autre bout de la pièce pour y trouver à manger.

    L’idée de cuisiner, puis de devoir faire la vaisselle. L’idée de transpirer, puis de devoir me laver. Pourquoi tout cela me semblait inaccessible ? Je ne vivais pas chez les autres, mais je pensais qu’ils trouvaient la force d’abattre tout ce travail. Il aurait fallu que je demande, à l’occasion, à un autre, comment il faisait pour s’en sortir. Je me suis demandé à quand remontait mon dernier contact avec un autre. Ah, oui, la veille au soir. Le livreur. Je n’allais quand même pas lui demander à lui. Je me suis dit que ce serait peut-être étrange. Il ne semblait même pas concerné par son propre travail. Au moins, il avait un travail, lui. Pourquoi je n’en avais pas, moi ? Ah, oui. Les horaires. Les contraintes. L’emprisonnement. Je crois que c’était cela mes raisons. Je m’assis sur le clic-clac d’où je m’étais levé un peu plus tôt. Il ne servait qu’exclusivement de canapé depuis que je ne pouvais plus l’ouvrir, peu de temps après l’avoir installé. Je ne savais même plus comment faire à vrai dire. Peu importe, il était placé devant ma télé, et le câble de mon chargeur de téléphone était assez long pour que je puisse y rester.

    Soudain, alors que ma main commençait à se diriger vers la télécommande, mon corps me fit faire quelque chose de bizarre. Dans un long bâillement aux allures de râle d’agonie, j’ai tendu mes bras vers le plafond en tirant de toute mes forces sur mon squelette. Une grande bouffée d’air entra violemment dans ma cage thoracique, et mon sang se mit à circuler vivement dans mes membres. De fortes douleurs saisirent mon dos, mes coudes et mes épaules, puis, un instant après, j’ai ressenti un bienêtre incroyable. C’était comme si mon corps me remerciait de l’avoir déplié. Ce maudit corps venait de se faire du bien contre mon gré. Néanmoins, une tension était palpable entre mon bassin et ma nuque, comme s’ils n’arrivaient plus à s’aligner, comme s’ils ne s’étaient pas vus depuis trop longtemps pour être sur la même longueur d’onde. Cet inconfort fut de courte durée, et très vite les muscles atrophiés de mes cervicales succombèrent de nouveau au poids de mon crâne.

     « Redresse-toi ! » Cette injonction que j’avais entendue des milliers de fois de la bouche de mes enseignants et de ma mère vint ébranler ma mémoire. J’ai culpabilisé. Je me suis demandé si j’étais encore capable de le faire. Mais je n’ai pas essayé, pour être sûr de ne pas être trop déçu. Paraitrait-il que si l’on ne tente rien, on ne rate rien. J’avais trop raté pour m’essayer de nouveau. Les études, l’amitié, l’amour, le travail, même le sport. J’ai jeté un œil sarcastique sur le placard à ma gauche. Un ensemble de jogging flambant neuf pendait à un cintre accroché sur le sommet de la porte. Je l’avais mis là pour me motiver, à l’époque. Je l’avais acheté un peu trop serré, pour me forcer à faire en sorte de pouvoir y rentrer. Il devait être beaucoup trop petit maintenant. J’ai touché mon ventre d’un doigt dégouté, m’enfonçant dans ce teeshirt bien trop grand que je portais depuis des jours. Le petit rictus ironique qui s’était dessiné au coin de mes lèvres devint caustique.

    J’ai rassemblé mes forces et j’ai saisi fermement la télécommande, laissant à l’abandon mes espoirs de corps athlétique, accrochés sur un cintre hors de mon champ de vision depuis bien longtemps. L’écran d’un mètre de large qui était devenu mon autel s’alluma brusquement, et la musique agressive du jingle du journal télévisé envahit mes oreilles. Un instant plus tard, j’ai senti mon cerveau me remercier. Comme lorsque l’aiguille d’une seringue perce la peau d’un pauvre erre, avant de lui délivrer sa substance. Je regardais fixement un bel homme en costume, rasé de près, qui débitait à un rythme hypnotisant une série de mots dont j’avais à peine le temps de saisir le sens. Sa voix me berçait. Les images et les couleurs qui vibraient sur l’écran me faisaient oublier peu à peu mon clapier. Bien que les nouvelles semblaient peu réjouissantes, entre conflits armés à l’étranger, menace de l’immigration, scandales divers chez des célébrités et des joueurs de foot, je me sentais apaisé. Toutes ces choses horribles qui se trouvaient dehors me confortaient dans l’idée de rester cloitré ici, loin du monde.

    Je suis resté quelques minutes devant ce spectacle divertissant, puis j’ai eu vraiment faim. J’ai jeté un œil faussement déterminé vers la cuisine. Deux ronds électriques garnis de graisse et de vieille nourriture séchée, une porte de frigo constellée de petites taches, résidus d’un accident de cuisson lointain. Je me suis dit que j’allais commander. Encore. Ma main cherchait à tâtons mon téléphone sur le tas de vêtements avec qui je partageais mes nuits sur ce canapé grinçant. 20h00. Merde. Deuxième claque de la journée. Une journée de plus dénuée d’intérêt. Une journée de plus, où je n’ai fait guère plus que dix pas.

    Quand j’étais enfant, j’avais lu sur le papier d’une papillote « Un con qui marche ira toujours plus loin qu’un intellectuel assis. » Cette citation me faisait rire, avant, car j’avais imaginé répondre quelque chose du genre « Au moins, je suis un intellectuel. » Cela me réconfortait. Cependant, à cet instant je ne comprenais plus cette phrase. J’étais devenu un con assis. Les lumières de la rue s’étaient allumées, et le brouhaha de la vie urbaine s’était estompé peu à peu. En cherchant les étoiles des yeux, je me suis aperçu que cela faisait bien longtemps que je n’avais pas fait les vitres, car elles ne reflétaient que ma tête ahurie dans l’éclairage des lampadaires. J’étais cerné. Comment pouvais-je l’être, sans avoir dépensé une once de calorie de la journée ?

    Mon téléphone, bien calé entre les plis durcis de la paume de ma main, accueilli dans ce corps calleux qui avait fini par prendre sa forme, se mit à vibrer. C’était une sonnerie que je ne reconnaissais plus. Celle des messages textes. Quelqu’un me dérangeait à cette heure si tardive. J’allais commander mon repas, une belle pizza extra-fromage, que j’allais probablement regretter d’avoir mangé en avalant la dernière bouchée. C’était elle. Mon cœur se mit à battre à une vitesse folle, j’en étais presque essoufflé. Je le sentais taper dans le cocon de sucre et de gras que j’avais mis des mois à lui confectionner, comme le poussin lutte pour sortir de son œuf. Ça faisait mal. J’ai regardé le message sans l’ouvrir. « Hey, comment tu vas ? » Était-ce du sarcasme ? Je réfléchis une minute. Je n’y suis pas arrivé. J’ai alors J’ai fini de commander ma pizza au restaurant du bout de la rue, en prenant bien soin de ne pas oublier de cocher la case « livraison ».

    Qu’est-ce que je pouvais lui répondre ? Qu’est ce qu’elle pouvait bien me vouloir ? Soudain, une autre vibration. « Votre commande sera livrée dans 55 minutes. Merci pour votre confiance. » Ouf. J’eus peur que ce ne soit elle de nouveau. J’ai rassemblé le courage qu’il me restait pour saisir ma manette. À quoi allais-je jouer cette nuit ? Quelle question, je ne jouais qu’à une seule chose depuis des semaines, ou des mois. Un jeu de guerre bien sanglant dans lequel on pouvait défendre les couleurs d’un drapeau confortablement assis dans son canapé. J’ai lancé une partie. Puis, elles se sont enchaînées.

    La sonnette retentit. Qui pouvait bien venir troubler mon seul moment de plaisir de la journée !? Je mis toute ma ferveur pour me mouvoir jusqu’à la porte. C’était le livreur. J’ai passé ma carte bancaire dans son appareil, non sans une légère appréhension, puis lui ai souhaité bonne soirée sans même le regarder. J’étais pressé, j’allais peut-être manquer la prochaine partie à cause de ce type qui faisait bêtement son travail. En me rasseyant face à mon écran épileptique, j’ai jeté un œil furtif à mon téléphone, pour regarder l’heure. Une fois, j’avais réussi à avoir une pizza gratuite par le manque de ponctualité d’un livreur. Sait-on jamais. Malheureusement pour moi, il était dans les temps cette fois-ci. En revanche, j’avais quatre appels manqués. C’était encore elle.

    Mais qu’est-ce qu’elle pouvait bien me vouloir ? Cela faisait des mois qu’elle avait disparu, ne laissant derrière elle qu’une robe et une paire de boucles d’oreilles. Pourquoi se serait-elle inquiétée pour moi ? Elle qui m’a lâchement abandonné. Je repris mon jeu. J’avalais goulument une part de pizza pendant les temps de chargement, puis j’essuyais rapidement mes doigts glissants sur mes jambes, pour ne pas salir ma manette. C’était probablement mon bien le plus précieux. Elle, et ma télé. Mon téléphone se remit à vibrer. Encore elle. Je feins de ne pas voir, comme si l’on m’observait en cachette. Je sentais un picotement désagréable dans mon ventre. Je n’aurais su dire si ce fut l’action des nombreux édulcorants rajoutés à la sauce tomate de ma pizza, pour en apprécier le gout, ou bien ma culpabilité qui cherchait à m’avertir de quelque chose. Je me sentais perpétuellement coupable. Coupable de ne rien faire. Pourtant, je n’aurais su dire pourquoi, mais je me forçais à préférer cette culpabilité plutôt que de me mettre à agir, au risque de le regretter.

    Au début, j’avais des prétextes. Maux de ventre, maux de dents, maux de tête. Un léger rhume, que je vendais aux yeux des autres comme une angine grave, qui me forçait à rester alité. Tout cela pour ne pas sortir. Tout cela pour ne pas assumer. Peu à peu, je suis devenu un ermite, prônant l’épicurisme à outrance. Mais tout ce que j’avais réussi à faire, c’était de devenir aveugle. Je n’ai pas vu mes amis disparaitre. Je n’ai pas vu mon patron me licencier. Et je n’ai vu de son départ, à elle, qu’une robe et une paire de boucles d’oreilles. Mais que s’était-il passé ? Comment ai-je fait pour me rendre jusque-là ? Ou plutôt, comment ai-je fait pour ne plus bouger d’ici ?

    J’ai commencé à remettre la faute sur les autres. J’en ai voulu à mes amis de ne plus me comprendre. J’en ai voulu à mon patron de ne pas faire preuve d’assez de laxisme. J’ai fini par en vouloir à la société tout entière, pour me donner tout ce confort inutile sans que j’eusse à lever le petit doigt. Le maigre chômage que je touchais était suffisant pour combler mes besoins de base; payer internet, le téléphone, un nouveau jeu de temps en temps, quelques services de streaming à la carte, mes clopes, mes bières. Parfois, j’avais un peu de mal à manger vers la fin du mois, alors j’en voulais au gouvernement de me donner trop peu. Parfois, j’en voulais aux êtres humains de m’avoir transmis une conscience, de m’avoir donné la faculté de savoir que quelque chose cloche, mais pas le courage de faire en sorte que cela change. Je me sentais l’âme bovine. Enfermé dans un box où l’on m’apportait mon grain. Attaché par de solides liens à un mur de couleurs animées que je fixais bêtement à longueur de journée. Je sentais tout courage se dissoudre dans un flot ininterrompu de programmes qui me disaient comment être libre. J’ai été, pendant un temps, persuadé que ma liberté résidait entre ces murs. Mais je n’étais devenu que celui que je fuyais jadis. Un corps sans vie, alimenté par intraveineuse de sucre, irradié par des rayons lumineux artificiels qui entachaient chaque jour un peu plus ma conscience.

    J’avais éteint la dernière cigarette qu’il me restait sur le carton de ma pizza de ce soir, empilé sur les autres. Il fallait que je sorte en racheter. Au bout de plusieurs heures, le manque commençait à m’irriter. Vers 23h30, je ne tenais plus en place. Je commençais à remuer ciel et terre pour trouver ne serait-ce qu’une fin de clope au fond d’une poche, ou sur le sol. Après une bonne demi-heure de recherche assidue, un gros mégot un peu aplati m’apparut soudainement sous le canapé. Sans perdre un instant, je l’ai allumé, et j’ai tiré une grande bouffée de fumée. Je m’étouffais de respirer. C’était atroce, mais tellement bon. En regardant la fumée se déposer sur le plafond jauni qui me servait de ciel, je me suis demandé comment j’avais pu fournir une telle énergie, alors qu’un instant plus tôt, je me trouvais dans un état larvaire, végétant sur le canapé. Je constatai d’ailleurs avec effroi que le coussin avait pris la forme de mon siège.

    J’avais réussi, et pourtant, je me sentais encore plus faible. Faible de me rendre compte que j’étais capable de déplacer ces montagnes de fatras pour de mauvaises raisons, mais incapable de le faire pour de bonnes. Nouvelle claque. Cette fois, elle était si puissante que ma tête avait fait un tour complet sur elle-même. À cette heure tardive, j’ai commencé à retourner mon studio de fond en comble. J’ai ramassé mes vêtements, trié ceux qui devaient impérativement être lavés de ceux qui n’avaient simplement pas été rangés après une lessive. J’ai lavé, nettoyé, et en quelques dizaines de minutes seulement, mon studio s’était agrandi. Mon esprit aussi.

    Exténué, je m’étais rassis à ma place, et je pris mon téléphone en main une dernière fois avant de dormir. 7 appels manqués. Encore elle. Je ne lui avais jamais vraiment dit que je l’aimais encore. J’avais toujours fui. Son insistance de ce soir était peut-être le signe que j’attendais, après tout, c’est elle qui m’avait appelé toutes ces fois ! Je pris une grande inspiration. J’étais fier de moi. Cela faisait des lustres que ce n’était pas arrivé. Cela faisait du bien. Un vrai bien, pas comme la pizza ou la clope. Quelque chose de profond, comme une nouvelle envie, une motivation qui m’a semblé à toute épreuve. Quelque chose qui venait de l’intérieur. Sur le moment, j’avais envie de vivre, envie d’agir.

    J’avais déposé le combiné sur mon oreille, et attendait impatiemment d’entendre sa voix, de savourer ses mots comme une potion vivifiante. Quelques bips résonnèrent. Répondeur. J’étais un peu déçu. Toutefois, je me suis dit que finalement, cela pouvait attendre demain matin. J’allais enfin succomber à l’ultime plaisir, lorsque mon téléphone vibra sèchement. C’était elle. Un espoir dessina un sourire sur mes lèvres sèches. « Salut. C’est la dernière fois que tu entends parler de moi, promis. Je ne veux surtout pas te déranger dans tes jeux vidéo. Tu ne changeras vraiment jamais. Je voulais juste savoir si tu avais encore ma robe et mes boucles d’oreilles quelque part dans ton taudis. Surtout les boucles d’oreilles à vrai dire, j’y tiens. Mais c’est trop tard maintenant. Ma mère m’en prêtera d’autres avant d’aller à la mairie demain. Vu qu’on a jamais reçu de réponse à notre fairepart, je suppose que tu ne viendras pas à la cérémonie ? Question bête, tu as encore dû avoir la flemme. »

    J’ai repris en main ma télécommande. Même à cette heure tardive, il devait surement y avoir de quoi me divertir à la télé.

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3 Commentaires
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Haldur d'Hystrial
1 année il y a

Dur dur, mais prenant. J’ai eu un peu espoir pour lui pendant un moment…
Par contre si je puis te signaler un petit soucis : je l’alluma, et tira -> "ai" si c’est bien du passé simple

Andre Malard
1 année il y a

Superbe texte!

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