Et l’eau se fatigue à travers les âges
Et les jours maudits ruissellent l’Écho
Quand rougeoie le cœur de l’inévitable naufrage
Mais qui porte son Nombre ?
Soudainement, dans un vaste et paisible étonnement larmoyant que nous devinons silencieusement, là où ne se taisent des singuliers pétales anonymes ainsi que des étranges silhouettes imposantes, où ici se confondent dans la symphonie du vent tonitruant battant la morsure du temps, de manière subreptice, des envolées douteuses s’immiscent progressivement dans le dense enténébré bois dans lequel fleurit l’innommable, l’abominable, l’inquiétude apparition, un sujet effrayant, redoutable, mais étroitement fascinant qui alimente des propos horripilants, percutants, dévastateurs.
Et dans l’impensable, aux vices décousus de sons ivres, dès lors, sommes-nous certains, en une vaine conviction, que nous plongeons notre esprit aventurier en ces limbes cosmiques miséricordieux où règnent la merveilleuse, l’incroyable, l’inatteignable, l’inimaginable, l’insolente rêverie absconse qui se déverse en ces eaux de Sagesse nue, murmurant en un plaisir sordide que tous les maux abîmés d’immenses flots n’ont su étreindre la scintillante découverte.
Et dans une infime soufflerie incertaine, aux méandres menaçants dans lesquels cogitent des paroles dénudées de bon sens, berçant l’enchantement onirique des crocs lunaires, valse en sa toute pâleur gigantesque cette fantomatique silhouette qui se tient debout devant ce peuple étriqué de démons à la conscience endormie et qui ne cessant de le marteler de voix insondables.
Wait me,
Et sous les cornes de la lune diabolique, au seuil de l’enténébrée forêt où se crispent, glissent, rampent, gloussent, s’agglutinent des hurlements assourdissants, dans les abîmes immortels de la fantasmagorie alléchante de laquelle aucune lumière ne pénètre, se meuvent d’autres silhouettes que nous ne pouvons certes hélas pas apercevoir, agrippées sur les hautes branches de ces conifères d’antan.
Et de par cette végétation impressionnante où coure le lierre sur les troncs martelés de mystères ; et de par de magnifiques plantes maléfiques sous les feuillages éjaculatrices de fièvres sataniques ; et de par ces pentes nauséabondes, recouvertes de mousses et d’immenses pierres morcelées où autrefois s’animait une rupestre civilisation tombée dans la barque de l’oubli et ne portant plus ses nombreuses colonnes érectiles devenues rouillées ; et de par ces incommensurables sentiers de pavés meurtris par des pas empressés, se soulève, dans les bulles incertaines de dalles polies où se brisent d’étranges monolithes de ce gigantesque palais en ruine, cette irrespirable apparition que nous venons de découvrir.
Et dans les profondeurs du dense bois enténébré, résonne un murmure machiavélique parmi ces feuillages immortels auxquels les crocs lunaires sanguinolents ne peuvent fléchir des ondulations de serpents venimeux, de créatures répugnantes, bondissants joyeusement, dépourvues de nom et qui entrent dans l’histoire subreptice que nous contons en cette heure tardive.
Vastes sont les pierres effondrées de cette archaïque civilisation dont les Moires ne lisent plus ce passage clandestin, terrible et humide est l’ornement des noirs mélanges cristallin sur ce pont sous lequel se cabrent d’anciennes créatures répugnantes au nez difforme, aux oreilles stridents, aux rires joyeusement tristes. Et de par la miséricorde de cet ancien lieu disparu, chargé de mauvaises herbes et de vils pleurs immondes auxquelles les sources inébranlables de cette puissance sauvage jouissent d’une résignation belliqueuse, il apparait soudainement dans cette nuit fragile, agitée, sauvage ce dénouement imprévisible.
Wake up, boy !
Sillonne dans la lenteur douce cette accablante découverte où l’air ne respire plus, où les rires s’estompent à la vue de cette imposante silhouette en quête d’une quelconque forme extravagante. Rares sont ces créatures qui piaillent dans un affolement indivisible. Quelle chouette mélancolie d’appréhender le béant ennui sempiternel qui sévit. Et la diversité déverse sa Sagesse dénudée, et la maudite lune aux crocs acérés esquisse dans une sombre beauté son tourmenté songe diluvien.
Mais à l’heure de cette histoire secrète que nous narrons, plongée dans un suspicieux mystère éveillé, nous nous présentons devant une fenêtre grande ouverte où des voiles immaculés d’un rouge Andrinople se froissent dans la symphonie du vent hurlant d’un plaisir clandestin à laquelle la chasteté immonde peine à s’éveiller en ces draps de fièvre de bouton d’or. Et sur ces draps de l’oreiller du rêve chaud, des prouesses se frissonnent dans la couleur vermeille du bonheur ancestral. Est-ce là le vice qui se contracte en faisant de l’esprit enchanté une aventure subreptice dans laquelle une Entité pénètre avec onctuosité dans ces limbes merveilleux ? Est-ce l’accroissement d’une bizarrerie indiscutable qui se mélange dans l’âpreté des songes disparates en cette heure où diffuse le charme irrésistible d’une liesse accomplie ? Nulle doute que l’effondrement se cabre de désirs sempiternels, et quand la sagesse se déguise dans un aveuglement amer ses ennuis immenses, c’est l’apaisement brutal qui guérit les paroles suaves, dénudées de bon sens dans une extatique danse d’extraction de… je-ne-sais-quoi ! Mais la chute se méprend de la longue descente, se suspend sur les prémices d’antan où glisse l’émeute dans un effroyable blanchissement océanique qui longe la vallée suspicieuse.
Et de tous mots disparates, indissociables que nous venons à l’instant de parcourir, c’est l’heureux évènement qui s’accomplit : si la liesse est d’une férocité la plus bestiale, l’esprit enchanté boit ces paroles d’ivresses paillardes.
Et de cette vastitude qui se lève dans ces arcades scintillantes qui ruissellent encor, une forme se voit apaisée, plongée dans une songerie inerte, esquissant un bienheureux sourire enfantin et fredonne un lointain souvenir : Souviens-toi !
Car toute espèce a besoin de suaves paroles pour se convaincre d’exister, et de l’esthétisme sensuel sans barbarie déguise cette avalanche de sons diffus.
Cinq ans plus tard…
Aux innombrables pétales iridescents de copeaux de liesse morcelée s’abattant sur cette grève où s’animent d’étonnantes créatures merveilleuses, aux imposantes formes caduques qui crispent dans l’horreur insoutenable les feuilles mortuaires de ce dense enténébré bois, longent soudainement ces silhouettes énigmatiques, à travers cette vaste prairie de ronces acérées, les mains effleurant dans la douleur des épines écarlates, en cette nuitée silencieuse où nulle trace d’un nuage soporifique ne vient éclairer le sentier qui les amène vers cet heureux endroit envoûtant qui se fraie un chemin. Et par delà le sentier recouvert de grains de blé, et par delà les incommensurables hurlements stridents qui jouissent d’une présence macabre en cette heure tardive, se tiennent debout ces êtres.
Et la découverte immonde de cette liesse éclairant la vastitude prairie de ronces acérées aux couleurs d’antan de lavande, d’anémone rose, et dans laquelle semble divinement se frayer une imposante forme en son cœur, subreptice par des effluves de bulles de rêves joviaux, sous une colonie de chaleureux oiseaux ayant pour plumage un bleu ciel étoilé, piaillant en une cacophonie rocambolesque, nous y découvrons un sentiment le plus abscons qui soit. Tel le regard violé par ces hideuses créatures enchantées qui vivent à la cime de ces conifères d’antan, les yeux perçants d’un désir salutaire, Tulío, Iris, Jaouen et Timeho marchent côte à côte, une lanterne à la main, heureux de quitter ce lugubre bois où se meurt une épave descendue du grand Cosmos.
Et dans une jetée intarissable, des envolées suspectes de plumes s’écoulent lentement sur cette rivière aux abîmes insondables où fleurissent des pétales de douceurs merveilleux sur lesquels se reposent des crapauds, des libellules et quelques insectes succombant à la forte chaleur qui crépitent sous ces rochers de mousse. Et les cieux au regard effrayant n’ont hélas pu poser leurs milliers d’yeux sur ces drôles de gens, fatigués par ces profondes perturbations qui surplombent la vallée mystérieuse, et qui ont fait fi des belles complaintes riotées des nouvelles silhouettes fantomatiques sous les arcades de la belle aurore qui souffle son pétale de vie.
Wait me…
La lueur éventre l’horreur de ce dense bois enténébré. Le jour se lève à peine pour des comètes de rêves insoutenables. Et par delà les cornes de la lune sanguinolente, et par delà la montagne antique où soufflent trois belliqueux pics, sous les fresques des hauts conifères, un sentier familier ouvre un nouveau présage duquel aucune croyance et aucune divinité n’a encore émerveillé cet endroit dès l’arrivée de ces silhouettes venues de cette autre région.
Les grains dorés épousent leurs pieds lassés par la marche, les nuages se dissipent pour y bercer l’enchantement d’un brouhaha enfantin. Des effluves scintillants se reflètent sur des diversités invraisemblables. Et dans cette vision à laquelle Tulío, Iris, Jaouen et Timeho semblent s’émerveiller, nous apparait devant leurs yeux ébahis des visages colorés, énigmatiques, suspicieux parfois.
C’est le son morcelé d’une roue libre qui se détache sur cette vaste falaise, c’est des rires merveilleux d’un naufrage intellectuel qui se déguise dans le lointain où des êtres maquillés d’un blanc, tenant plusieurs ballons arcencielesques, répandent de la joie devant des milliers d’yeux fascinant d’enfants assis, écoutant les délirantes histoires de ces créatures rocambolesques (sont-ils venus ici de leur plein gré ?). Malgré cela, un lieu étrange attire la foule. De denses nuées tourbillonnent en son enceinte, laissant échapper des cris et des pleurs vaillants. Est-ce sur un pétale d’amertume que nous dévisageons sous le chapiteau d’anciennes reliques qui mettent en émoi ces visiteurs apeurés ? Est-ce un lugubre endroit où nous connaissons les monstruosités sous un globe en verre qui effraient les passants ? Henni ! Une immense cage argentée est posée au cœur de ce grand édifice. Le bruit funeste qui martèle enchante le monde qui attend sagement dans un ennui sempiternel la venue de cette fantomatique silhouette. Rares sont ceux qui ont eu la chance de découvrir le visage de cette créature qui porte toujours un chapeau et qui disait d’une voix calme « Crois-tu à la magie ? ».
Et dans un mouvement imprévisible, marchant dans la lumière du jour, l’étonnement fleurit sur le visage enfantin de Timeho dont le regard est porté sur une forme délicieuse. Il voit au loin un stand où un maître en art culinaire arrose des pétales de songes diluviens ses confiseries aux formes singulières. Dans une grande cuve pervenche, une cascade de chocolat ruisselle en une marre de canetons scintillants, des poissons nagent librement à la recherche de plusieurs pièces antiques, tapies dans la pénombre des récifs au couleur arc-en-ciel, et sous l’eau de rage des petits chênes, nichés sur les hauteurs d’archaïques civilisations, des hiboux hululent le nom des entités cosmiques.
L’enfant Timeho aimerait goûter à cette prairie verdoyante où des brebis prennent peur face aux loups affamés, et sous les menaces des paysans martyrisés, nous y dévisageons un renardeau qui prend froid dans un terrier où s’est réfugiée une famille de lapinous, le regard interloqué d’un blaireau en colère. Et des envolées de plumes appartenant à des faucons pèlerin tombent lentement sur la rivière pourpre enchantée où traverse un étonnant navire imposant. Des secousses enivrées s’amoncellent et s’épuisent lorsque le rebord de cette cascade chocolatée prend possession de ces hommes ayant perdu tout contrôle de navigation. Il est fort dangereux de constater en cet ultime instant que l’embarcation se plie dans un spleen indiscutablement belliqueux où le mélange se noircit à la frontière d’une civilisation tombée dans la barque de l’oubli.
Mais pour l’heure de ces innovantes découvertes incomplètes, tout ce que nous pouvons dire, c’est qu’il persiste dans une fraction de suaves rêveries un lointain souvenir où l’esprit entre dans un autre âge en ce jour de bénédiction.