Quand je rouvris les yeux, j’étais allongé dans le même parc où j’ai perdu connaissance. Il faisait encore nuit et aucune présence à signaler aux alentours. Je ressentais un mal de tête atroce, et vagabondait dans les rues à la recherche de mon domicile. Je ne comptais pas les heures mais c’est aux premières lueurs du jour que je montais jusqu’à mon appartement, puis m’écroula dans mon lit.
Je me réveillais en sursaut. Mon réveil n’avait pas sonné, sauf que, à bien y regarder, je ne l’avais pas mis. Au vu de la pénombre dans la pièce, il devait déjà faire nuit. En me levant je confirmais l’hypothèse. Mon sommeil avait duré un sacré bout de temps.
Je me rappelais alors avec horreur que je m’étais fait attraper par des inconnus et que ceux-ci m’avaient injecté quelque chose. Et pour couronner le tout, aucun détail dans ma mémoire. Si je prévenais la police, ils n’auraient aucun élément sur cette affaire. Je fouillais dans ma veste, et découvrit que mon portefeuille était encore dans la poche. Leur but ne consistait pas à me dérober les affaires. En soi, aucun désagrément n’était à signaler. Mais cela me paraissait étrange.
Le lendemain après avoir passé une nuit blanche, je passais au commissariat pendant ma pause déjeuner. Je n’avais pas fermé l’œil de la nuit et m’était décidé à aller en parler à quelqu’un, cela me permettrait d’avoir l’esprit tranquille. Si cela m’était arrivé, d’autres ne seraient sûrement pas épargné. Mieux valait prévenir que guérir. Un employé me fit signe d’avancer lorsque j’entrais.
« Bonjour dis-je. Je voudrais signaler un enlèvement. Le dire n’avait pas été évident. Je m’étais même entraîné devant un miroir pour paraître serein au moment donné.
-Vous savez de qui il s’agit ? me demanda le policier alors très sérieux.
– Il s’agit du mien répondis-je. Enfin j’ai été enlevé puis relâché.
Mon interlocuteur me regarda surpris. Je continuais :
– Ils m’ont enfermé je ne sais ou puis m’ont relâché quelques minutes après. Ils m’ont injecté une substance que je ne connais pas.
– Écoutez jeune homme, je vous fait remplir un formulaire avec vos coordonnées. Je viens de faire un rapport sur ce qui vous est arrivé. Je vous avoue que nous n’avons encore jamais vu ça mais nous restons vigilant dorénavant. Pour ce qui est de l’injection je vous donne cette carte avec le coordonnées d’un médecin compétent.»
Je pris le papier qu’il me tendit puis je le remerciais pour son attention. Cette action me libérait d’un poids. J’avais fait ce que je pouvais maintenant, aux forces de l’ordre d’arrêter ces types. Il faudrait que je me rende au cabinet du médecin dont le nom était écrit sur la carte. Mais ce qu’ils m’avaient injecté ne me faisait aucun effet. J’imagine que ça ne devait pas être bien grave. Je gardais tout de même le papier au cas ou je sentirais des douleurs arriver.
« C’est sympa de ta part de nous avoir ramené me dit Pierre pendant la pause de l’après-midi.
– C’est normal répondis-je.
– Au fait j’ai conclu avec Noémie l’autre soir dit-il. Si tu nous vois nous embrasser ne t’étonne pas !
– Félicitations dis-je en feignant l’air surpris. Lui dire que je les avait vu dans ce qui semblait être des préliminaires ne me semblait pas très approprié. Je ne saurais dire s’il prendrait cela avec humour ou inversement.»
Quelques jours plus tard, à la fin des cours, je pris le bus jusqu’à la piscine ou l’équipe de l’établissement s’entraînait. La prochaine compétition aurait lieu dans un mois, après les vacances, et je comptais bien y participer. A cette heure-ci, la présence de nageurs était moindre, il y avait donc plus d’espace. La piscine devait faire 50 m de longueur, parfait pour de la vitesse.
Une fois dans l’eau, je commençais à m’échauffer doucement en brasse. Une fois mon aller-retour terminé, je passais aux choses sérieuses. Je mis mes bras en position de crawl et commençai ma course. Une fois arrivé au bout, je regardais le chronomètre que je venais d’installer sur ma montre. Je fus stupéfait de voir que mon temps était de dix secondes. Mon regard se fit plus insistant sur ma montre mais je fus absolument sûr d’y voir écrit 10.
Je recommençais mais le résultat fut identique. C’était impossible à croire. Bien que je ne connaissais pas le record du 50 m nage libre aux jeux olympiques, celui-là devait très certainement s’en rapprocher. J’étais certain d’avoir une bonne condition physique, mais pas à ce point là. En regardant les gens autour, j’essayais de déterminer si quelqu’un me regardait interloqué, mais visiblement tout le monde semblait occupé. Si mon coach avait vu ça. Le pire dans tout cela, c’est que je ne ressentais aucune fatigue, aucun essoufflement.
Je n’arrêtais pas d’y penser le reste de la semaine, et le racontait même à Pierre et Noémie. Cela me semblait trop étrange, mais tellement impressionnant que je ne pouvais le garder pour moi. J’en contais les détails à Seb qui crut d’abord à une blague. Je lui précisais qu’il en aurait la preuve quand nous nous reverrons. Il saura me le rappeler je lui faisais confiance pour cela.
« Tu t’adaptes bien à ta nouvelle vie ? Me demanda mon père par téléphone un soir.
– Ça va répondis-je. Je m’y suis fait des amis et pour l’instant je m’en sors bien pour les cours.
– Parfait me répondit-il. Bon je ne t’embête pas ta mère risque de très bien le faire elle-même. Donne nous régulièrement des nouvelles quand même.
– Ça marche papa répondis-je. A bientôt !»
Parler à mes parents me faisait toujours un drôle d’effet. Je vivais ma vie sans eux, j’étais plus libre, mais qu’est ce qu’ils me manquaient. Heureusement la charge de travail me fit vite oublier cela, ainsi que l’enlèvement,que je ne leur avait pas précisé. Ils angoisseraient, mais mon propre stress était bien suffisant. J’essayais de ne plus y penser mais dès que je me retrouvais seul à l’extérieur, mon regard était à l’affût de la moindre présence. Pour parler clairement, je n’étais plus tranquille, même s’il fallait relativiser. Il s’agissait du mauvais endroit au mauvais moment. Beaucoup de gens se faisaient agresser, pour ma part, je n’avais rien eu de si terrible. Pour penser à autre chose, je me focalisa de nouveau sur mon devoir d’histoire.
Un beau soir, après m’être occupé des courses, je me traînais jusqu’au terrain d’athlétisme. Mes longues journées me donnaient envie de décompresser et la course était l’exercice idéal pour cela. On se sent fort, transporté dans un élan qui nous donne l’impression d’être invincible. C’est ce que je ressentais, même si je ne possédais pas le meilleure niveau de vitesse et d’endurance. Je démarra alors ma course. Trente minutes avec une allure modérée. Je le fis aisément et pour finir, j’accélérais. Pendant que je prenais de la vitesse, je sentis alors les distances se raccourcir. Surpris, je continuais sur ma lancée mais je fus d’autant plus rapide. Effrayé par ma vitesse ahurissante, je tentais de m’arrêter, mais un déséquilibre me fit chuter et j’effectuais un roulé boulé pour finalement m’arrêter quelques mètres plus loin. Je restais à terre un instant, essayant de comprendre comment une telle prouesse s’était faite.
«Vous allez bien ? Me demanda une voix derrière.
Je me relevais et tournais ma tête. Derrière le grillage, un homme se tenait, avec un air inquiet.
– Très bien je vous remercie répondis-je. J’ai du aller trop vite, je ferai plus attention.
– Faites attention à vous me dit-il avant de repartir faire sa propre course.»
Sur le chemin du retour, je ne pouvais m’empêcher de penser à ces exploits. Sportif je l’avais toujours été, sans y consacrer toutes mes journées. Je ne cessais de me poser cette question mais comment avais-je fait ? J’eus alors une pensée pour l’injection mystère de l’autre soir. Mais c’était impossible. Les effets étaient temporaires et cela faisait un moment que l’on me l’a transmis. Peut-être qu’inconsciemment, après avoir vécu cette expérience, je souhaitais profiter au maximum de ma vie et que ma nouvelle condition physique en était un premier résultat. Mais pourquoi me compliqué la vie en y pensant ? A ma place, tous le monde tenteraient d’être champion du monde dans une discipline sportive. Pourquoi ne pas essayer, puisque la natation était depuis toujours mon sport favori ?
Je pris ma douche puis me reposait quelques minutes , tranquillement allongé avec de la musique techno. La sonnerie retentit : Pierre et Noémie mangeait ici, puis l’on avanceraient notre oral de la semaine prochaine. Une soirée toute en tranquillité.
« Salut dis-je en les saluant. Installez-vous je m’occupe du dîner.»
Des pâtes. J’étais un piètre cuisinier et depuis mon arrivée ici, je n’avais guère de patience de réaliser des plats plus élaborés. En supplément, du steak et de la sauce tomate. Cela donnerait des spaghettis bolognaise, sans spaghettis. Mais mes invités n’étaient pas difficile, d’ailleurs ils n’avaient pas meilleur niveau.
« Tu veux un coup de main me demanda Noémie.
– Pas la peine mais merci répondis-je. Ce sera vite fait!»
Une fois le repas fait et terminé, le couple me précisa que mon œuvre était réussie. Nous nous plongions ensuite dans notre sujet : les socialistes sous François Mitterrand. Les quelques références basiques étaient dans nos cahiers mais nous avions été obligé de passer par la bibliothèque, un lieu ou je ne m’étais pas rendu depuis des lustres, afin de récupérer les ouvrages recommandés par notre professeur. Heureusement nous avions réalisé chacun une part du travail bien avant ce soir, il ne nous restait qu’à mettre en forme. Et à trois cerveaux, cette tâche ne nous prendraient que très peu de temps, d’autant plus que je connaissais l’efficacité de mes camarades.
«Tu viens ce soir chez Mathieu ? Me demanda Pierre une fois nos neurones de nouveau libérés.
– Encore une soirée ? Demandai-je. Décidément…
– Ouais mais c’est dans un appartement ce sera plus tranquille.
– Je t’avoue que je suis pas trop motivé ce soir lui dis-je d’un air fatigué. Il est vrai que j’aimais avoir des moments de solitude. Le temps passait vite et il me plaisait de penser tranquillement à des instants d’avant mon départ de Biscarrosse. C’est ce que je souhaitais faire une fois qu’ils seraient partis. Mais sa proposition me laissait hésitant.
– Très bien je viens dis-je après une réflexion rapide. Partez devant je vous rejoins là-bas, j’ai l’adresse.
– Ça marche. Ils claquèrent la porte derrière eux.»
La raison pour laquelle je restais quelques minutes était d’appeler Seb. Nous ne nous étions pas parlé depuis l’instant ou l’on s’était enlacé. Jusqu’à maintenant nous communiquions via Messanger. Mais il me manquait beaucoup trop et sa voix au téléphone le rendrait plus réel, même si ça ne remplacerais jamais sa présence.
« Alors la vie sans moi n’est pas trop difficile me demanda-t-il avec humour.
– Pour être honnête pas du tout répondis-je. J’ai refait ma vie.
– Personnellement à Bordeaux c’est la fête ! On ne travaille jamais.
– On fait un peu la fête mais là-bas c’est le boulot avant tout. Je n’ai jamais autant travaillé !
– Tu fais quoi là ?
– Je m’apprête à partir pour une énième soirée. Je n’en ai pas une grande envie mais que veux-tu ? Je n’ai rien d’autre de si important à faire.
– Ça marche je te dérange pas plus longtemps alors. Ah oui tu n’oublieras pas de me montrer ton exploit en natation. On se fait ça bientôt à la Toussaint.
– Tu rêves l’eau va être à -10 degrés. Je ne veux pas congeler sur place.
– Tu ne me feras pas avaler ça ! t’es capable de te baigner quelle que soit la saison. Je me souviens t’avoir vu le faire à Noël.
– Dois-je te rappeler que je suis rester une semaine au lit répliquais-je. Il est vrai que sur un défi de mon interlocuteur, j’avais eu l’intelligence de piquer une tête dans l’Atlantique glacé. Un exploit que je n’étais pas près de recommencer.
– Bah si tu te motives rien ne t’arrêtes ! Allez je te dis à bientôt Superman !»
Il raccrocha. L’échange avait été court mais c’était préférable. Si cela avait été trop long, je ne me serais pas senti assez fort pour couper la conversation. Savoir qu’il s’amusait à Bordeaux, sans moi, c’était difficile de me le dire. En revanche j’étais heureux pour lui . Je regardais alors l’heure. Pierre et Noémie devaient être arrivés, ils se demanderaient sûrement ce que je suis en train de faire. Je n’avais pas souhaité leur dire. Ce moment m’étais personnel. Avec la nostalgie qui m’envahissait, je préférais être seul un court instant.
J’enfilais mes chaussure et quitta mon immeuble. La rue se situait à dix minutes à pied. Je prévins Pierre de mon arrivée. Pour ne pas perdre de temps, accélérerais mon allure. Avec un peu de chance, il resterait des bières pour l’apéritif.
« File nous ton fric papi ! tonna une voix grave.»
Je m’arrêtais net. Un peu plus loin à ma gauche, une bande de types entouraient un vieil homme qui semblait complètement désemparé. Des passants marchaient aux alentours mais aucun d’eux n’avaient l’air d’avoir visionner la scène. Je restais un instant sur place terrifié. Jamais je n’avais été témoin de ce genre d’acte. Dans ma petite commune, il n’y avait aucune histoire, certes des gens ne s’appréciaient guère mais pas de place pour ce type de violence. Personne n’intervenait. J’espérais que quelqu’un de courageux irait à son secours mais personne ne venait. Mes jambes n’osaient pas bouger. Je restais immobile trop effrayé pour bouger. Mais cet homme avait besoin de moi. Ces agresseurs étaient trois il n’aurait aucune chance de s’en sortir sauf s’il leur donnait ce qu’ils désiraient. Et apparemment ça n’avait pas lieu d’être. J’étais horrifié de ce qu’il pouvaient me faire si j’intervenais, mais je ne savais pas ce qui attendait ce pauvre vieil homme. Je ne pouvais pas laisser cet acte de racket se produire sans agir. Je m’en voudrais longtemps pour cela. En canalisant mon pouls qui s’était emballé, j’avançais vers ce qui serait inévitablement, le pire instant de ma vie.
« Laissez-le il ne vous as rien fait dis-je faiblement. Cependant l’un des trois se retourna, ce qui prouvait que ma voix avait été assez forte.
– Casse-toi d’ici en vitesse me dit l’un d’eux d’une voix menaçante.
Son ton imposant m’avait de nouveau figé sur place. Cependant je ne m’enfuyais pas pour autant. En voyant que je ne bougeais pas, le type avec la capuche noir me pointa du doigt et l’un de ses acolytes se dirigea vers moi.
– T’as pas entendu ? Dégage sinon on te fait la peau à toi aussi !»
Je voyais la haine qu’il dégageait. Ou bien le plaisir qu’il ressentait à montrer sa domination, je ne savais pas trop. A sa posture et son air déterminé, je savais que si je restais une seconde de plus, il n’hésiterait pas à me faire la peau. J’avais encore une chance de sauver ma vie. Déguerpir. Mais je restais là, en essayant tant bien que mal de soutenir le regard de mon agresseur. Toujours personne qui accourait à notre aide. Je sentais alors la pression de l’incertitude de ses prochaines minutes de ma vie.
Il me poussa alors violemment, pourtant je ne reculais que de quelques centimètres. A présent il allait passer aux poings, c’était inévitable. Mais je le vis mettre rapidement sa main dans sa poche et y sortir un couteau. Je n’avais plus le choix. L’attaque ou bien une blessure dont je pourrais bien ne pas guérir. Il allongea son bras en direction de mon abdomen mais par un réflexe complètement inattendu, je bloquais sa trajectoire. Sans attendre davantage, je le frappais du creux de ma main en plein thorax. A ma plus grande surprise, mon coup fut tellement puissant qu’il projeta mon adversaire plusieurs mètres plus loin. Allongé par terre, il semblait incapable de se redresser.
« Espèce d’enfoiré me dit le grand type à la capuche noir de tout à l’heure.» Il venait de laisser le vieil homme même si son dernier complice se tenait juste à côté, bien qu’il me regardait plutôt préoccupé.
Mon nouvel opposant devait bien mesurer 1m 90 c’est à dire quinze centimètres de plus que moi. Malgré cela j’esquivais habilement son coup de poing maladroit, et sans savoir comment, je l’agrippais à la gorge et le plaqua contre le mur, le tout à une main bien au-dessus de moi. Une rage bouillonnait en moi. Le troisième type tenta de me plaquer sur le côté mais avant qu’il ne m’atteigne, je lâchais un coup de pied dans la tête qui l’emmena valdinguer juste à côté du vieil homme. En me retournant vers le leader, je réalisais alors que j’accentuais la pression sur sa gorge, et que celle-ci était tellement forte qu’il commençait à fermer les yeux. De peur, je lâchais alors son corps inerte, puis observa la scène avec les trois caïds qui ne bougeait plus. Je m’avançais alors jusqu’au vieil homme.
« Tout va bien monsieur ? demandai-je en prenant ma voix la plus rassurante.
– Oui réussit-il à articuler. A sa tête, son expression de terreur était déchiffrable. Il continuait à me regarder d’un air surpris et apeuré à la fois, puis s’en alla.»
En me retournant je vis trois personnes qui me regardaient de la même façon que le vieil homme. Quant à moi, je me sentais totalement perdu. Je ne réalisais pas ce que j’avais fait et ne cessait de regarder tout autour de moi comme si la réponse à ma question allait me tomber dessus. Le monde devenait flou, plus rien ne semblait réel. Le bruit de la sirène de police me coupa dans mon absorption et m’obligea à prendre une décision : celle de fuir. Je déguerpissais le plus rapidement possible pour arriver devant l’appartement indiqué sur la localisation Maps. Pierre m’attendait juste devant. Il leva les bras en signe d’indignation.
« Qu’est ce que tu faisais vieux ? On a bien cru qu’on t’avait perdu.
Il avait presque eu raison, mais je ne lui expliquait pas les détails pour des raisons plutôt évidentes.
– Désolé je me suis un peu assoupi mentis-je. Bon on va boire un coup ?. A vrai dire j’en avais plutôt besoin.
– Bien sûr répondit-il.»
Le nombre de bières que je terminais ne valurent même pas la peine d’être compté. Même chose pour les alcools forts. Mon sens du partage n’existait plus ce soir. Tout comme l’existence paisible et chaleureuse que je connaissais jusqu’à maintenant. Ce monde était plein d’enfoiré et malheureusement la façon dont je m’étais comporté avait été nécessaire. La seule façon de faire comprendre à ces salauds qu’il ne fallait plus retenter leurs menaces.
« Mec vas-y doucement.
– T’en fais pas Pierrot répondis-je simplement.» En vérité, je n’en avais rien à faire de ses conseils. Mais je gardais le contrôle, ainsi je le rembarrais gentiment. Je regardais les filles de la soirée. La plupart n’étaient pas à mon goût mais l’une me plaisait particulièrement. Par chance, elle me souriait depuis son coin de cuisine. Étant donné la température bouillante qui me parcourait et la sensation de n’avoir strictement rien à perdre, je m’avançais vers elle.
« Les mecs venez voir c’est hallucinant ! cria alors quelqu’un.»
Tout le monde se dirigea vers lui. Interloqué, je fis de même. Tour à tour les gens se regroupaient autour du type pour observer l’affaire. Je réussis à faufiler ma tête en poussant quelques individus pour découvrir enfin de quoi il s’agissait. Sur une vidéo filmé avec une qualité très médiocre, une silhouette se battait contre des types et les dominaient largement. Cette vidéo n’aurait jamais du être filmé. Ni même devant moi. Il ne me fallut que quelques secondes pour comprendre, j’en eus la certitude en visionnant la frêle silhouette du vieil homme qui elle, était reconnaissable. J’en étais le personnage principal, mais sans scénario ni tournage.