Du néant au frisson. Chapitre 11.

3 mins

Quand j’ai quitté Axel, il était 18 h. J’ai marché jusqu’à arriver devant le cabinet du psy. Je n’avais pas envie d’aller à cette réunion. D’ailleurs, je m’étais dit que je n’irais pas. Mais les révélations d’Axel sur ma vie ont tout changé. Il fallait que je trouve un prétexte pour partir et je n’ai vu que lui. Bien sûr, j’aurais pu mentir, lui dire que j’avais un rendez-vous et rentrer chez moi. Mais je m’en sentais incapable. Chez moi, je n’aurai pas arrêté de penser à Axel, à ce qu’il m’avait dit et j’aurai cogité. 

Je suis arrivé pile à l’heure quand je suis monté à l’étage du docteur Zanibi, la porte de son bureau était ouverte. À l’intérieur tout le monde était là. Personne n’était arrivé en retard. Comme ci cette réunion leur tenait à cœur. 

Quand je suis entré dans la pièce j’ai vu la joie sur le visage de Maria, comme ci, nous étions les meilleures amies du monde. L’étonnement se lisait sur le visage du docteur. 

J’ai pris place sur le dernier siège. Ils étaient disposés en cercle, comme dans les réunions des alcooliques anonymes qu’on voit dans les séries. Le docteur s’est levé et a fermé la porte derrière elle. 

— Bien, tout d’abord bonsoir à tous, et merci d’être tous venu ce soir. Cette réunion comme vous le savez, va nous servir à savoir comment vous évoluez. Je ne vais pour rappeler les faits de l’accident, vous les connaissez déjà. Mais ce soir, j’aimerais qu’on parle de votre ressenti. Et plus particulièrement du ressenti sur le moment. Pour vous Johane, Julien et Antoine, se sera au moment de l’accident évidement et pour vous Maria et Eliya, au moment ou vous l’avez appris. Pour cela, je vais vous poser une série de questions auxquelles vous répondrez par un mot. Bien évidemment, chacun est libre de dire ce qu’il veut. Vous n’êtes pas obligé de répondre. Je ne veux brusquer et forcer personne. Tout le monde est prêt ? 

Nous avons tous répondu au médecin par un hochement de tête. 

— Bien, la première question est la suivante, quand vous repensez a l’impact, ou l’annonce de l’accident, quel mot vous vient en premier à l’esprit ? Johane ?

— Choc.

— Maria ?

— Dépourvu.

— Julien ?

— Seul.

— Antoine ? 

— Mort.

La réponse d’Antoine me fit froid dans le dos. De toutes les victimes, c’est lui qui a passé le plus de temps à l’hôpital.

— Eliya ?

— Confusion. 

— Bien, vous avez tous eu des ressentis différends. Maintenant, j’aimerais que vous me disiez ce que vous ressentez à l’heure d’aujourd’hui, en un seul mot. 

Johane, répondit solitude, Maria tristesse, Julien vivant, Antoine vide et moi j’ai répondu colère.

Le docteur nous posa d’autres questions ou l’on a continué de répondre chacun à notre tour. Mais je n’avais plus l’impression d’être là. J’écoutais sans écouter. Mon cerveau mettait des barrières. Il installait des verrous pour me protéger. Pour ne pas revivre une nouvelle fois cet appel, la reconnaissance des corps, cette souffrance.

Après une heure de réunion, le médecin décida qu’il y en avait assez pour aujourd’hui. Elle nous souhaita une bonne soirée et espérait qu’on reviendrait mercredi prochain. 

On s’est retrouvé tous, dans le même ascenseur. C’était gênant, tout le monde regardait ses pieds. Personne ne disait rien. 

En sortant de l’immeuble, tout le monde est parti de son côté, sauf Antoine. Il a sorti de sa poche un paquet de cigarettes, et machinalement il m’en a tendu une. Comme ci il avait deviné que j’en avais besoin. 

— Merci, lui dis je

— Alors tu en penses quoi ? 

— Je ne comptais pas venir à la base. 

— Moi non plus, mais ça ne répond pas à la question. 

— J’ai trouvé ça déroutant. Et toi ? 

— Inutile. 

— T’as envie d’en parler ?

— De ?

— Ce que tu as ressenti sur le moment ? 

— Il n’y a rien à dire. 

Il écrasa sa cigarette. 

— À mercredi prochain Eliya. 

Et il me laissa seul devant l’immeuble. Je ressentais du soulagement. Oui, j’étais soulagé qu’il soit parti. Antoine était quelqu’un de froid, aucune chaleur ne se dégageait de lui. 

Je me suis baissé pour ramasser mon mégot. Et en relevant la tête, il était là. 

De l’autre côté de la route. 

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bbbbbbb ccccccccccccc
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2 années il y a

Faire un atelier bidon pour apaiser les blessures profondes. Et remboursé par la sécu! Des charlatans diplômés.
La douleur, on s’en débarrasse tout seul, enfin si on y arrive.
On ne fait jamais "son deuil", bordel!

bbbbbbb ccccccccccccc
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2 années il y a

C’est vrai, c’est pour ça que je disais "si on y arrive".

Ewili Arnold
2 années il y a

Le passage des verrous est assez bien décrit. D’écouter sans écouter. Une lutte interne pour ne pas revivre l’événnement.

DeJavel O.
2 années il y a

Confusion sur le coup et maintenant colère, Eliya n’est effectivement pas très avancée dans son deuil.
Le type peu expressif n’est pas son genre, mais la boule de chaos pique sa curiosité.

La finale : Horreur ! Je me précipite sur le prochain chapitre !!!

DeJavel O.
2 années il y a

Oui effectivement… parce que ça se développe plus tard, preuve que Eliya est plus vivante qu’elle ne le croit !

Vraiment bien cette histoire. Quand on dit que l’intrigue n’est rien et que tout est dans l’arc du changement du personnage, tu nous montres bien ce principe.

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