J’étais en retard. Antoine venait de m’envoyer un message me disant qu’il serait là dans moins de cinq minutes. Je sortais à peine de la douche, j’avais les cheveux trempés. J’ai à peine eu le temps d’enfiler un jean, et un tee-shirt, qu’il sonnait à la porte.
— Monte, la porte est ouverte.
J’étais dans la salle de bain, quand il est entré.
— Désolé, je ne suis pas encore prête.
— T’inquiète pas prend ton temps.
— Viens si tu veux.
Il s’appuya contre l’encadrement de la porte. Je n’avais jamais vraiment trop prêté attention à Antoine. Enfin, se serait mentir de dire, que je n’avais jamais fait attention, à sa carrure et ses beaux yeux bleus. Mais là, ce soir je ne sais pas, il avait quelque chose… Quelque chose d’attirant.
— Alors comment c’est passé ton périple en voiture ?
— C’était GE-NI-AL.
— Je vois, me dit-il en souriant. Pas trop stressant ?
— Énormément. Surtout le retour.
— Pourquoi ?
— Il pleuvait.
Je l’ai sentis se raidir, d’un coup.
— Je vois. Tu es prête ?
— Oui, ça devrait aller comme ça.
— Tu es parfaite.
Je souris gêné, mais flatté de sa remarque. J’attrapais mes affaires et on descendit.
L’avocat ne se trouvait qu’à quelques minutes à pied de chez moi. Je me souviens du soulagement que j’avais ressenti quand j’ai su que son cabinet était tout près.
— Tu es venu comment ?
— À pieds.
— Ça commence à faire une trotte.
— Oui mais, je préfère. Puis ça me permet de prendre l’air, d’essayer d’évacuer la tension de ces derniers jours.
On est arrivé rapidement devant le cabinet. Maria, Johane et Julien nous attendaient devant.
On se fit la bise.
— Vous êtes prêts, demanda Maria.
On acquiesça, tous ensemble.
Le cabinet de monsieur Morov était plutôt grand, ils étaient plusieurs avocats à travailler au même endroit. Une secrétaire était plantée au milieu de l’entrée derrière un bureau.
— Bonsoir, nous avons rendez-vous avec monsieur Morov, à 18h30, lui dit Julien.
— Un instant, s’il vous plaît.
Elle appela, monsieur Morov, pour lui dire qu’on était arrivé.
— Vous pouvez, y allez. Il vous attend.
On la remercia et on se rendit devant le bureau, de notre avocat. Il ouvrit la porte au moment où Johane allait frapper.
— Bonsoir, allez-y, je vous en prie. Prenez place.
Le bureau était grand, il y avait dans un coin de la pièce de grands canapés, une petite table basse était disposée entre. De l’autre coté de la pièce, le bureau de Morov, et derrière lui de grande bibliothèque, avec des centaines de porte-documents. Rien ne dépassait. Tout était rangé et organisé.
Il attrapa notre dossier, dont il avait pris le soin de sortir avant que nous arrivions et s’installa sur un fauteuil en face de nous.
Nous avions pris place, sur le canapé. Comme d’habitude. Maria était assise, à côté de moi. Antoine était à ma gauche, Johane et Julien étaient sur l’autre canapé. Depuis le début, enfin les trois fois ou l’ont s’est vu, nous n’avons jamais changé de place.
— Bien, comme vous le savez, depuis l’envoi de mon e-mail, monsieur Collins est sorti de détention hier, dans la journée.
On ne répondit rien, et il reprit.
— J’ai pu réussir à savoir, la raison pour laquelle ils l’ont fait sortir.
— J’espère que s’en ai une super bonne, murmura assez fort Julien.
— La femme de monsieur Collins a des problèmes de santé. Son avocat a donc joué sur ça, et sur le fait que personne ne pouvait se charger de leurs fils. Ils lui ont donc permis de sortir, jusqu’au procès, pour trouver une solution, et s’occuper de sa femme. Bien sûr, il n’est pas sorti sans condition.
Il marqua une pause.
— Quelles conditions, demanda Maria ?
— Interdiction de sortie du territoire, bracelet électronique, obligation d’être au domicile, de 19h à 7h du matin. Et surtout, de se présenter au commissariat, tous les deux jours.
On se regarda tous un long moment. Personne n’ose réagir. Je me demandais s’ils trouvaient légitime, qu’ils puissent sortir pour ces raisons-là.
Monsieur Morov fouilla dans ses documents, et en sortie cinq feuilles.
— J’ai quand même, une bonne nouvelle, ce soir. J’ai reçu vos convocations au procès.
Sur la mienne était écrite :
« CONVOCATION
Par la, présente, je soussigné, Monsieur DUNOYAU Jaques président du tribunal correctionnel, ainsi que Madame DESCHAMPS Sybille second juge et Monsieur MARTIN Claude troisième juge ;
Monsieur, OLIVIER Albert, procureur de la République ;
Monsieur, MARTIN Émile, greffier ;
Vous convoquons, dans le cadre du procès, qui oppose Monsieur COLLINS Georges à Madame ROPI Eliya, ainsi que Madame LOPEZ Maria, Madame RENARD Johane, Monsieur BRUNET Julien, Monsieur GUERIN Antoine ;
Jeudi à 9h00, au tribunal judiciaire de Pau ;
Place de la libération
64034 PAU
Étant représenté par Maître MOROV Frédérique ;
Votre présence est néanmoins requise ;
Fait à PAU le mardi 21 septembre à 14h45
Président du tribunal correctionnel DUNOYAU Jacques »
Je n’en revenais pas de ce que j’avais entre les mains. Je tenais le papier, qui aller celer cette histoire. Ce passage à vide que l’on vit tous depuis des mois. C’était pour la semaine prochaine.
Je regardais les autres, ils souriaient tous. Tous sauf Antoine. Il gardait son air sérieux.
— J’ai reçu vos convocations par e-mail, en début d’après-midi. Je trouve qu’elles tombent à pic.
— Effectivement, répondit Julien. On ne les attendait plus.
— Du coup, comment ça se passe maintenant ? On vient jeudi et c’est tout ? demanda Maria.
— Non, maintenant on a du travail qui nous attend. Pour commencer le juge président, résumera les faits. Ensuite il interrogera le prévenu, puis les témoins, les experts, le procureur et viendra enfin votre tour. Il finira par réinterroger le prévenu.
— Autant de monde ? dit Antoine.
— Oui, mais ne vous en faites pas, c’est plus rapide que ça en à l’air. Les témoins, ne désirant pas se présenter, ils ont fait des déclarations sur l’honneur, qui ont déjà été jointes au dossier. Il n’y aura plus que vos témoignages, celui des experts et enfin celui de Collins.
Je me risquai à lui poser une question.
— Nous sommes obligés de tout témoigner ?
— Malheureusement, plus vous en direz, plus vous serez considéré. Même si vous et Maria n’êtes pas des victimes, physique, votre témoignage est important. Je peux déjà vous dire que l’expert, qu’ils ont choisi au niveau psychiatrique est votre médecin à tous.
— Vraiment ? dit Johane.
— Oui, c’est essentiel, d’avoir son ressenti, son avis sur la situation.
— Mais ça veut dire qu’elle a vu en consultation Collins ? dis-je.
— Elle ne l’a pas suivi, comme elle vous suit tous, mais pour l’enquête, elle a été appelée à rendre un diagnostic, sur la santé mentale de monsieur Collins.
À cette révélation je me sentais, trahis, pourquoi elle nous a rien dit à notre réunion. Pourquoi garder le secret ?
Monsieur Morov, nous expliqua, qu’avant le procès il voulait nous voir tous, pour nous confronter, aux futures questions qui pourrait nous être posé. Il fallait que l’on soit prêt sur ce que l’on allait dire. Même si tout était en notre faveur, il ne fallait rien lâcher pour qu’il paye.
On finit la réunion tard, il était presque 21h quand on est sorti du cabinet. Nous avions à nouveau, rendez-vous lundi à 17h cette fois-ci.
J’ai envoyé un message à Axel en sortant, pour lui dire que j’avais fini, que je rentrais me reposer.
— Je te raccompagne ? me dit Antoine.
— Avec plaisir.
C’est incroyable de voir les contraintes qu’on impose aux victimes!
Malheureusement c’est souvent comme ça
Lourd en effet.
Je pari qu’Axel va rappliquer. Il ne faudrait surtout pas que sa victime ait de l’espace pour bouger…