Du néant au frisson. Chapitre 52.

4 mins

Eliya

Je ne me suis réveillé qu’en début d’après-midi. La maison était silencieuse. Je suis passé par la salle de bain, avant de descendre, une bonne douche me ferait du bien. 

Une fois arrivé dans la cuisine, un mot signé de la main de Maria était posé sur le plan de travail. 

« Eliya nous sommes sorti, promener dans la ville, fais comme chez toi et n’hésite pas à te servir. Si jamais tu sors, je te laisse cette clé. Rejoins-nous si tu le veux aussi, sinon à ce soir <3. »

Je trouvais son attention, mignonne. Maria était sûrement le genre de copine, prête à tout pour ses amis. Ça me rappelait que moi-même j’en avais, et que j’étais restée silencieuse, encore une fois. 

Malgré ça, je ne ressentais pas le besoin de leur parler. Ni même de les informer de ce qu’il se passe dans ma vie. À la mort de mes parents, j’ai perdu beaucoup de choses. Mais j’ai aussi fait le choix de me détacher de certaines personnes. Et inconsciemment, les filles en faisaient partie. Je n’arrivais plus à me sentir, comme avant avec elles. Et je savais que c’était la même chose de leurs côtés. Elles avaient leurs vies, elles avaient continué de vivre et moi j’avais arrêté pendant trop longtemps de le faire. 

Enfin, c’était mon choix, et j’avais décidé de ne plus les regretter. J’ai jeté un coup d’œil par la baie vitrée. Le temps était gris, menaçant, encore une fois. J’ai quand même mis ma veste et je suis sorti. Une chose me restait en tête depuis qu’on était arrivé. Grimper au phare. 

Avec mes parents quand j’étais petite, c’est quelque chose que l’on faisait à chaque vacance. On se mettait devant le phare et on admirait l’océan. Après ça, on grimpait à l’intérieur pour admirer la vue. De vrais touristes. 

Je savais qu’au mois de septembre, grimper à l’intérieur n’était pas possible. Mais aller devant le serait. 

Maria n’habitait vraiment pas loin, j’ai marché à peine quelques minutes. 

Il était la dressée devant moi, le regarder de toute sa hauteur, me donnait le vertige. Je l’ai contourné et me suis adossé contre lui, face à l’océan. J’ai fermé les yeux, et inspiré une grande bouffée d’air. En les rouvrant, la vue était magnifique. On ne faisait presque pas la distinction entre le ciel et l’eau. Tous deux étaient d’un gris foncé. Les vagues montaient et descendaient. Elles formaient de grands creux, pour se séparer les unes des autres. Je me suis approché, plus près que les fois où j’étais avec mes parents. Mes cheveux giflaient mes joues, le vent se levait et se voulait plus insistant. Les vagues se creusaient un peu plus à chaque fois. 

L’océan était déchaîné. 

Je m’assis en tailleur au bord de la falaise. J’observais le spectacle qu’on m’offrait. Au loin, j’entendais gronder. Le ciel se mettait en colère. Un éclair s’écrasa au loin sur l’océan. 

J’étais bien, tranquille, libre. 

Mais avec moi, ça ne dure jamais longtemps. 

Antoine vint s’asseoir, près de moi. Il ne dit rien, et moi non plus. Je ne voulais pas gâcher la beauté du moment, dans une nouvelle dispute. 

L’orage se rapprochait doucement de nous. Un coup de tonnerre me fit sursauter, il brisa le silence installé entre nous. Antoine en profita pour se lancer. 

— Tu as déjà pensé à te suicider ? 

Je n’étais plus étonné des paroles d’Antoine. C’était comme ça entre nous. Il était brisé, moi aussi, plus rien n’était tabou, encore moins la mort. 

— Évidemment. Et toi ? 

Il n’hésita pas une seconde avant de répondre.

— Oui. Souvent. 

— Encore maintenant ? 

On ne se regardait pas, on n’avait plus besoin de ça. Je savais qu’il avait le regard vide, qu’il était perdu quelque part, mais assez présent pour tenir cette conversation avec moi. 

— Pas depuis quelque temps. Et toi ? 

— Tu sais, je pense que si on y a pensé une fois, alors ça reste dans un coin de notre tête pour toujours. 

Je le sentis acquiesçait de la tête. J’aimais ça chez Antoine. La simplicité de nos mots. La simplicité de notre relation. Même si tout était chaotique dans nos vies, on avait cette bulle, à nous deux qui nous préservaient. Combien de temps ça allait durer ? Aucune idée. Mais au moins jusqu’au procès. 

J’ai remonté mes genoux sur ma poitrine, il s’est approché un peu plus de moi, pour passer un bras autour de mes épaules. Alors même si j’étais en colère, je me suis laissé aller, à poser ma tête sur son épaule. Et je ne sais pas si c’est le temps, ou ce contact avec lui, mais un frisson à parcours mon corps. 

On est resté assis là tous les deux, à observer l’océan, jusqu’à que la pluie s’abatte sur nous. On a alors dévalé la falaise main dans la main. Glissant sur l’herbe mouillée. 

Quand on est arrivé, il n’y avait que nous deux à la maison. On était trempé, dégoulinant. J’ai essoré mes cheveux à l’entrée. 

— On devrait aller se changer avant d’attraper mal, dis-je. 

— Bonne idée ! 

On monta chacun à notre étage. 

— Je vais prendre une douche, tu veux qu’on se retrouve après pour regarder un film ? me dit-il. 

Même si j’étais en colère, j’en avais envie. Et ce moment passé avec lui m’avait détendu un peu. 

— Si tu veux, je vais prendre une douche aussi. Je te rejoins dès que j’ai fini. 

J’ai fait couler l’eau. Plus longtemps qu’il ne le fallait, et toujours rien, l’eau était gelée. J’ai enroulé ma serviette autour de moi, et je suis monté à l’étage. 

J’ai frappé à la porte de la salle de bain des garçons, mais pas de réponse. J’entendais l’eau couler. 

J’ai frappé un peu plus fort.

— Antoine ? 

Il ouvrit la porte, au moment où je m’apprêtais à redonner des coups dessus. 

Il avait enroulé la serviette autour de sa taille. En le voyant torse nu, je me suis rappelé, la nuit que l’on avait passé ensemble. Je sentais une vague de chaleur m’envahir. 

— Toi non plus tu n’as pas d’eau chaude ? Me dit-il.

J’avais du mal à détacher mon regard de sur son corps 

— Eliya ? 

J’ai enfin levé la tête vers, lui. J’avais une envie folle de l’embrasser. Une petite voix dans ma tête me disait de ne pas le faire, qu’il fallait que je cesse ce jeu. Que je fasse un choix. Mais l’autre petite voix me répéter en boucle « profite, pas le temps pour les regrets ». 

Alors d’une main je l’ai poussée à l’intérieur de la salle de bain. J’ai éteint l’eau qui coulait toujours. J’ai laissé ma serviette glisser sur moi. Et j’ai fondu sur ses lèvres. 

Il m’attrapa par la nuque et me rapprocha un peu plus de lui. Je sentais son corps contre le mien. Je le sentais lui. 

Sa serviette glissa à son tour, et notre baissé s’intensifia. La chaleur grimpait. Et j’avais de plus en plus envie de lui. Je me laissais aller, mon corps le réclamant. Il glissa une main entre mes cuisses et caressa délicatement ma peau si fragile. Mon plaisir grimpait de plus en plus. Jusqu’à m’en faire perdre le contrôle. 

Antoine me souleva et me prit dans ses bras. Il me conduit jusque dans sa chambre. M’installa sur le lit. 

C’était la deuxième fois que l’on faisait l’amour. 

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9 Commentaires
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ccccccccccccc bbbbbbb
2 années il y a

Ben, on peut pas dire que ça s’arrange!
Aïe aïe aïe.
J’aimerais pas être à la place de l’auteure, hihi!

Serena B.
2 années il y a

mdrrrr faut les tenir en laisse ces deux là

ccccccccccccc bbbbbbb
2 années il y a

Je ne la déteste nullement, pourquoi?

ccccccccccccc bbbbbbb
2 années il y a

Moi je trouve que tous ces personnages ont des blessures profondes et font au mieux pour s’en sortir.

ccccccccccccc bbbbbbb
2 années il y a

C’est gentil, je vais passer une bonne journée.

O. DeJavel
2 années il y a

Le comportement d’Eliya la rend antipathique parce qu’on voudrait qu’elle affronte sa peur et qu’elle cesse de rendre tout le monde fou autour d’elle. Quel est cette peur ? Est-ce la peur de l’intimité ? Le sexe est porteur d’intimité, bien entendu, mais il peut servir à autre chose. Il peut servir à prévenir les moments de véritable communication. Ça dépend. Tant que son deuil ne sera pas fait, Eliya aura ce genre de réaction inexplicable. Elle est l’inverse d’Axel en quelque sorte. Elle sabote ses deux relations parce qu’elle ne choisit pas.

Enfin… je spécule.

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