J’étais petit. Très, petit.
J’étais parti à la mer avec papa et maman, et je pense qu’ils espéraient que je joue dans le sable, que je ramasse des coquillages, ou que je me fasse des amis de mon âge… Mais moi, je ne faisais rien de tout ça.
Je préférais rester assis, en tailleur, au bord de l’eau, et… Regarder l’horizon. Je pouvais rester comme ça longtemps, plusieurs heures, avant de bouger ma main dans le paquet de gâteaux pour prendre mon goûter. Maman se demandait pourquoi je ne leurs répondais pas quand ils me parlaient. Papa se demandait pourquoi je ne bougeais pas et pourquoi je fixais l’horizon comme ça, alors que… Les “enfants de mon âge”, eux, jouaient, profitaient, couraient, etc…
Mais moi, je profitais ! J’aimais tellement regarder cette ligne si lointaine mais si proche… Ce ciel infini d’une couleur si belle, cette mer majestueuse, et remplie de vie…
Je me posais des questions, aussi;
Es-ce-qu’on peut marcher sur l’horizon ?
Es-ce-qu’une fois arrivé sur l’horizon, peut-on tomber de la terre, jusque dans l’espace, si l’on perd l’équilibre ?
Es-ce que papa et maman m’offriront un chien un j… Oups… Là, je me suis un peu emporté…
…Mais il est vrai que je souhaitais un chien plus que tout au monde. Je voulais juste un ami qui me comprenne. Assez calme pour regarder et observer ce monde avec moi, mais assez rigolo pour me remonter le moral quand ça n’allait pas. Mais bon…
Dimanche 18 avril,14h25, Bretagne, temps nuageux.
J’étais comme d’habitude, à regarder l’horizon, au bord de l’eau… jusqu’à ce que maman me perturbe en criant.
Je me retournai, et vis une véritable foule autour de moi !
Je ne comprenais absolument rien à ce qu’il venait de se produire. Je vis également un petit chien qui se tenait dos à moi, et face à une silhouette qui courait au loin, comme s’il s’enfuyait.
Papa accourut vers moi en criant :
“Poussez-vous ! C’est mon fils ! “
Et maman arriva également, pleine de larmes :
“NOAH ! Mon fils, tu n’as rien ?!”
Ils avaient l’air si soulagés que je ne soit pas mort, mais moi je n’avait juste rien compris ! Voyant ma mère en larmes, je la serrai contre moi et je voulus demander à mon père ce qu’il s’était passé, mais avant que je ne dise le premier mot, j’avais commencé à comprendre par moi même :
Il ne pouvait s’agir que de quelqu’un qui avait essayé de me tuer ou me kidnapper, sans doute l’homme qui courait au loin, et de quelqu’un qui aurait pu me sauver. Je regarda autour de moi, et… La seule personne qui aurait été susceptible de me sauver, c’était tout simplement… Ce Chien.
Un petit chien beige se tenait devant moi, et les gens ne regardaient pas que moi, ils regardaient également ce petit chien.
Papa tenta de m’expliquer, mais il n’arrivait à dire trois mots sans bégayer; il ne faisait que trembler. Mais ces trois mots m’avaient simplement suffi à comprendre que tout ce que j’avais déduit était bien vrai :
Homme…c…couteau…ch..chi…chien..
Maman m’a fait un bisous sur le front, avant de caresser le brave chien qui se tenait devant moi, désormais mon héro.
Les sirènes de polices entouraient maintenant toute la ville et faisaient énormément de bruit.
Je regardais le chien, quand soudain, je m’aperçu que j’étais seul avec mon héro, car les gens étaient regroupés là bas, au parc où je vais de temps en temps m’assoir pour regarder les mouettes planer.
Maman courut vers moi en souriant, et me dit que l’homme ayant essayé de me kidnapper a été vite attrapé et qu’il est en route vers le commissariat. Moi, à cinq ans, je n’avais pas trop réalisé ce qu’il s’était produit, mais je savais bien que c’était important, et j’étais heureux de m’être fait embarquer dans une affaire de “grand”.
D’ailleurs, en parlant d’embarquer, quelques minutes plus tard une ambulance est arrivée et les médecins m’ont embarqué avec moi, papa et maman dans leur camionnette, et ils m’ont examiné, même si ils m’avaient bien entendu dire que je n’avais mal nul part et que je me sentais très bien. À la fin de l’examen, sans trop de surprises, je n’avais rien et ils m’ont laissé repartir.
Quand je suis sorti, j’ai eu le réflexe de regarder s’il y avait le petit chien; il était encore là, mais pas au même endroit : il m’attendait en fait aux portes de l’ambulance et m’a sauté dessus quand j’en suis sorti.
J’étais si heureux de le retrouver ! Ça faisait seulement vingts minutes que je ne l’avais pas vu, mais il m’avait déjà bien manqué. Je lui fit un gros câlin, et j’espérais vraiment garder un lien avec lui, que ses maîtres habitent en Suisse ou en France, qu’ils habitent à Paris ou à Marseille… Je voulais pouvoir le revoir souvent.
Papa et maman décidèrent de l’emmener chez le vétérinaire pour retrouver ses maîtres, en regardant sa puce.
Une fois arrivés, j’ai attendu avec papa dans la salle d’attente, pendant que maman était avec le “médecin des animaux”, comme je l’appelais.
Quand elle sortit, elle demanda à mon père de lui parler, sans moi.
Ils discutèrent pendant un long moment, et on s’en alla encore en voiture, toujours accompagné du petit chien. Ils le déposèrent dans une sorte d’appartement avec marqué “S.P.A”, mais ils ne voulurent pas que j’y aille. Je fit un gros câlin à mon héro, et je le laissai partir. J’éclata en sanglot quand je le vis franchir, avec papa et maman, la porte de l’appartement.
Dimanche 18 avril, 18h30, Bretagne, temps soleil légèrement couvert
On mangea en parlant de ce qu’il s’était passé, plus serein. Maman décrivait ce qu’elle avait vue, et papa en faisait de même.
Moi, tout ce que je dis, c’était :
“Ils étaient comment, les maîtres de nedilya ?”
Papa et maman me regardèrent, sans comprendre grand chose :
“Les maîtres de qui, noah ?” Fit maman.
“De la petite chienne qui t’as sauvée, tu veux dires ?” Répondit papa.
Je hocha la tête pour papa et il rigola :
” Tu lui as déjà donné un prénom ? Alors qu’elle n’est pas à toi ? Tu changeras jamais toi !”
Maman ajouta tout de même :
“Mais oui, en tout cas, saches qu’ils vont s’occuper d’elle à merveille !”
Je pris mon dessert, et allai dans ma chambre pour me coucher.
Lundi 19 avril, 7h38, Bretagne, temps nuageux
J’avais rêvé que j’adoptais Nedilya, et je me disais toujours “réalise tes rêves au lieu d’y penser”(même si je n’avais jamais su si les gens disait ça pour les rêves de la nuit ou mon rêve pour plus tard…), Mais là je ne pouvais pas le faire, et ça me déprimais. J’essayais de penser aux maîtres de Nedilya, sans doute très heureux avec elle, mais j’étais si triste…
Je déjeunai sans trop parler avec maman ni papa, et je m’allongeai sur mon lit, en pensant à mon héro, maintenant mon héroïne. Je regardai ma fenêtre, et je m’étais décidé.
Je posai un papier avec un cœur et Nedilya dessinée sur mon lit destiné à papa et maman.
J’ouvris la fenêtre, je réussis à aller sur le toit, et me voilà bientôt au bâtiment nommé “S.P.A”.
J’étais décidé. Rien n’allait m’empêcher de revoir Nedilya, pas même ses maîtres. Je négocierai quoi qu’il en coûte.
Nedilya, me voilà !
Suite au Tome 2 !