Pour toi – Partie 3 Ne plus avoir peur

13 mins

Résumé : Sacha Morin, chercheuse de talent en neuroscience dans le domaine des troubles de l’humeur, n’est plus que l’ombre d’elle-même depuis quelques semaines. Elle cache un secret qui la ronge. La venue d’Alexander Smith, post-doctorant, la chamboule. Ils coopérèrent sur une étude et des liens forts se tissent entre eux. Mais Alexander cache lui aussi un secret. Emprunte d’ombres dissimulées, leur relation risque d’exploser à mesure qu’ils se rapprochent de la vérité.

 

Pour toi – Partie 3

Ne plus avoir peur

 

Un mois et demi plus tard.

         Sacha évita prestement un coup porté par Alex. Elle se remis rapidement en position défensive, avec le sourire.

« Allez Alex, faut donner plus que ça ! On voit déjà ton intention avant que tu portes le coup, c’est trop facile de l’éviter. »

Alex, rougi par l’effort, fit une grimace. Il se positionna et Sacha voyait bien qu’il réfléchissait fébrilement sur son prochain coup. Il tenta un coup de coude, Sacha se contenta de reculer, mais cette fois-ci, c’était limite.

« Bravo, c’est bien ça ! »

Il grimaça à nouveau. Son t-shirt noir était trempé de sueur, ses cheveux se collaient à son front et son regard était à la fois amusé, mais aussi frustré. Cela ne faisait que deux semaines qu’Alex avait rejoint le groupe de Krav Maga. Il se démenait pour avancer et rejoindre le niveau des autres. Sacha n’osait lui dire que cela demanderait du temps et de la patience, sachant qu’ils avaient tous deux ans d’avance. Mais il apprenait vite, sans se plaindre et y trouvait du plaisir. Finalement Alex se plia pour poser ses mains sur ses genoux, essoufflé. Sacha adorait ses moments passés avec lui. Il n’y avait plus de recherche, plus cette limite formelle imposée par le travail. Elle pouvait le toucher. Alex n’était pas très grand, assez fin, mais possédait des muscules secs capables de faire montre de force. Mais il manquait de technique et d’agilité. Cela viendrait. Il tenta quelques autres coups.

Il fit le signe de temps mort, harassé.

« J’en ai eu pour mon grade aujourd’hui. Heureusement que tu étais en position défensive, tu m’aurais laminé sinon » rigola-t-il.

Et il était bon joueur. Cela ne le dérangerait pas qu’une femme soit plus forte que lui dans un sport au combien masculin comme l’était les sports de combat. Elle quitta sa position défensive et s’approcha de lui. Soudainement, Alex lui attrapa la main pour lui faire la saisie au poignet. Il tira d’un coup sec pour l’attirer vers lui. Instinctivement, elle bloqua sa main. Déstabilisés, les pieds d’Alex glissèrent sur le tatami et ils tombèrent à terre. Alex avachi à moitié sur elle, elle peinait à reprendre son souffle. Puis elle réalisa la position dans laquelle ils étaient. Il leva la tête avec un sourire canaille. Immobile, elle sentait son souffle sur son visage, bien trop près.

« Eh les amoureux, y a des hôtels pour ça ! » ricana Andreas, avec un fort accent espagnol.

Son partenaire de recherche, un allemand qui s’appelait de manière très originale Hans, le frappa sur la clavicule. Andreas étouffa un petit gargouillis. Il se frotta, sachant que Hans avait évité la trachée volontairement en signe de menace.

La bulle avait éclaté. Alex se leva rapidement. Mais il n’était pas gêné, il continuait de sourire de toutes ses dents, malgré son souffle haché. Sacha lui rendait son sourire, un feu brûlait dans son corps.

 

Ils se quittèrent pour rejoindre les vestiaires. Ses collègues féminines n’étaient pas encore là, elle avait la douche pour elle. L’eau brûlante délassa ses muscles endoloris et la détendit. Elle pensait sans cesse à Alex sur elle, son corps, son sourire, son odeur. Les mains de Sacha passaient sur elle, étalant le savon, lentement. Elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer que c’était celles d’Alexander.

« Sacré entraînement ! » commenta la nouvelle venue.

Sacha se retourna et prit sa serviette pour s’y emmitoufler. Elle n’avait jamais été à l’aise d’être à nue devant d’autres personnes. Emilie se déshabilla rapidement pour se mettre sous la douche. Elle poussa un soupir de contentement.

« C’est super qu’Alexander participe avec nous, il s’intègre bien. »

« Il préfère qu’on l’appelle Alex, il dit qu’Alexander c’est son père. » répondit-elle machinalement en prenant une autre serviette pour se sécher les cheveux.

« Hm. » répondit simplement Emilie.

Emilie était une technicienne qui travaillait avec eux, mais ils la côtoyaient que pour la remise de certains résultats. Elle était aimable et surtout, elle ne se mêlait pas trop des affaires des autres. Ce qui dénotait de la plupart des collègues. Le monde de la recherche était petit et ils adoraient les ragots.

Sacha retourna dans le vestiaire pour revêtir ses vêtements de ville. Elle se sentait détendue, bien et elle savait qu’Alex l’attendait dans le hall. Comme toujours. Le cœur en fête, elle déboucha sur le hall. Alex discutait avec Hans avec animation, ses mains virevoltant autour de lui comme une nuée de papillon. Hans s’esclaffa puis le quitta d’une tape sur l’épaule. Les cheveux d’Alex étaient mouillés, dans un délicat désordre. Il portait son éternel jean un peu trop large et un t-shirt blanc, large lui aussi. Il était décontracté, dans ses vêtements, sa posture et son attitude. Elle adorait ça chez lui. Il était comme une oasis zen, un moment de calme avant la tempête. Puis, Alex la vit et son sourire illumina son visage. Ils se rejoignirent à pas rapide.

« C’était intense. » dit-il en souriant.

Elle savoura ce qu’elle estimait comme un double sens. L’exercice physique mais aussi ce moment où il était tombé sur elle.

« Oui, mais tu verras, tu profiteras de plus en plus. »

Il étouffa un rire. C’était devenu un jeu entre eux, de jouer sur l’ambiguïté.

« Tu veux aller boire un verre ? » demanda-t-il, plein d’espoir.

Elle avait toujours refusé, sans trop savoir pourquoi. Quelque part, elle résistait encore et toujours à ce qu’il entre autant dans sa vie. Mais était-ce le bien être qui accompagnait l’exercice physique, ou leur presque étreinte, ou alors encore son attitude de supplication muette, elle hocha la tête. Le sourire d’Alex se fit étincelant, contaminant ses yeux qui brillaient comme des lucioles dans la nuit noire.

« Je connais un café sympa. En fait, c’est un café bibliothèque. Il y a des étagères pleines de livres. C’est calme et agréable. »

Cet homme semblait lire dans ses pensées.

« Avec plaisir ! »

« On peut y aller à pied, c’est pas loin d’ici. »

Plus il parlait, plus elle le sentait fébrile et son cœur faisait des loopings. C’était la première fois qu’ils verraient en dehors du travail ou du sport. Seuls en bref. Ils allèrent leurs voitures pour déposer leurs affaires. Le cœur de Sacha battait fort, trop fort, mais délicieusement. Sa tête bourdonnait. Était-ce une bonne idée ? Mais l’enthousiasme, le désir qui la portait faisaient taire ses doutes. Elle le rejoint d’un pas presque aérien. Il l’attendait, les mains dans les poches. « C’est presque un rencard. » lui murmurait une petite voix. Loin de l’angoisser, elle se sentait pleine de joie.

« C’est par là, on doit être à moins de dix minutes. Ça s’appelle « La rêveuse », je pense que tu vas beaucoup aimer. J’y vais régulièrement le week-end, ça me détend. »

Ils se mirent à marcher. L’été était presque là, et malgré l’heure, dix-neuf heures tapantes, il faisait encore jour. Le crépuscule n’était pas loin. L’air était délicieusement frais, agréable, la maintenait dans un état de bien-être. Elle était curieuse de découvrir un lieu qu’Alex affectionnait tant. Ils marchaient côte à côte sur les étroits trottoirs. Il se collait un peu à elle pour laisser la place à des passants. Il lui parla de son arrivée à Marseille, du mal du pays mais aussi de son amour pour la culture française. Son plaisir de travailler à l’institut. Elle l’écoutait et parfois, leurs mains se fleuraient et son cœur loupait un battement.

Ils arrivèrent devant le café, une enseigne chaleureuse. Des pochoirs de livres égayaient la vitrine, où trônaient des romans mis en avant. Cela donnait vraiment envie d’entrer.

« Tu vas adorer, tu vas voir ! »

Et là, il lui attrapa la main. Ce n’était pas comme au Krav Maga, où le geste était purement sportif. Cette fois-ci, ses doigts serrés sur sa paume avec douceur, déclenchaient en elle une vague de plaisir qui la fit frissonner. Cela ne manqua pas à Alex, qui lui décocha son plus beau sourire canaille. Sans un mot, il poussa la porte et ils entrèrent.

 

L’endroit était l’illustration du calme et du douillet. Des voutes en brique abritaient des étagères remplies de livres. Le comptoir semblait être fait d’un tronçon d’arbre, irrégulier, les écorces étaient encore présentes sur les bords. Le plateau était poncé soigneusement, il semblait particulièrement doux. Des canapés, fauteuils confortables partageaient l’espace avec de multiples bibliothèques improvisées dans des caisses de vins, des cagettes et d’autres éléments hétéroclites. Quelques tables, pourvues de chaises à l’apparence moelleuse étaient disséminées ici et là. Sacha sentait son sourire parcourir jusqu’à son cœur.

« Tu aimes ? »

Sacha se tourna vers lui. Son regard et sourire rayonnants parlaient pour elle. Alex ne cacha pas sa joie et sa main serra la sienne avec plus d’intensité. Il y avait sûrement quelque chose à dire, à faire, mais tout passait dans leur regard.

« Vous souhaitez commander ? » demanda alors la serveuse, sortie de nulle part, brisant ce moment de pure connexion intime.

Alex fut celui qui se reprit le plus vite.

« Une table pour deux s’il vous plait. Ma compagne aurait besoin de la carte. »

Le cœur de Sacha rata encore un battement brûlant. « Compagne ? » La serveuse les mena à une table, à l’abri des regards de la vitrine, près d’une bibliothèque en caisse de vin. Encore tremblante, Sacha s’installa sur un fauteuil bleu roi, aussi confortable qu’il en avait l’air. On lui donna la carte mais elle n’arrivait pas à se concentrer. Elle savait qu’Alex la dévisageait. « Compagne ? ».

« Je t’ai froissé ? » demanda-t-il finalement d’une petite voix, son accent écossais reprenant le dessus.

« Non, non. Enfin, je ne m’y attendais pas, je… enfin, ça m’a fait bizarre, je ne m’y attendais pas. » bafouilla-t-elle.

« Je suis désolé. Je ne vais pas prendre l’excuse de la différence de langue… C’est sorti tout seul. » avoua-t-il doucement.

Elle leva les yeux, vit son ait contrit, conscient d’être allé un peu vite.

« Ce n’est pas grave Alex, vraiment. J’étais surprise, le rassura-t-elle, bon tu me recommandes quoi à cette heure tardive ? » enchaîna-t-elle rapidement.

Heureux de passer à autre chose, il lui indiqua la section des décaféinées. La serveuse apparu encore, comme par magie. Sacha commanda un déca goût noisette. Alex demanda un café long.

« Tu comptes faire une nuit blanche ? » plaisanta-t-elle un fois la serveuse partie.

Il n’eut pas le temps de répondre, sa montre bipa plusieurs fois. Son regard s’assombrit et il serrait visiblement les dents. Curieuse, Sacha le regarda se forcer à prendre un air plus décontracté. Alex se pencha et farfouilla dans son sac posé au sol. Il se redressa, la main fermée et se servit un verre d’eau. Portant sa main à la bouche puis buvant un peu d’eau, le plus discrètement possible. Sacha savait qu’il venait d’avaler un médicament, qu’il devait prendre à heure fixe. Elle le regarda faire, interdite. Le visage d’Alex était fermé, la défiant de poser des questions. Ses yeux avaient cet air grave, sombre, insondable qu’ils avaient parfois et qui dénotaient tellement de sa malice habituelle. Malgré elle, elle cherchait à rassembler les morceaux du puzzle qu’était Alexander Smith. Les choses prenaient forme, mais il leva les yeux vers elle. Implorant. Elle étouffa ses questions et se contenta de sourire tranquillement, comme si rien ne s’était passé. Elle pouvait faire ça pour lui, ne pas chercher. Elle pouvait faire tellement de choses pour lui.

« On parle rarement d’autres choses que le boulot, lança-t-il, que fais-tu de ton temps libre ? »

Elle pouffa.

« Je vis à l’institut. Je vais au Krav Maga avec les collègues. Parfois je mange chez Marc. »

« Marc ? »

Le ton de sa voix était tendu, presque jaloux. Son corps se crispait visiblement et elle rit à nouveau.

« Marc est marié et très heureux en ménage. Je m’entends plutôt bien avec sa femme, Rachelle. »

Alex se détendit aussitôt. Il jouait avec une cuillère, distraitement. Elle attendait qu’il pose la question fatidique.

« Et… eh bien, tu as quelqu’un dans ta vie ? » demanda-t-il finalement d’une petite voix, n’osant pas la regarder.

Sacha hésita un instant. Pouvait-elle lui dire que ce quelqu’un dans sa vie, c’était sûrement lui ? Il prit son silence pour une affirmation et il se crispa à nouveau. Sans réfléchir, elle lui attrapa la main et ils se regardèrent. Une attente dans ses yeux, une supplique, la faisait fondre.

« Alex, tu vois bien que nous sommes proches maintenant. » dit-elle finalement, incapable de dire plus.

Encore une fois, la serveuse choisit mal son moment. Leurs mains se séparèrent tandis qu’elle posait les commandes. Même après son départ, ils gardèrent un moment le silence, chacun méditant sur leurs dernières paroles. Puis leurs regards se croisèrent et ils ne purent s’empêcher de sourire puis rire.

« Quels ados on fait franchement ! » rigola-t-elle.

« Effectivement, bientôt je vais t’inviter à faire un tour dans le parc et essayer de te peloter dans les fourrées ! »

Leurs rires s’intensifièrent et les autres clients commencèrent à leur jeter des coups d’œil réprobateurs. Ils s’efforcèrent de calmer leur fou rire. Finalement, chacun gouta leurs consommations. Sacha lui sourit, ravie.

« C’est délicieux. J’en prenais tout le temps quand j’étais à la fac. Enfin avec de la caféine. C’était la seule boisson qui était buvable voire bonne selon les distributeurs. » dit-elle, nostalgique.

« Mon café eh bien, c’est un bon café. »

Ils étouffèrent un nouveau rire dans leurs mains.

« Bon, un peu de sérieux. Tu aimes l’endroit ? »

« J’adhère totalement ! Je me demande ce qu’il y a comme livre. »

« Tu peux aller voir. » lui proposa-t-il tranquillement en embrassant l’espace d’un geste de la main.

Sacha se leva et commença à fureter. Elle notait mentalement les romans qu’elle lirait bien à une prochaine visite. S’amusait de certaines références. Appréciait le papier neuf mais aussi un livre qui portait son vécu. Le temps filait tandis qu’elle lisait des quatrièmes de couvertures avec toute son attention. Dans un recoin d’une arche de brique, elle allait reposer « A la recherche du temps perdu » quand elle sentit un corps contre elle. Une main accompagna son geste pour remettre le livre à sa place. Alex sentait le savon pour homme, légèrement musqué et enivrant. Elle ne réfléchit même pas. Elle se laissa aller contre son torse avec un soupir. Sacha avait déjà été dans ses bras lors des entraînements au Krav Maga. Mais là… Il y avait une tendresse. Puis un désir, un frisson, les corps qui se réchauffent. Il lui embrassa délicatement le cou, à la naissance de l’oreille. Puis ses baisers descendirent jusqu’à sa clavicule. Sacha fut prise d’un puissant frisson et elle s’écarta brusquement. Les yeux d’Alex brûlaient d’un vert incandescent. Il n’était pas offusqué par son recul. Il la regardait. Attendait. Disponible. Encore tremblante, Sacha partit se réfugier dans les toilettes.

         Dans une cabine de toilette, Sacha tentait de reprendre sa respiration, en vain. Elle sentait encore contre elle le corps d’Alex, ses baisers, son souffle, son odeur… C’était trop pour elle mais elle s’en voulait d’avoir fui. Alex méritait plus que ça. Néanmoins, elle avait fait tout ce qu’elle avait pu. Une porte s’ouvrit et elle retint son souffle.

« Sacha, je suis désolé. »

Son cœur battait tellement fort qu’il allait exploser.

« Sacha, vraiment, je me suis laissée emporté, je suis désolé. »

La voix d’Alex était basse, emplie de remords. Elle pouvait imaginer sa tête mortifiée, sa honte. Il ne devait pas ressentir tout ça. Alors, Sacha ouvrit la porte de sa cabine. Il se passa quelques secondes avant qu’Alex passe devant la porte. Ses yeux étaient sombres et graves.

« Viens. » dit-elle simplement.

Il entra dans la cabine et Sacha la verrouilla. Dans cet endroit exigu, leurs corps étaient très près. Leurs respirations étaient amples et Alex souriait à nouveau.

« J’ai eu peur Alex. J’ai toujours eu peur. Toujours. Mais pour toi… pour toi j’ai envie de ne plus avoir peur de tout. »

Il eut ce délicieux sourire en coin qui la faisait toujours fondre. Sacha posa ses mains sur son torse, appréciant le contact de son corps. Elle les fit glisser et attrapa l’ourlet du t-shirt. Elle trouva dans son regard son assentiment et, avec son aide, elle retira le vêtement. Sa peau était pâle, il était fin mais les muscules étaient légèrement dessinés. Une ligne de poils châtain partant de son nombril allait mourir dans son boxer. Sacha caressa ce corps du bout des doigts, émerveillée et Alex la laissa faire en soupirant à certain instant. Finalement, ce fut lui qui posa les mains sur son haut et elle se figea un instant. Elle chercha son regard. Ne pas avoir peur. Pour lui. Sacha ne lui laissa pas le temps d’enlever sa chemise, elle se précipita contre ses lèvres pour lui arracher un baiser avide. Il la plaqua contre la cloison et ses mains se baladèrent sur son corps tandis que le baiser devenait de plus en plus passionné. Sacha passa ses mains dans le jean d’Alex pour lui caresser les fesses, elle en avait tant rêvé. Enflammé, il lui souleva une jambe pour la coller plus encore contre lui.  Le plaisir brut envahissait tout son corps et la seule chose qui comptait à cet instant était Alex et la suite à venir. Qu’elle avait désiré depuis leur première rencontre. Sans cesser de s’embrasser, Alex les fit glisser au sol en délicatesse. Elle savait ce qui allait venir et elle se cambrait déjà, impatiente. Faire l’amour avec Alex était bouleversant. C’était un amant passionné, empressé, mais trouvait de la douceur au milieu des tumultes des émotions et sensations.

Alex finit presque allongé sur elle, le souffle court. Ce n’était pas sans rappeler cette fameuse scène au Krav Maga. Il avait du bien vouloir la reconstituer selon son fantasme. Elle nageait dans un océan de bien-être comme si rien ne pouvait obscurcir son esprit. Pour rire, il lui mit la main devant les yeux, elle fit de même pour lui et ils pouffèrent. Embrasser Alex était aussi une expérience merveilleuse. Elle n’avait jamais ressenti ça avec aucune de ses conquêtes. Être sur un délicieux équilibre précaire, à la pointe extrême du plaisir. Finalement il se redressa et se leva avec précaution. Ils se revêtirent les vêtements qu’ils avaient partiellement enlevé, pris dans l’élan de la passion. Alex lui jetait de fréquent coup d’œil, dans l’attente d’une réaction, mais elle se contentait de sourire. Elle n’avait rien à dire et elle ne se voyait pas de le féliciter de sa performance. Ils en rigolaient, mais ils n’étaient plus des adolescents inquiets de leur réussite.  S’il était déçu, il se gardait bien de le montrer.

« Tu sors en première peut-être ? » proposa-t-il.

« Pourquoi ? » s’interrogea-t-elle.

« Euh bon, tu t’es bien faite entendre, fanfaronna-t-il le plus discrètement possible. Si tu veux revenir ici un jour, vaut mieux faire profil bas. »

Sacha se sentit rougir jusqu’à la pointe des oreilles.

« Sors en premier, ce sont les toilettes des femmes quand même. »

Il acquiesça et sortit en jetant un petit coup d’œil pour s’assurer que la voie était libre. Sacha se retrouva dans les toilettes, seule. Le miroir lui renvoyait son reflet. Assez échevelée, elle entreprit de mettre en ordre ses cheveux et vêtements. Elle voyait son reflet qui souriait, ses joues rosées, ses gestes pleins d’assurance. Elle se revoyait, il y a presque deux mois, s’effondrant sur elle-même et évitant à faire rentrer cet homme dans sa vie. Et maintenant, elle se voyait dans la glace, une autre femme. Une meilleure version d’elle-même. Plus confiante, plus gaie, plus heureuse… Elle avait pris la bonne décision en acceptant de travailler avec Alex.

         Lorsque Sacha retrouva le jeune homme, il buvait à petite lampée son café – sans doute froid désormais – avec le plus de décontraction possible. Elle balaya d’un regard l’assemblée, personne ne semblait s’intéresser à eux. Ils avaient réussi à être discret. Sacha s’installa à la table et s’empressa d’imiter Alex, cachant sa grimace devant le goût acre d’un café froid. Il leva ses yeux verts vers elle, pétillant comme jamais.

« Alors, ce déca noisette ? » demanda-t-il avec un sourire malicieux.

« Délicieux, vraiment, délicieux » répondit-elle entre des dents.

Il étouffa un rire d’une fausse toux. Finalement, il posa sa tasse, attrapa sa main dans un geste particulièrement intime. Elle ne put s’empêcher de se figer. Elle savait que la suite de la conversation allait être embarrassante.

« Que fait-on maintenant ? »

Sa voix était douce, tranquille mais elle commençait à le connaître suffisamment pour sentir son trouble.

« Je ne sais pas Alex. C’est compliqué les relations au travail, surtout qu’on travaille ensemble sur la même étude. Ça pourrait tout compliquer. »

C’était presque la vérité. Même si, grâce à Alex, elle était sortie de la torpeur, l’hôpital s’appelait toujours à elle. Vivre oui, mais elle ne pouvait pas se permettre d’être aussi heureuse. Pas elle. Pas maintenant.

« Beaucoup de chercheurs travaillent ensemble. » rétorqua-t-il, crispé.

Elle tripota sa cuillère, hésitante. Alex s’adoucit.

« Je peux comprendre que ce soit beaucoup pour toi d’un coup. On peut commencer doucement. Ce moment dans les toilettes, disons que c’était un avant-goût. Mais on peut commencer par des dates, enfin doucement en gros. Je tiens à toi, je veux aller à ton rythme. »

Elle le regarda longuement. Elle ne savait pas si elle attendait qu’il soit compréhensif ou déçu. Alex souriait, ses yeux vert brillant et Sacha se sentait heureuse. Fallait-il se poser d’autres questions ?

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