Écriture dangereuse tome 1 chap.7

6 mins

Ce samedi matin fût plus intense que Marie l’avait imaginé. Après avoir déjeuné avec son amie et remercié madame Davis pour son accueil, elle retourna chez elle. La main sur la poignée de la porte d’entrée, elle entendait des voix se disputer. Elle entra et trouva ses parents dans la cuisine, en train de se crier dessus. Quand ils aperçurent Marie, ils se calmèrent instantanément. La jeune fille alla s’asseoir sans émettre le moindre commentaire, néanmoins, elle regarda ses parents d’un air interrogateur. Depuis sa naissance, Marie n’avait jamais vu ses parents se disputer aussi violemment. Parfois de petits coups de becs sans importances mais jamais un tel ouragan. Marie regarda son père. Arturo, assis à la table de la cuisine, sirotait son café, le regard plongé au fond de sa tasse. Evelyne, elle, était accoudée au plan de travail et faisaient sauter les crêpes avec une certaine adresse mais son visage était marbré par la colère. – Que se passe-t-il ? demanda Marie. Ses parents la regardèrent un instant, et ce fût son père qui prit la parole. -Marie, je dois te dire quelque chose, mais promets-moi de ne pas paniquer et de m’écouter jusqu’au bout. Hier soir, pendant que tu étais chez ton amie Amélie (Marie se raidit et rougit un peu, retenant son souffle), je suis allé à cette fête foraine annoncée sur un tract trouvé en ville. Je m’y suis rendu et j’ai eu la surprise de constater que les membres de ma famille y étaient également. Ho rassure-toi, ils ne m’ont pas vu, je suis resté caché à leur regard, mais maintenant, et pendant que la foire se trouve en ville, il vaudrait mieux pour nous d’éviter de nous faire remarquer. Je ne veux pas qu’ils sachent où nous vivons et surtout je ne veux pas qu’ils s’approchent de ta mère et de toi. Dans leurs coutumes, un gitan n’épouse qu’une gitane. Le mariage que j’ai avec ta mère ne représente rien à leurs yeux. En plus, ils ne connaissent pas ton existence, et c’est très bien ainsi. Mais je préférerais que ta mère et toi restiez à la maison ces jours-ci par sécurité. Evelyne, sur ses mots, rata la crêpe qu’elle était en train de faire sauter. – En gros, il vaut mieux nous enterrer chez nous, c’est ça ? demanda-t-elle avec colère à Arturo. Tu ne penses pas qu’après toutes ces années, tu ne pourrais pas essayer d’expliquer la situation à ta famille et leur faire comprendre que c’est notre vie et par la même occasion, demander à ton frère d’enlever cette stupide malédiction de nos têtes ? Combien de temps devront nous encore vivre dans la peur? Marie écoutait ses parents parler et elle n’était plus certaine de vouloir leur raconter sa petite escapade d’hier soir. Apparemment son père ne l’avait pas vu, cependant, le moment n’était peut-être pas très bien choisi pour leur dire ce qu’elle avait découvert et ce drôle de rituel que lui avait fait madame Irma. Et encore moins révéler à son père qu’elle avait vu son oncle Beniccio et que lui aussi l’avait vue. Donc, elle se contenta d’écouter son père et lui promit de rester quelques jours à la maison. Rassuré, son père lui demanda comment sa soirée pyjama s’était passée et Marie lui répondit qu’elle et Amélie s’étaient bien amusée devant une comédie et avaient mangé d’excellentes nouilles au poulet. Ensuite, elles avaient écouté un peu de musique et puis elles s’étaient couchées vers vingt-trois heures. Son père sembla satisfait. -Que vas-tu donc faire de ta journée alors ? lui demanda son père. Marie avait envie de savoir quel rituel la vieille gitane avait utilisé sur elle, donc elle dit à son père qu’elle avait juste envie de se reposer dans sa chambre car elle se sentait encore un peu fatiguée. – Tu veux quelques crêpes d’abord, lui demanda sa mère. Marie refusa poliment, elle avait déjà déjeuné chez Amélie. Elle monta dans sa chambre et alla se coucher dans son lit. Elle savait que son père passerait sûrement voir si elle dormait vraiment, donc elle attendit un peu plus d’une heure avant d’aller s’installer devant son ordinateur. Elle lança la recherche sur les rituels gitans et tomba sur plusieurs résultats. Elle cliqua sur chaque page proposée, jusqu’à ce qu’elle tombe sur les rituels de protection. Elle lut chaque description et tomba enfin sur celui qui ressemblait à celui que madame Irma avait effectué. Il s’agissait d’un rituel de protection contre le mauvais œil. Quant au bracelet en corde rouge qu’elle portait maintenant au poignet, qu’elle avait sagement caché sous la manche de son pull, elle découvrit que c’était une sortie de gri-gri de protection. Donc cette vieille dame avait voulu l’aider. Mais serait-ce suffisant contre le sort qui pesait sur Marie et sa famille ? Après tout, la vieille gitane lui avait juste dis : -J’ai fait ce que j’ai pu. Si elle voulait le découvrir, elle devrait faire un test et lire une de ses histoires à voix haute à quelqu’un, et elle serait fixée. Mais à qui ? Elle se rappelait la tête de ce pauvre garçon lors de sa participation au concours et ne voulait pas infliger ça à une autre famille. Personne d’ailleurs n’avaient l’air de savoir si ce garçon allait mieux. Depuis que l’ambulance l’avait emmené à l’hôpital, aucun de ses amis ni professeurs n’en avaient appris plus. Elle resta ainsi à cogiter sans sa chambre jusqu’à l’heure du dîner. Elle commençait à avoir faim et senti une bonne odeur de rôti lui chatouiller les narines. Elle sorti donc de sa chambre et retrouva sa mère dans la cuisine. -MMMMHHH ça sent bon, maman. Qu’est-ce qu’on mange ? Sa mère se retourna : – Un bon rôti de bœuf avec de la purée de pomme de terre. Marie en salivait déjà. Le temps que le rôti mijotât doucement dans le four, Evelyne s’installa avec sa fille à la table de la cuisine. – Marie, tu vas bien ? On dirait que tu es malade. Tu veux m’en parler ? Marie ne savait pas quoi répondre. Elle demanda à sa mère si son père était là, et sa mère lui répondit qu’il était parti faire quelques provisions au supermarché. Marie décida alors de raconter son escapade à sa mère Elle commença par lui raconter sa rencontre avec la vieille gitane, celle-là même qu’elle avait vue en rêve, et lui parla aussi du vieil homme avec sa pipe qui disait la reconnaitre et lui avoua enfin avoir aperçu un homme qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à son père. A ces mots, la mère de Marie paniqua. Elle lui demanda si cet homme avait aussi vu Marie. Sa fille lui dit que oui, évidemment, il n’était qu’à quelques mètres d’elle. Evelyne bondit de sa chaise et composa le numéro de son mari. -Arturo, rentre à la maison. Il y a une urgence. Non pas au téléphone, rentre vite, c’est tout. Quand elle raccrocha, elle demanda à Marie si l’homme lui avait demandé quoi que ce soit, ou si elle avait eu une impression étrange fasse à lui. Marie lui répondit que, mis à part la ressemblance frappante avec son père, l’homme l’avait regardé avec insistance et peut-être était-il un peu stupéfait finalement mais s’était éloigné sans rien lui dire. Elle n’avait pas dit à sa mère qu’Amélie l’avait accompagné car elle ne voulait pas que son amie aie des problèmes à cause d’elle avec madame Davis. Une vingtaine de minutes s’écoulèrent avant qu’Arturo arrive à la maison. Il descendit de voiture sans prendre la peine de décharger les sacs de provisions du coffre et entra en trombe dans la cuisine. – Que se passe-t-il, Evy? Evelyne lui répéta ce que Marie lui avait raconté et le visage de son père se décomposa au fur et à mesure du récit. Il la regardait, fâché et paniqué. Marie savait qu’il serait en colère car elle avait menti et était allée dans un endroit sans lui demander la permission mais elle ne pouvait plus garder ces événements pour elle. Son père se retourna sur elle : – Qu’est-ce qu’il t’a pris d’aller là-bas ? Et seule en plus. Ne t’avais-je pas mis en garde contre ce genre de personne ? Pourquoi ne nous as-tu rien dit avant ? Si mon frère t’a vue, alors le reste de la famille doit savoir que nous ne sommes pas loin. Il faut absolument que nous partions d’ici, avant ce soir. Je ne veux pas prendre le risque qu’ils trouvent notre maison. Qui sait ce qu’ils pourraient nous faire ? Sur ces mots, il grimpa à l’étage et commença à déballer quelques amulettes et les croix qu’il avait ramenée dans la caisse au grenier. Il disposa des images pieuses un peu partout dans la maison et mit une amulette autour du cou de sa femme. Quand il voulut faire pareil avec Marie, il remarqua le bracelet rouge qu’elle avait au poignet le lui demanda : – D’où cela provient-il ? Qu’as-tu fait Marie ? Marie était confuse. – C’est la diseuse de bonne aventure qui me l’a mis au poignet juste avant que je ne rentre chez Amélie, répondit-elle. Arturo observait le bracelet de corde rouge et sans rien dire lâcha la main de sa fille. – Tu ne me donnes pas d’amulette à moi ? demanda Marie. -Pour toi, dis son père, ça ne sera pas nécessaire. Apparemment cette femme t’a offert un sortilège de protection. Il sera bien plus efficace que les quelques amulettes que j’ai pu trouver. Sans rien ajouter, il demanda à Marie et Evelyne de préparer des valises pour une bonne semaine, et ensuite il mangerait avant de partir. – Où allons-nous aller ? demanda Marie. Mais Arturo ne lui répondit pas, lancé dans la préparation de sa propre valise.  

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