Les pierres d’âme – Chapitre 8 – Une pilule difficile à avaler

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Merci à Françoise pour les corrections

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Chapitre 8

Une pilule difficile à avaler

« Pour ceux qui ont peur du médecin »

Le lendemain, vendredi matin, j’allai à mon cours à l’heure convenue. Je ne pouvais décevoir ni faire attendre ma chère Eorelle. Lorsque je la vis, je dus me retenir pour ne pas lui sauter dans les bras, mais nous échangeâmes tout de même deux bises très tendres.
Tout en travaillant je lui racontai ce que j’avais fait la veille au soir. J’avais emmené mon grand-père au temple où il s’était installé. J’enchaînai sur ma réconciliation avec Éléonore et je narrai ensuite l’histoire du notaire.
— Tu as fait beaucoup en peu de temps ! Je suis impressionnée. Tu dois être fatiguée.
J’affirmai que non, mais il est vrai que j’avais eu une journée mouvementée.

— Je dois aussi te dire que j’ai compris quelque chose sur toi. J’ai saisi que tu étais tant Sarah, qu’Eorelle, ou même Elizabeth, et que tu avais eu encore d’autres identités.
« Alors d’après mes calculs tu as au minimum 150 ans. J’avoue que je trouve cela vertigineux et mon cerveau a du mal avec cette idée. Tu as l’air si jeune. Mais je me dis que c’est peut-être lié à ton état de sorcière.
— Mon âge est bien plus avancé encore, mais je vais te laisser digérer l’information, c’est déjà assez déboussolant ainsi. Tu peux cependant être sûre que chez les gens comme moi, c’est tout à fait normal.
— Je n’aurais pas dû enquêter sur toi, j’ai trompé ta confiance. J’ai honte. Mais j’avais pressenti qu’il y avait quelque chose d’étrange et je n’arrivais pas à en faire abstraction. Il y avait des incohérences criantes dans le discours de ma mère et de mon grand-père.
Elle posa gentiment et simplement la main sur mon épaule.
— Rassure-toi, il n’y a rien de mal à avoir tenté de savoir. Qui ne se serait pas inquiété de rencontrer quelqu’un de mon âge et qui n’en a pas l’air ? Tu me l’avoues, et c’est une marque d’honnêteté et de courage.
« Si je ne t’en ai pas encore parlé c’est pour protéger ta santé mentale. Le fait que tu l’aies trouvé par toi-même est positif :  cela prouve ton intelligence et avoir cheminé seule dans cette réflexion a préparé ton cerveau à accepter cette étrangeté.

— Le problème est que j’ai demandé de l’aide à un oncle. Il est journaliste. Il a accès aux anciens journaux, il a donc effectué une recherche pour moi.

Elle parut embêtée. Je continuai :
— Cependant rassure-toi, je lui ai demandé de ne pas poursuivre ses investigations. Il a bien vu qu’il y avait quelque chose d’étrange en constatant les dates de naissances et de décès trouvées dans les journaux de l’époque. Mais c’est un homme honnête et il ne divulguera rien à moins que je ne lève l’interdit. Je n’aurais pas fait appel à lui si j’avais eu le moindre doute.
Elle parut rassurée et elle me tendit sa joue sur laquelle je déposai une bise :
— Voilà, Margaux tu es pardonnée !
— Je ne te demanderai pas ton âge maintenant. Je préfère patienter encore un peu, vu que je ne sais pas à quoi m’attendre. Et cette fois-ci, je ne prendrai pas le risque de te compromettre.

Nous laissâmes l’affaire en l’état et reprîmes nos bavardages, rires et explications botaniques. J’étais tellement bien avec elle, nous avions toujours quelque chose à nous dire, un peu comme quand j’étais amie avec Bastien. Je fus bien soulagée qu’elle ne m’en veuille pas.

Nous mangeâmes ensemble et l’heure du départ sonna. J’avais envie de rester auprès d’elle, mais elle me surprit :
— Margaux, je voudrais aller voir Bernard. Pourrais-je t’accompagner ?
— Tout le bonheur est pour moi, et pour Grand-Papa aussi, j’imagine ! Quand je l’ai laissé hier soir j’ai eu l’impression qu’il allait mieux.
— Ah c’est bien ! Ma visite est amicale, mais aussi professionnelle, je voudrais voir dans quel état il est précisément au cas où il faille doser différemment les tisanes. Je ne sais pas quel médecin prescrirait quelque chose sans avoir vu son patient !

Nous cheminâmes en devisant bras dessus, bras dessous. Arrivées non loin du village, nous quittâmes mon chemin habituel pour le contourner par le nord. Elle ne souhaitait pas être vue dans le village.
Elle m’expliqua que peu de personnes connaissaient son existence et c’était bien mieux ainsi, car la plupart des gens avaient peur des sorcières et de tout ce qui sort de l’ordinaire en général. De plus certains, comme mon père, étaient opposés à ce type d’existence.
— En ce qui concerne ton identité et tous les documents officiels, ne pourrais-tu pas changer quelque chose pour que les dates soient moins régulières ? De nos jours avec les ordinateurs on peut effectuer des recherches tellement facilement que ça pourrait être dangereux pour toi.
— J’en parlerai à la grande prêtresse, c’est elle qui gère ça. Les dirigeantes du temple d’Amalfay se partagent ce secret depuis des générations. Je pense qu’elles ont une connaissance à la mairie pour le faire. Mon but, vois-tu, est seulement d’avoir une existence officielle qui ne choque pas les gens.

Quand nous arrivâmes au monastère, je pus constater l’influence d’Eorelle sur tous les religieux présents. Elle était considérée comme une personnalité importante et tout le monde se montrait obséquieux devant elle.
Lorsque nous parvînmes à la chambre de grand-père, il semblait dans un état bien meilleur que dans celui où je l’avais laissé. Je lui trouvai un teint plus rose. Il revenait de sa promenade avec Éléonore et elle était assise à son chevet, lui faisant la lecture. Nous nous saluâmes chaleureusement. Eorelle s’avança alors vers Éléonore et lui prit la main :
— Merci de veiller sur Bernard, Éléonore, c’est un grand ami. Puis-je te proposer mon amitié ?
— Avec plaisir Sarah, je me sens flattée. Veux-tu accepter la mienne ?
— Ceux que Margaux et Bernard considèrent comme des amis sont dignes d’être les miens, alors c’est avec plaisir que j’accepte.
J’avoue que je me sentis un peu jalouse. Je chassai rapidement ce mauvais sentiment, sachant au fond de moi qu’il était parfaitement injustifié : Eorelle avait le droit d’avoir des amis autres que moi, et la relation qui se nouait progressivement entre nous était unique.
Qu’elle considère désormais Éléonore comme une amie était de surcroit un bienfait qui renforcerait notre complicité à toutes les trois. C’était aussi, je m’en rendis compte, un honneur qu’elle me faisait :« Les amis de Margaux et Bernard ».

— Bernard, fit-elle, j’aimerais t’examiner. Pouvez-vous sortir un instant, les filles, s’il vous plaît ?
Nous sortîmes dans le couloir, les injonctions médicales sont sans appel. Nous ne perdîmes pas de temps et parlâmes un peu en attendant.
— Pendant la promenade j’ai trouvé ton grand-père en bien meilleure forme. Ce matin il a pris un vrai petit déjeuner et à midi il a même mangé un peu de purée, pomme de terre carotte.
— Ce sont d’extraordinaires nouvelles que tu m’annonces là ! Je m’en étais un peu aperçue en arrivant. Mais tu sais, j’avais déjà remarqué une amélioration lors de notre venue ici hier soir lorsque nous sommes arrivés.
— Et j’ai une autre bonne nouvelle, mais pour moi cette fois-ci. j’ai parlé à la grande prêtresse de ton idée pour sauver la chèvrerie, elle n’est pas hostile au projet. Il faut juste qu’elle en discute les modalités avec ma mère.
Éléonore était radieuse.
— Comme quoi il suffit parfois de demander pour obtenir. Je suis super contente pour toi !
— Et vos amours, où en êtes-vous ?

À ce moment, la porte s’ouvrit et Eorelle apparut dans l’embrasure.
— Tout va bien ! Vous pouvez entrer, les filles.
Nous entrâmes et elle affirma :
— Je dois vous dire quelque chose à tous les trois. Il n’y a aucun signe de cancer chez Bernard. Et croyez-moi, je les reconnais à l’odeur.
Nous tombâmes tous des nues, ce que nous venions d’entendre nous laissa pantois.
— Tu en  es sûre, lui dis-je ? Tu peux le savoir rien qu’à l’odeur ?
Je regrettai presque ma phrase après l’avoir dite. Comment s’étonner qu’une femme si exceptionnelle puisse avoir encore tant des talents cachés ?

Elle me regarda d’un air bienveillant
— Tu sais qui je suis, ou à peu près, alors ne doute pas. Tout te sera expliqué au fur et à mesure.

Elle se tourna vers mon grand-père :
— Je peux déjà t’annoncer que tu vas rapidement aller beaucoup mieux. Je vais te prescrire d’autres remèdes qui s’adapteront mieux à ton état.
— Tu pourrais me dire qui t’a diagnostiqué ?
— Un médecin de Brivorest à l’hôpital. Je ne sais plus son nom.
Elle continua l’interrogatoire :
— Tu prends des médicaments ?
— Pas ce matin. Je me sens beaucoup mieux et comme ce sont des antalgiques et que je ne souffre pas pour l’instant, je n’en ai pas pris.
Il lui tendit quelques paquets, elle commença à lire la composition de chacun. Elle affirma que la plupart étaient des calmants ou des anti-douleurs. Cependant l’un d’eux attira son attention, elle sortit une pilule de son cluster, la sentit, et la goûta.
— Arsenic ! On cherche à t’empoisonner, lentement, mais sûrement. Mais c’est étrange, car les doses d’arsenic n’auraient pas suffi à te tuer, mais à t’affaiblir seulement. Peut-être pour te mettre dans un état de vulnérabilité. Mais je n’en imagine pas la raison. Il y a autre chose, mais quoi ?
J’intervins :
— Il vient d’où ce médicament, Grand-Papa ?
— Du médecin de l’hôpital, il en avait plein dans un grand tiroir d’une armoire derrière son bureau. Je me suis bien fait avoir !
— Tu es sûr que tu ne te souviens pas de son nom ? Insistais-je.
— L’ordonnance doit être dans mon tiroir à la maison, Margaux, affirma mon grand-père, son nom est forcément dessus.
— Mais c’est une tentative de meurtre ! S’exclama Éléonore. Ce type doit payer pour son crime. Que fait-on ? On appelle la gendarmerie ?

La pauvre petite se tenait la tête entre les mains et ne savait pas quoi faire. Eorelle, en bonne capitaine de l’unité qui venait de se créer informellement, prit la parole :
— Il va falloir tirer ça au clair, en commençant par enquêter sur ce médecin. Tu veux t’en charger, Margaux ?
Je me dressai fièrement, au garde à vous, à moitié goguenarde :
— Soldate Margaux, toujours prête, mon capitaine !
Mes pitreries détendirent un peu l’atmosphère. Eorelle reprit plus sérieusement :
— Éléonore, quel rôle pourrais-je te confier ? En tant qu’initiée, tu devrais être capable de détecter les interventions magiques, non ?
Éléonore n’avait pas vraiment l’air sûre d’elle :
— Je peux essayer… je n’ai jamais vraiment été confrontée à cela pour de vrai.
— J’aimerais savoir si quelqu’un n’a pas essayé , d’attenter à la santé de Bernard en utilisant une magie, d’une manière ou d’une autre.
— Il faut donc faire une analyse rétrospective ? Fit Éléonore. Ça va être difficile ! Et pourquoi ne préviendrait-on pas la gendarmerie ? Reprit-elle.
Eorelle hésita avant de dire :
— Nous ferons appel à eux quand nous aurons des preuves tangibles. Tout ce qui est occulte… Ils n’y croient pas.
« Si je leur dis que j’ai goûté la pastille et que j’ai reconnu le goût et l’odeur de l’arsenic,  penses-tu qu’ils me croiront ? Et pour le diagnostic du cancer, c’est pareil. On va passer pour des guignols et c’est tout. Il faut trouver du concret.
— Et moi alors ? Demanda mon grand-père.
— Tu te reposes, répondîmes-nous toutes en choeur,.
Cela déclencha une d’hilarité qui détendit un peu l’atmosphère. Mais ce moment ne dura pas, nous étions tous accablés.

Nous nous regardâmes tous les quatre et nous, les trois filles, eûmes besoin d’un siège pour nous poser. Heureusement il y en avait un pour chacune. Je rapprochai le mien du lit de Grand-Papa et lui pris la main, sans rien dire. Il nous suffisait de nous regarder les uns les autres pour voir que nous étions tous bouleversés. Mon grand-père et Éléonore semblaient dépassés par les événements. Eorelle et moi, l’esprit beaucoup plus méthodique, cherchions des explications, des solutions.

Avant de nous séparer, je m’enquis du bureau dans lequel Grand-Papa s’était rendu à l’hôpital. Il se remémorait précisément le numéro de la salle, C407, car il avait eu  des difficultés à la trouver . Il me donna la clef de son tiroir et me demanda de lui en rapporter tout le contenu. C’étaient ses affaires personnelles, ses souvenirs, et il entendait bien les avoir avec lui.

Quittant le monastère, je suivis Eorelle dans le bois. Nous étions toujours plongées dans nos pensées respectives. Je lui tendis une main qu’elle prit, et nous marchâmes ainsi. J’avais besoin de ce réconfort de la part de celle que j’aimais, de me sentir aimée et soutenue.

Sa main dans la mienne m’apportait tout cela. Nous empruntâmes le même chemin que pour l’aller et lorsque nous arrivâmes au croisement qui annonçait notre séparation, je la pris dans mes bras et la serrai un instant, puis je la regardai droit dans les yeux et elle me transmit son sentiment de réconfort. Après une bise, nous prîmes chacune le chemin du retour.

Je rentrai à la maison avec une mission : récupérer l’ordonnance, et également tout le contenu du tiroir de Grand-Papa que je lui amènerais pour que ses précieuses affaires soient avec lui. Je devrais aussi aller à Brivorest, mais ce serait pour lundi, car entrer à l’hôpital le week-end semblait improbable.

À mon arrivée, ma mère me raconta qu’elle s’était entretenue avec mon père. Il ne viendrait plus dans la cuisine, domaine qu’il nous réservait et que nous occuperions, et lui mangerait au salon ce que nous lui apporterions chacune à notre tour pour ne pas trop le fréquenter. Malheureusement, dans le salon se trouvait la seule télévision de la maison et je ne pourrais plus en profiter.

De plus, il dormirait désormais dans la chambre de mon grand-père. il jubilait de prendre la place de son père. Il pensait ainsi asseoir son autorité (quelle blague !).

Cela ne me facilitait pas la tâche pour accéder au tiroir de Grand-Papa en toute discrétion. Comment donc allais-je donc en récupérer le contenu sans me faire voir ?

Le lendemain matin, samedi, je filai tout droit chez Eorelle. Normalement je n’avais pas cours avec elle, mais elle avait bien spécifié que je pourrais venir la voir tant que je voulais.

Lorsque j’arrivai chez, elle il n’y avait personne, puis je réalisai qu’elle enseignait à certains religieux du temple de la Mère Universelle le samedi matin.
Il me fallait faire encore plus d’une heure de marche dans le sens inverse pour m’y rendre. La barbe ! Tant pis, je n’y couperais pas. Je me mis en chemin, en petites foulées pour aller plus vite.
Arrivée sur place, épuisée par la course, je la trouvai en plein cours et je m’approchai après avoir soufflé un peu. Dans le groupe je distinguai Éléonore qui me fit un petit signe de la main auquel je répondis timidement.
Eorelle me fit un accueil tout aussi chaleureux et doux, ce dont je commençais à avoir l’habitude, et me présenta à sa classe comme étant « Margaux » son « amie très chère », ce qui ne manqua pas de soulever quelques points d’exclamation ou d’interrogation chez les participants. Et Éléonore me lança un regard qui en disait long sur ce qu’elle avait compris.

La jolie professeure me demanda si je voulais bien lui donner un coup de main, ce que j’acceptai avec plaisir et elle me désigna comme son assistante. Le cours était bien plus avancé que le mien, car ses participants pratiquaient depuis plus longtemps que moi, mais j’en compris une grande partie et me montrai à la hauteur de ma tâche.
Comme l’avait dit Éléonore, Eorelle restait très professionnelle. Je pus m’en rendre compte par moi-même. Elle n’hésitait pas à lancer quelques boutades de temps en temps mais ne se permettait aucune familiarité avec ses élèves.

Quand midi fut arrivé, nous laissâmes les élèves après avoir échangé de polies salutations. Elle m’invita à nous rendre chez elle pour partager son repas. J’acceptai volontiers, malgré l’aller-retour supplémentaire que cela m’occasionnait. Être avec elle n’avait pas de prix, et j’avais un service à lui demander. Encore plus d’une heure de marche, mais en bonne compagnie cette fois-ci.
Nous rentrâmes chez elle.
— Je ne les invite pas ici. Je préfère que ma maison ne soit connue que par le plus petit nombre.
— Il est tout de même assez aisé de trouver ton logis par hasard, non ?
Elle me regarda un instant, pesant le pour et le contre et finit par dire :
— Cette maison est protégée. Viens, je vais te montrer.
— Elle m’entraîna vers l’entrée de la maison.
Au-dessus de l’entrée, elle ôta une petite plaque de bois que je n’avais pas distinguée jusqu’à présent, révélant une pierre précieuse d’un bleu saphir, semi-transparente de grande taille. Quand je l’eus contemplée, elle remit le cache.
— C’est un des plus beaux cadeaux d’Alamarielle. Une pierre qu’elle a elle-même enchantée pour que personne ne puisse trouver la maison sans y être invité. Toi-même tu ne la trouverais pas si je ne souhaitais pas te laisser approcher ou si tu étais accompagnée par un indésirable. Et à l’inverse, si tu étais perdue et que tu me cherchais, elle te guiderait jusqu’ici.
— Alamarielle ? C’est le nom de celle que tu aimais ?
— Oui. Elle était mage.
— Tu m’expliqueras tout ça une autre fois.
— Oui.
— Mais en tant que sorcière, ne peux-tu pas faire ce genre de choses ?
— Pas du tout, j’utilise seulement la nature. Il n’y a rien de magique là-dedans.
Nous laissâmes cette discussion.

Enfin attablées toutes les deux, je me décidai à lui demander ce que j’étais venue chercher.
— Excuse-moi, mais aujourd’hui mon intention n’est pas totalement désintéressée. J’aurais aimé savoir ce que tu pourrais me donner pour que mon père dorme très bien cette nuit.
— Dorme bien… Tu t’intéresses à son bien-être maintenant ?
Je vis à son air amusé qu’elle avait compris qu’il ne s’agissait pas de qualité de sommeil, mais bien de profondeur.
— Oh ! Si en plus il pouvait faire des cauchemars ça pourrait être amusant ! Non, le problème, c’est que maintenant il dort dans la chambre de grand-père. On l’a jeté hors de la cuisine et de la chambre qu’il partageait avec Maman. Pour récupérer le contenu du tiroir de Grand-Papa, ça ne va pas être facile, alors j’ai pensé agir pendant son sommeil. Il faudrait également qu’il ne sente pas le goût dans la nourriture… Tu vois ce que je veux dire ?
— Bien sûr ! Je vais te trouver ce qu’il te faut. Mais quand nous aurons mangé. Chaque chose en son temps !

Nous prîmes tout notre temps à table, profitant l’une comme l’autre de notre compagnie mutuelle. Le repas fut suivi d’une tisane délicieuse mais très différente de la précédente. Tout ceci compensa fort bien les trois heures de marche que j’avais effectuées ce matin.

Ensuite elle chercha dans ses étagères ce qui pourrait me convenir. Elle revint avec plusieurs petits pots contenant des herbes avec lesquelles elle constitua un mélange.
— Voilà de quoi préparer un plat digne de ce nom. Cette mixture mélangée à une petite sauce tomate et des pâtes sera parfaite, il dormira d’un sommeil bien lourd.
Nous nous séparâmes avec nos bises rituellement appliquées sur chaque joue dans la douceur d’un amour qui ne voulait toujours pas dire son nom. Et je pris le chemin de la maison pour déposer la décoction dans ma chambre.

En fin d’après-midi je me rendis au monastère pour visiter mon grand-père. Il était dehors en compagnie d’Éléonore et je fus surprise de voir Eorelle à leurs côtés. Nous ne nous étions pas concertées.
Il allait bien mieux que la veille ! Éléonore nous confia qu’il avait mangé avec davantage d’appétit, ce qui nous ravit.

Nous évoquâmes notre enquête, et je demandai s’il serait judicieux d’impliquer Steph, mon oncle par alliance. Je pourrais déjà voir s’il pouvait faire analyser un des cachets par un laboratoire. Il y avait encore quatre boîtes, une par mois. Si nous voulions passer par la justice il y aurait encore moyen de s’en servir comme preuve. Une autre idée émergea, refaire un test de dépistage du cancer, pour prouver que Grand-Papa avait été mal diagnostiqué.

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11 Commentaires
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Thibaut Séverine
Thibaut Séverine
2 années il y a

J’adore la maison invisible aux intrus ;-)!

Delier Laure
Delier Laure
2 années il y a

C’est super !
J’ai vraiment hâte de lire la suite.

Rollinni Thomas
Rollinni Thomas
2 années il y a

Une très belle suite, et j’adore toujours la relation de tes personnages! J’adore les petit détails que tu y mets !

Marco O' Chapeau
2 années il y a

Bien Sympa à nouveau.
Sinon j’ai vu ceci, une petite erreur de copier/coller ou un oubli "Il se le remémorait précisément salle". Dans le contexte on le comprends bien sûr.
(J’ai cherché le mot "enfile" dans plusieurs dictionnaires et ne l’ai pas vu. Veux-tu parler, peut-être de "passe-droit" ? )
Je te laisse un mail, si tu veux que je te fasse ce genre de retour ainsi, tu peux me le dire à mj5sur 5 (at) gmail.com
Bon dimanche

Marco O' Chapeau
2 années il y a

(J’avais un petit autre chose à te partager sur ce chapitre. C’est de côté.)

Line Cora
Line Cora
1 année il y a

Tentative d’empoisonnement ! Ca peut aller chercher dans les ?? ans de prison…Bon j’attends la suite mais je souhaite à grand-papa de poursuivre sa guérison.

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