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L’inspiration c’est quelque chose d’espiègle, ça va et ça vient quand ça veut. On peut toutefois lui forcer un peu la main avec des techniques.
Pour contrer ça, voilà mes stratagèmes :
–j’ai toujours de quoi noter sur moi, en général mon téléphone, en voyage un petit carnet. dès qu’une idée que je trouve intéressante surgit, je la note, sans forcément penser à ce que j’en ferai plus tard (ça peut être dans le métro, pendant une marche dans le désert, ou en voyant une scène de vie), pas de détails, juste l’essence de l’idée. Souvent dans ces situations je n’ai pas le temps ou les outils pour écrire quelque chose d’élaboré–je m’astreints régulièrement à me poser devant mon texte et à écrire quelques lignes, souvent ça bloque après un paragraphe, mais c’est toujours un paragraphe de plus. Parfois c’est un chapitre complet qui sort parce que la trame a été mûrie pendant plusieurs semaines avant, parfois j’ai envie que ça avance, mais pas envie d’écrire, alors je pose un enchaînement de situations ou des ébauches de dialogues, pour les moments où j’aurai envie d’écrire mais pas l’inspiration.–je reviens très régulièrement sur mes textes, anciens ou récents, pour changer des tournures ou des enchaînements–parfois je me le lis à voix haute, pour voir si ça accroche, ou si les phrases sont trop longues
Une fois quelque chose de lisible obtenu, j’essaie de me poser objectivement la question : est-ce que je trouve tel ou tel passage intéressant, je tronque, je déplace, le texte bouge beaucoup. Je remonte dans le temps, je change une situation qui va me débloquer quelque chose qui accroche à l’endroit où je me trouve.
Si je devais résumer ça donnerait : idées -> taper au kilomètre -> épuration -> remaniement -> publication -> reprise
Je trouve la fiction pure plus difficile que la biographie ou l’histoire inspirée du réel, et cela n’engage que moi. Principalement parce qu’écrire avec une contrainte est souvent plus facile qu’avec une vraie page blanche. Maintenant chaque expérience est unique, et écrire sur soi pour faire sortir une blessure peut être très difficile, souvent plus émotionnellement que techniquement.
Pour ce qui est du roman fantasy que j’écris, j’ai fait énormément de travail préparatoire avant, définir un monde avec ses règles (carte), ses peuples (format encyclopédie) et ses dynasties (avec des outils appropriés), j’ai imaginé un arc narratif principal et plongé les protagonistes au milieu de tout ça. Ce que je trouve le plus difficile dans ce contexte particulier c’est que le monde soit au service de l’histoire et non l’inverse. Et surtout de rendre le tout intéressant ! L’avantage c’est que je peux me reposer sur tout ce matériel quand j’ai un doute.
Encore une fois tout ce que j’ai écrit ici n’émane que d’un simple hobbyiste, je ne suis pas écrivain ni agrégé de lettres, donc à prendre avec des pincettes.
Bienvenue !
Si cela peut t’encourager :–personne n’est né Baudelaire ou Verlaine, c’est en écrivant qu’ils le sont devenus–tout le monde ici a connu ce stress (cliquer sur le bouton “Publier”)–quel est le vrai risque que tu prends ? plaire ou ne pas plaire ?–y’a-t-il un art sans public ?
N’hésite plus et partage
PS : si tu lis l’anglais, je te recommande ce post sur le lâcher prise, que l’auteur appelle “dompter son mammouth intérieur” (plus en rapport avec le côté préhistorique de l’animal que sa taille ou sa pilosité !)
https://waitbutwhy.com/2014/06/taming-mammoth-let-peoples-opinions-run-life.html Hello !
Merci pour ce retour
Oui bien sûr la suite arrive, une grande partie est déjà écrite d’ailleurs, je cherche actuellement le bon format pour le publier ici, d’où mes messages sur le forum (extraits plus courts etc…)
Navré pour le délai à la publication
😉 Bravo pour ton texte pour le thème pandémie, j’ai beaucoup aimé
M
Mardi soir, vingt-deux heures. Eric avait fini sa journée tard, comme la plupart des jours de la semaine. Et des week-ends. Cela faisait plusieurs mois qu’ils traquaient sans relâche le groupe qui inondait les rues de cette saloperie de pilule. Ils appelaient ça Elephant Rose, ça faisait fureur chez les jeunes. La pluie avait gorgé son manteau d’eau pendant tout le retour. L’inspecteur sentit avec dégoût son odeur de chien mouillé en arrivant à la porte de son immeuble. Eric vivait dans un quartier miteux. A près de quarante ans, l’idée qu’il avait raté sa vie lui avait traversé l’esprit plusieurs fois. Mais il restait convaincu que sa vocation était la bonne. Il acceptait d’avoir une vie pourrie si cela permettait à d’autres d’en avoir une meilleure. Comme Sabrina, sa voisine. Une gentille petite qui était venue en ville pour percer dans la chanson. Elle louait le studio du premier étage, difficilement payé avec ses extras de serveuse. Elle rentrait d’ailleurs souvent après lui. Eric était admiratif de son courage à poursuivre ses rêves.
Après avoir relevé son courrier composé majoritairement de pubs inutiles, il entama péniblement l’ascension de l’escalier de pierre, maudissant la hauteur de plafond des anciens bâtiments. Il passa la porte du premier étage et vit immédiatement que de l’eau passait sous la porte. Il toqua et appela :
“Sabrina?”
Pas de réponse. Il frappa plus fort, plusieurs fois. Elle ne devait pas encore être rentrée. Eric émit un soupir. Il était bon pour appeler un plombier de nuit. Il sortit son téléphone et chercha rapidement le numéro d’un artisan qu’il composa dans la foulée. L’inspecteur redescendit jusqu’à la porte de la gardienne, maugréant contre le fait qu’il allait devoir remonter ce fichu étage, et que son genou le faisait souffrir. Georgette lui ouvrit en chemise de nuit. Derrière elle, la télévision crachouillait une émission abrutissante. Il lui parla de la fuite, et du fait qu’un plombier allait intervenir. La gardienne lui glissa que la locataire du premier était revenue plus tôt dans la soirée, et qu’elle ne l’avait pas vue ressortir. Par précaution, elle lui prêta la clé du premier.
Eric remonta les marches deux à deux et frappa contre la porte en criant :
“Sabrina!”
Toujours pas de réponse. Il ouvrit la porte avec la clé de la gardienne, et entra dans le studio. Il y flottait une odeur mélangée de parfum et de cigarette, une petite lampe rouge allumée sur le manteau disproportionné de la cheminée d’époque diffusait une lumière douce et tamisée. Le policier entendit un bruit d’écoulement dans la salle de bains. Tandis qu’il s’y dirigeait, il aperçut sur la table de nuit un sac de congélation contenant quatre petits cachets roses en forme d’éléphant. Il poussa la porte de la salle de bains.
